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payer tout de suite. Le délai sollicité fut refusé : les agents du roi auraient peut être désiré un plus beau cadeau, mais les conseillers tinrent bon, et quelque temps après le bailli et Girart Blanchet consentirent à recevoir les 200 francs. Maitre Girart s'offrit même à accompagner une ambassade envoyée auprès du roi, afin d'appuyer les demandes des Lyonnais3. Cette ambassade était composée de Jean de Varey, Ayme de Nyèvre, Barthélemy de Varey et Aynart de Villenove. On fit grande diligence pour hâter ce voyage ainsi que le versement des 100 francs promis à Blanchet « afin qu'il ait le fait de la ville pour plus recomandé ».

Sur ces entrefaites, le Consulat reçut des lettres l'invitant à envoyer des délégués à l'Assemblée des États de Languedoil qui devait se tenir le 8 décembre à Montluçon5.

Ces États, ainsi que

États de Montluçon (décembre 1426). M. Thomas l'a démontré, ne réunirent pas l'ensemble des députés de Languedoil, mais seulement ceux des villes orientales de ce pays; les députés de l'Ouest se réunirent à Mehun au mois de novembre. Nous savons que le roi demanda une aide de 110,000 francs à cha

1 BB 2. fol. 28. Cette délibération du 24 novembre fut approuvée le lendemain (fol. 28-29), par une assemblée générale. V. Pièces justificatives, n° LXXVII et LXXVIII.

2 BB 2, fol. 28°. Délibération du 25 novembre. V. Pièces justificatives, no LXXVIII. 3 BB 2, fol. 29. Délibération du 26 novembre. V. le texte aux Pièces justificatives n° LXXIX.

4 29 novembre. V. BB 2, fol. 3o. «Ilz ont conclus d'avancier le voyage d'aler par devers le roy que doivent fere Ayme de Nievre, Aynart de Villenove et Barthelemi de Varey en la compagnie de maistre Girart Blanchet qui doit partir lundi prochain et que l'on les despeche tant en escriptures comme autrement et plus tost que l'on pourra et ilz se sont offers de prester leur despens parmi ce que l'on les satisface a leur retour et aussi ont conclu que l'on fasse promptement au dit maistre Girert les cents francs qui lui ont esté convenu afin qu'il ait le fait de la ville plus pour recomandée, sur quoy Bernert de Varey et Leonart Caille ont dit qu'il sont d'oppinion que l'on face promptement le dit voyage, mes qui porroit faire comparicion raysonnable jusques a Ve frans de ce que ont demandé les dis Mons, le baillif qu'il leur semble que ce seroit le prouffit du commun et leur en feroit l'on meilleur chiere larsus et messire Jehan le Viste a sur ce envoyé son oppinion par escript conseillans l'acors fere par dessus et neantmoins se le dit voyage et aussi que l'on face satisfaction a Ayme de Nievre de ses despens et interest, les dis Aynart et Barthelemy ont esté d'acors d'aler pour 1 motons d'or pour trois frans monnoye corant a present par jour au dit voyage ».

5 Voir Thomas; Cabinet hist. de 1878, p. 164, note 1.

cune de ces deux assemblées, chiffre qui doit s'entendre de l'ensemble des subsides demandés au Languedoïl'.

[1427]. Les députés accordèrent au roi un fouage de 5 sous tournois, qui fut converti le 25 mai 1427, en une taille de 250.000 livres ?. La quote-part des Lyonnais s'éleva à 2.500 livres, sur lesquelles Charles VII leur fit une réduction de 1.500 livres le 4 décembre.

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Quant à l'ambassade, qui avait la double mission de représenter la ville à la session et d'obtenir un dégrèvement des impôts précédents, il ne semble pas qu'elle ait rempli la deuxième partie de sa mission. Ainsi on voit, le 24 janvier 1427, les conseillers se borner à dire qu'ils aideront le roi « de tout ce qu'il sera possible » et qu'ils prendront avec maître Girard Blanchet et Monseigneur le bailli << supportable composicion » et cela « en suppliant au roi qu'il lui plese abollir de tout l'onziesme » et de «< faire une bonne monnaye3». Rien n'avait donc été accordé par Charles VII et les désirs de la ville étaient encore à exaucer : la séance se termina par l'envoi auprès de maître Girard Blanchet et du bailli d'une délégation chargée de s'entendre avec eux au sujet du paiement des arrérages, qui se montaient à 4.600 francs. Sur cette somme, toutefois, il y avait 2,200 francs dus encore au connétable qui devaient rester en dehors de l'accord, car il n'y avait aucun espoir, vraisemblablement, de rien obtenir à ce sujet. Le 26 janvier, les consuls rendirent compte à leurs collègues du résultat de leurs démarches. Les repré

1 Sur ces États v. A. Thomas: Cabinet hist. de 1878, pp. 163-166 et Revue hist., t. XL, pp. 63-66.

? Voir Thomas: Revue historique, t. XL, p. 64-65. Cela résulte d'une lettre adressée aux Lyonnais par Geoffroy Vassal et les élus le 13 août 1427, en partie publiée par M. A. Thomas (ibid. p. 64).

