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frere du roi, l'entrée dans fon gouvernement; ajoûtant qu'il n'avoit jamais cu AN. 1632.
intention de nuire à l'état, & il en témoigna beaucoup de repentir & de douleur.
Le duc s'étant retiré, & Clement de Long ayant fait le rapport du procès &
dit fon fentiment, qui forma l'arrêt, les gens du parlement, auquel fe trouve-
rent fix maîtres de requêtes, allerent aux opinions. Toute la compagnie ayant
opiné du bonnet fans rien dire, le duc fut condamné à être privé de tous fes
honneurs & dignités, & à avoir la tête tranchée sur un échaffaut dans la place
du Salin. Il fut ordonné de plus que fes terres de Montmorenci & de Damville fe-
roient privées pour jamais des noms & titres de duché & pairie, & qu'elles feroient
confifquées au roi avec tous fes autres biens. L'arrêt ayant été prononcé à onze
heures du matin, les juges fe retirerent dans leurs maisons, & donnerent alors
la liberté aux larmes & aux fanglots qu'ils avoient retenus dans le palais. Le roi,
par grace, commua le lieu du fupplice, & ordonna que l'exécution feroit faite
dans l'hotel de ville; ce qu'on prétend que le cardinal de Richelieu obtint du
roi, de crainte que l'exécution publique ne caufât une émotion dans Toulouse,
où le duc étoit extrêmement aimé. Le roi lui accorda de plus la permiffion de
difpofer de fes biens.

LXVI. Derniers mo

mens du duc

eft

Le duc de Montmorenci ayant été reconduit à l'hôtel de ville, fe difpofa à terminer fon facrifice. Il remit fon teftament entre les mains de S. Prueil, en le chargeant de le présenter au roi, & de lui demander pardon de fa part. Le car de Montmodinal de la Valete, qui étoit fon ami particulier, lui rendit vifite avec la permif- reci, quien fion du roi, & après avoir été une heure enfemble, ils ne purent retenir leurs l'hôtel de ville larmes en fe féparant. Le duc écrivit fes derniers adieux à ce cardinal & à la prin- de Toulouse. ceffe de Condé fa fœeur; & le comte de Charlus étant furvenu de la part du roi, pour lui demander le bâton de maréchal & le cordon de l'ordre du S. Eprit, il les lui remit en difant: Monfieur & cher coufin, je rends volontiers & le bâton & l'ordre à mon roi, puifqu'il juge que je fuis indigne de fa grace. Le duc de Montmorenci fe dépouilla enfuite de l'habit qu'il portoit, & dont il fit préfent à l'exempt des gardes qui étoit auprès de lui; & s'étant revêtu d'un habit de toile qu'il avoit fait a V. Du Cros faire à Laittoure pour entendre la lecture de fon arrêt, il remercià tous fes des. Les commiffaires & le greffier du parlement étant arrivés fur le midi à la chapelle de l'hôtel de ville qui eft de plein pied, le comte de Charlus y conduifit le duc, qui y defcendit un crucifix à la main & couvert d'une méchante cafaque d'un foldat qui fe trouva là par hazard. Le duc s'étant mis à genoux devant l'autel, il y entendit la lecture de fon arrêt qui lui fut prononcé par le greffier; après quoi s'étant levé, il dit aux commiffaires : « Meffieurs, je vous remercie « & toute votre compagnie, à qui je vous prie de dire de ma part, que je tiens « cet arrêt de justice du roi, pour un arrêt de la mifericorde de Dieu : priez Dieu «< qu'il me faffe la grace de fouffrir chrétiennement l'exécution de ce qu'on vient « de lire." Le duc s'étant remis à genoux, pria Dieu encore quelque tems; après quoi le comte de Charlus capitaine, & Launay lieutenant des gardes, l'abandonnerent au grand prevôt qui le livra à l'exécuteur.

