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REVUE CRITIQUE D'HISTORIOGRAPHIE NATIONALE PARAISSANT LE 25 DE CHAQUE MOIS

sous la direction de G. Kurth

Pour tout ce qui concerne la rédaction et les abonnements, s'adresser au secrétaire de la Revue, A. DELESCLUSE, chargé de cours à l'Université, 15, rue Charles Morren, à Liége.

Le prix de l'abonnement est fixé à 6 francs par an pour la Belgique (7 francs pour l'étranger)

25 Janvier 1900.

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AVIS. Les Archives Belges entrent dans leur seconde année d'existence. Pendant celle qui vient de s'écouler, nous nous sommes efforcés consciencieusement d'en faire un organe à la hauteur de sa mission. Sans nous flatter d'y avoir réussi d'une manière complète, nous croyons toutefois être parvenus à prouver que la chose n'est pas impossible, si les érudits belges nous continuent le concours qui ne nous a pas été marchandé jusqu'à présent, et si le public nous fournit les moyens de réaliser les améliorations que nous rèvons pour les Archives Belges Nous voudrions, sans qu'il en résultat aucune aggravation de frais pour nos abonnés, augmenter l'intérêt en même temps que l'utilité de la revue en accordant plus d'espace aux articles de fond et en développant les notices souvent trop sommaires de notre revue des périodiques. Nous voudrions aussi indemniser nos collaborateurs, d'abord parce que c'est justice, ensuite pour ne

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pas nous trouver dans une situation d'infériorité vis à vis d'autres organes. Il ne nous déplairait pas non plus de pouvoir, le cas échéant, offrir à nos lecteurs, en fascicules libres de publicité irrégulière, des variétés que l'exiguïté de notre format ne nous permet pas d'accueillir actuellement. Pour remplir ce programme, nous ne disposons que d'un seul moyen, c'est l'augmentation du tirage des Archives Belges, et elle dépend beaucoup moins de nous que du public. Nous nous adressons donc avec confiance à nos abonnés tout d'abord. Si chacun d'eux veut nous aider à répandre ce recueil, qui est leur œuvre autant que la nôtre, nous ne désespérons pas d'arriver avec le temps, et avec la bonne volonté qui ne nous fait pas défaut, à doter notre pays d'un organe qui représentera dignement l'érudition belge vis à vis du monde savant.

LA RÉDACTION.

I. COMPTES-RENDUS

1. Dehaisne et Jules Finot. Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Nord. Archives civiles. Série B. Chambre des comptes. Art rà 652, t. I (1re partie). Lille, L. Danel, 1899. In-40 de XXIV-421 PP.

Ce volume est non pas une réimpression, mais une refonte radicale d'une publication antérieure Le premier volume de l'Inventaire des archives du Nord avait paru en 1865; il comprenait dans l'ordre chronologique le relevé de pièces du Trésor des chartes des années 706 à 1450. La méthode adoptée pour ce classement a paru défectueuse et illogique aux successeurs de Le Glay dans la direction de cet important dépôt. A. Desplanque et Msr Dehaisnes ont jugé opportun de rétablir le classement méthodique de ce fond important tel qu'il avait été maintenu pendant quatre siècles. Ce travail était considérable; commencé par Mgr Dehaisnes, en 1871, il vient d'être achevé par son successeur M. Jules Finot et a nécessité la, rédaction de 21196 bulletins comprenant l'analyse de 50.000 documents de 706 à 1667

Cet inventaire est conçu d'après la méthode et le plan prescrit dès 1865 pour la rédaction des inventaires des archives françaises des départements. Il est précédé d'une introduction où M. Jules Finot retrace l'origine et les vicissitudes de la Chambre des comptes de Lille; cette institution fut organisée dès 1386 par le duc Philippe le Hardi. La

partie publiée du tome I nouveau, comprend les documents, registres et inventaires se rapportant à l'orga nisation de la Chambre des comptes (nos à 221), puis l'analyse des diplômes, chartes et titres renfermés dans les 23 premières layettes du Trésor des chartes et qui intéressent plus spécialement le Droit public. Ils se subdivisent: 1 Traités, trêves, négociations, de 1168 à 1748 (nos 222 à 392); 2. Mariages des princes, de 1193 à 1618 (nos 493 à 443); 3. Testaments des princes, de 1231 à 1545 (n's 444 à 459). 4. Partage des provinces des Pays-Bas, de 1246 à 1523 (nos 460 à 474); 5. Lettres concernant le transport de Cassel, 1437 (n° 475); 6. Lettres de la comtesse de Bar, de 1320 à 1396 (n's 476 à 494); 7. Hommages des princes, de 1245 à 1618 (nos 495 à 503); 8. Commerce, de 1198 à 1661 (nos 504 à 604); 9. Monnaies, de 1278 à 1665 (nos 605 à 651); 10 Poids et mesures, de 1454 à 1500 (1.o 652)..

Le fonds de l'ancienne Chambre des comptes de Lille est une source abondante de renseignements historiques pour les provinces belges. Il est difficile d'aborder un sujet relatif au passé de notre pays sans être obligé de recourir aux archives du Nord, à Lille.

La publication des inventaires de cet important dépôt intéresse au plus haut dégré nos écrivains nationaux. Aussi devons-nous désirer vivement de voir se poursuivre activement la mise au jour de ces

catalogues qui permettent de con- cieux pour les personnes qui naître les richesses historiques d'une s'adonnent aux études historiques. collection presqu'exclusivement belge.

