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TOUT LE CHCEUR.

O divine, ô charmante loi!

Que de raisons, quelle douceur extrême
D'engager à ce Dieu son amour et sa foi!

UNE AUTRE VOIX, SEULE.

Vous qui ne connaissez qu'une crainte servile,
Ingrats, un Dieu si bon ne peut-il vous charmer?
Est-il donc à vos cœurs, est-il si difficile
Et si pénible de l'aimer ?

L'esclave craint le tyran qui l'outrage;
Mais des enfants l'amour est le partage:
Vous voulez que ce Dieu nous comble de bienfaits,
Et ne l'aimer jamais!

TOUT LE CHOEUR.

O divine, ô charmante loi!
O justice, ô bonté suprême!
Que de raisons, quelle douceur extrême
D'engager à ce Dieu son amour et sa foi!

JUGEMENT DE W. SCHLEGEL SUR ATHALIE.

Avant de dire un dernier adieu à la poésie et au monde, Racine déploya toutes ses forces dans Athalie. C'est non-seulement son ouvrage le plus parfait, mais c'est encore, à mon avis, parmi les tragédies françaises, celle qui, libre de toute manière, s'approche le plus du grand style de la tragédie grecque. Le choeur même, à l'exception près des différences qu'exigent la musique et l'ordonnance théâtrale des modernes, y est conçu dans le sens des anciens. Le lieu de la scène, le temple de Jérusalem, y donne à l'action la solennité auguste d'un grand événement public. L'intérêt de la curiosité, l'émotion et la terreur se succèdent tour à tour et prennent une force toujours croissante la simplicité la plus sévère y est jointe à une riche variété, quelquefois à une grâce séduisante, plus souvent à une majestueuse grandeur, et l'esprit des prophètes donne au génie poétique un essor jusqu'alors inconnu. Le sens général de la pièce est celui que doit avoir tout drame religieux. Sur la terre, le combat de la vertu et du vice; dans le ciel, l'œil vigilant de cette Providence qui, du centre rayonnant d'une gloire inaccessible, décide du sort des mortels. Un souffle

unique, un souffle divin anime toute la tragédie, et cette inspiration véritablement pieuse, atteste la sincérité des sentiments du poète autant que sa vie tout entière. (Cours de littérature dramatique.)

SINGULIÈRE DESTINÉE DE LA TRAGÉDIE D'athalie.

Le grand succès d'Esther, dit madame de Caylus, avait mis Racine en gout. Il chercha dans l'Ecriture un autre sujet qui fût encore plus susceptible des grandes beautés tragiques, et il cut le bonheur de le trouver. Pendant qu'il travaillait à ce nouveau chef-d'œuvre qui devait surpasser Esther, madame de Sévigné, toujours vive, légère et passionnée, écrivait à sa fille: Il aura de la peine à faire mieux qu'Esther, il n'y a plus d'histoire comme celle-là : c'était un hasard et un assortiment de toutes choses: car Judith, Booz et Ruth ne sauraient rien faire de beau. Racine a pourtant bien de l'esprit il faut espérer.

Après avoir achevé Athalie, Racine la présente à madame de Maintenon, qui en fut très-satisfaite; il semblait qu'il n'y eût plus rien à faire qu'à monter la pièce au théâtre de SaintCyr. L'éclat et la magnificence des représentations d'Esther faisaient espérer qu'Athalie n'aurait pas une destinée moins brillante; mais cette célébrité même d'Esther, cette pompe théa trale dans une maison religieuse; de jeunes pensionnaires produites sur la scène aux yeux de toute la cour et de ce qu'il y avait de plus grand à la ville; la dissipation, le luxe insépa rable de ces fêtes, tout cela fut regardé par les gens sages pieux comme la profanation d'un lieu sacré. On cria de tous cotés que de jeunes demoiselles, à qui l'on devait donner une éducation chrétienne, n'étaient point faites pour se montrer en plein théâtre; que la modestie et la pudeur étant les vertus principales du sexe, il ne convenait pas d'exposer aux regards avides des courtisans et des grands seigneurs les filles de Sion, les vierges innocentes et timides qui croissaient à l'ombre du sanctuaire. Les gens sages et pieux furent écoutés.

