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Pour obtenir sa mise en liberté et payer sa rançon, il dut emprunter au prévôt de Paris, Tanneguy de Châtel, une somme de 6.000 écus d'or qu'il ne put ensuite rembourser à son créancier avec ses propres ressources. Ses amis, le roi lui-même, furent impuissants à l'aider1. En conséquence, il pria Charles VII de demander aux Lyonnais une partie de cette somme. Le 24 janvier 1427, Charles VII leur écrivit de Montluçon pour leur ordonner d'acquiescer au désir du connétable qui avait hâte de retourner en Écosse. Lyon ne fut certainement pas la seule ville sollicitée par l'Écossais.

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Ravitaillement d'Orléans. [1428-1432 On sait comment. Orléans fut, en 1429, délivré des Anglais par Jeanne d'Arc et l'armée de Charles VII. Nous aurions aimé entendre les Lyonnais parler, à propos de l'héroïne, le langage patriotique qui leur était cher. Malheureusement une lacune dans les registres consulaires nous empêche de connaître, d'une façon positive, les sentiments que son patriotisme leur inspira. La seule trace laissée dans nos annales. lyonnaises par le siège d'Orléans est une demande de 400 écus, faite par Charles VII pour le ravitaillement de cette place; encore ne la connaissons-nous que par un document postérieur. Il s'agit d'une lettre des généraux de finances adressée au receveur de l'aide levé pour le ravitaillement d'Orléans et datée du 13 mars 1436, lui prescrivant de ne pas exiger des Lyonnais les 400 écus à eux demandés par le roi à cette occasion.

Rançon de La Hire. Au début de l'année 1432, Charles VII réclama aux habitants de Lyon 1.500 royaux d'or pour aider Étienne de Vignolles, dit La Hire, à payer sa rançon. On sait que La Ilire avait été capturé par les Anglais en 1431 au moment où il cherchait à ravitailler Louviers. Il ne se tira de leurs mains qu'en leur promettant la somme de 30.000 écus et en leur livrant ses

1 Ces détails sont fournis par une lettre de Charles VII aux Lyonnais datée du 24 janvier 1497 (Montluçon), publiée par de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. III, p. 511-51a. Pour ces faits, v. p. 511.

Voir ibid., le roi ne fixait point de chiffre : « vous prions », dit-il, ..que.. « vous lui vemiler faire aide et secours du vostre par tel impost sur vous comme vous vouldrier faire et que saurez bien adviser, » p. 511-512). Charles VII, le 26 novembre 1423, lui avait déjà octroyé 1,000 livres. (V. de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. II, p. 120 (et u. 6 de cette page).

meilleurs capitaines comme otages 1. Charles VII avait, on le conçoit, un très grand intérêt à ce que la rançon de son général fût payée rapidement. Malheureusement pour la France, ni lui, ni la famille de La Hire ne pouvaient être d'un grand secours au vaillant routier. Le roi s'adressa à différentes villes, entre autres à Lyon2. De son côté, La Hire écrivit aux Lyonnais pour leur exposer sa triste situation. Sa lettre est datée du même jour que celle de Charles VII.

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Impôt sur les aisés. [1436] Enfin, nous devons parler de deux mesures plus sérieuses prises par Charles VII à la fin de la période qui nous occupe. En 1436 et en 1439, Charles VII cédant à la nécessité, leva des aides sur les pays de Languedoil sans consulter les États. Ce fut d'abord une taxe sur les aisés pour la fortification des places fortes situées sur la frontière franco-anglaise, de la Normandie et de la Bretagne (début de 1436)3.

L'élection du Lyonnais fut taxée à 2.000 livres, sur lesquelles Lyon eut à fournir 840 livres1. Pierre Pérenes reprit la mission de percevoir cet impôt dans le Lyonnais 5.

1 La capitulation de Louviers est du 28 octobre 1431, mais la Hire avait été pris pendant le siège. (V. de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. II, p. 42).

2 La lettre est datée du 27 janvier 1432 (Chinon). V. le texte de cette lettre, Pièces justificatives, no CXXII. Charles VII réclamait aux Lyonnais 1500 royaux d'or qui devaient être versés entre les mains de Girart Blanchet, de Jean Baubignon et Jean de Dijon. Le même jour, la Hire écrivit aux Lyonnais. (La lettre datée de Chinon a été publiée dans le t. VIII des Archives historique du Rhône, p. 95-97, par Mono et Morel de Voleine. Dans sa lettre la Hire demande aux Lyonnais «< la plus grande somme que possible » sans préciser autrement.

* Dans sa lettre du 9 janvier adressée à Pierre Aalant, à Jacques de Canlers et aux élus du Lyonnais, Charles VII expose que cet aide est mis exclusivement sur les aisés, à cause de l'impuissance où se trouve le plat pays de payer quoi que ce soit, par suite des ravages des gens de guerre. Il déclare que, par suite de la paix conclue avec le duc de Bourgogne, il est obligé de retirer les garnisons de la frontière de Picardie et de celles de Bourgogne et que nombre de gens de guerre appartenant à ces garnisons vivent sur les pays de la Loire. V. Pièces justificatives, n° CLXII bis, le texte de cette lettre.

4 La quote-part de l'élection est mentionnée dans la lettre susdite. Celle de la ville est indiquée dans la quittance du receveur Pierre Perenes du 7 août 1437 (V. Pièces justificatives, no CLXXIII).