gar

vie du duc de Montmer. l. 5

L'exécution fut néantmoins un peu differée, jufqu'à ce que Launay, qui alla trouver le roi, fut de retour; & on eut quelque efperance de grace. Plufieurs des principaux de la cour firent en effet de nouveaux efforts pour l'obtenir; & le maréchal de Châtillon dit, entr'autres, au roi, « que le vifage & les yeux de ceux «< qu'il voyoit, lui faifoient connoître que S. M. feroit plaifir à beaucoup de « perfonnes, fi elle pardonnoit au duc de Montmorenci; » à quoi le roi répondit, qu'il ne feroit pas roi, s'il avoit les fentimens des particuliers. Launay étant revenu, l'exécuteur eut main levée; & ayant lié les bras au duc de Montmorenci, il lui découvrit le col & les épaules, & lui coupa les cheveux. Le duc ayant appris que l'exécution fe feroit dans l'hôtel de ville, dit au P. Arnoux, qu'il eût volontiers fouhaité de mourir publiquement pour fouffrir avec plus d'ignominie; néantmoins qu'il remercioit S. M. de cette faveur & grace. Ayant enfuite quitté fa cafaque, il s'avança le crucifix à la main par la cour de l'hôtel de ville, au milieu des gardes, ayant à fa main droite le P. Arnoux, qu'il pria de ne pas l'abandonner. Il pria auffi au pied de l'échaffaut un autre Jefuite, qui avoit accompagné le P. Arnoux de faire en forte que fa tête, après avoir été féparée du corps, ne tombât pas à terre & de tâcher de la recueillir s'il le pouvoit. Etant enfuite monté fur l'échaffaut b, élevé de quatre pieds dans la cour de l'hôtel de ville, il falua la compagnie b Mff. de Coaft Tome V. Gggg

12.403.

ge

AN. 1632. qui étoit compofée du greffier du parlement, du grand prevôt & de fes gardes, des capitouls & des officiers du corps de ville, qui avoient eu ordre de s'y trouver, & il les pria tous de témoigner au roi qu'il mouroit fon très-humble ferviteur, & avec un regret extrême de l'avoir offenfé, dont il lui demandoit pardon, de même qu'à toute la compagnie. Il dit, avec beaucoup de fermeté & de courage, plufieurs autres chofes pleines de fentimens de piété & de religion. Enfin s'étant mis à il baifa le crucifix, fe recommanda aux prieres des PP. Jefuites qui l'affiftoient; & ayant reçu la derniere abfolution du P. Arnoux, il mit la tête fur le poteau; & ayant prononcé ces mots : Domine Jefu, accipe fpiritum meum, l'exécuteur fépara d'un feul coup la tête d'avec le corps vers les deux heures après midi ; tandis que tous ceux qui étoient préfens fondoient en larmes. Le fang rejaillit fur la muraille de l'hôtel de ville, où on en voit encore des empreintes.

