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une taille de 1.600 livres dont Bel Oyzel réclamait le payement immédiat1. Comme toujours les conseillers demandèrent un délai, déclarant qu'ils allaient s'adresser au roi.

Au même moment, le connétable faisait de nouveau parler de lui. On se souvient que Richemont avait été supplanté par la Trémouille et que les bourgeois de Lyon, bien qu'ils dussent lui payer la taille votée à Poitiers en 1425, l'avaient soutenu par patrio, tisme. Mais sa disgrâce n'avait pas duré ses partisans avaient blessé la Trémouille à Chinon et obtenu que ce favori du roi fût éloigné de la cour, Depuis, le connétable était revenu aux affaires, et son premier soin avait été de redemander aux Lyonnais l'impôt de 2.200 francs dont nous avons parlé et qu'il avait fini par considérer comme sa propriété (avril 1432). Comme il n'avait eu qu'à se louer des Lyonnais, on pensait à Lyon qu'après les événements des dernières années, un arrangement avec lui serait chose facile. Son arrivée à Lyon était précisément annoncée comme très prochaine. On résolut donc de l'attendre pour « prendre de lui le meilleur marché ou rabat de ladicte somme que l'on pourra3 ». C'est ce qui arriva; le 7 mai le connétable était à Lyon sur la demande des conseillers il transigea avec eux pour 800 francs. Ce n'était cependant pas le rabais désiré par les consuls; on avait pensé s'en tirer pour 4 ou 500 francs. Mais il ne fut pas possible d'obtenir mieux 5.

BB 3 fol. 18, 23 avril. « Ilz ont conclus que l'on aille en nombre de dix ou de quinze personnes notables par devers maistre Jehan Bobignion, maistre des requestes, maistre Jehan de Dijon, secretaire et sire Jehan Tissot escuer du roy notre sire commisseres sur la transgression des monnayes et leur prier qu'ilz se vueillent surseoir de l'exequcion de leur commision sur ladicte transgression... » Il faut rapprocher ce texte de celui de la déliberation du 4 mai (fol. 19): « Ilz ont concluz au regart des commisseres reformateurs de la prinze et mise des monnoyes d'empire et des XVI 1 livres t. que demande Bel Oyzel pour l'aide ou bien des cinq sous t. pour fere que l'on leur baille...» Le roi ayant envoyé à Lyon des commissaires au sujet des monnaies, les avait chargés de faire verser les 1650 livres que Bel Oyzel réclamait sans succès.

2 Voir sur

178-181.

ces faits, Cosneau (E.), le Connétable de Richemont, pp. 166-170,

3 BB 3 fol. 19. 7 mai 1434. «En tant que touche les XXIIe frans que demande Monseigneur le connestable, ilz ont concluz que l'on actende mondit seigneur le connestable qui briefment doit estre en ceste ville et lors prendre de lui le meillieur marché ou rabat de ladicte somme >> et fol. 19 v. V. Pièces justificatives n° CXXXVI.

4 Voir Pièces justificatives no CXXXVI.

5 Ibid.

Certains proposèrent, comme on était à court d'argent, de vendre la vaisselle destinée au roi et à sa suite, mais leurs collègues s'écrièrent que ce serait «grand honte » et rejetèrent leur demande 1.

Toutefois, le payement du connétable n'était pas ce qui pressait le plus : l'équivalent du fouage n'était pas encore entre les mains de Bel Oyzel et un sergent du roi, Robin de Charroux, se vantait d'obliger par la force les habitants à payer 2. Plusieurs conseillers ayant fait sans succès une démarche auprès du roi alors à Vienne, le consulat prit une mesure très curieuse à signaler, car c'est peutêtre la seule mesure de ce genre que nous ayons relevée. Il décida le 9 mai que si Bel Oyzel ne faisait pas revenir Robin sur son projet, il convoquerait l'après dîner le peuple aux Cordelliers, ainsi que le sergent. Là, en présence de la foule, on prierait ce dernier de se gouverner gracieusement en sa commission, car on savait que si là «< il voulait faire de fait, l'on ne ly soffrira point ». Il fallait que le consulat fût à bout de ressources pour en venir à ce moyen d'intimidation, car il était dangereux pour une assemblée aussi aristocratique d'apprendre au peuple à faire usage de sa force. Le même jour partaient pour Vienne dix ou douze bourgeois chargés de s'entendre avec le roi au sujet de cet emprunt 3. Le roi ne leur accorda rien et le 14, Bernert de Varey et Aynart de Villenove reçurent l'ordre de retourner à Vienne où Jean Baubignon et Jean de Dijon, commissaires royaux s'étaient rendus 5. Le 30 ils étaient de retour, mais la seconde ambassade n'avait pas eu plus de succès que la première; en présence de ce double refus, il fallut s'exécuter

