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NOTES.

* Titres de Saint-Martin de Vertou, copiés au XVIIe siècle par les Bénédictins dans la coll. des Bl.-Mant. vol. 41, p. 959. Vertou était originairement une abbaye fondée au VIe siècle par S. Martin, contemporain et probablement disciple de S. Félix, évêque de Nantes. Lors des invasions normandes, les moines de Vertou se réfugièrent en Poitou, dans l'abbaye de Saint-Jouin de Marne, dont le monastère de Vertou dépendit depuis lors. Toutefois ce n'était point un prieuré ordinaire; il eut longtemps une communauté nombreuse, régulièrement dirigée par un chef appelé prévôt, choisi par l'abbé de Saint-Jouin, mais d'ailleurs à peu près indépendant dans l'administration de son monastère et du temporel considérable qui en dépendait. Aussi ce prévôt ou prieur avait-il le droit de siéger, parmi les abbés, aux États de Bretagne dans l'ordre de l'Église, qui n'admettait aucun autre prieur. Vertou est auj. un ch.-lieu de cton de l'arrond. de Nantes, LoireInférieure.

1. Palatium, le Pallet, patrie d'Abélard, paroisse peu éloignée de Vertou, au S.-E., auj. cne du cton de Vallet, arrond. de Nantes, Loire-Inférieure.

2. Renseignement curieux pour l'histoire de la vigne en Bretagne. Dans ce pays de Vertou et du Pallet la vigne se cultive encore avec succès et fournit le meilleur vin du Nantais, dit vin de Vallet, fort apprécié aujourd'hui. Cette culture, on le voit par le présent acte, n'y fut introduite qu'au XIIe siècle, tandis que, cent ans plus tôt, elle existait déjà dans certains cantons de Bretagne où elle n'existe plus, où elle est tenue pour impossible, par exemple, dans le territoire de Marcillé-Robert, comme le prouve le texte de la pièce no VI ci-dessus, p. 15.

3. Les formes de ce jugement méritent d'être notées. Le duc juge en personne; pour mieux juger, il va tenir son plaid sur le lieu même du litige, au Pallet, ce qui montre que cette châtellenie était alors dans la main du comte de Nantes. Il juge ici en qualité de comte de Nantes; néanmoins il forme sa cour, c'est-à-dire son tribunal, des seigneurs qui d'aventure l'accompagnent, encore bien que plusieurs d'entre eux (celui de la Guerche, par exemple) ne soient point du comté Nantais. Mais on a soin de noter dans l'acte que ce sont des barons, nom donné alors (du moins en Bretagne) à tous les seigneurs dont le fief relevait immédiatement du duc car les neuf barons de Bretagne, à l'imitation des neuf évêques et peut-être des douze pairs de France, sont une invention relativement moderne. Les grands vassaux du duc avaient d'ailleurs, tout comme lui, leurs barons, dont ils garnissaient leur cour, leur tribunal féodal, et c'était aussi les nobles (milites) tenant d'eux immédiatement des fiefs terriens. Cela se voit, entre autres, dans les chartes des sires de Vitré, de Fougères et même de bien moindres sires.

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4. Cet Hoël est celui que le duc Conan III, sur son lit de mort, désavoua pour son fils, quoique sorti de sa femme Mathilde, fille naturelle du roi d'An

gleterre Henri Ier. La mention d'Hoël dans notre pièce prouve que le Conan ici mentionné est incontestablement le duc Conan III.

5. La Guerche, auj. ch.-lieu de cton de l'arrond. de Vitré, Ille-et-Vilaine. C'est ici l'un des premiers seigneurs de cette baronnie, qui en effet s'appelait Hay, et qu'un acte de Marmoutier nomme en latin « Oditus et vere Odiosus. »

6. Raoul L'Archevêque; c'est, je crois, un surnom; ce fut le nom patronymique des anciens seigneurs de Parthenai en Poitou. Si l'on prenait ce mot pour un titre ecclésiastique, on pourrait croire qu'il s'agit de Raoul II, archevêque de Tours de 1086 à 1118 (Gall. Christ. XIV, 72, 76); mais ce n'est nullement probable. Ces signatures sont celles des barons qui jugèrent avec le duc; si l'archevêque de Tours s'était alors trouvé près de ce prince et que, pour honorer le tribunal, on l'eût invité à prendre part au jugement, nul doute que la signature de ce prélat ne figurât immédiatement après celle du duc et avec l'indication de son siège.

7. Si nous plaçons cette pièce et 11 précédente après les huit autres qui se rapportent au règne de Conan III, ce n'est pas que nous les croyions plus récentes que ces dernières; mais n'ayant pas le moyen de leur assigner une date plus précise, nous ne pouvons leur donner que celle du règne de ce prince, 1112 à 1148.

(Sera continué.)

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La ville de Malestroit, qui avait eu, au moyen-âge et pendant les guerres de religion, une certaine importance politique et militaire, était en complète décadence au XVIIIe siècle. Elle figurait cependant toujours parmi les quarante-deux bonnes villes de Bretagne et avait un député aux États.

Dans les autres villes de la province, la vieille constitution municipale avait été profondément altérée depuis le xvi° siècle. Au-dessus de l'antique assemblée générale des notables, qui jadis dirigeait seule les affaires de la ville, s'était établie une assemblée moins nombreuse, appelée corps de ville ou communauté, composée des officiers municipaux et des échevins, et chargée de l'expédition des affaires courantes. L'assemblée générale n'eut plus d'autres attributions que de donner son avis sur les affaires d'une importance exceptionnelle et d'élire les membres de la communauté. Il y eut même des villes où elle tomba complètement en désuétude. La communauté accapara tous les pouvoirs, même celui de se recruter elle-même par voie de cooptation.

Dès le xvIe siècle, plusieurs villes avaient sollicité ellesmêmes cette transformation, en demandant au roi des lettres patentes pour confirmer leurs droits et fixer leur constitution. Dans toutes les villes qui lui adressèrent des demandes de cette espèce, le gouvernement établit une communauté. Dans les autres villes, cet établissement fut le résultat de la création et de la vente des offices municipaux. La plupart des villes rachetèrent leurs offices; l'assemblée générale acquit ainsi le droit d'élire les titulaires, maires, lieutenants de maire, procureurs syndics, échevins. Mais les titulaires, quelle que fût leur origine, composèrent dès lors la communauté. Cette transformation opérée dans les institutions municipales livra dans toutes les villes l'administration à une petite oligarchie bourgeoise jalouse de ses droits, fière de son importance, ombrageuse et remuante.

La ville de Malestroit échappa à cette révolution et conserva en grande partie son ancienne constitution. Elle rachetal ses offices municipaux, à l'exception des offices de maire ancien, de miseur et de greffier. Elle fournit au roi, pour les offices qu'elle avait rachetés, un homme vivant et mourant. Toutes les villes avaient, d'ailleurs, subi la même nécessité. Elles fournissaient, comme titulaire nominal de leurs offices, un homme vivant et mourant, au nom duquel elles payaient la paulette et à la mort duquel elles payaient des droits de mutation. La ville de Malestroit se dispensa d'élire des magistrats pour remplir les offices dont elle avait fait l'acquisition. Grâce à cette négligence, qui resta inaperçue, elle n'eut point de communauté. L'assemblée générale s'attribua le titre de corps de ville et de communauté, et conserva tous ses anciens pouvoirs 1.

1. Pour tout ce récit, nos sources sont les liasses C 753-757 des Archives d'Ille-et-Vilaine.

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