2

noux,

La porte de l'hôtel de ville ayant été ouverte auffi-tôt après l'exécution, l'exécuteur montra au peuple, qui entra en foule, la tête du duc de Montmorenci féparée du corps, & un chacun s'empreffa à l'envi de recueillir le fang épanché. Les clefs de l'hôtel de ville furent alors rendues aux capitouls. Deux eccléfiaftiques attachés au cardinal de la Valete, conduifirent enfuite le corps & la tête du duc dans le caroffe de ce cardinal abbé de S. Sernin, dans l'abbaye de ce nom. Les chirurgiens ayant ouvert le corps, y trouverent cinq balles; & convinrent que de quinze ou feize bleffures qu'il avoit reçues au combat de Castelnaudarri, il n'y en avoit aucune de mortelle. La tête ayant été recousue & rejointe avec le corps, on l'embauma, & il fut inhumé, par un privilége particulier, dans la chapelle de S. Exupere de l'églife de S. Sernin. Son coeur fut porté dans l'église de la maison profeffe des Jefuites de Toulouse. Ainfi mourut plus malheureux que coupable dans la trente-huitième année de fon âge, Henri duc de Montmorenci & de Damville, pair, maréchal & autrefois amiral de France, comte de Dampmartin & d'Offemont, chevalier des ordres du roi & gouverneur de Languedoc, auffi diftingué par fa politeffe, fon affabilité, fa magnificence, fa générofité, fa valeur & plufieurs autres qualités du corps & de l'efprit, que par fa naiffance; en forte qu'il s'étoit également attiré & l'amitié des grands & l'amour des peuples & des gens de guerre. Il eût été à fouhaiter que fa bravoure eût été moins impétueufe, plus prudente & plus réfléchie. On lui reproche auffi de s'être trop abandonné à fon penchant pour la galanterie. On remarque qu'il fut exécuté devant la ftatue du roi Henri IV. fon parrain, qui étoit en partie redevable du trône de France au feu connétable de Montmorenci fon pere; & qu'ayant jetté les yeux fur cette ftatue qui eft expofée fur la porte intérieure de l'hôtel de ville de Toulouse, il s'attendrit, en réfléchiffant fur la mort que le fils de ce prince lui faifoit fubir. Il avoit épousé d'abord en 1609. à l'âge de 14. ans, Jeanne de Scepeaux ducheffe de Beaupreau, riche héritiere: mais ce mariage ayant caffè sous un faux prétexte, il époufa en 1612. Marie Felicité des Urfins dont a V. Mém. de il n'eut pas d'enfans, qui ne ceffa de le pleurer, & qui fit tranfporter fon corps dans l'églife des religieufes de la Vifitation de Moulins, où elle prit le voile de religieufe, & où elle lui fit dreffer un fuperbe maufolée. Nous avons fa vie écrite par Simon du Cros natif de Beziers, qui en diftribua des exemplaires aux députés des états affemblés à Montpellier au mois d'Octobre de l'an 1643. Cette aflemblée lui donna deux mille livres de gratification. Nous avons encore une autre vie du duc de Montmorenci, écrite par un autre auteur contemporain natif de b Add. aux Lodéve, mais qui n'a été imprimée qu'en 1699. On affure b que le roi Louis XIII. ftelnau.p.152. étant au lit de la mort, déclara au prince de Condé l'extrême regret qu'il avoit 155. toûjours eu, & qu'il avoit tenu caché jufqu'alors, de n'avoir pas pardonné au LXVII duc de Montmorenci; ajoûtant qu'on lui avoit fait violence, & qu'il s'étoit laiffé Touloule. Le entraîner pour le faire mourir, par de faux prétextes de politique qu'on lui avoit duc d'Hallwin fuggerés.

mademoiselle de Montpenf.t. 4.p. 141. Jeqq.

mém. de Ca

Le roi part de

réchal Schom

vernement de

été

fuccéde au ma- Le roi partit de Toulouse le dimanche 31. d'Octobre à neuf heures du maberg fon pere tin, & s'en retourna à Paris par Montauban & Limoges, accompagné des troudans le gou pes de fa maison. En passant à Fronton le 1. de Novembre, il y toucha deux cens Languedoc. trente malades. Il reçut à Remorantin le 16. de ce mois, un lettre du duc d'Or© Mere. Franc. leans fon frere, qui étant parti de Beziers le 4. d'Octobre fuivi du comte d'Alais, M. de Coat. Pour aller réfider à Tours, conformément au traité qui avoit été conclu, écrivit 1.636. au roi fon frere en pallant à Lyon, pour le fupplier d'avoir pitié du duc de Mont

ibid.

