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dirigé par MM. Charles Lenormant, Paul Delaroche et Dupont, vient d'être aussi terminée et forme 32 planches in-fo. Il a paru huit planches d'une nouvelle série comprenant les sceaux des communes, communautés, évêques, abbés et barons.

-M. de Caumont, présent à la séance, fait connaître la composition du xe volume des Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie qu'on imprime actuellement à Caen: ce volume contiendra une description historique et archéologique du Cinglais, par M. Vaultier, travail qui forme près de la moitié du volume; un rapport de M. Léchaudé d'Anisy sur son exploration des archives du département de la Manche et des détails particuliers sur un rôle, ou rouleau en parchemin de quarante pieds de longueur conservé à Mortain. Ce rôle contient un très grand nombre de pièces de vers en l'honneur de Vital, abbé du monastère de Savigny; on y distingue près de deux cents écritures différentes; la versification en a été étudiée par un professeur de Caen, qui en a fait le sujet d'une notice qui sera insérée à la suite du Mémoire de M. Léchaudé. Dans le même volume doivent figurer un travail de M. Canel sur les ÉtatsGénéraux de Normandie, plusieurs notices sur des antiquités romaines découvertes en différens points du Calvados et de l'Orne, particulièrement sur les ruines d'une ville romaine aux environs de Caen, etc.

M. de Caumont annonce aussi qu'il s'est réuni avec MM. Galleron et Travers, membres de la Société des antiquaires de Normandie, pour acheter, des héritiers de M. l'abbé de La Rue, les manuscrits laissés par ce savant ecclésiastique, et consistant en extraits et notes relatifs à la géographie et à l'histoire locale du Calvados, en copies de pièces littéraires du moyen-âge, dont la plus considérable est une copie du roman de Rou, par Robert Wace; enfin en copies de chartes recueillies dans les archives de Londres.

Mémoires lus ou présentés.

A l'ordre du jour étaient inscrits les communications suivantes : 1o Essai historique sur la peinture sur verre, par M. Thévenot; 2o Fragment historique relatif à la première croisade, par M. Paul Tiby;

5° Poésies historiques du xe siècle, par M. Jubinal.

Le temps n'a permis de lire que les deux premiers mémoires.

I.

Essai historique sur la peinture sur verre depuis le XII• siècle jusqu'au XIXe inclusivement.

L'auteur, M. Thévenot, secrétaire de l'Académie de ClermontFerrand, après un tableau chronologique et raisonné des vitraux les plus remarquables qu'il ait vus (1) et des particularités qui les distinguent, s'exprime en ces termes :

« Prenant l'art à son début en France au XIIe siècle, je distingue « trois époques dans la marche qu'il a parcourue; ces époques ne << sont pas absolues, elles pourront aussi recevoir plus tard des divi<«<sions importantes. J'ai considéré ensuite la peinture sur verre dans « sa période de décadence, et je termine mes observations en indi<< quant ce qui a été tenté de nos jours après le long oubli dans le« quel on a laissé cet art célèbre.

« La première époque (áge bizantin) commence vers le milieu du XIIe siècle (vers 1150) et finit au commencement du xive.

« La deuxième époque (áge ogival) s'étend depuis le commence«< ment du XIve jusqu'à la fin du xvo.

« La troisième époque comprend la période du XVIe siècle et de «< la Renaissance.

« La période de la décadence de la peinture sur verre, sensible « vers la moitié du xvio, devient très caractérisée au commence<< ment du xvii et vient finir au règne de Louis XV; depuis cette « dernière date, sommeil de l'art en France jusqu'à l'époque ac« tuelle, où il semble reprendre une vie nouvelle.

<< Ces observations historiques et critiques n'admettant pas une << description détaillée des vitraux des derniers âges, je dois ren

(1) Les vitraux spécialement étudiés par M. Thévenot sont ceux de Clermont-Ferrand, de Riom, de Bourges, de Moulins, de Paris et de SaintDenis; il est à regretter qu'il n'ait pas connu ceux d'Angers, de Chartres, de Seez, qui sont des plus anciens, et ceux de plusieurs cathédrales du Nord et de l'Est qui, sans modifier peut-être sensiblement les principaux résultats de son travail, en auraient élargi le cadre; mais M. Thévenot, qui, depuis plusieurs années, se livre à des recherches pratiques sur les moyens de recréer l'art de la peinture sur verre avec toutes les harmonies que savaient lui faire produire les artistes du moyen-âge, en même temps qu'il en étudie les vicissitudes, ne manquera pas d'étendre autant que possible les bases de ses observations.