Huit volumes ont été publiés jusqu'ici. Outre la seconde partie du tome I, il faudra encore cinq volumes pour terminer l'analyse des documents ayant appartenu à l'ancienne Chambre des comptes.

En rétablissant l'ordre méthodique adopté dans les premiers temps, les conservateurs du dépôt ont fait œuvre intelligente et rendu plus aisées les investigations dans cette immense collection. L'ordre chronologique a été suivi pour le classement des pièces dans chaque subdivision.

L'inventaire est rédigé avec clarté, chaque pièce est analysée avec soin et souvent des extraits étendus permettent au lecteur d'en apprécier la valeur. On pourrait peut-être formu ler un reproche à l'auteur, c'est d'avoir été trop prodigue d'extraits. Incontestablement ces extraits sont curieux et mettent les chercheurs à même de les utiliser sans devoir recourir à l'acte, mais ils offrent l'inconvénient d'amener parfois l'un ou l'autre travailleur à se dispenser de l'examen d'une pièce qui lui fournirait des détails précieux omis dans l'inventaire.

Ernest MATTHIEU.

2. Napoleon de Pauw. Ypre jeghen Poperinghe, aengaende den verbonden. Gedingstukken der XIVe eeuw nopens het laken. Gent, Siffer, 1899.

- In-80 van XLVI-332 bl.

L'histoire de nos anciennes provinces est parsemée d'épisodes sanglants causés par la rivalité entre nos grandes communes sur le terrain économique Moins connues sont les luttes que les villes importantes ont eu à soutenir contre leurs voisines plus faibles. Quant à l'hostilité séculaire entre certains villages, de mème que les quolibets malveillants dont se servent les habitants d'une localité pour désigner leurs plus proches voisins, elle est restée jusqu'à ce jour du domaine du folklore.

En lisant les documents que M. de Pauw livre à la publicité, nous nous sommes demandé si même dans ces dernières querelles quasi-insignifiantes, il ne fallait pas rechercher une cause économique, comme cela est mis en lumière dans le présent volume pour ce qui concerne Ypres et Poperinghe.

Le but de l'auteur n'était cependant pas tant de nous faire connaître cette lutte elle-même, que la procédure suivie et les droits que chacune des deux parties faisait valoir pour établir l'une sa suprématie, l'autre

Il serait à désirer, puisque l'achèvement du catalogue méthodique des archives du Nord réclamera encore de nombreuses années, d'avoir un relevé sommaire de toutes les Dès l'an 1313, Poperinghe avait collections de ce dépôt. Ce serait un pris l'engagement solennel de ne plus instrument de travail des plus pré-fabriquer des draps de bonne qualité

son autonomie.

(strijpte halflakenen et gesmoute lakenen) abandonnant ce privilége à Ypres qui le revendiquait de temps immémorial. Différents jugements étaient venus dans la suite confirmer cet état de choses, ce qui n'empêcha pas les braves gens de Poperinghe de commettre de fréquentes infractions à la défense qui leur avait été intimée.

En 1372, la ville d'Ypres, voulant faire trancher définitivement la question, attira les Poperinghois devant le Conseil du comte Louis de Male. La défense fut aussi vive que l'attaque. Si Ypres avait pour elle la tradition et les traités jurés, Poperinghe faisait valoir que ces traités lui avaient été imposés dans des temps de troubles, et à la curieuse dissertation que les Yprois produisaient sur la distinction qu'il s'agissait d'établir entre le droit naturel, le droit des gens et le droit civil, Poperinghe opposait le droit universel, le seul admissible et éternel et revendiquait, avec des arguments dignes d'un libre-échangiste du 19e siècle, la liberté entière et absolue du commerce et de l'industrie pour chacun et pour tous. Mais toutes ces belles raisons de haute et sereine philosophie développées en des dupliques, des tripliques et des quadru pliques devaient fatalement succomber devant des motifs d'ordre plus pratique, les intérêts supérieurs de la ville d'Ypres et la force dont elle disposait pour les défendre.

M. de Pauw, oubliant un instant sa toge d'avocat-général, pour ne plus revêtir que la redingote de l'historien de nos provinces au 14o siècle,

ne déplore en rien la défaite des Poperinghois. Il se réjouit, dans l'intérêt du pays, de voir la sentence du Conseil de Flandre confirmée par un jugement du duc de Bourgogne à la date du 5 juillet 1392.

Tels qu'ils nous sont présentés, ces documents offrent donc un réel intérêt pour l'histoire économique de notre pays, et, dans son introduction, l'auteur condense très bien en quelques pages tout l'objet du litige. Nous regrettons cependant qu'il n'ait pas cru devoir mettre à la fin de son volume une table des termes techniques avec des notes explicatives. Les expressions les plus importantes, les termes mêmes sur lesquels roule toute la question, ne sont pas expliqués. C'est là incontestablement une lacune. L'auteur aurait dû se souvenir que dans une matière aussi spéciale, il pouvait rendre aux travailleurs de réels services, d'autant plus que le Middelnederlandsch Woordenboek de Verwijs et Verdam est loin d'être achevé. Nous avons encore été surpris de voir l'érudit avocat-général de la Cour d'appel de Gand, qui est membre de la Commission Royale d'Histoire et qui se réclame des règles édictées par ce corps savant, ne pas fondre en une seule les tables de noms de personnes et de lieux, et ne pas réduire ses dates en style moderne dans les analyses des chartes qu'il publie.

Si nous croyons que M. de Pauw a été bien inspiré en publiant les extraits des comptes des villes de Bruges, Gand-et Ypres pour les

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