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Une autre particularité des chiffres romains espagnols est le signe employé pour M dès le commencement au moins du xvre siècle et nommé, à cause de sa forme, calderon (chaudron) dans la langue des comptables. La figure qu'en donne M. M. nous semble peu exacte. Il y a deux sortes de calderones: les uns, qui répondent bien au nom, sont très évasés et souvent surmontés d'un point; les autres sont étroits et longs avec une petite barre transversale qui réunit par le bas les deux branches'.

Les observations philologiques que comporte un traité de paléographie sont de nature purement empirique; il n'y avait donc pas à exiger de M. Muñoz qu'il expliquât les formes soi-disant irrégulières relevées par lui dans les documents du xii au xvire siècle, il s'agissait pour lui seulement de constater les différences entre ces formes et le point de comparaison qu'il a choisi et qui est la langue castillane moderne telle qu'elle a été codifiée par l'Académie au siècle dernier. Ces observations, sans utilité pour ceux qui ont quelque pratique des dialectes espagnols au moyen âge, peuvent rendre des services aux commençants, aussi ne blamons-nous pas M. Muñoz de les avoir présentées; seulement il n'aurait pas dû qualifier ces formes divergentes d'« incorrections». Une notion aussi fausse est bien mal venue dans un livre destiné à l'enseignement. Dans le détail, M. Muñoz commet de graves inexactitudes. Dire, par exemple, que l'e est redoublé dans le mot seello est une hérésie linguistique. Les deux e, loin de constituer un redoublement, représentent les deux i de sigillum, et le moderne sello est le résultat d'une contraction de la forme ancienne. Il n'y a pas plus incorrection» dans une forme que dans l'autre ce sont deux étapes d'un développement continu qui ne s'arrête jamais; déjà bien des provinces d'Espagne et d'Amérique n'en sont plus à la forme enregistrée par les dictionnaires, ainsi l'Andalou depuis longtemps prononce seyo.

Dans la partie pratique, M. Muñoz donne, comme nous l'avons dit, des fac-similés calcographiques et la transcription de cent soixante-seize documents, tirés pour la plupart de l'Archivo histórico nacional : le premier est daté de l'an 1134, le dernier de l'an 1654. La part de l'auteur est ici restreinte au strict nécessaire. Point d'analyses sommaires, point d'indications de provenance. Il a transcrit ces pièces sans y rien changer, mettant seulement des majuscules aux noms propres de personnes et de lieux. C'est du moins ce qu'il a voulu faire. Réduit au seul déchiffrement, ce travail de transcription devrait se recommander par une exac

a justement relevé une grave erreur commise par M. Hübner dans ses Inscriptiones Hispaniae christianae pour s'être obstiné à ne pas admettre la valeur de cet X, que les anciens diplomatistes et épigraphistes espagnols avaient bien

reconnu.

1. Cette seconde forme est celle de la typographie.

titude minutieuse; malheureusement il n'en est pas tout à fait ainsi. M. Muñoz a trop souvent mal lu, il a omis des mots ou des membres de phrase, il a parfois introduit dans ses textes une ponctuation que les originaux n'ont pas, etc. Nous ne nions pas qu'il ne soit facile de commettre des fautes dans un travail de cette nature, mais une attention très soutenue et, après l'impression, une révision sévère étaient commandées', car il ne faut pas que l'élève puisse prendre son professeur en flagrant délit de mauvaise lecture ou de contravention aux règles posées dans la partie théorique. Voici une petite liste des fautes que nous avons trouvées en comparant un certain nombre de transcriptions avec les fac-similés :

N° I, p. 176, l. 14: cunctis, lire ceteris; -1. 17: pourquoi centessima, septuagessima? En vertu de quelle règle M. M. redouble-t-il ainsi l's? Cette faute est constante dans presque tous les documents latins. L. 25: inprimus. Plus haut, à la ligne 8, M. M. lit imprimis, et pourtant dans les deux cas les deux mots sont exactement écrits de même (sauf la terminaison), l'i surmonté d'un trait est un peu séparé du p. Il faut se décider entre in et im. Si l'i barré devant un p est plus souvent résolu dans les originaux par im que par in, on doit s'en tenir à la première forme et l'adopter dans tous les cas semblables, sinon, prendre l'autre et s'y tenir 2.

