105. Que sera-ce, si la nature, etc., v. 504 et suiv. Dusaulx, en traduisant: Passons-lui ces sortes d'artifices si, etc., n'a pas saisi le sens. Cedo ne signifie pas la même chose que concedo: il exprime ordinairement l'interrogation, et correspond ici à quid deinde? age vero. TÉRENCE, Andr., act. 2, sc. 3, v. 9; « Cedo igitur, quid faciam, Dave?» J. P. 106. Vois-tu fondre chez elle la foule des prétres de Cybèle et de Bellone? etc., v. 511. Ces prêtres étaient appelés Galles. Voyez satire 2, note 31. 107. Autour du champ de Tarquin-le-Superbe, v. 524. Après l'expulsion des rois, il fut consacré par Brutus au dieu de la guerre dont il prit le nom. J. P. 108. Elle ira, jusqu'aux confins de l'Égypte, puiser dans l'île de Méroé, etc., v. 527. Cette île était l'un des foyers de la plus ardente superstition. Les prêtres y régnaient en souverains. Lorsqu'il leur en prenait fantaisie, ils envoyaient dire au roi de se tuer, que les dieux l'avaient ordonné par leurs oracles, et qu'un mortel ne devait point mépriser les ordres des immortels, etc. Un prince courageux et philosophe, Ergamenès, roi d'Éthiopie, osa le premier secouer le joug de ces imposteurs. Il entra avec ses soldats dans le lieu saint où était la chapelle d'or des Éthiopiens, et, ayant fait égorger tous les prêtres qui voulaient sa mort, il abolit leur race impie, et gouverna selon sa volonté. (DIODOR. SICUL., lib. 111, §. 6.) 109. L'antique demeure du pátre Romulus, v. 529. On a entendu ce passage de plusieurs manières : les uns ont pensé qu'ovile signifiait la partie du Champ-de-Mars où les comices se rassemblaient; d'autres ont cru qu'il s'agit du lieu où les Tarquins avaient placé leurs bergeries. Un ancien scoliaste interprète ainsi cet endroit : In Martio campo templum Isidis vetustum, proximum ovili, hoc est, ei loco, ubi Romulus et pastores adsueverant pecora pascere ; aut regiam dicit Romuli, aut palatium. J'ai adopté ce dernier sens avec Dusaulx. J. P. 110. Elle croit, n'en doutez pas, avoir entendu la voix de la déesse, v. 53o. BOILEAU, sat. 10, v. 610: Alors, croyant d'un ange entendre la réponse, A cet ordre d'en haut sans réplique souscrit.... J. P. 111. De ce vagabond, de ce nouvel Anubis, se moquant des lamentations d'un peuple crédule, v. 534. Juvénal dit métaphoriquement currit derisor Anubis ; car il ne s'agit point dans ce vers du véritable Anubis, mais de celui qui était prêtre d'Isis: Anubis erat perpetuus Isidis et Osiridis custos. Quant à l'autre, il naquit du commerce qu'eut Osiris avec sa sœur Nephtès. L'enfant, ayant été exposé, fut nourri et élevé par Isis. Voyez le traité de Plutarque, de Iside et Osiride. Ce qui se pratique chez les Égyptiens, dit Athénagore, n'est-il pas ridicule ? Les jours de grandes fêtes ils se frappent la poitrine dans les temples, comme si c'était pour déplorer la mort de ceux à qui ils sacrifient comme dieux (Leg. pro christian., §. 12). Observez que c'est un chrétien qui a trouvé cette cérémonie ridicule. Voyez la note 138 sur le second livre d'Hérodote. 112. Il intercède encore pour celles qui ne surent pas résister aux désirs de leurs époux, pendant les jours de continence et de fêtes solennelles, v. 535. Les Égyptiens se purifiaient quand ils observaient la chasteté : ils la gardaient un certain temps lorsqu'ils devaient faire quelque acte de religion, les uns quarante-deux jours, d'autres plus, d'autres moins, mais jamais moins de sept jours. Pendant ce temps ils s'abstenaient de la chair des animaux, des légumes, des herbages, et surtout du commerce des femmes. A l'égard du commerce des garçons, ils ne s'y adonnaient point le reste du temps, etc. (PORPHYR., de Abstinent. ab esu animal., lib. IV). A ces traits, ajoute M. Larcher, et à bien d'autres qu'il serait facile de rassembler, qui pourrait s'empêcher de reconnaître que le système religieux et civil des Juifs n'a été calqué que sur celui des Égyptiens? Voyez la note 120 sur le second livre d'Hérodote. 113. Apaise enfin la colère d'Osiris, v. 539. On verra par la citation suivante que ces prêtres Égyptiens, qui venaient à Rome pour y séduire des femmelettes, avaient à cet égard été à bonne école dans leur propre pays. En Égypte, les prêtres forment le premier corps de l'état, et ne sont pas obligés de contribuer à ses besoins, quoique la troisième partie des biens-fonds soit assignée à leur entretien. Ils savent se concilier la confiance du peuple et celle du souverain dont ils composent le conseil, et qui doit être tiré de leur corps, ou s'y faire agréger dès qu'il monte sur le trône. Interprètes des volontés des dieux, arbitres de celles des hommes, dépositaires des sciences, et surtout des secrets de la médecine, ils jouissent d'un pouvoir sans bornes, puisqu'ils gouvernent à leur gré les préjugés et les faiblesses des hommes. (Voyage du jeune Anacharsis, édition in-4°. de 1788, tome 1, page 512.) 