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des guerres, les élus devenaient plus exigeants; ainsi, le 22 septembre 1476, ils prescrivirent au Consulat de bailler à chacun d'eux 4 livres 10 sous pour les six derniers mois de l'année 1; le 17 février suivant, il fallut donner à chacun d'eux 40 sous, car ils étaient appelés au service du roi'.

Mais il fut entendu qu'on déduirait de cette somme trente sous pour leurs gages à venir. Le roi tenait d'ailleurs lui-même la main à l'exécution des ordres donnés par les élus (voir la délibération du 24 août 14773).

[1478-1482]. L'année suivante, les francs archers de Lyon furent envoyés en Bourgogne (23 avril 14784). La campagne absorba tant d'hommes que, en 1479, on dut lever à la hate 15 autres francs arbalétriers qui partirent, sous les ordres du courrier de Lyon, à la fin du mois de septembre 5.

En 1480, la ville reçut de Monseigneur de Chartres, capitaine général de 4000 francs arbalétriers, l'ordre d'habiller les trente francs archers de la ville (en février 6) et le 21 du même mois, Jehan de Varey capitaine particulier des francs archers du Lyonnais et du Beaujolais vint les passer en revue. Il reçut même 10 écus pour faire un rapport favorable à M. de Charlus.

Passé 1480, ces troupes ne furent plus convoquées par Louis XI. Il n'est plus fait appel à leur concours après le 6 août 1480 8. Le 4 janvier 1481, les Lyonnais apprirent par Benoît Paquet, receveur des tailles en Lyonnais, que le roi venait de «< suspendre les francs

1 Voir la délibération du 22 septembre 1476 (BB 13, fol. 65°).

2 Voir la délibération du 17 février 1477 (BB 14, fol. 6o).

3 Voir la délibération du Consulat du 24 août 1477 (BB16, fol. 32'0). Après la lecture des lettres royaulx prescrivant aux francs archers de payer les gages d'un semestre ou mander de verser entre les mains de Jean Vidilly, clerc commis des élus, 4 1. 10 s. pour achever le paiement des 135 1. dues de ce chef.

4 Voir la délibération du 23 avril 1478 (BB 16, fol. 78°). On répondit ce jour lå à Jean Mydry « chevaucheur du roi chargé de mener de l'artillerie à 30 lieues en Bourgogne et qui venait prendre des chevaux et des charretes a Lion, qu'on en aura besoin pour les francs archers sur le point de partir en Bourgogne.

5 Voir la délibération du 14 septembre 1479 (BB 16, fol. 163r°), voir aussi la délibération du 17 septembre 1479 (BB 16, fol. 163-164). Cette hate était motivée par les ordres du gouverneur de Bourgogne transmis par Jenin Cortoys.

6 Voir la délibération du 6 février 1480 (BB 16, fol. 181vo).

7 Voir la délibération du 21 février 1480 (BB 16, fol. 183vo). Son lieutenant Daffroy reçut 3 écus.

8 Ils sont mentionnés à propos de la taille à 12 deniers pour livre qui fut votée ce jour-là. - V. la délibération du Consulat du 6 août 1480 (BB 352).

arbalestriers » et les avait remplacés par des gens d'armes pour l'entretien desquels il demandait aux villes 13.000 livres. Lyon fut taxé par les élus à 243 livres 15 sous1.

Cette suppression, ou plutôt cette « suspension >> des francs archers, avait diverses causes qu'il n'est pas lieu ici d'approfondir. Mais leur conduite durant certaines guerres et la désillusion qu'ils donnèrent à Louis XI expliquent en partie cette mesure qui donna lieu à la création d'un nouvel impôt : « La taille au lieu des francs archers » que les villes durent payer pour être exemptées de l'obligation d'entretenir ces troupes.

L'année suivante, Louis XI demanda, à cette occasion, 4000 francs à l'élection du Lyonnais, sur lesquels Lyon eut à fournir 750 livres.

1 Voir la délibération du 4 janvier 1481 (BB 352).

2 Voir la délibération du 25 avril 1482 (BB 352). Il fut prescrit de verser à Benoit Paquet, receveur des tailles en Lyonnais, la somme de 375 1. t. représentant la moitié des 750 livres. montant de la quote-part fixée à Lyon par les élus à propos de la taille au lieu des francs archers ». On décida d'envoyer quelque personnage pour luy remonstrer l'ignorance de la dite ville, et pour capter sa bénivolence, pour ce qu'il est notable seigneur et peut de beaucoup soulager la dite ville, luy fere quelque gratuité comme d'une robbe de veloux cramoysi ou autre gracieux don tel que par les dis conseillers sera advisé.