Toutefois madame de Maintenon qui se privait du plaisir de voir représenter Athalie à Saint-Cyr, dans tout l'éclat et la

pompe que ce spectacle exige, ne put se refuser la consolation de voir jouer cette tragédie dans la chambre du roi par les demoiselles de Saint-Cyr, avec les habits ordinaires de la communauté. Ce n'était qu'une simple répétition. Racine le fils prétend que la pièce ainsi déclamée sans apprêt et sans ornement parut froide et ne produisit aucun effet. Madame de Caylus, au contraire, pense que la pièce avait été mieux jouée par ces aimables pensionnaires qu'elle ne le fut depuis par les comédiens de Paris.

Athalie fut représentée deux fois devant Louis XIV avec cette simplicité et cette modestie, pour ainsi dire à huis-clos et de plein pied, dans une chambre sans théâtre. Quelque vertueux que fùt Racine, il n'eut pas été faché qu'on fit un peu plus de cérémonie pour sa pièce.

Le suffrage de Louis XIV et de madame de Maintenon ne suffisait pas à l'auteur, tout grand courtisan qu'il était : il prit le parti de faire imprimer sa tragédie pour lui donner plus de célébrité; et, pour le repos de sa conscience, il fit seulement insérer dans le privilége une défense expresse aux comédiens de la jouer, précautions qu'on avait également prise pour Esther, et qui fut également inutile.

Qui ne croirait qu'en 1691, dans le siècle du goût, dans une capitale depuis long-temps nourrie de chefs-d'œuvre en tout genre, le chef-d'œuvre d'un poète aussi justement illustre que Racine, paraissant imprimée, et tous les lecteurs étant à portée de se penétrer de la beauté du style, l'ouvrage ait produit la plus vive sensatition, et pour ainsi dire épuisé l'admiration publique? et cependant le contraire arriva : c'est un fait unique, extraordinaire et tout-à-fait incroyable, quoiqu'il n'y ait pas moyen d'en douter. Oui, tandis qu'on enlève aujourd'hui avec une espèce de fureur des nouveautés poétiques assez médiocres, seulement parce que l'auteur a un nom, l'Athalie de Racine resta dans la boutique du libraire. Il y a une fatalité, une étoile pour les livres comme pour les hommes.

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des poètes latins:

Urit enim fulgore suo, qui pægravat artes

Infra se positas; extinctus amabitur idem.

(Horace, Epitre Ier du 2o liv.)

Un artiste supérieur écrase les talents vulgaires, c'est un astre qui brûle tout ce qui se trouve au-dessous de lui:

Mais quand il est éteint on commence à l'aimer.

Louis XIV se souvint d'Athalie, lorsque le public parut la traiter plus favorablement. En 1702, environ trois ans après la mort de Racine, il prit fantaisie au roi de faire jouer Athalie à Versailles, non par les demoiselles de Saint-Cyr, mais par les seigneurs et les dames de la cour. Cette idée ne lui serait pas venue, si la pièce eût toujours été également méprisée à la ville. Madame la duchesse de Bourgogne, qui avait beaucoup d'esprit et un goût particulier pour le théâtre, se chargea du personnage de Josabeth; le duc d'Orléans prit celui d'Abner; Athalie fut jouée par la présidente de Chailly; le second fils du nte de Guiche fit Joas, et Monsieur de Champeron, Zacharie; rôle de Salomith fut rempli par la comtesse d'Agen, nièce de dame de Maintenon, et celui d'Azarias par le comte d'Agen. is il ne se trouva personne à la cour qui osât représenter le d-prêtre Joad; il fallut avoir recours à un acteur de proon, et l'on choisit le célèbre Baron. Ce choix ne contribua quérir la vanité de ce comédien; la tête lui tourna toutlorsqu'il eut l'honneur de jouer avec d'aussi illustres tes.

noa trois représentations d'Athalie: la cour y prit un sir: ce qui n'empêcha point que la pièce ne se repoqu'en 1716. Quelques connaisseurs qui l'avaient rage d'en parler au régent. Ce prince ordonna la jouer la défense insérée dans le privilége alie, quoique médiocrement jouée sur le n succès prodigieux; c'est alors que tout tout le génie de Racine se révéla au

chel-re où il n'avait long

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