1 On avait attendu la visite du roi à la fin de l'année précédente. 29 mai 1134. V. BB 3 (fol. 19 bis). « Ilz ont conclus que l'on aille vers Bel Oyzel lui prier qu'il face surceoir Robin de Charroux, sergent d'armes du roy nostre sire, de faire la rigoreuse contrainte qu'il se vante qu'il vuelt fere pour les XVI© 1 frans mis au lieu des cinq solz jusque l'on ait esté par devers le roy sur ce faire son bon plesir; et au cas qu'il ne la vouldra faire que l'on mande de rechief apres disner tout le pueple aux Cordelliers et la sera mandé ledit exequteur auquel l'on priera qu'il se vueille gouverner gracieusement en sa commission car s'il vouloit faire encore de fait, l'on ne ly soffrira point afin de obvier a l'esclandre qui s'en porroit ensuir que Dieu ne vucille et le plus gracieusement que l'on pourra en vray obeissance du roy nostre sire ».

3 BB 3 fol. 19 bis. V. Pièces justificatives n° CXXXVII. 4 Voir délibération du 14 mai. BB 3 fol. 19 bis.

n° CXXXVIII.

Pièces justificatives

5 Voir Pièces justificatives n° CXXXVIII, cette délibération du 14 mai (BB 3,

fol. 19 bis v°).

et dans la même séance on vota la levée d'un impôt d'ı denier pour livre 1.

Deux mois après, le roi réunit à Tours (le 12 août) une assemblée d'États de Languedoil; malheureusement nous n'avons plus aucune lettre de convocation et nous ne savons pas quels subsides furent votés. On peut même se demander en présence du silence des textes si la ville de Lyon fut convoquée ou du moins si elle se fit représenter à ces États auxquels les registres de la ville ne font pas la

moindre allusion.

États d'Issoudun (8 avril 1435). - Cette session fut d'ailleurs suivie d'une autre beaucoup plus importante qui se tint à Poitiers (au mois de janvier 1435) pour les États occidentaux et le 8 avril de la même année à Issoudun pour les États orientaux3. Les premières lettres de convocation qui furent adressées aux Lyonnais fixaient le rendez-vous à Montferrand pour le 4 décembre, mais les villes montrèrent peu d'empressement, et le roi lui-même ne put se rendre à Montferrand au jour dit".

La réunion n'eut pas lieu. En janvier 1435 les États occidentaux

accordèrent au roi une taille de 120.000 francs et le rétablissement des aides pendant quatre ans; par contre, nous ne savons rien de ce qui fut décidé à Issoudun. Les Lyonnais reçurent simultanément une lettre de convocation à ces États et une lettre du connétable réclamant les 600 francs qui lui étaient encore dus 5. Il prescrivit de les remettre à Étienne Bayret de Poitiers, son représentant. Les consuls se bornèrent à répondre à Richemont le 3 avril par des lettres d'excuse « actendu les affaires que la ville a eu le temps

BB 3 fol. 20 bis. V. Pièces justificatives no CXXXIX.

Sur ces Etats, v. A. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 204-205.

3 Sur ces Etats, voir A. Thomas 1 dans le Cabinet historique de 1878, p. 205-207 et 20 (surtout) Revue historique, t. XL, p. 84.

4 M. Thomas a publié dans le Cabinet historique de 1878 aux pages 220-221 le texte de cette lettre.

5 Délibération du 3 avril 1435. BB 3 fol. 37 v. « Ilz ont receu une lettres de Monseigneur le connestable par lesquelles il mande bailler les VIe frans qui lui sont deuz a Estienne Bayret de Poictiers, porteur des dictes lettres... » V. Pièces justificatives no CXLVI et même jour fol. 38 : « Ilz ont aussi concluz que l'on escripra au roy et aux signeurs de son conseil lettres d'excusacion comme l'on ne puet envoyer au « trois d'Issodun. » V. Ibid. On voit par là que la lettre de convocation aux Etats d'Issoudun a du parvenir à Lyon à peu près dans le même temps que celle du connétable. V. Pièces justificatives n° CXLV le texte de cette lettre datée du 14 mars 1435 (Chinon).

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passé tant pour la venue du roi que autrement1». On réclama à Bayret un délai jusqu'à la Saint-Barthélemy. Il se laissa convaincre par le consulat, accorda le 10 avril le délai demandé et promit de le faire confirmer par son maître, mais il exigea 30 livres pour ses frais 2.

Ce même jour, on décida d'écrire au roi pour s'excuser de ne pouvoir se faire représenter « si notablement comme l'on devroit actendu les gens d'armes qui sont sur les chemins, qui prennent, robbent et tuent tout mesmement, naguere ont ils eu jusques au plus pres de l'Arbrella ou ilz ont tué IX hommes du pays 3». Le porteur de ces lettres, Jean Leguet qui devait représenter seul la ville à cette assemblée reçut mission de « fere fere la carte de la ville la moindre qu'il porra de l'aide qui se mectra sus ». Nous ne savons pas ce que votèrent les États d'Issoudun, mais il est probable qu'ils votèrent des impôts indirects comme les États de Poitiers.

