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ROLE

DE LA

CONFRÉRIE DE SAINT-MARTIN

DE CANIGOU.

Les documents du XIIe siècle relatifs aux confréries religieuses sont d'une insigne rareté. Aussi, la Bibliothèque de l'École des chartes s'applaudit-elle de pouvoir faire profiter ses lecteurs d'une communication de notre confrère M. Louis Blancard, qui lui a offert la chromolithographie ci-jointe, avec le texte ci-dessous reproduit.

Il s'agit d'un rouleau de parchemin, dont il ne subsiste plus que la première bande, longue de 485 millimètres et large de 202. Ge rouleau était destiné à contenir la charte de fondation et la liste des membres d'une confrérie établie le 2 avril 1195, en l'honneur de saint Martin, dans le monastère de Canigou, au diocèse d'Elne'. En tête du rouleau se voit une grande peinture dont le compartiment supérieur est consacré à la représentation de Notre-Seigneur, entouré des symboles des quatre évangélistes; la sainte Vierge et saint Martin lui montrent les membres de la confrérie, qui remplissent le compartiment inférieur et qui assistent à la célébration d'une messe, dans une chapelle de l'abbaye de Canigou.

Au-dessous de la peinture est transcrite la charte par laquelle Pierre, abbé de Canigou, fonde une confrérie, qui a pour but l'entretien d'une lampe devant l'autel, la célébration de services religieux et l'inhumation des confrères dans le cimetière de l'abbaye.

1. Le culte dont saint Martin était l'objet dans l'abbaye de Canigou n'a pas échappé aux recherches de notre confrère M. Lecoy de la Marche. Voyez le bel ouvrage qu'il a publié sous le titre de Saint Martin, p. 549.

Après la charte vient la liste des fidèles qui s'étaient fait affilier à la confrérie et dont plusieurs avaient eux-mêmes écrit leur nom sur le rouleau. Ce qui subsiste de la liste peut dater des premières années du XIIIe siècle; c'est à la même date qu'il convient de rapporter l'exécution de la peinture et la transcription de la charte.

L'original de ce curieux document appartient à M. Blancard, à qui il a été donné en 1865 par M. Mouttel.

Creator universorum Dominus ac pius redemtor humani generis, de sua largus benivolencia, inter cetera pecatorum remedia, que nobis misericorditer contulit, hunc eciam portum salutis ad quem in necessitatibus tenderemus ostendit, videlicet ut quod per nos medipsos, obsistentibus pecatis nostris, apud eum obtinere non possumus, saltim meritis intercessione sanctorum assequi valeamus. Qua propter, ego Petrus, Dei gracia Canigone abbas, et omnis conventus ipsius loci, confisi de misericordia Dei ac patrocinio beatissimi confessoris Christi Martini, et ut isdem pius confessor indulgenciam pecatorum nostrorum obtineat, hanc comunitatis confratriam in capella nostri monasterii que sita est in honore prenominati presulis Martini instituimus, ut, de comuni oblacione nostrorum sive illorum laicorum qui in hac societate pro remedio animarum suarum se sociari decreverint, una semper olei lampas in diebus ac noctibus ante sanctum altare ipsius eclesie ardeat, ad quam illuminandam in die sollemnitatis beati Martini duos denarios unusquisque offerat. Sacerdos vero qui hanc tenuerit ecclesiam, uno die in omni ebdomada, pro defuntis fratribus istius confratrie et pro salute vivorum missam in eodem altare celebret, et, quando cumque ex fratribus aliquis obierit, unusquisque ceterorum fratrum infra xxxta dies misam pro eo decantari faciat. Qui autem ex fratribus ad suum obitum illuc se perduci et sepeliri mandaverint, ceteri omnes, ad ejus exequias convenientes, prout potuerint cum omni honorificentia in cimiterio monasterii sepeliant. Qiquid vero de jam dicta comunitate denariorum, illuminata, ut dictum est, lampada, superfuerit, ad arbitrium sacerdotis et fratrum ipsius ecclesie utiliter in bono expendatur. Facta est hec confratria die Sancti Pasche, anno Dominice incarnacionis M° c° xco v°. Ad quam co[n]servandam ego jam dictus abbas [Sancti Martini et postea Coxiani] me ipsum

1. Les mots que nous imprimons entre crochets sont une addition marginale.

conscribo Petrus abbas1. Deinde, ad peticionem ipsorum fratrum, conscripta sunt hec eorum nomina: Arnallus, prior; Berengarius de Ederr3, capellanus ipsius ecclesie; Guillelmus de Vernet; Arnallus de Turre; Petrus de Aspira; Petrus de Trila; Johannes Nouel; Benedictus Yla; Arnallus Caminer3; Raimundus de Aqua Tepida; Guillelmus de Casa Fabre; Geraldus de Ederr; Arnallus de Fuliols; Arnallus de Rivo; Arnallus Bonet; Petrus Benedicti1; Berengarius Obag; Bernardus de Astoer et Petrus, frater ejus; Arnallus de Ila; Arnallus de Sancta Pasce, Coxiani camerarius; Berengarius de Turre, monachus istius loci et Sancti Mikaelis ; Arnallus de Verneto, monacus Sancti Mikaelis; Arnallus de Palma atque Arnallus de Sancta Pasca, Sancti Mikaelis monachi, et Bernardus de Lac; Arnallus Segui; Jordanus de Garros5; Bernardus de Sancto Laurencio; Bernardus de Fuliols; Petrus Ederr; Guillelmus de Musnestrol; Guillelmus de Barida, monachus puer; Guillelmus de Ch.....; Guillelmus Card..... abbas. A. Todir.

On savait déjà que Pierre, abbé de Canigou, dans les dernières années de sa vie, fut chargé de l'administration du monastère de Saint-Michel de Cuxa; voy. Gallia christiana, VI, 1101 et 1111. - Il est probable que la charte originale portait une souscription autographe de l'abbé Pierre, à côté de laquelle un scribe avait ajouté les mots: Sancti Martini et postea Coxiani.

1. Sur le rôle on a cancellé d'un trait de plume les noms que nous imprimons en italiques.

2. Dans ce mot, les deux rr sont surmontées de deux accents; il en est de

même dans les mots Turre et Garros.

3. Camin, avec un signe d'abréviation.

4. Ce qui suit a été inscrit après coup sur le rôle original et plusieurs des noms ajoutés ont tout à fait l'apparence de souscriptions autographes.

5. La fin de ce mot a été surchargée. Il faut peut-être lire Garrios.

6. La mutilation du rouleau a fait disparaître la fin de cette liste.

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