Imágenes de páginas
PDF
EPUB

9

ont été trouvés également sous le diluvium, mêlés à des ossements d'animaux depuis longtemps disparus.

Depuis, des témoins d'une époque infiniment plus rapprochée et cependant bien antérieure aux plus anciens documents de l'histoire, des ateliers pour la fabrication de haches et d'autres instruments en silex, ont été trouvés par notre collègue M. Pilloy à Cologne et au rond-point de Busigny.

Puis, dans tous nos environs ont été découverts des cimetières de l'époque gallo-romaine mérovingienne, et nos derniers volumes renferment la description d'une partie des nombreux objets qui y ont été trouvés.

ty

Cette année MM. Pilloy et Eck ont continué les fouilles de Vermand et y ont fait encore d'intéressantes découvertes. D'autres fouilles ont été faites à Saint-Lazare, au PetitNeuville, dans le terrain des Hospices; nous remercions la Commission administrative qui a autorisé ces recherches et a voulu y contribuer par un don de deux cents francs.

De nombreuses tombes ont été trouvées, et ont montré ainsi que, déjà au IVe siècle, Saint-Quentin s'étendait de l'autre côté de la Somme. La Ville a accepté le don que nous lui avons offert de tous les objets trouvés dans ces fouilles; ils seront réunis dans une salle spéciale du musée Lécuyer, et formeront une collection précieuse pour l'archéologie de l'arrondissement.

Cinq conférences ont été données l'année dernière et ont réuni de nombreux auditeurs. Outre celle que nous aurons aujourd'hui, nous pouvons annoncer déjà celle que donnera prochainement M. Merchier sur Port-Royal.

Nous ne perdons pas de vue le moyen d'associer le public de notre ville à nos études, et nous ferons ce qui dépendra de nous pour trouver des conférenciers.

Les cours populaires ont continué à donner d'excellents résultats. Une séance spéciale sera, cette année, comme

les précédentes, consacrée à en rendre compte et à distribuer des encouragements aux élèves qui les ont fréquentés avec fruit.

Depuis longtemps, nous faisons des efforts pour obtenir un local spécial où notre Société soit bien chez elle, pour ses cours et ses conférences.

Il y a lieu d'espérer que, grâce au concours de la Ville, nous arriverons bientôt à ce résultat. Nous pourrons organiser enfin la bibliothèque. Elle renferme bien des publications qu'on chercherait vainement ailleurs et qui, bien placées, pourront rendre de grands services aux amis de l'étude.

Vous allez entendre les rapports sur les concours de cette année; vous regretterez avec nous le petit nombre des concurrents. Personne ne s'est présenté pour le concours d'histoire locale. Un seul mémoire a été envoyé pour le concours de biographies; et huit pièces de poésie seulement ont été présentées, tandis qu'autrefois nous en avions souvent plus de quatre-vingts.

Cet abandon dans lequel nos concours semblent peu à peu tomber provient certainement, pour une part, de la difficulté plus grande qu'autrefois de leur donner une publicité suffisante. Mais il a aussi une cause plus profonde; nous la voyons dans l'esprit de notre temps, qui n'est pas favorable aux recherches désintéressées, et qui ne sait plus se passionner pour les questions et les études qui n'ont point d'application immédiate.

Et cependant, même en se plaçant au point de vue des intérêts matériels et immédiats, on devrait savoir que le développement intellectuel et moral est la source vraie des forces vives de l'humanité.

Il y a un rapport direct entre l'état moral d'un pays et tout ce qui fait sa prospérité, la probité et la confiance dans

les affaires, la croissance de la population, le dévouement et le courage militaire. Et ce n'est pas par un pur hasard que chez tous les peuples, les époques qui ont été grandes dans le domaine des lettres l'ont été également par la prospérité et la puissance nationale, et que, dans l'antiquité, la décadence des lettres a été suivie de près par l'abaissement et la ruine des nations qui avaient subjugué le monde.

Ce sont là, Messieurs, des vérités bien élémentaires, mais qui, malheureusement, ne semblent plus banales de nos jours. La mission des Sociétés littéraires est de les maintenir et de les proclamer. Aussi dans la faible mesure de nos forces, nous espérons ne pas faillir à cette tâche.

RAPPORT SUR LE CONCOURS QUENESCOURT

DE 1886

Par M. LÉON DÉJARDIN, membre titulaire

La Commission se composait de MM. BENARD, CAPLAIN, DESMOUSSEAUX DE GIVRÉ, DUCONSEIL, JAMART, Em. LEMAIRE, MALÉZIEUX, MERCHIER, PINCHON, SOUPLET et DÉJARDIN, rapporteur.

MESSIEURS,

Un seul mémoire nous a été adressé pour le concours de biographies que la Société Académique a institué définitivement, il y a deux ans, sous le nom de Prix Quénescourt, grâce à la libéralité de deux de nos compatriotes dont l'un déjà a disparu, emporté par une mort prématurée.

Ce mémoire a pour titre Antoine Fauquelin, de Chauny.

Fauquelin, qui eut son heure de célébrité, n'est plus guère connu de nos jours, et c'est presqu'une exhumation. que la tentative de l'auteur du mémoire de rassembler les quelques rares renseignements que l'on possède sur lui et que nous allons rapidement énumérer.

Quelle est la date de la naissance de Fauquelin? en quelle année mourut-il? quelle était son origine? quelle fut sa vie? Autant de questions auxquelles nous ne pouvons répondre. Ce que nous savons, c'est qu'il vécut au XVIe siècle, et qu'il fut le témoin et sans doute l'un des acteurs du

grand mouvement qui agita alors tous les esprits, qui donna un si vif et si brillant essor à toutes les connaissances humaines et que l'on a appelé poétiquement: la Renais

sance.

Fauquelin suivit les leçons de deux grands maîtres de son temps: le fameux jurisconsulte Cujas et le philosophe Pierre Ramus.

Il professa lui-même avec succès la philosophie à Paris, et le droit à Orléans.

Mais, ce qui, plus que tout le reste, a dû contribuer à protéger sa mémoire contre l'entier oubli, c'est qu'il fut le précepteur d'une jeune fille, d'une enfant plutôt, vouée aux plus brillantes destinées et aux plus cruels revers: j'ai nommé Marie Stuart, la future souveraine des deux royaumes de France et d'Ecosse, célèbre par ses malheurs plus encore que par sa précoce intelligence et sa beauté.

Marie Stuart profita si bien des leçons de son professeur qu'à l'âge de treize ans, elle prononça publiquement, en présence du roi et de la reine de France et d'un grand nombre de seigneurs de la cour, un discours latin qui fit l'admiration de tous.

Ce fait est rapporté par Fauquelin dans un de ses livres : la Rhétorique française, dédié à Marie Stuart elle-même, et il est attesté par un contemporain : Brantôme, l'historien des « belles et honnestes dames. >>

Celui-ci rapporte en effet :

« Qu'estant en l'aage de treize à quatorze ans, elle >> desclama devant le roy Henry, la reyne et toute la Cour, » publiquement en la Sale du Louvre, une oraison en » latin, qu'elle avoit faicte, soultenant et défendant contre » l'opinion commune qu'il estoit bien séant aux femmes » de sçavoir les lettres et arts libéraux.

« AnteriorContinuar »