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>> Mais surtout elle est fière de son Souverain d'aujourd'hui, d'un Roi qui marche avec succès, avec gloire, sur les traces de son illustre père, fondateur de la dynastie.

>> Montrons donc à ce Roi aimé nos sentiments de vive sympathie, d'attachement, de respect, en portant sa santé avec effusion, avec les élans du cœur. Allons, Messieurs, à la santé du Roi, de la Reine!

» Vive le Roi! >>

M. Grandgagnage se lève ensuite et boit à la santé de M. le Ministre de l'intérieur. Il s'exprime ainsi :

<<< Messieurs,

>> Après le toast au Roi, porté en si bons termes par notre vénérable président d'honneur, vient naturellement celui à M. le Ministre de l'intérieur, et je suis heureux que ma qualité de président effectif me donne le droit de remercier encore une fois M. le Ministre de la bienveillance qu'il a toujours témoignée à l'Institut, et dont il vient de donner une nouvelle preuve en quittant ses nombreuses occupations pour assister à l'inauguration de notre Musée. Maintenant qu'il a visité nos collections, il sera, je l'espère, mieux disposé encore à encourager nos efforts. C'est donc avec empressement, Messieurs, que je vous propose de boire à la santé de M. le Ministre de l'intérieur. >>

M. le Ministre répond à ce toast en portant la santé des présidents de l'Institut. M. le Ministre nous donne l'assurance formelle que si un jour l'Institut archéologique venait à

disparaître, ses collections deviendraient la propriété de la ville de Liége.

Notre honorable bourgmestre, M. Piercot, démontre ensuite parfaitement l'utilité de créer à Liège un musée d'armes et une collection de modèles de machines, dont nos industriels pourraient tirer le plus grand profit.

M. le comte Fr. Van der Straeten-Ponthoz prononce enfin, au nom des membres de l'Institut, quelques paroles éloquentes qui cloturent la série de ces toasts.

A 6 1/2 heures, M. le Ministre de l'intérieur prend congé des convives et retourne à Bruxelles.

ANTIQUITÉS ROMAINES.

PLUME MÉTALLIQUE ET ENCRIER

DU

MUSÉE DE LIÉGE.

Un moyen auquel recourent certaines personnes pour se donner une apparence de connaissances archéologiques, consiste à révoquer en doute l'authenticité des objets d'une reconnaissance un peu laborieuse, qui sont soumis à l'examen; ainsi l'on n'est jamais compromis: si une fraude ou une mystification s'est exercée et se découvre, on n'en a pas été la victime; si, au contraire, la trouvaille d'objets analogues ou de documents certains sur les circonstances de la découverte, vient dissiper tous les nuages, on a encore l'air d'avoir agi avec prudence et circonspection.

Cela n'est pas de la critique (') : il ne suffit pas qu'une attribution soit paradoxale pour qu'on puisse se borner à la contester, il faut en outre rechercher et rassembler les preuves, jusqu'au moment où soit la sincérité soit la fausseté de l'antique qui est en discussion, pourra se démontrer au grand jour.

Tel était le rôle qui devait être et qui a été rempli à l'égard de certaine plume et de certain encrier, tous deux en bronze, qui sont entrés au Musée archéologique de Liége, il y a environ dix ans, et qu'on y avait présentés comme des antiquités de l'époque romaine, trouvées à Tongres.

(1) L'auteur du présent article dit ailleurs à ce sujet : « Contester, dénier, jeter du doute sur une argumentation, n'est que la moitié du rôle de la critique scientifique; s'il y a erreur commise, il ne suffit pas d'en faire remarquer le côté faux, il faut la redresser en rétablissant les faits sous leur véritable jour. »

Voici le dessin de cette plume et de cet encrier:

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Plume.

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Grandeur naturelle.

0,063

Dessus de l'encrier.

Fig. 3.

0,052

0,04

Elévation de l'encrier.

La patine de la plume n'a pas mauvais aspect; elle recouvre assez bien jusqu'à la section du bec, de manière à faire repousser la supposition qu'un tuyau antique de cuivre aurait été, dans les temps tout modernes, accommodé de façon à laisser croire à l'existence de plumes métalliques chez les Romains... Mais les faussaires ou les mystificateurs sont

si ingénieux ; tel d'entre eux, dont on se gardera bien de divulguer le secret, est parvenu à donner aux monnaies une si belle aerugo, au verre même une si magnifique irisation.....

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La patine n'est donc qu'un indice qui doit être appuyé d'autres preuves, et c'est à la recherche de ces preuves qu'on se livre ici.

Indépendamment de l'emploi du style pour écrire sur des tablettes de cire, l'usage de l'encre et des encriers chez les Romains n'est ni contesté ni contestable; l'encrier que le Musée de Liége exhibe à côté de la plume métallique, rencontre un proche

parent au Musée de Namur, où est déposé un encrier romain trouvé à Ciney par M. Hauzeur (1).

S'il fallait, à ce sujet, un complément de preuves, on pourrait encore citer l'encrier donné par le P. Marchi à M. de Meester de Ravestein et qui fait partie de la magnifique collection abandonnée si généreusement par ce dernier à l'État belge. M. de Meester cite deux encriers analogues : l'un déposé au Musée de Naples, l'autre trouvé à Fiano, près de Salerne (2).

Qui dit encrier, suppose un liquide pour écrire : c'est l'atramentum dont parle Cicéron (5), et dont Vitruve décrit la composition (*).

Mais encrier et encre peuvent parfaitement coexister, sans qu'il faille nécessairement faire apparaître en même temps la plume, et surtout la plume métallique: on sait très-bien que l'instrument, sinon unique, au moins principal, à l'aide duquel les Romains puisaient l'encre dans le récipient où elle était déposée, était, au moins primitivement, un roseau, arundo ou calamus, de callam, nom qu'on donne encore aux roseaux en Asie (3) et se retrouvent, en effet, à chaque pas chez les auteurs latins; il suffit d'ouvrir les dictionnaires de Forcellini ou de Freund, poury lire de nombreux passages de Cicéron, d'Horace, de Quintilien, etc., etc., où ils sont employés (6).

On taillait, du reste, les roseaux comme nous taillons nos

(1) Ann. Soc. archéol. de Namur, VII, p. 263, pl. 1, fig. 4.

(*) Musée de Ravestein. Catalogue descriptif, I, p. 424, no 572.

Voy. aussi DE MONTFAUCON, L'antiquité expliquée, III, 2e partie, p. 355; FIGUIER, Les merveilles de l'industrie, 12o série, p. 171.

(3) Epist. ad Q. fratr., II, 15: Atramento temperato.....

Voy. aussi PLAUT, Most., I, 111, 102; PETRON., Satyr.; PLIN., XXVII, 7 (28), etc. (*) VII, 10 (De coloribus qui arte fiunt); l'encre à écrire les livres, atramentum librarium, se fait, dit-il, à l'aide de noir de fumée et de gomme......

(5) G.-P. PHILOMNESTE (PEIGNOT), Amusements philologiques ou variétés en tout genre, 3e édition, Dijon, 1842, p. 509.

(°) Un joli trait est celui où Caton reproche à Antiochus de faire, comme nous dirions aujourd'hui, la guerre sur le papier: Antiochus epistolis bellum gerit, calamo et atramento militat. » (CATON, dans RUFIN, de figur., p. 199.)

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