morenci, & qui lui écrivit plufieurs autres lettres fur la route, pour lui demander AN. 1632. cette grace: mais le cardinal de Richelieu, qui avoit un très-grand afcendant fur l'ef prit du roi, l'engagea à tenir ferme dans fon refus, foit qu'il envifageât que c'étoit le bien & l'interèt de l'état, foit qu'il voulût fatisfaire fon reffentiment particulier contre le duc de Montmorenci qui lui faifoit ombrage, comme quelques hiftoriens le prétendent. Monfieur étant au défefpoir de n'avoir pû obtenir cette grace, & ayant appris l'exécution du duc, écrivit au roi de Montereau-faut-Yonne le 16. de Novembre, & lui marqua, que le fieur de Bullion, dans le tems qu'il étoit convenu avec lui des articles de fa foumiflion, l'avoit flatté que le duc de Montmorenci obtiendroit la vie & la liberté; que c'eft ce qui l'avoit déterminé à accepter aveuglément tout ce qu'on avoit exigé de lui, & qu'il avoit déclaré expreffément a Bullion, que fans cela il ne s'engageoit à rien; mais qu'ayant été trompé dans fes espérances, il fe croyoit dégagé de fes promeffes, & qu'il fe retiroit hors du royaume, pour chercher une retraite affurée parmi les étrangers. Le roi étant arrivé à S. Germain en Laye répondit à cette lettre le 25. de Novembre. La reine ne partit de Touloufe que le 2. de ce mois. Elle s'embarqua fur la Garonne avec le cardinal de Richelieu, le garde des fceaux & le maréchal de Schomberg nouveau gouverneur de Languedoc. A leur arrivée à Bourdeaux, le cardinal y tomba dangereufement malade, & le maréchal de Schomberg y mourut d'apoplexie le 17. de Novembre. Le duc d'Hallwin fils de ce maréchal, qui avoit la furvivance de la charge de gouverneur de Languedoc, vint dans ce gouvernement, & en prit poffeffion au mois de Juillet de l'année fuivante. Le roi, après fon retour en France, reçut à S. Germain en Laye au mois de Février de l'an 1633. les députés des états de Languedoc, qui lui préfenterent le cahier de leurs doléances. Il donna alors en conféquence du douziéme article de ce cahier, un nouvel édit, fuivant lequel il ordonne, 1°. que les états de cette province feront convoqués tous les ans au mois d'Octobre, en vertu de fes lettres patentes, & confervés dans les mêmes priviléges, libertés & ufages, p.833.&feq. dont ils avoient joui avant l'an 1629. 2°. Il éteint & fupprime de nouveau les vingt-deux bureaux d'élection créés dans cette province par l'édit du mois de Juillet de l'an 1629. fans que les élus puffent être rétablis ni par lui, ni par les rois fes fucceffeurs, à la charge de rembourfer les fommes marquées dans l'édit du mois d'Octobre de l'an 1632. avec permiffion aux états d'emprunter pour ce rembourfement. Le parlement de Toulouse dans l'enregistrement de ce nouvel édit, ordonna, «que le roi feroit très-humblement fupplié d'agréer, que l'impofition « des fommes portées par l'édit, foient modérées & départies en huit années; que les intérêts fuffent à raifon du denier feize, fuivant les ordonnances, & de foulager la province des charges à venir, & durant ledit tems, autant que le bien de fon fervice le pourra permettre, en confidération de l'extrême néceffité & pauvreté, à laquelle elle fe trouve réduite, à cause de la foule des armées, peftes, inondations & grêles dont elle a été affligée les années dernieres. » Le roi donna un autre édit au mois d'Août fuivant, à la demande des états de la province, portant, que les tréforiers de la bourse du païs de Languedoc feront reçus par devant les commiffaires présidens pour le roi aux états, & non à la chambre des assembl. du des comptes.

1633. LXVIII. me de nouve u les élus en Languedoc.

Le roi fuppris

a D'Escorbiac priv. de Lang

LXIX. Ilaccorde une «nérale aux gens de la province, excepté à cinq quelques au

abolition gé

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«

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évêques & à

«

tres. Il fait faire

le

procès à ces

prélats par les
commiflaires
du pape.
b Procès verb.

clergé de 1645.
& 1650.
Pr. p. 388.

Merc. Franc. to 19. p. 61.

de Toul.

Memoir, dus clergé, to. 2. Gall. Chrift.