5 Voir Pièces justificatives, no CLXI, le texte du mandement de Charles VII (du 9 janvier 1436) prescrivant à ses généraux des finances d'investir Pierre Perenes de ces fonctions. V. Pièces justificatives, no CLXIII, la lettre des généraux des finances transmettant cet ordre aux élus (23 janvier). - En outre, Charles VII envoya à Lyon Pierre Aalant et Jacques de Canlers, commissaires dudit impôt. (V. Pièces justificatives, no CLXII, le texte de la lettre de Charles VII annonçant leur venue aux Lyonnais.)

En 1437, le roi imposa de son propre chef les pays de Languedoil de 200.000 livres1.

Enfin, en 1439, les nécessités de la guerre amenèrent Charles VII à réclamer à ces mêmes pays une aide de 300.000 francs. La quotepart du Lyonnais fut fixée à 7.000 livres; celle de Lyon à 2.000 2.

Au mois de mai 1439, il réclama un deuxième aide. Nous connaissons le montant de l'imposition pour l'élection : il fut de 8.000 livres. Quant à Lyon, nous n'avons pas de renseignements3.

C'est là encore pour nous une raison de plus de regretter la lacune à laquelle, plusieurs fois déjà, nous avons dû faire allu

sion.

[1435] Le roi ne fut d'ailleurs pas le seul à réclamer aux Lyonnais des subsides extraordinaires pendant cette période si troublée. En 1435, déjà, un lieutenant du duc de Bourbon, qui opérait à Charlieu contre les Bourguignons, Humbert de Beaumont, s'adressant au Conseil du roi, aux gens d'église et aux habitants de Lyon, leur réclamait, avec instance, de l'argent pour lui et ses troupes. Sa lettre est du 7 septembre'.

Mais nous aurons ailleurs l'occasion d'insister sur ce fait. Nous le rappelons ici pour montrer la facilité avec laquelle, même au temps des États, on réclamait directement de l'argent aux villes dans une circonstance pressante.

1 Voir Pièces justificatives, n° CLXXVI, un mandement de Charles VII à ses généraux des finances, daté du 22 décembre 1437 (Amboise). Les Lyonnais obtinrent une diminution de 500 livres sur leur quote-part. (V. ibid.).

Voir à ce sujet : Pièces justificatives, no CLXXIX, le texte de la lettre de Charles VII du 28 mars 1439 (Riom) adressée au bailli de Mâcon à Jean de Courtinelles et aux élus du Lyonnais. Le roi le prie de faire avancer cette somme par les aisés. Il expose que cette aide de 300.000 francs est réclamée aux pays de Languedoil d'en deça la Seine sur l'avis de son conseil, son voyage en Languedoc « pour l'ouverture des États de ce pays » ne lui ayant pas permis de convoquer les États de Languedoil. Cet argent, dit-il, était destiné à subvenir aux frais de la guerre et des conférences de Calais au mois de mai prochain. Il devait y conduire sa fille Catherine pour la marier au fils du duc de Bourgogne. V. Pièces justificatives, no CLXXXI, la délibération des consuls du 29 mai 1439. Ce jour-là les consuls désignèrent Hugonin Bonnet comme receveur de la taille d'un denier pour livre votée le 21. Il s'agit de la taille du début de l'année, car il y est fait mention des lettres patentes données à ce sujet à Riom le 28 mars.

3 Voir Pièces justificatives, n° CXLVIII, la quittance donnée par le receveur royal Pierre Perenes. Il déclare, le 21 mai, avoir déjà reçu 1500 livres.

Voir plus loin.

Les précédents sur lesquels Charles VII pouvait s'appuyer étaient, on le voit, nombreux; nul doute qu'une autre ville ne trouverait des exemples analogues. Le spectacle du roi réclamant une taille de sa propre autorité, n'était pas, comme on voit, une nouveauté en 1440.

CHAPITRE IV

RELATIONS DES LYONNAIS AVEC LES FAVORIS DE LA COUR DE CHARLES VII (DE 1422 A 1435)

On sait que pendant la première partie de son règne, Charles VII fut en partie éclipsé par ses favoris et ses conseillers, et même qu'à certains moments la réalité du pouvoir appartint à des personnages influents de sa cour. Les plus importants parmi ces derniers furent le Président de Provence Louvet, Giac, Richemont et la Trémouille qui tour à tour se renversèrent et faillirent plus d'une fois plonger le pays dans la guerre civile. Ils entretinrent avec les principales villes du royaume des relations dont l'on trouve la trace. dans les archives municipales de ces dernières. Tours et Lyon, Lyon surtout, furent l'objet de leurs attentions. Il est donc intéressant de savoir pour qui tinrent les Lyonnais, quels conseillers leur inspirèrent le plus de confiance, quelle attitude ils prirent pendant les conflits qui les divisaient.

Le récit de ces compétitions a été fait bien souvent; nous nous contenterons de renvoyer le lecteur aux ouvrages de Vallet de Viriville et de M. de Beaucourt sur Charles VII, au Connétable de Richemont, de M. Cosneau, de M. le Duc de la Trémouille, enfin à l'excellent récit de M. Petit-Dutaillis'. Il nous suffira de les résumer rapidement afin de mieux mettre en lumière ce que les documents lyonnais peuvent nous apprendre de nouveau.

Richemont reçut le 7 mars 1425, à Chinon, l'épée de Connétable; deux jours après, il entra au service du roi avec deux mille hommes d'armes et deux mille hommes de trait. Il avait dù, la veille, prêter

1 Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, t. I, p. 420 à fin, et t. II. De Beaucourt: Histoire de Charles VII, t. II (notamment p. 116-176). E. Cosneau : le Connétable de Richemont, p. 93-203, Louis de la Trémouille : Les la Trémouille pendant cinq siècles, t. I. Ch. Petit-Dutaillis: t. IV (2e partie) de l'Histoire de France, publiée sous la direction de Lavisse, p. 20-28.

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