N° III, p. 177, 1. 7 : complacuit, lire conplacuit. derectis.

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- L. 8: directis, lire

N IV, p. 178, 1. 22 : quæ. M. M. rend ainsi le que dont l'e est cédillé, et pourtant le même e cédillé est rendu par e simple dans hec (1. 1) et que (1.9).

N° VI, p. 180, 1. 2: quum, lire quoniam. Ceci est une faute d'autant plus lourde qu'elle a été souvent corrigée et que M. Wattenbach lui a consacré un passage de son Anleitung zur lateinischen Paleographie (éd. de 1869, p. 27)3. L. 7 ubicumque, lire ubicuque. - L. 9: bauilia, lire baiulia. L. 10 ac defendam cum uniuersorum hominum, lire ac defendam eum u. h. Le sens l'exige et le génitif univers. hominum est une traduction littérale de la tournure catalane (la charte est de Poblet ou des environs): e defendré lo de tots homens. kalendarum septembrium, lire octavo kalendas septembris.

L. 15 octavo

1. L'erratum de l'auteur tient déjà deux pages et pourrait être au moins quintuplé comme on va le voir.

2. Dans le n° II, 1. 12 du fac-similé, il y a en toutes lettres inprimis et M. M. lit imprimis. On n'est pas plus inconséquent.

3. « Qm, quoniam est souvent lu quum par les éditeurs modernes, et pourtant cette forme n'a jamais existé au moyen âge; il faut donc partout la corriger en quoniam, par ex. dans Hoffmann von Fallersleben, Altdeutsche Handschriften der Wiener Hofbibl., p. 121 : 0 scriptor cessa quum manus est tibi fessa, où la mesure indique déjà la vraie lecture. »

No XI, p. 183, 1. 6: in perpetuum, lire imperpetuum. — L. 7 : Gullelmi, lire Guillelmi.

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P. 184, l. 6 in perpetuum, lire imperpetuum.

· L. 9: intratibus, lire introitibus. - L. 13: quadraginta solidos denarios jaquenses, lire q. s. denariorum jaquensium. - L. 19: et omnibus et aliis, lire et omnibus aliis.

No XVII, p. 187, l. 17: fier, lire fer. M. M. a pris la barre de l'f pour un i. La forme fier est d'ailleurs grammaticalement impossible. Pourquoi des accents sur a (1. 4) et mande (1. 17)? Ces additions d'accents sont constantes dans les documents en langue vulgaire.

No XIX, p. 188, 1. 2 : filii, lire filu. Cette charte est galicienne, en outre les ii sont ponctués. L. 8: avia, lire auia. - L. 10: doscientas, lire doscentos. Il faut ici sous-entendre annos. - L. 11 nouenta, lire lire quinto decimo.

decimo quinto,

sesenta,
Même faute à la ligne 17.

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:

L. 12

Qui, lire Que.

:

L. 6 potueris,

No XX, p. 189, 1. 5: et omnibus, lire in omnibus. lire potueritis. L. 8 solidos Legionis, lire solidos legionenses. — L. 10 : nonagessima, lire sexagesima.

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No XXIII, p. 190, l. 6: iglesa, lire yglesa. chante (en castillan lo plante).

L. 8 ochante, lire o P. 191, l. 1 á meetade. Dans aucun cas il ne fallait accentuer a, mais ici moins encore qu'ailleurs, puisque a est l'article féminin. Même faute à la ligne 2. - L. 3: iglesa, lire yglesa. L. 4: a aconprir, lire a conprir. — L. 6 : furont e testemonias, lire furon et testes.