« voyer à une Histoire complète du vitrail, pour laquelle j'ai déjà « d'immenses matériaux. On ne doit pas perdre de vue que mes << travaux et mes réflexions sur l'art n'ont rapport qu'à la France << seule. >>

L'auteur entre ensuite dans de grands détails relatifs à chaque époque. Première époque: age byzantin. Les premiers vitraux qui, selon lui, sont connus dans l'histoire, sont ceux de l'abbaye de Saint-Denis, exécutés par l'ordre de l'abbé Suger vers 1150. M. Debret, avec les débris qu'il en a pu rassembler, ena composé deux croisées situées dans une chapelle de l'abside de cette cathédrale. Les figures que l'on y voit sont petites, raides et incorrectes; elles sentent l'enfance de l'art, elles ressemblent beaucoup pour le style à celui de la tapisserie de la reine Mathilde; mais l'ornement en général, les fleurons des frises, l'agencement des mosaïques des fonds, sont bien traités. On doit faire attention, dit l'auteur, aux différences des productions du xiie et du XIe siècle, bien qu'elles soient réunies dans la même époque. Au XIIe siècle les feuilles d'acanthe, de lotus, etc., que l'on voit dans les bordures, s'arrondissent en volutes et paraissent imitées de la sculpture romaine; au xue siècle, pendant les croisades, bordures, champs, entrelacs, mosaïque, tout devient l'imitation fidèle des étoffes de l'Orient. A mesure que l'on s'avance dans le XIIIe siècle les frises romanes se rétrécissent, disparaissent peu à peu pour devenir une simple bande à petites rosaces, à petites feuilles et à filets perlés. Après avoir décrit la forme et l'aspect du vitrail à son début et avoir indiqué sa tendance à imiter de plus en plus les mosaïques orientales de toute espèce, l'auteur termine cette première période en disant que l'origine de la peinture sur verre, aussi bien que celle de l'architecture ogivale, sont encore inconnues; mais que tout jusque ici porte à les considérer comme orientales. La solution de cette dernière question fera peut-être, dit-il, connaître la véritable source où a puisé cet art qui apparaît contemporain des grandes constructions ogivales sur notre sol.

Seconde époque, age ogival: au lieu de cette multitude de médaillons bordés de perles, chargés de figurines, de ces longues colonnes de panneaux losangés à brillantes mosaïques de la fin du XIIIe siècle, on commença, au xive, à introduire de grandes figures aux formes raides et allongées, couvertes de brillantes draperies, et les fenêtres ogivales admirent dans leurs verrières de vastes perspectives en grisailles. C'étaient des tours élancées à plusieurs étages; les nombreuses découpures à jour de ces constructions légères se détachaient sur des fonds d'azur, de pourpre et d'émeraude. L'auteur donne ici de nombreux détails sur les renseignemens que peut fournir l'examen de la Sainte-Chapelle de Riom. Ses vitraux représentent

de grandes figures tenant à la main de larges rouleaux de parchemin. Rien n'est plus splendide que les vêtemens de ces personnages. On y voit aussi les légendes de plusieurs saints. L'auteur fait 'aussi remarquer qu'il y avait déjà disposition évidente à substituer le dessin à la couleur, et la proportion mal sentie de ces deux élémens amena bientôt la décadence de l'art. En même temps on diminua la grandeur des compositions, on s'occupa à vaincre beaucoup de difficultés de détail, et la peinture sur verre descendit bientôt aux proportions d'un tableau de chevalet. Telle est l'époque de transition qui sépare les xve et xvie siècles. Dans la seconde moitié du xve siècle le champ des vitraux se garnit de portiques en grisailles, d'arbres et de lointains. Cette innovation fut portée à son plus haut point de perfection dans le xvio siècle. Les peintres sur verre devinrent paysagistes; ils imitèrent aussi les draps d'or et d'argent alors à la mode; ils le firent avec les verres colorés à deux couches. On vit des figures revêtues de manteaux et de robes à fond d'azur ou de pourpre bordées de perles, et fleuronnées d'or et d'argent. Les auréoles flamboient de raies d'or sur des fonds bleus ou rouges.

