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IX.

NOTE SUR LES ARMOIRIES DE LA COMMUNE DE MONTPELLIER.

Les armoiries de Montpellier représentaient, au moyen-âge, la Sainte-Vierge assise sur un trône, l'Enfant-Jésus sur ses genoux, avec un écusson sous ses pieds, servant d'encadrement à une boule; à ses côtés les lettres, tantôt A 2, tantôt A M; à l'entour, la légende ou prière « Virgo Mater, Natum ora Ut nos juvet omni hora».

Cette légende, ainsi que toute la partie supérieure de ces armoiries, témoigne sans nul doute de l'antique dévotion de notre ville envers la Mère de Dieu, dévotion attestée par l'histoire et par les souvenirs de l'ancien sanctuaire de Notre-Dame des Tables, presque aussi vieux que la ville elle-même. Mais quel est le sens de l'écusson de la partie inférieure? Représente-t-il le globe du monde, ou fait-il allusion à la situation topographique de Montpellier sur une colline? Existe-t-il quelque analogie entre la boule de cet écusson et le monticule que surmonte l'effigie de la ville dans le sceau consulaire dont nous donnons ci-contre un fac-simile conforme aux empreintes du XIIIe siècle? Ou bien faut-il voir dans cette boule, comme le veut Gariel, une des pommes merveilleuses de la croix des comtes de Toulouse, dont la parenté de ces princes avec les seigneurs de Montpellier aurait doté nos armoiries? Ou bien encore cette même boule ne seraitelle autre chose que le bezant des Comnènes, avec lesquels nos Guillems se trouvèrent en relation à l'époque des croisades et par suite du mariage de Guillem VIII avec Eudoxie, bezant que les rois d'Aragon et de Majorque, issus de ce mariage, auraient conservé par une vanité facile à comprendre? Ou bien enfin n'y aurait-il pas là tout simplement ce qu'en style de blason on appelle un tourteau de gueules en champ d'argent? On peut

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Ce Sceau représente, d'un côté, la Sainte-Vierge, tenant sur ses genoux l'Enfant-Jésus;

A droite et à gauche, les lettres consacrées A et ;
Autour, et avec les abréviations d'usage,
la légende:

VIRGO MATER, NATUM ORA

UT NOS JUVET OMNI HORA.

De l'autre côté, apparait une Cité sur un monticule, avec l'ensemble de ses murailles, créneaux, tours, portes et édifices, parmi lesquels se détachent une église et un bâtiment un peu moins élevé désignant, selon toute vraisemblance, un hotel-de-ville. Une main divine les protège du haut du ciel. A l'entour se lit, toujours en abrégé, la formule:

SIGILLUM DUODECIM CONSULUM MONTISPESSULANI.

Notre Fac-Simile reproduit exactement, soit par sa double effigie, soit par ses dimensions, le Petit Sceau consulaire de Montpellier; le Graud n'en diffère que par ses proportions plus amples.

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choisir entre ces diverses suppositions. Mais si le doute est. permis pour la partie inférieure de nos armoiries, il ne saurait l'être quant à leur partie supérieure. Cette dernière révèle unecité toute catholique, une commune qui, par une marque solennelle d'orthodoxie, semblait protester, au moyen-âge, contre les tendances hérétiques des villes voisines.

Montpellier, dans les temps modernes, n'a pas cru devoir méconnaître ce symbole de son antique Foi. Voici comment Charles X, en lui restituant, sur sa demande, ses anciennes armoiries, les décrit dans des Lettres-patentes données à SaintCloud le 29 mai 1826, et précieusement conservées dans nos Archives municipales : « D'azur, au trône antique d'or, une >> Notre-Dame de carnation, assise sur le trône, habillée de >> gueules, ayant un manteau du champ de l'écu, tenant l'Enfant» Jésus aussi de carnation, en chef à dextre un A et à senestre >> un M gothiques, d'argent, qui signifie Ave Maria, en pointe >> un écusson aussi d'argent, chargé d'un tourteau de gueules. >> L'auteur du Nobiliaire historique de Languedoc avait donné de ces armoiries une définition à peu près semblable dans une Description de la ville de Montpellier publiée en 1764.

X.

NOTE SUR LA DATE ET LE CARACTÈRE DU TROISIÈME CONCILE

DE MONTPELLIER.

La plupart des auteurs ont rapporté jusqu'ici la tenue du troisième concile de Montpellier à l'année 1214. Il aurait même eu lieu, selon Gariel et d'Aigrefeuille, pendant les fêtes de Noël de cette année-là. Nous devons rectifier cette double erreur. Pierre de Vaulx-Cernay donne, à la vérité, 1214 pour date à ce concile; mais il annonce qu'il se tint dans la quinzaine de Noël, « anno ab Incarnatione Domini MCCXIV, in quindena

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>> Nativitatis Dominicæ . » Or, la quinzaine de Noël ne comprend pas seulement les fêtes de Noël proprement dites. Les actes de ce concile sont d'ailleurs précédés du préambule suivant, dans l'édition qu'en a publiée Baluze : « Hæc sunt statuta edita apud » Montémpessulanum in concilio quod ibi habuit dominus Petrus >> de Benevento, sanctæ Romanæ Sedis cardinalis et legatus, una >> cum pluribus archiepiscopis et episcopis et aliis Ecclesiarum >> prælatis et principibus, anno ab Incarnatione Domini MCCXIV, » die mercurii post Epiphaniam, VI idus januarii. » Et ils s'y terminent ensuite par cette finale: «Datum apud Montempessu>> lanum die mercurii post Epiphaniam, anno ab Incarnatione » Domini MCCXIV, VI idus januarii 2. » C'est donc le 6 jour avant les ides de janvier, c'est-à-dire le 8 janvier, et le mercredi après l'Épiphanie, que s'est tenu le troisième concile de Montpellier, aux termes des actes mêmes de ce concile. Mais ceci renvoie en réalité le concile en question à l'année 1215; car nous ne commençons plus l'année à Pâques ou à l'Annonciation, comme on le faisait en France, et à Montpellier particulièrement, au XIIIe siècle. Labbe avait d'abord partagé, à ce sujet, la méprise vulgaire, et il avait, en conséquence, à la page 103 de son XI volume, placé le concile dont il s'agit sous la rubrique de 1214. Mais une fois qu'il eut connaissance des actes édités par Baluze, il ne tarda pas à changer d'opinion, et de là vient que, dans l'Appendice et à la page 1330 de ce même volume, il a corrigé 1214 en 1215. C'est donc, en somme, le 8 janvier 1215, dans la quinzaine de Noël, et le surlendemain de l'Épiphanie, qu'a eu lieu le troisième concile de Montpellier, que Gariel, d'Aigrefeuille et autres avancent jusqu'aux fêtes de Noël 1214.

Ajoutons que ce concile ne fut pas le concile d'une seule province, mais le concile de plusieurs provinces réunies, comme

1 Petri Vall Sarn. monach., Hist. Albigens, cap. 81, ap. Script. rer. gallic. et francic., XIX, 100.

2 Baluz., Concil. Gall. Narbon., p. 38 sq.

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