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No XXXV, p. 200, 1. 2: Calabeçanos, lire Calabaçanos. L. 3: conosco, lire connosco. L. 10 desian, lire dezian. Cette faute, que M. M. a commise dans un grand nombre de pièces, étonne de la part d'un connaisseur de la paléographie espagnole. Il est certain qu'à la fin des mots le z se confond facilement avec l's, certains scribes même ont pu prendre l'habitude d'écrire s pour z dans les terminaisons qui, selon les lois de la phonétique, exigent z; mais, dans l'intérieur du mot, la confusion est impossible puisque l's y est toujours longue, au moins au xir et au XIe siècle. Dans la charte qui nous occupe, nous écririons même sans hésiter Royz et non Rois comme M. M. - L. 24: Juan, lire Joan. Même faute 1. 29, tandis qu'aux 1. 30 et 31 il écrit Johan. Pourquoi?

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No XXXVII, p. 201, l. 1 : tresentos, lire trezentos. lire Martinno. · P. 202, 1. 1: moesteiro, lire mosteiro.

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L. 11 sueldos, lire soldos. Le galicien ne connaît pas la diphtongue ue; pequeños, lire pequennos. M. M. a très fréquemment employé ñ pour nn. L. 15: a refazer, lire arrefazer. Même faute à la l. 19. — L. 20: minha, lire minna. La notation nh pour n mouillée n'apparaît nulle part dans la charte.

Nous pourrions continuer ainsi longtemps, mais ce qui vient d'être rapporté suffit à montrer que M. Muñoz n'a pas pris ce travail de trans

cription assez au sérieux. Nous n'ajouterons qu'une observation sur la ponctuation que l'éditeur a appliquée à ces textes. Ce n'est pas la ponctuation des originaux et ce n'est pas non plus une ponctuation régulièrement fondée sur le sens. Là encore M. Muñoz n'a pas su se décider.

Pour finir, le manuel de M. Muñoz est un livre assurément utile et qui a coûté du temps et de la peine, mais c'est aussi un livre, comme on dit, báclé. Espérons que dans une nouvelle édition l'auteur saura porter remède aux parties défectueuses de son premier travail.

Alfred MOREL-FATIO.

LIVRES NOUVEAUX.

SOMMAIRE DES MATIÈRES.

SOCIÉTÉS SAVANTES, ÉTABLISSEMENts littéraires, etc. Académie des inscriptions et belles-lettres, 182. Société des études historiques, 69. Bibliothèques, 9, 39, 100. Musées, 10, 75.

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SCIENCES AUXILIAIRES. Épigraphie, 198. Paléographie, 106, 127, 164. Diplomatique, 127. Chronologie, 67. - Bibliographie, 38, 39, 67, 152, 175, 206, 222.

SOURCES, 87, 117. Historiens, chroniqueurs, 26, 96, 112, 118, 122, 156, 218, 225, 242. - Mémoires, 18. Lettres, 1, 2, 40, 240.- Archives, 76, 78, 119, 120, 125, 146, 196; documents, 3, 41, 72, 102, 255; registres, 77, 151, 176.

BIOGRAPHIE, GÉNÉALOGIE, 137, 146, 158, 234. Abélard, 71; Agricola, 128; Aldobrandini, 41; saint Anselme, 192; Arnaud, 129; Baduel, 93; il Bassano, 27; saint Bernardin de Sienne, 15; Besnard, 18; Bourbon, 142; Brachet, 22; Bruno, 230; Calvin, 188; Carpas, 155; sainte Catherine, 162; Catherine de Médicis, 40; Chantelou, 151; Charlemagne, 244; Chorier, 48; Christophe Colomb, 217; Clément V, 37; Conan Mériadec, 211; Cossa, 99; Dante, 220; Duns Scot, 254; Elzevir, 39; Épernon, 166; Ferrari, 134; V. de Gama, 250; Gozzadini, 99; Guichardin, 96; Henri d'Andeli, 111; Hostaden, 35; Jacqueline de Bavière, 72; Jean XXIII, 99; saint Julien de Brioude, 28; a Kempis, 233; La Rouvraye, 124; Louis XIV, 44; Lusignan, 113; Machiavel, 134; MacPherson, 5; Mancini, 44; Marie Stuart, 140; saint Martin, 141; Massé, 33; saint Maurice, 190; Montesquieu, 134; Palsgrave, 147; Pierre II, comte de Savoie, 172; Pierre Lombard, 194; Plater, 31; Raphaël, 170, 171; sainte Reine, 143; Reinmar, 30; Robert de Durazzo, 49; rois

mages, 109; Saint-Simon, 213; Sanuto, 218; Savoie, 49; Sevogel, 249;
le Tasse, 2; Thurel, 62; L. de Vinci, 248; Walther v. d. Vogelweide,
30; Wettstein, 31; Wittelsbach, 131, 202, 257; Woldemar, 197.

