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N° 4. 44 deniers du même évêque.

Avers. Buste mitré, vu de profil, tenant la crosse devant lui et un livre de la main gauche; derrière le buste une tourelle. Revers. Eglise flanquée de deux tours, au-dessous de laquelle apparaissent un croissant et une étoile à cinq pointes. Pas de légende ni d'inscription.

Décrit par Perreau, sous le no 30. V. le n° 1 de la planche II de de Renesse, qui attribue cette pièce à Wolbodon.

No 5.2 deniers, probablement du même évêque que les pièces décrites sous le n° 4, mais ils sont tellement frustes qu'il n'est pas possible de les classer.

No 6. 12 deniers de Henri I, duc de Brabant.

Avers. Buste armé d'une cotte de mailles, tenant l'épée de la main droite; on y lit: HENRICVS DVX.

Revers. Une église.

Les pièces que nous venons de décrire sont en général d'un travail assez grossier et ne répondent, au point de vue du développement de l'art du graveur, ni aux sceaux de notre pays, ni à d'autres monuments de la même époque qui subsistent encore.

La trouvaille faite à Grand-Axhe ne nous apporte pas de type encore inconnu dans la science de la numismatique de l'ancien pays de Liége. Toutefois, prise dans son ensemble, elle est loin d'être sans intérêt.

Comme on vient de le voir par la description succinte que nous avons faite, toutes ces pièces de monnaie se rapportent précisément aux deux princes belligérants dont les armées se rencontrèrent près de Montenaeken, dans la plaine de Steppes.

On se rappellera que la bataille livrée le 13 octobre 1213, entre Henri I, duc de Brabant, et Hugues de Pierrepont, évêque de Liége, connue sous le nom de la Warde de Steppes, fut précédée de déprédations et de ravages de toute nature, que les troupes brabançonnes commirent dans le pays soumis au prince de Liége. Waremme, Tourinne, Waleffes, localités situées dans la circonscription où ces deniers ont été

découverts, furent mises à feu et à sang. Il est donc au moins vraisemblable que ce petit dépôt, qui ne devait revenir au jour qu'après tout une série de siècles, fut confié à la terre à cette époque et que son possesseur a été victime de la guerre qui alors désolait la contrée.

Les pièces de monnaie trouvées appartiennent assurément à l'une des époques les plus intéressantes et les plus agitées de nos annales, et leur trouvaille semble les rattacher d'une manière assez directe à l'un des faits d'armes les plus glorieux pour l'ancien pays de Liége.

JULES HELBIG.

A PROPOS

Du cinquantième anniversaire de la mort de

Villenfagne.

Le 23 Janvier de cette année, un demi-siècle s'est écoulé, depuis que Hilarion Noël, baron de Villenfagne d'Ingihoul, est descendu dans la tombe.

Il ne convenait pas, ce semble, que l'Institut archéologique liégeois, laissât passer cet anniversaire sans rappeler le souvenir de cet homme, recommandable à tant d'égards.

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De Villenfagne, il est vrai, ne peut être compté parmi les archéologues, dénomination d'ailleurs toute moderne. Mais il est incontestable qu'il a rendu à l'archéologie liégeoise des services très-éminents.

Il ne s'agit pas ici de composer un éloge académique de Villenfague. On a par trop usé et même abusé de ces panégyriques; mais simplement de rappeler, - en tant que besoin, - sa mémoire et ses mérites, à ses concitoyens en particulier, - à tous les amateurs des lettres en général.

On l'a fort bien dit depuis longtemps : « la vie d'un auteur est toute dans ses ouvrages. » Ces mots s'appliquent surtout à de Villenfagne. Il serait inutile par conséquent, de refaire sa biographie, qui a d'ailleurs été écrite plusieurs fois, et se trouve à la portée de toutes les personnes qui s'y intéressent (1).

(1) Ch. de Chénedollé a d'abord publié une notice sur de Villenfagne, insérée dans le Journal de la province de Liége, nos 25, 27 et 28, du 29 janvier et des 1, 2 et 3 février 1826. Cette notice, dont y a de rares tirés à part (Liége, J. Desoer, 1826, in-80 de 20 pp.) a été maintes fois reproduite, entr'autres dans la Biographie universelle de Michaud, et dans la Biographie liégeoise de Bec-deLiévre. Ensuite M. Ferd. Henaux a publié, dans le Messager des Sciences et des Arts de Gand, année 1838, un essai sur la vie et les ouvrages du baron de Villenfaqne, dont il y a également des tirés à part.