Outre ces deux édits, le roi en donna un troifiéme au mois de Mars de l'an 1633. par lequel il accorde une abolition générale à tous ses sujets de Languedoc & des feq. païs adjacens, qui avoient fuivi le parti du duc d'Orleans fon frere; excepté néantmoins les évêques d'Albi, Ufez, Lodéve, Alet & S. Pons, l'abbé Delbene, les fe q nommés de Naves, Perault & fes enfans, Vallon, Ademart, Penautier tréforier Reg. du par!. de la bourse, Marcillac, S. Amans, d'Alzau pere, & le baron de Leran fils, qu'il "M. de Coafl. foumet aux jugemens rendus & à rendre, tant contre leurs perfonnes, que contre ". 76% leurs charges & leurs biens meubles & immeubles. Le roi, ou plutot le cardinal de Richelieu fon miniftre, voulant punir ces prélats, avoit demandé au pape, auffitôt qu'il avoit appris leur adhésion à Monfieur, une commission adreffée à quelques évêques de France, pour les juger & condamner définitivement, ainfi que, mem, recond. tous les eccléfiaftiques qui étoient dans le même cas. Le adrefla cette compape miffion à Jean Jaubert de Barrault archevêque d'Arles, Victor de Bouthillier an- de Louis XI. cien évêque de Bologne & coadjuteur de Tours, Charles de Noailles évêque de P.643.& feq. S. Flour, & Achille de Harlai de Sanfy évêque de S. Malo, par un bref du 8. x11, n. s Ggg gij

Tome V.

to. 6.

Vittor. Siri,

to. 78.

Dupleix, hift.

V. NOTE

1

AN. 1633. d'Octobre de l'an 163 2. Le roi pardonna à Claude du Caylar de S. Bonnet de Toiras évêque de Nifmes, moyennant la démiffion qu'il fit de fon évêché au mois de Février de l'an 1633. & défendit aux commiffaires de procéder contre lui. C'est pourquoi ce prélat n'eft pas compris dans l'exception de ceux qui avoient adhéré à Monfieur, dans les lettres d'abolition dont on vient de parler. Claude du Caylar fe retira à Montpellier, où il poffédoit la prévôté de la cathédrale, & où il mourut en 1642. & après qu'il eût donné fa démiffion, le roi nomma Anthyme-Denys Cohon à l'évêché de Nifmes. Ce prince fit grace à Claude du Caylar évêque de Nifmes, en confidération de Jean fon frere, maréchal de France, l'un des plus fameux capitaines de fon tems, qui, après avoir rendu des services importans à l'état, mourut en 1636. dans la difgrace du roi, parce qu'il avoit eu le malheur d'encourir l'inimitié du cardinal de Richelieu. Le maréchal de Toiras avoit pris naissance en Languedoc en 1585.

ibid.