114. Une Juive qui vient de quitter sa corbeille et son foin, v. 542. Juvénal rappelle ici ce qu'il a dit (sat. 2) de la profonde misère à laquelle les Romains avaient réduit les Juifs. Ils contraignaient ces malheureux, dont quelques corbeilles remplies de foin formaient tout l'attirail, à payer jusqu'à l'ombre que leur fournissait chaque arbre de la forêt d'Aricie, etc. 115. La grande prétresse de la forêt d'Aricie, v. 544. Les mots du texte magna sacerdos arboris n'offrent pas un sens clair. On n'a, pour expliquer ce passage, que des conjectures. Cependant les commentateurs s'accordent assez généralement à penser que les Juives se réunissaient dans la vallée d'Aricie, consacrée par Numa au culte d'Égérie, pour y recueillir, à l'ombre des arbres, des inspirations prophétiques, dont elles trafiquaient ensuite, comme les Bohémiennes (Voyez sat. 111, v. 12 et suiv.). Voilà sans doute pourquoi Juvénal donne à cette Juive le nom de sacerdos. J. P. 116. Il interroge, etc., v. 551. J'ai rétabli dans le texte rimatur et exta, qui vaut mieux pour le sens, et qui est d'ailleurs la leçon des manuscrits et des anciennes éditions. Celle de Dusaulx portait rimabitur exta. J. P. 117. Et il accuse ensuite de ce crime, etc., v. 552. Selon l'ancien scoliaste, Juvénal fait ici allusion au philosophe Egnatius, qui, après avoir entraîné la fille de Bareas Soranus dans des opérations magiques, la dénonça lui-même à Néron. Elle périt avec son père. (Voyez TACIT., Ann. xvi, 3o.) J. P. 118. Delphes ne rend plus d'oracles, etc., v. 555. La philosophie grecque et romaine triompha insensiblement des plus grossières superstitions, et dès-lors les différens oracles perdirent leur ancien crédit. Quelques-uns en attribuèrent le silence à l'avènement de Jésus-Christ. M. de Paw prétend que celui de Delphes n'eut jamais d'autre fondement que l'hydromancie, ou la divination par le bruit des fontaines qui s'élevaient en bouillonnant parmi les rochers de la Phocide. Au reste, il observe qu'on ne trouvait que dans le nord de la Grèce ces temples fatidiques, consacrés à Jupiter et à Apollon, et qu'ils étaient remarquables par leur situation sur les principales hauteurs de cette partie du monde. (Recherches philosophiques sur les Grecs, tom. 11, pages 193 et 197.) 119. Le plus fameux parmi tous ces imposteurs, etc. v. 557. L'astrologue dont il s'agit ici s'appelait Ptolémée. Othon, exilé par Néron, désespérait de sa fortune. Ptolémée lui présagea qu'il survivrait au tyran, et parviendrait à l'empire; ce qui arriva après qu'Othon eut fait tuer Galba. (TACIT., liv. 1, Hist., §. 41.) 120. Des rochers de l'étroite Sériphe, etc., v. 564. Sériphe, île de l'Archipel, et l'une des Cyclades. 121. Alors ton épouse, nouvelle Tanaquil, etc., v. 566. Tanaquil, femme de Tarquin l'Ancien, cinquième roi de Rome : ses mœurs étaient irréprochables; mais Juvénal la soupçonne d'avoir donné dans l'astrologie, parce qu'elle présagea que son mari régnerait. 122. Quels sont les mois heureux ou malheureux, v. 571. Plu- . tarque (Vie de Camille), sans décider s'il y a des jours essentiellement heureux ou malheureux, incline cependant vers l'opinion d'Hésiode. Cet ancien poète a traité cette question dans une pièce de vers que l'on trouvera à la fin de ses œuvres, et il est pour l'affirmative. Chrysippe l'a combattu; mais tous les Chrysippes du monde n'empêcheront pas que les générations futures, qui craindront et désireront comme nous, ne soient sujettes à cette antique superstition. 123. Des éphémérides plus luisantes que l'ambre, v. 573. Les éphémérides sont des tables calculées par les astronomes, qui marquent l'état du ciel pour chaque jour. Juvénal dit « plus luisantes que l'ambre, » parce qu'un livre souvent feuilleté jaunit sous les doigts. 124. Dans les camps ou à la ville, v. 575. J'ai adopté, comme nécessaire pour la clareté de la phrase, la correction de H. Valois, patriamve, au lieu de la leçon commune patriamque. J. P. 125. Les nombres de Thrasylle, etc., v. 576. Thrasylle, célèbre astrologue, fort aimé de Tibère, qui le connut dans l'île de Rhodes. 126. Elle ne prendra de nourriture qu'aux heures marquées dans son Petosiris, v. 581. Petosiris, autre astrologue fameux dont Pline fait mention liv. VII. 127. Dont la voix flatteuse invite les passans, v. 584. Dusaulx a traduit: Elles offrent leurs mains et leur visage au devin qui les tient en suspens pour les palper plus à son aise. Ce sens, et les autres interprétations analogues, ne peuvent être admis. Les devins dont il s'agit, pauvres et intéressés, cherchaient probablement d'autres récompenses que les caresses des femmes du peuple. Poppysma, selon un ancien scoliaste, exprime le bruit que l'on fait avec les lèvres pour appeler quelqu'un. Ruperti, adoptant cette explication, sous-entend la préposition per devant crebrum poppysma. Ainsi, comme les bateleurs sur nos places publiques, ces devins ambulans appellent (rogant) les passans par (per) ce bruit significatif. J. P. 128. Ces vieillards habiles, chargés de purifier les lieux publics que la foudre a frappés, v. 587. Les aruspices purifiaient tout lieu, sans exception, sur lequel la foudre était tombée, et le consacraient par le sacrifice d'une brebis. Voyez sat. 11, note 42. |