Bornons-nous donc à résumer, en quelques mots, cette carrière si laborieuse et si bien remplie, tout en rectifiant ou complétant quelque peu.

Hilarion Noël de Villenfagne, issu d'une famille honorable et ancienne, naquit, non pas à Liége en juin 1753, comme l'assurent ses différents biographes, mais bien à Hordenne, commune d'Anseremme près Dinant, le 14 juin 1753 (1).

Il reçut une éducation soignée, et plus littéraire que celle que l'on avait coutume de douner alors à la plupart des gentilshommes liégeois.

Le jeune de Villenfagne, dont les goûts studieux se manifestèrent de très-bonne heure, sut tirer le meilleur parti possible de cette éducation. Dès 1781 il se fit agréger à la société d'Emulation, nouvellement fondée à Liége, et prit dès lors une part active aux travaux de cette société.

Le jeune gentilhomme liégeois fut pourvu, de bonne heure, de deux canonicats, à Tongres et à St-Denis à Liége. Il conserva ces bénéfices pendant plusieurs années, sans avoir jamais eu, comme il le dit lui-même, l'intention de s'engager dans les ordres sacrés (2).

Il serait bien permis de passer sous silence les différents emplois publics, les diverses distinctions littéraires, dont de Villenfagne a été revêtu, tels que ceux de député de l'ordre équestre, conseiller privé de S. altesse, membre de l'Institut, puis de l'académie royale des Pays-Bas etc., etc. Ces honneurs, ces dignités, personne ne l'ignore, ne sont pas toujours la récompense ou la preuve d'un mérite réel, et n'y ajoutent rien lorsque celui-ci existe.

Notons cependant qu'il fut, dès la fondation de notre université, l'un de ses curateurs, et qu'il s'acquitta de ses fonctions

(1) Ce renseignement est sûr. Je l'ai vu tracé de la main même de Villenfagne. Voir d'ailleurs le Recueil héraldique des Bourgmestres de Liége, continué par X. de Theux, Liége 1863, in-fol. p. 312.

(*) Voir ses Mélanges de 1810, p. 66.

avec cette conscience qu'il mettait à remplir toutes celles dont il voulait bien se charger.

Rappelons surtout que de Villenfagne a été (en 1791-1792), l'un des derniers bourgmestres de la noble cité de Liége, alors que cette ville était encore la capitale d'un pays indépendant (1).

De Villenfagne s'éteignit à Liége, le 23 janvier 1826, après une maladie de peu de jours, regretté de toutes les personnes qui avaient eu le bonheur de le connaître.

La carrière littéraire de Villenfagne commença de fort bonne . heure. Dès l'âge de seize ans, il avait été attiré vers les recherches d'érudition, et principalement vers celles qui se rattachent à l'histoire politique et littéraire de sa patrie. Il rendit à ces deux branches de l'histoire, des services éminents. Ce fut aussi lui, tout le premier, qui publia des recherches sur les arts à Liége et les artistes liégeois.

des

Pour l'histoire politique, on trouve dans ses travaux, discussions très-profondes sur plusieurs points obscurs, que l'auteur a éclaircis avec autant d'érudition que de sagacité. Il a jeté aussi une vive lumière sur les anciennes lois, les anciennes institutions, si originales, du pays de Liége.

Quant à l'histoire littéraire liégeoise, celle-ci, avant de Villenfagne, était un terrain presqu'entièrement resté en friche. Que de noms, qui étaient tombés dans un oubli immérité, il a rappelés à la mémoire et à l'attention de ses concitoyens!

La providence, dans la répartition de ses dons, n'avait point accordé à de Villenfagne des facultés extraordinaires. Il n'avait pas à coup sûr, reçu le don de l'imagination, aussi indispensable à l'historien qu'au poëte.

Lui-même a senti tout ce qui lui manquait sous ce rapport. Non seulement il a renoncé de bonne heure à continuer ses essais, assez malheureux, en vers, avouant qu'il n'était point

(4) Deux frères du baron Hilarion de Villenfagne comptent également parmi les bourgmestres de Liége, nommés avant la réunion à la France: Léopold-AlbertIgnace en 1788 et Jean-Dieudonné-Philibert en 1793.

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