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V.

1669. 12 mai. Saint-Germain-en-Laye.

Turenne au doge Dominique Contarini1.

Sérénissime prince,

A St Germain, ce 12° mai 1669.

Je rendrai graces très humbles à Vostre Sérénité de ce que ma recommandation a esté de quelque poids près de la S. R. pour les obliger de prendre à leur service M. le conte de Frontenac, et je suis bien assuré que je n'aurai point de reproche d'y avoir envoyé une personne en qui on trouvera tant de bonne calités, et à l'esgart de son courage et de sa prudence dans la conduite ordinaire. Je suplie très humblement Vostre Sérénité que l'impatience qu'il a eu d'aller servir ne lui préjudicie point dans une demande très juste qui est qu'après les généraux de la S. R. il n'obéisse qu'à Monsieur le marquis de St André. Qu'elle ait aussi la bonté que l'argent qu'il a touché pour son voyage ne soit pas préconté sur ses appointements, et que l'on vueillie lui entretenir deux officiers reformés pour servir près de lui. Ce sont des graces de l'obligation desquelles je me chargerai avec beaucoup de plaisir. J'ai suplié Monsieur l'ambassadeur d'assurer Votre Sérénité que je m'estimerai très heureux quand je pourrai, par mes respects et mes services très humbles, faire paroistre à la S. R. la vénération que j'ai pour elle, et le plaisir que ce me seroit de pouvoir par quelque moyen contribuer de quelque chose à sa gloire et à l'augmentation de sa grandeur. Faites moi l'honneur de croire que c'est le souhait bien sincère,

Sérénissime prince,

de votre très humble et tres obéissant serviteur. TURENNE.

Au dos: Au sérénissime prince de Venise, etc.

seconda, datée de Pignerol 24 mars 1630 : « Il cardinale ha passato meco una ⚫ grande escusatione, per non havermi potuto comunicar le sue rissolutioni « contro il Duca di Savoia, per esser state improvisissime, et che due volte ha ⚫ mandato gentilhuomini espressi per darmene parto; ma che il Duca impedi che non potessero parlar meco; et per mons Pancirolo mi ha mandato l'aggionto biglieto, scritto di sua mano in italiano. »

1. Filza 144. Insérée dans la dépêche n° 77. La lettre était fermée par des lacs de soie jaune retenus sous deux cachets de cire rouge aux armes de Turenne. L'un des cachets a été brisé pour retirer la lettre.

VI.

1699. 22 mars. Versailles.

Le dauphin au doge1.

Messieurs, pendant tout le temps que le s' Erizzo, votre ambassadeur auprès du Roi mon Seigneur et Père, a demeuré en cette cour, il s'est fort bien aquitté des ordres que vous lui aviez donnés à mon égard, me marquant dans les occasions les sentiments et l'attachement que vostre république a pour moy. Je lui ay toûjours témoigné le gré que je vous en savois et l'estime que j'avois pour vous, dont il vous aura sans doute rendu conte. Mais j'ay encore voulu vous en asseurer moy mesme, outre ce que je l'ai chargé de vous dire de ma part dans son audience de congé. La dessus je prie Dieu qu'il vous ait, Messieurs, en sa sainte et digne garde.

Ecrit à Versailles, ce 22° mars 1699.

Votre tres affectionné ami

LOUIS.

Au dos de l'enveloppe, de la main du dauphin: A Messieurs les duc et seigneurie de Venise.

VII.

1699. 27 mars. Versailles.

Louis XIV au doge et à la seigneurie de Venise 2.

Messieurs, quoique j'aye chargé le sieur Erizzo votre ambassadeur de vous assurer de mon amitié, je suis bien aise de le faire encore moy mesme par cette lettre. Je scay quels ont été dans tous les temps vos sentimens pour la couronne de France; et les miens pour vous sont ainsi que vous pouvez le désirer. C'est de

1. Filza 192. Insérée avec celle du roi dans la dépêche n° 480 sola et ultima. La lettre du dauphin était sous une enveloppe scellée d'un cachet sur cire rouge aux armes du prince.

2. Filza 192. Insérée dans la dépêche d'Erizzo no 480 sola et ultima, datée de Paris le 7 avril 1699. La lettre du roi est fermée par un lac de soie bleue, scellée de deux cachets en cire rouge aux armes de France. Les cachets sont intacts, la soie seule ayant été coupée pour retirer la lettre.

quoi je vous prie d'être bien persuadés, et de la sincérité avec laquelle je suis,

Messieurs,

Votre très affectionné amy.