DROIT, 77, 172, 173, 187, 200, 227, 232, 238, 247.

GÉOGRAPHIE ET TOPOGRAPHIE, 8, 57, 90, 116, 138, 186. - Ethnographie,

256.

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INSTITUTIONS, 32, 200.- Cours, 25, 146. Seigneuries, 25, 136, 153,
155, 169, 207, 216. Villes, 14, 16, 19, 59, 68, 86, 110, 184, 195, 224,
258. Assemblées d'états, 123. — Magistratures, 240. Ordres, 25,
209.Corporations, 173, 219. Tribunaux, 227. Enseignement,
14, 32, 53, 58, 83, 93, 226. Hôpitaux, 76. Armées, 107.
ÉCONOMIE, MOEURS, ETC. Faune, 108. Mours, 50, 71. Supersti-
tions, 203. Philosophie, 254. - Médecine, 199. - Agriculture, 193.
- Chasse, 150. Commerce, 3, 193. Industrie, 191, 206 (cf., à l'ali-
néa précédent, Corporations). Cérémonial, 25, 146, 177.

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RELIGIONS. Église catholique, 17; littérature théologique, 233;
conciles, 71, 236; liturgie, 36, 231; papauté, 37, 101; diocèses, 35, 60,
167, 194, 243; paroisses, 178; ordres, 92, 138, 209; monastères, 46, 119,
151, 192; inquisition, 165; pèlerinages, 81, 161; croisades, 198.
Catharisme, 165. Vaudoisie, 129. Protestantisme, 92, 124, 158,
188, 205.

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-

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ARCHÉOLOGIE, 10, 20, 45, 46, 63, 74, 98, 115, 133. Architecture:
135, 179; édifices civils, 47, 56, 88, 94, 136, 235; édifices militaires,
105; édifices religieux, 55, 61, 64, 80, 85, 91, 174, 178, 189, 246.
Peinture, dessin, etc., 27, 33, 170, 171, 248; vitraux, 91, 137.Mobi-
lier ecclésiastique, 13, 55, 245. Blason, 149, 160, 234. Sphragis-
tique, 21, 151, 152, 223. — Numismatique, 157, 223, 229. — Jeux, 144,
145. Musique, 231, 252. Théâtre, 79, 109, 125, 251.

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LANGUES ET LITTÉRATURES, 185.-Légendes, 154, 183, 244.- Grec, 100.
- Latin, 29, 109, 178, 233, 244. Langues romanes: 204; espagnol,
109, 150; français, 24, 42, 54, 70, 73, 84, 111, 118, 147, 162, 183, 210,
255; italien, 15, 96, 97, 220; provençal, 34, 82, 164, 214; roumanche
et ladin, 4. Langues germaniques: 12, 201; allemand, 30, 103, 126,
253; anglais, 5, 148, 215; frison, 104; néerlandais, 180, 250, 251;
langues scandinaves, 130, 132. — Irlandais, 5, 121.

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ALLEMAGNE, 7, 11, 127, 179, 219, 225, 241. Alsace-Lorraine : Alsace,
228; Lorraine, 43, 181, 255. Bavière, 77, 131, 202, 205, 219, 221.-
Hambourg, 90. Hesse, 14. Prusse prov. de Hanovre, 110, 200;
de Hesse-Nassau, 39, 87; rhénane, 35; de Saxe, 128. Saxe, 208. -
Wurtemberg, 206.

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AUTRICHE-HONGRIE. - Autriche: Tyrol, 123, 236, 242. - Hongrie :
Transylvanie, 196.

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