Le roi ayant autorifé le bref du pape, pour faire le procès aux évêques de la province qui avoient fuivi le parti de Monfieur, par des lettres patentes du 16. de Mars de l'an 1633. les quatre commiffaires ouvrirent en conféquence leur tribunal au couvent des grands Auguftins de Paris le 22. de May fuivant, & députerent l'évêque de S. Flour pour aller faire des informations dans les provinces: mais ils ne procéderent pas contre Paul-Antoine de Fay de Perault évêque d'Usez, neveu du feu duc de Montmorenci par Marie fa mere, fille naturelle du feu connétable, parce qu'il mourut à la fin du mois de Mars de cette année : le roi nomma Nicolas de Grille à l'évêché d'Ufez au mois d'Avril fuivant. Les commiffaires du pape citerent à leur tribunal Alphonse Delbene évêque d'Albi, Jean de Plantavit de la Pause évêque de Lodéve, Etienne de Polverel évêque d'Alet, Pierre de Fleyres évêque de S. Pons, & de plus René de Rieux évêque de Leon en Bretagne, accufé d'avoir procuré l'évasion de la reine mere : ils firent fignifier la citation aux palais de ces prélats, & la firent afficher aux portes de leurs cathédrales. Les accufés eurent recours au pape : ils lui expoferent qu'ils n'étoient pas coupables du crime de leze-majesté, & qu'ils n'avoient fait que prendre la défense du duc d'Orleans, contre ceux qui l'opprimoient. Ils firent tout leur poffible pour engager le pape à révoquer fon bref, & à retenir la connoiffance de leur affaire: mais ils ne furent point écoutés. Les évêques d'Alet & de S. Pons ayant comparu dea Dupleix, vant les commiffaires au mois de Décembre de l'an 1633. il fut ordonné par une fentence du 24. de ce mois, qu'il feroit plus amplement enquis contr'eux, & ils furent cependant renvoyés dans leurs diocèfes, pour y faire leurs fonctions. b Gall. chr. Pierre de Fleyres évêque de S. Pons, ne comparut pas lui-même; étant mort b ib.p.352. 25. de Juin de l'an 1633. Ce fut Jean-Jacques de Fleyres fon neveu, qui étoit fon coadjuteur depuis l'an 1621. & qui fut fans doute accufé comme lui, d'avoir embraffé le parti de Monfieur. L'évêque de Lodéve ayant auffi prouvé fon innocence, fut renvoyé abfous par fentence des commiffaires apoftoliques du 10. de Juillet de l'an 1634. Quant à l'évêque d'Albi qui étoit abfent & contumax, c Pr. p. 381. il fut jugé & déposé de fon évêché, comme criminel de leze-majesté, par sen&feq. tence des commiflaires du 19. de Juin de l'an 1634. & condamné à diverses amendes. Les commiffaires prierent le roi à la fin de leur jugement, de releguer ce prélat dans quelque monaftere, pour y pleurer fon crime; & le roi nomma alors à l'évêché d'Albi Gafpard de Daillon évêque d'Agen, qui obtint des bulles au mois de Janvier de l'année fuivante. L'évêque de Leon fut auffi déposé par une d Mém. du fentence & femblable du 3 1. de May de l'an 163 5. Ce prélat protesta contre cette clergé, to. 2. ib. fentence, & en appella au faint fiége: mais les ambaffadeurs du roi à la cour de Rome empêcherent le pape de recevoir fon appel. Le cardinal de Richelieu étant mort, l'évêque de Leon poursuivit fon affaire, & s'adreffa en 1645. à l'affemblée générale du clergé de France, qui prit fes interêts, & réclama contre fa condamnation, comme contraire aux canons & aux libertés de l'église Gallicane; en forte qu'il fut rétabli dans fon fiége.

e Frocès verb.

1645.

le

с

Alphonse Delbene étant revenu en France en 1643. s'adreffa de fon côté à duclerg.de l'an l'affemblée générale du clergé tenue en 1650. & expofa dans une requête qu'il Procès verb. lui préfenta le 12. de Septembre de cette année, qu'ayant déclaré devant le préde 1650. pag. fidial de Beziers le 18. de Septembre de l'an 1632. qu'il vouloit demeurer fidéle & obéiffant au roi, conformément aux lettres de ce prince, qui avoit fixé un terme, pour faire cette déclaration, à tous ceux qui avoient embraffé le parti de

316. feq.

Monfieur, le roi l'avoit excepté néantmoins de l'abolition générale qu'il avoit AN. 1633. accordée enfuite aux gens des états de Languedoc; qu'ayant pris fes furetés, il s'étoit retiré à Florence fa patrie, où il avoit demeuré jufqu'à la mort du feu roi; que pendant fon abfence les quatre commiffaires du pape avoient procédé contre lui, jufqu'à fentence définitive, rendue par défaut; que le roi avoit nommé en conféquence à l'évêché d'Albi, l'évêque d'Agen qui avoit obtenu des bulles; qu'auffi-tôt après fon retour en France, il avoit appellé au faint fiége de la fentence rendue contre lui par contumace, & qu'il avoit demandé le renvoi de cette affaire devant fes juges naturels, qui étoient l'archevêque de Bourges & fes fuffragans; que le pape ayant renvoyé cette affaire à la congrégation des évêques, Gafpard de Daillon du Lude fon compétiteur à l'évêché d'Albi, avoit formé орpofition à fa demande, foûtenant que le bref de commiffion ne pouvoit être révoqué, à cause que la clause tout appel ceffant *, y étoit inférée, & le juque gement des commiffaires étoit fouverain; que n'ayant pû avoir juftice à Rome, mota. il avoit appellé comme d'abus au parlement; que le conseil du roi avoit défendu à ce tribunal de connoître de cette affaire; que le parlement avoit ordonné des remontrances fur cette défense, & avoit retenu la caufe; & qu'enfin il prie l'afsemblée de lui faire justice. L'affemblée ayant nommé des commiffaires pour examiner cette affaire, écrivit au pape en conféquence de leur rapport, pour a Procès verb. se plaindre de la sentence qui avoit été rendue contre Alphonse Delbene, & ibid. p. 435.Ó pour foûtenir les priviléges des évêques : mais ce prélat étant mort au mois de Janvier de l'an 1651. pendant le cours de cette affaire, elle en demeura-là.