A Versailles, le 27 mars 1699.

LOUIS.

Au dos, de la main du roi : A Messieurs les duc et seigneu

rie de Venise.

L. DE MAS LATRIE.

LES ARCHIVES

DU COMTÉ DE LA MARCHE.

Il n'est pas, je crois, de province en France sur les annales de laquelle on soit si mal renseigné que sur celles de la Marche. En l'an de grâce 1881, il faut se contenter pour l'histoire d'ensemble de ce pays de la méchante compilation de Joullietton publiée à Guéret au commencement du siècle1, et les quelques monographies locales qui ont vu le jour depuis n'apportent qu'un bien faible contingent de faits nouveaux, si l'on songe à tout ce qui reste à connaître. A quoi attribuer ce malheureux état de choses? Manque d'hommes, dira-t-on. Je le veux bien, mais aussi, mais surtout manque de documents. Toutes les provinces voisines ont des fonds d'archives de premier ordre, constitués par les archives mêmes de leurs souverains féodaux : les archives des sires, comtes, puis ducs de Bourbonnais étaient à Moulins et sont allées de là à Paris, où on les trouve aujourd'hui aux Archives nationales; celles des comtes d'Angoulême ont eu le même sort; celles des vicomtes de Limoges, parties probablement de Ségur, ont suivi un chemin tout différent, mais enfin, et c'est là l'essentiel, elles existent actuellement et appartiennent aux archives départementales de Pau. Où étaient les archives des comtes de la Marche? Où sont-elles aujourd'hui? A cette dernière question je réponds

1. Histoire de la Marche et du pays de Combraille, Guéret, 1814-15. 2 vol. in-8°.

tout de suite et plût au ciel que je me trompasse! - elles ne sont nulle part. A la première je vais tâcher de répondre en produisant tous les renseignements que j'ai pu me procurer à ce sujet.

Joullietton dit quelque part en substance que « les premiers comtes de la Marche avaient leur chambre des comptes à Charroux; sous les Lusignans elle était à Angoulême; Philippe le Bel la supprima et fit transporter les titres à Paris. Sous les Bourbons elle était à Moulins. » J'ai retrouvé ce passage tel quel dans les papiers de Pierre Robert, où Joullietton l'a certainement pris1; Robert lui-même dit l'avoir tiré d'un ouvrage de Bacquet, Traité du droit de deshériter, ch. 7. Il mérite d'être discuté, car il exprime une opinion que l'on serait porté à adopter sans examen, mais qui ne me paraît pas juste. Je n'insiste pas sur l'impropriété de l'expression chambre des comptes appliquée au XII s. et même à l'époque antérieure; en disant que la chambre des comptes se trouvait à tel endroit, notre auteur a voulu sans doute dire que là était le centre de l'administration féodale et le dépôt des titres. A ce point de vue sa première affirmation est exacte: Charroux, berceau de nos premiers comtes, a dû être très longtemps plus longtemps même qu'on ne le croit généralement, comme je le montrerai plus loin - le centre de leur administration, et n'a jamais cessé de faire partie du comté de la Marche, quoi qu'en dise M. Deloche. Mais on sait que la première maison des comtes de la Marche a abdiqué en 1177, date de la vente du comté à Henri II, roi d'Angleterre, par le dernier des Aldeberts; or il serait plus que téméraire de croire que les comtes de la Marche aient eu l'idée de déposer leurs titres dans un endroit fixe, à une époque où cette idée n'était pas même encore venue au roi de France.

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Passons aux Lusignans. Ont-ils vraiment fait d'Angoulême le centre de l'administration de leurs deux comtés de la Marche et d'Angoulême? Il est facile de montrer à quel point cela est invraisemblable. Hugues IX s'empara du comté de la Marche en

1. Bibl. comm. de Poitiers, coll. Fonteneau, t. XXX, p. 38.

2. Étude sur la géographie historique de la Gaule, dans les Mémoires présentés par divers savants à l'Acad. des inscr. et b.-l., 2a série, IV, p. 302 : Après la mort de Sulpice, et sous Boson Ir, surnommé le Vieux, la Marche nous paraît être devenue exclusivement limousine; le canton poitevin de Charroux retourna très vraisemblablement au comté de Poitiers. »

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