3 BB 2, fol. 34: « Ilz ont concluz que l'on aide au roy de tout ce qu'il sera possible a la ville comme a nostre souverain seigneur et que l'on pregne avec mestre Girart Blanchet et Monseigneur le bailli la plus supportable composicion que l'on pourra, consideres les povretez et affaires de la dicte ville, en suppliáns au roy nostre dit seigneur qu'il lui pleise abollir du tout l'onyesme, item de fere fere telle et si bonne monnoye qu'elle soit toute une par toute l'obeissance, item que telle provision soit mise sur le fait des chevaux du prince d'Orange que inconvenient n'en puist avenir des habitans de la dicte ville et pour faire la dicte composicion et autres choses dessus dicte envers les dis Monseigneur, le bailli et maistre Girart Blanchet ilz y ont esleu et nommé, c'est assavoir Jean de Nievre, le Grant, Pierre Baujehan, Aynart de Villenove, Jehan de Varey, lesqueuls tracteront le mieulx qu'ilz porront et n'auront aucune puissance de conclure por le present fours tant seulement de rapporter au commun ce qu'ilz auront fait. »>

sentants de Charles VII s'étaient laissé fléchir, en ce qui concerne les impôts dûs au roi ils consentaient à s'entremettre pour le reste du onzième et pour la nouvelle taille de Montluçon. Mais ils demeurèrent intraitables pour ce qui concernait le connétable : la ville se voyait ainsi dégrevée de 9.600 francs, mais il lui restait encore à payer 2.000 francs au comte de Richemond?. Les conseillers auraient désiré mieux : ils prescrivirent donc à la même délégation de s'aboucher à nouveau avec le bailli et Blanchet et d'essayer de transiger avec eux pour 1.500 francs. Mais ceux-ci tinrent bon, et, comme toujours, la ville finit par céder. On réduisit à 1.000 francs la somme due par Lyon pour l'aide de Montluçon et le reste de celui de Poitiers; et les conseillers se résignèrent à voter 1.000 autres francs pour le connétable, payables moitié à la Saint-Jean, moitié à la Noël (ou plus exactement 30 janvier). Ils demandaient seulement que l'on fit de la bonne monnaie et que les chevaux confisqués par ordre du roi au prince d'Orange lui fussent restitués, car la ville ne se souciait nullement d'affronter le courroux du prince3.

On aurait pu croire l'affaire terminée c'eût été compter sans l'opiniâtreté des consuls, qui ne cédaient sur un point que pour soulever mille objections sur un autre. Ils avaient bien promis 1.000 francs, mais ils essayèrent d'en différer le payement le plus possible. Ils renvoyèrent, le 2 février, au bailli Jean de Varey et ses collègues, pour obtenir du représentant du roi l'autorisation de payer ces 1.000 francs à longs termes'. Dans cette somme, on ne comptait pas, bien entendu, l'argent du connétable, qu'il fallut payer intégralement. Cela résulte formellement des textes". Ils

1 et 2 BB 2, fol. 35... « Jehan de Varey, Humbert de Varez, Aynart de Villenove Barthelemy de Varey, Pierre Beaujehan ont fait leur rapport de ce qu'ilz avoient besongné avec Monseigneur le bailli et maistre Girart Blanchet touchans les arrerages de tous aides passés jusques maintenant qui montent 1 vie fr. excepté ce qui puet estre deu de Monseigneur le connestable qui monte environ xxnc frans et leur ont dit que iceulx Monseigneur le bailli et maistre Girert Blanchet leur ont dit apres plusieurs grans et long[u]es parolles qu'ilz les quicteront pour toute chose excepté mon dit seigneur le connestable pour 1 frans, ainsi leur rebatent, comme ilz dient, 1 vie fr. sur quoy ilz ont conclus que ceulx qui ont desja esté y estoient et qu'ilz accordent avec les dis segneurs pour toutes aides passées et pour les V s. la xve fr. se mieulx ne puevent sur ce que est deu a Monsegneur le connestable, sur quoy les dis segneur dient avoir nulle puissance, et que surtout ilz facent le mieux qu'ilz pourront, porveu qu'il n'y ait autre commissere a la contrainte jusque Monseigneur le bailli une et pour le tout.

3 Voir le texte cité à la page précédente.

4 et 5 BB 2, fol. 36. « Ilz ont conclus que Jehan de Varey et les autres qui autres