2

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* Omni ap

pellatione re

Seq.

LXX. La lieutenance générale de

trois. Etats de

Le roi, après avoir pardonné aux gens de la province qui avoient eu part aux mouvemens qui s'y étoient paffés en 1632. engageable duc de Ventadour à faire démiffion de la charge de lieutenant général de Languedoc, lui Languedoc est donna le gouvernement de Limoufin pour le dédommager, & partagea en trois partagée en départemens cette lieutenance, auxquels il nomma le 23. d'Août de l'an 1633. Montpellier. le comte de Tournon, le vicomte d'Arpajon & le marquis d'Ambres, chevaliers b M. de Confl de fes ordres, fous l'autorité & en l'absence du duc d'Hallwin gouverneur de la ". 766. province, qui depuis a toûjours été partagée en trois lieutenances générales ; fçavoir, du haut-Languedoc, du bas-Languedoc & des Cevennes ; cette derniere comprend le Velai & le Vivarais. Le roi déclara quelque tems après, que le gouvernement de la ville d'Aigues-mortes ne dépendoit pas du départemene du bas-Languedoc donné au vicomte d'Arpajon, & que le fieur de Varennes chevalier des ordres, maréchal de camp & gouverneur d'Aigues-mortes, ne feroit tenu de reconnoître dans l'exercice de la charge de ce gouvernement, que le gouverneur en chef de la province de Languedoc. Il déclara auffi par des lettres du 30. de Mars de l'année fuivante, que ces trois lieutenans généraux auroient féance, opinion & délibération au parlement de Toulouse, tant à l'audience qu'à la chambre du conseil.

gued.

Pr. p. 389.

Juft-Henri de Tournon comte de Rouffillon, l'un de ces trois lieutenans généraux, affifta den cette qualité, & comme commiffaire du roi, aux états de la d Procès verb. province, qui furent affemblés à Montpellier dans la fale de l'évêché le lundi des Et, de Lan21. de Novembre de l'an 1633. Le duc d'Hallwin gouverneur de la province, Merc. Franc. s'y trouva auffi, comme principal commiffaire, avec les fieurs Miron & le Camus to.19. confeillers d'état, intendans de Languedoc, & les deux tréforiers de France, commiffaires ordinaires. L'archevêque de Narbonne, le baron de Magalas & les autres députés qui avoient été envoyés à la cour par les états précédens, rapporterent, entr'autres, un édit du mois de Février, portant permiffion aux gens des trois états, d'engager ou vendre à faculté de rachat perpétuel le droit de l'équivalent, pour en employer les deniers au remboursement des élûs. Comme il fe rencontra quelques difficultés dans l'enregistrement de cet édit, le roi les leva, par une déclaration du mois de Juillet de l'année fuivante. Le fieur de Seigneuret fut reçu aux états, comme baron de Fabrezan, à la place du baron de Caftries. Outre les fommes ordinaires contenues dans l'édit de Beziers, les commiffaires demanderent celle de 80000. liv. d'augmentation de taille, & 200000. I. pour le port de Brefcou. Les états accorderent 5oooo. liv. pour ce dernier article, 50000. & remirent à déliberer fur le refte, à une autre occafion. Ils finirent le 8. de Décembre, après avoir accordé 24000. livres de gratification au duc d'Hallwin, i 2000. liv. à la ducheffe fon épouse, pour leur joyeux avenement, 6000. livres par forme de gratification au comte de Tournon, pour fa promotion à la charge d'un

e Pr. p. 3844

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