CHAPITRE X

LYON ET LE REPEUPLEMENT DE LA VILLE D'ARRAS

[1479]. En 1479, se place le commencement d'une affaire qui, d'ailleurs, ne concerne pas seulement Lyon. Nous voulons parler de l'expulsion des habitants d'Arras et de leur remplacement par des habitants pris dans le reste du royaume. On sait que Louis XI craignant la défection d'Arras avait, le 2 juin 1479, expulsé tous les habitants et supprimé jusqu'au nom de cette cité. Pour peupler la nouvelle ville, nommée par lui « Franchise », il réclama des marchands et des gens de métiers aux villes les plus fidèles, à Troyes, à Toulouse, etc1.

Lyon, comme bien on pense, ne fut pas oublié. C'est le 28 juin, qu'Humbert de Varey, maître d' « ostel » du roi, et Jean de Villeneuve, courrier, entretinrent pour la première fois les consuls de ce nouveau caprice de leur maître. Ceux-ci auraient désiré que l'on envoyât à Arras le moins de gens possible. Ils « remontrerent » aux commissaires royaux la petite étendue de leur ville 3.

1 Sur ces faits, v. l'exposé de M. Henri Sée, dans Louis XI et les villes, pp. 28591, et celui de M. E. Teilhard, de Chardin, au début de son article intitulé: Comptes de voyage d'habitants de Montferrand à Arras en 1479 (Bibl. de l'Ec. des Charles, t. LXVII, p. 13). Cet auteur donne d'utiles indications bibliographiques en note (ibid.), Il se demande (p. 15) quel nom portaient les commissaires de Lyon qui donnèrent leurs ordres à Montferrand et aux provinces de Bourbonnais, d'Auvergne et du Velay. Les documents Lyonnais, comme on va voir, nous permettent de répondre à cette question.

2 Voir la délibération du 28 juin (BB 16, fol. 154).

3 Voir (ibid.). — Ce jour là, on sait qu'Humbert de Varey, maistre d'ostel du roy et Jean de Villeneuve, courrier de Lyon, ont commencé de procéder au fait de leur commission touchant le fait d'Arras, et sont allés pour bailler aux officiers des villes de ceux qui devront être élus pour aller a Arras ». Les conseillers « se transportèrent vers les commisseres pour leur remontrer la petite étendue des villes et pays de Lyonnois, la situacion de leur ville, pour qu'ilz ne baillent plus grand nombre de gens a eslire en la ville qu'elle ne peut porter ».

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Lyon ne fut taxé qu'à trois marchands et seize « mécaniques >> (ouvriers), chiffre peu élevé, si l'on songe que Louis XI avait d'abord demandé vingt marchands et deux cents « mécaniques » à l'ensemble de ses bonnes villes 1. Les bourgeois s'inquiétaient peu des «< mécaniques »; c'était pour eux un moyen de se débarrasser du rebut de la population, mais ils étaient moins indifférents au sujet des marchands, car ce départ était pour eux un réel appauvris

sement'.

Ils essayèrent donc de ramener à deux le chiffre des négociants demandés. D'ailleurs personne ne tenait à partir. On eut beau offrir << des gracieusetés » à qui se présenterait, il fallut désigner d'office trois marchands3. La ville devait en outre bailler 3.000 francs à chacun d'eux et prêter à chacun 2.000 francs remboursables au bout de cinq ans. Ce furent les élus sur le fait des aides, qui procédèrent à la désignation des trois bourgeois; ils choisirent Jehan Buyatier, Jehan le Maistre et Philippot Montaignat. Comme on le voit, la ville eut de ce chef une charge assez importante à supporter.

Cette charge était d'autant plus pénible qu'il fallait payer les frais de transport des 16 « mécaniques » et de leurs ménages et que l'on devait aux banquiers beaucoup d'argent pour les vivres envoyés à l'armée qui faisait le siège de Beaune. Pour subvenir à toutes ces dépenses on dut, le 8 juillet, voter une taille de 3 deniers pour livre 5.