Le 22 mai 1435, en effet, les conseillers décidèrent d'envoyer auprès du roi deux ou trois notables pour transiger avec lui au sujet de ces impôts; or, ceux-ci avaient tout pouvoir, excepté sur ce point: il leur était défendu de consentir « aux gabelles mectre sus3 ». En combinant les renseignements fournis par ce document avec ceux que nous donne le procès-verbal de la séance du 31 mai, on voit que ces impôts n'avaient pas dû être votés par les Lyonnais, pour la bonne raison qu'ils ne s'y étaient pas fait représenter. Jean Le Guet qui devait représenter la ville n'avait osé partir; ce fut Jean Hardy qui fut désigné à sa place pour porter au roi la lettre du consulat1; mais il partit bien après le 8 avril, date d'ouverture de la session d'Issoudun.

1 Voir Pièces justificatives.

2 La délibération du 8 avril (BB 3 fol. 38). << Ilz ont veu les lettres closes que l'on envoye a Monseigneur le connestable par lesquelles l'on se excuse que l'on ne le puet payer de ses VIe frans jusques a la Saint-Barthélemy (25 août) prouchain venant». La délibération du 10 avril (BB 3 fol. 38), v. Pièces justificatives no LI, nous fait connaître l'acceptation du représentant du connétable.

3 Voir Pièces justificatives no CXLVI, le texte de la délibération du 3 avril. 418 avril. BB 3 fol. 38. V. Pièces justificatives no CXLVII.

5 BB 3 fol. 39. V. Pièces justificatives no CXLIX.

Par la délibération du 31 mai (fol. 39 vo) nous savons que Jean Hardy partit il y a environ trois semaines », c'est-à-dire au commencement du mois de mai. La session s'était ouverte le avril; on voit qu'il partit un mois trop tard. V. son récit. Pièces justificatives no CXLIX.

7 Voir Pièces justificatives no CXLIX, la délibération du 31 mai.

Le 31 mai, il est dit en effet qu'il partit de Lyon «< il a environ trois sepmaines » pour voir le roi à Tours et lui présenter les excuses de la ville; mais le roi, sans doute courroucé d'une abstention. où il vit avant tout un acte de sans-gêne, fit attendre dix jours sa réponse et le pauvre messager dut repartir les mains vides « bien qu'il n'eut plus d'argent de quoy vivre ne de quoy s'en venir1».

Mais malgré son abstention, la ville fut obligée de payer les subsides votés par les États. Quelques jours après le retour de Hardy, on décida encore (8 juin) l'envoi d'une nouvelle ambassade auprès du roi cette démarche était même considérée comme si urgente, que les uns proposèrent de prendre l'argent du voyage sur les revenus de la barre « veu que l'on n'a de present autre part ou prendre argent» et que les autres proposèrent un emprunt spécial « veu que la barre est pour la reparacion du pont3». C'est l'avis de ces derniers qui prévalut : les métiers durent fournir 60 royaux, qu'on devait leur déduire du premier aide à lever dans la ville. Jaques Bennot et Bernert de Varey s'offrirent pour aller trouver le roi *.

Le 22 juillet, Bernert était de retour et faisait son rapport au consulat. Le roi avait seulement consenti à convertir en une taille. annuelle de 12.000 francs (pendant quatre ans) les gabelles qu'il avait établies pour quatre ans dans le pays de Lyonnais. Ces gabelles de quatre ans avaient sans aucun doute été votées à Issoudun elles sont le pendant des aides rétablis à Poitiers par les États occidentaux. Cette taille de 12.000 francs représentait ainsi les impôts indirects mis sur l'ensemble du Lyonnais; il eût donc été injuste d'en faire supporter le poids uniquement à la ville. Aussi, le surlendemain, on résolut de réunir une assemblée générale pour délibérer sur cette question. Il fut décidé qu'on demanderait à une délégation du plat pays de se joindre à une députation de Lyonnais pour aller demander au roi un rabais. Pendant ce temps, on essaye

1 Voir ibidem.

* Délibération du 8 juin, fol. 40. V. Pièces justificatives n1o CL.

3 Voir Pièces justificatives no CL.

4 Déliberation du 8 juin au soir. BB 3 fol. 40. « Ilz ont apointié que l'on fera une colecte de LX reyaulx ou environ sus les maistres des mestiers ainsi comme aujourd'ici v. h. matin en ont esté d'acors les dis maistres des mestiers pour baillier. dieues a maistre Jaques Bennot et a Bernert de Varey qui ont prins la charge d'aler par devers le roy pour la ville, c'est assavoir chacun a deux reyaux de gaiges; pour leurs despens et pour leurs gaiges pour jour. Pièces justificatives n° CL bis. 5 et 6 BB 3 fol. 42. Pièces justificatives n° CLI.

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