En examinant la troisième période, l'auteur attribue la décadence de la peinture sur verre à la découverte de l'imprimerie qui en anéantissant les enluminures des manuscrits, enleva aux peintres de vitraux ce type original. Ici l'auteur entre dans quelques détails sur les mouvemens politiques et religieux qui signalent le xvie siècle, et qui furent tous moralement et matériellement nuisibles à la peinture sur verre. Les rapports avec l'Italie, dont les arts étaient restés mythologiques, firent que dans l'architecture on vit se développer les ordres grecs; dans la sculpture, parurent les nymphes et les amours. La peinture sur verre subit ce mouvement général, et adopta le style et l'architecture composite de la renaissance. On voulut du nu à tout prix: le vitrail prit un ton rouge terne. Il existe actuellement, dans la chapelle de Chantilly, deux vitraux qui étaient au château d'Ecouen, ils sont, dit-on, de la main de Bernard de Palissy qui les exécuta d'après les dessins de J. Bullant. Ces deux morceaux attestent encore une nouvelle direction de l'art; ils représentent une dédicace à la sainte Vierge, de l'illustre famille de Montmorency. Les arts qui servaient dans les siècles précédens à exalter la gloire de la religion, se traînèrent alors en courtisans à la suite des grands pour servir au délassement du maître et pour flatter son amour-propre. Sous François Ier les grisailles peintes étaient devenues à la mode: telle était la fable de Psyché en trente-deux tableaux que nous avons vus aux Petits-Augustins, et dont nous avons malheureusement à déplorer la perte.

Arrivé à l'époque de la décadence, l'auteur fait remarquer que

B.

IX.

2

l'art alla en s'amoindrissant jusqu'à Versailles et Saint-Sulpice. Enfin, dans le xviie siècle l'art est totalement anéanti.

Quant à l'époque contemporaine, elle nous présente quelque essais imparfaits d'artistes anglais, tels que les vitraux faits pour la chapelle de Sainte- Elisabeth de Paris. L'auteur termine enfin en manifestant des espérances sur les résultats des essais faits à la manufacture de Sèvres, et en donnant quelques détails sur les moyens à employer pour obtenir de l'effet dans la peinture sur verre, en même temps qu'il signale les inconvéniens à éviter.

M. du Sommerard, après la lecture de cet intéressant mémoire, fait remarquer que s'étant aussi occupé de son côté de recherches sur l'histoire de la peinture sur verre, il est arrivé à plusieurs des résultats signalés par M. Thévenot; il se plait à rendre justice à l'esprit d'observation et au goût parfait qu'annonce ce travail, mais il regrette que l'auteur, qui ne parle que de ce qu'il a observé par luimême, n'ait pas porté ses vues sur l'état de l'art antérieurement au xne siècle, et dont on retrouve quelques indices, sinon dans les monumens eux-mêmes, du moins dans des écrits contemporains. M. du Sommerard ajoute qu'avant l'importation en France, dans ces dernières années, du style propre à l'école anglaise, qu'il désapprouve, ainsi que le fait M. Thévenot, P. Robert, frère du peintre encore attaché aujourd'hui à la manufacture royale de Sèvres, avait déjà réussi dans l'exécution de panneaux copiés sur ceux de la Sainte-Chapelle, et exactement semblables pour l'effet. En 1826, ce même artiste exécuta pour M. du Sommerard un petit vitrail très fin et très brillant, d'après un tableau de Fragonard et à l'aide de procédés entièrement semblables à ceux des anciens, et différant essentiellement de ceux des artistes anglais. Ce fut ce vitrail qui détermina la création de l'école de Sèvres sous la direction de Robert qui fut emporté par le choléra.

II.

M. Tiby donne lecture d'un fragment historique relatif à la première croisade intitulé : Les Croisés au siège d'Anticche. L'auteur, dans un travail extrait des historiens originaux qui ont écrit sur cette époque, fait connaître les mœurs des chrétiens dans cette première croisade; il donne des détails sur les fléaux qui affligèrent les Francs sur la terre étrangère, sur les excès auxquels ils se livrèrent; mélange

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