n'obtinrent rien, car il n'est plus parlé de la suite donnée à cette démarche et il est toujours question des termes de payement fixés plus haut. Le 10 février, les consuls votèrent 500 francs; on n'eut pas trop de difficulté à les trouver, car il restait encore 300 francs provenant de la taille levée par Ennemond Godin'. Il s'agissait seulement de trouver 200 francs; on décida de les prendre sur les arrérages des tailles précédentes. Un point noir, cependant, restait à l'horizon le connétable n'était toujours pas payé et ne cessait de réclamer son argent. Pour en finir, il écrivit au Consulat une lettre comminatoire qui fut lue à l'assemblée du 18 février3. Il demandait l'envoi immédiat de 2.300 francs et déclarait qu'au cas où « il ne serait pas content de la dicte somme, briefment il s'en prendrait au premier qu'il trouverait de la dicte ville ». On devine l'émotion des consuls à cette nouvelle : ils convoquèrent pour le surlendemain les notables, qui ne trouvèrent rien de mieux que de demander encore un délai et un rabais. Le 31 mars et le 14 avril, il n'y avait encore rien de fait. Le procès-verbal de ces séances nous apprend que la ville avait offert de verser 800 francs, mais que le représentant du connétable, maître Jean de Dijon, voulait au moins un acompte de 1.100 francs. Les conseillers persistèrent dans leur politique de résistance; ils se déclaraient prêts à verser 300 francs à la SaintMichel, mais la pauvreté et les charges de la ville ne leur permettaient pas d'aller au-delà ; ils décidèrent, en conséquence, de rédiger << une requeste contenant appellacion » avant qu'ils aient été mis en

fois ont esté pour ceste matiere par devers maistre Girart aillent par devers Mons. le bailli pour prendre les deux plus longs termes qu'ilz porront des mil frans a quoy les dis segneurs ont moderé la ville nouvellement tant pour la reste de l'aide de Poitiers comme pour les vixx mil frans de Montlusson et que parmi les dis termes les chevaux soient rendus et que la monnoye se tiengne ainsi qu'elle est de present et qu'elle soit toute une par toute l'obeissance et que la connaissance soit seul et pour le tout aus dis Mons. le bailli et me Girart.

1 et 2 BB 2, fol. 36. — V. la délibération aux Pièces justificatives, no LXXX. 3 BB 2, fol. 36vo. - - «Ilz ont veu une lectres que Monseigneur le connestable leur a transmis par lesquelles il demande e frans a l'un d'eus de reste de l'aide de Poitiers et mandé que au cas qu'il ne sera content de la dicte somme briefment il s'en prendra au premier qu'il trouvera de la dicte ville, et pour ce que les dessus assemblés estoient en trop petit nombre attendu le cas, ilz n'y ont point peu conclure mes ont ordoné que l'on mande a demain plus grant nombre de gens pour fere sur ce conclusion. » La lettre a été publiée. V. notre analyse. Délibération du 31 mars. BB 2, fol. 40. V. Pièces justificatives, no LXXXI. Délibération du 15 avril, BB 2, fol. 40v. V. le texte aux Pièces justificatives.

n° LXXXIII.

état d'arrestation. Jean de Dijon et le connétable eurent beau pro mettre le départ des gens d'armes et s'engager à faire payer de force aux receveurs les arrérages de leurs tailles, on n'avait encore, le 6 juillet, rien conclu relativement aux 500 francs promis par la ville pour la Saint-Jean et le 13 juillet, on répondait au bailli et aux représentants du connétable que « le peuple n'était point d'entencion de mectre taille pour quelconque cause que ce fut, jusques les arrérages de plusieurs tailles passées soient paiées1. » En revanche, on assurait qu'avec ces arrérages «< on pourrait paier aisément et largement et Monseigneur le connétable et tous autres à qui la ville peut devoir ». En tout cas, nous voyons par là qu'à cette date personne n'était payé, ni le roi, malgré les diminutions d'impôts consenties, ni le connétable?.

Le bailli, Geoffroi Vassal, et les élus insistèrent encore au mois. d'août pour faire lever 2.500 francs, mais, le 15 août, les conseillers refusèrent de prendre leur commission 3. Devant cette attitude, les généraux de la justice des aides durent agir : ils assignèrent les conseillers devant eux pour les contraindre à verser les 2.600 francs représentant à la fois les arrérages des impôts mentionnés plus haut et l'équivalent du fouage de 5 sous tournois voté à Montluçon en 1426 et converti en taille le 25 mai 1427. Les conseillers se firent représenter par Ayme de Nyèvre, Jehan Durant, Jehan Palmier, Bernert de Varey, Jean de Varey et Aynard de Villenove'. Comme les arrérages ne rentraient toujours pas et que les consuls craignaient d'être conduits à Roanne, ceux-ci décidèrent, le 4 septembre, qu'au lieu de les faire lever par un receveur (Ligier, clerc de Jean de Dijon, s'était, en effet, présenté), ils les répartiraient entre eux et divers notables à la charge, pour chacun d'eux, d'en lever ce qu'il pourrait5. La crainte de la prison amena, en outre, les consuls à prendre des mesures de rigueur contre Pierre de la Fay et Bererd Jacot, qui devaient beaucoup d'arriérés. C'était la dernière res

1 Délibération du 6 juillet 1427. n° LXXXIV.

2 Délibération du 11 juillet 1497. n° LXXXV.

3 BB 2, fol. 45.

Vienne, no LXXXVII.

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V. Pièces justificatives. Geoffrai Vassal était archevêque de

No LXXXVIII.

4 Délibération du 19 août fol. 45. V. Pièces justificatives X.-
5 BB 2, fol. 47".
6 Ibidem.

Pièces justificatives n° LXXXIX.

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