1 Ces commissaires ont tauxé et assis le nombre de trois marchans du nombre des vingt marchans que le roy demandoit et seize mécaniques du nombre des deux cens que le dit seigneur demandoit pour aller demourer en la dite ville d'Arras et sembloit que pour eslire les dis troys marchans, les dis officiers ordinaires et des aides devoient mender tous les gens marchans de la dite ville en l'ostel commun..... » On décida de demander « a demain aux commisseres de ramener a deux le nombre des marchands désignés... » Il est peut être bon de rapprocher de ce chiffre celui des ménagers et des marchands demandés à d'autres villes. La ville même de Troyes fut taxée à 48 ménagers et à 3 marchands (V. Boutiot: Louis XI et la ville d'Arras, p. 13). — A Orléans, le roi demanda 70 ménagers et 4 marchands. (V. Lecesne : Histoire d'Arras, t. I, p. 455); à Tours, il réclama 50 ménagers et 3 marchands (V. Laroche: Une vengeance de Louis XI, p. 18 et 24, chiffre fourni à l'auteur par M. Viollet). Montferrand fut taxé à 10 ménagers (V. Teilhard de Chardin : Bibl. de l'E. des Chartes, t. LXVII, p. 17).

2 Voir la délibération du 28 juin, citée page précédente.

3 Voir la délibération du 29 juin (BB 16, fol. 154v0-155). On décida que si on pouvait trouver les trois marchands (les commissaires avaient en effet refusé de diminuer leur nombre), on les degreverait par quelque « gracieuseté ».

4 Voir la délibération du 3 juillet (BB 16, fol. 155 vo).

5 BB. 16, fol. 156 vo.

Cette taille avait été décidée en principe le 4 juillet (BB 16, fol. 155 v°-156), par suite des grandes charges de la ville « à cause de quoy

Trois jours après, un marchand, « Eustace » Fenoyl, se chargea pour 500 livres de conduire à Arras les familles des 16 « mécaniques ». Si cette somme était insuffisante, il était autorisé à emprunter de l'argent à Paris1. Le 29 septembre, Fenoyl était de retour à Lyon; il rendit compte au Consulat de sa mission, le 4 octobre 2.

Nous avons conservé sa relation de voyage qui nous permet de retracer son itinéraire. Il se mit en route le 14 juillet avec les familles des 16 ménagers, en tout 48 grandes personnes et 43 enfants. Dans ce nombre, il faut compter plusieurs serviteurs; par contre, tous les enfants des ménagers ne faisaient pas partie de la caravane; un certain nombre avait été confiés par leurs parents à des « nourrisseurs3».

Voici le nom et la profession des chefs de famille emmenés : << Pierre Cohaud, pelletier; Pierre Seguin, mercier; Hanri de Perre, tavernier; Pierre Rolet, mareschal; Claude Rochereau, esperonier; Jehan Blanchart, barbier; Françoys Cacho, rebesseur; Jehan de Creux, cordoannier; Jehan de Bourges, farrinier; Robin Potier, brigandinier; Philibert de Victer; Guichard le Merle; Gaspard Boytier; François de Genas; Jacques Eschât*. » Fenoyl prit avec eux le chemin de Roanne; les hommes allaient à pied; plusieurs voitures conduites par huit chevaux conduisaient les femmes, les chamberieres et les enfants. Un seul, Pierre Rolet porta sa femme durant les 3 jours de voyage et reçut 10 sous tournois de ce chef5.

Arrivée à Roanne, la caravane s'embarqua sur quatre grands

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la ville est arriere et obligée envers beaucoup de banquiers a la foire d'aout et å celle de Toussaint ». Il y avait aussi 4.000 livres à dépenser pour des réparations urgentes et la ville devait défrayer pendant un mois les ménages envoyés à Arras. 1 BB 16, fol. 157. - Il devait avoir 32 sous par jour. V. Pièces justificatives, n° CCCII, les lettres patentes des consuls, en date du 13 juillet, prescrivant de rabattre de la recette d'Alardin Varinier, trésorier de la ville, les 500 livres remises à Eutache Fenoyl pour solder la dépense des 16 habitants envoyés à Franchise. 2 Voir BB 16, fol. 167, le rapport du 4 octobre. Les dates de son départ et de son retour nous sont fournies par le compte d'Eustache Fenoyl, publié : Pièces justificatives, no CCCVII.

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3 Voir ibid. — Ainsi Fenoyl paya à Pierre Seguin, mercier, 16 florins (12 livres), pour le « nourrisseur de deux enfants » qu'il avait laissés à Lyon un an; de même 6 livres pour un enfant de Jean Blanchart et 6 livres pour un enfant de Jean de Creux.

Ces

Voir le compte d'Eustache Fenoyl. Pièces justificatives, n° CCCVII. 5 Voir ibid. Les charretiers qui les conduisirent reçurent 33 livres. chevaux avaient été fournis par les ménagers: Pierre Cohaud, Pierre Seguin, Gaspard Boytier, Guichard le Merle, Philibert de Vistel, en fournirent chacun un; Jacques Eschat en fournit deux. V. ibid.

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