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l'état et le visage de tous mes domestiques, ni mettre l'ordre assuré que je voudrois à leur exact payement. Il faut leur payer leurs gages; qu'ils les touchent par une main ou par une autre, il ne m'en coûtera ni plus ni moins. Ils desirent, pour l'être, n'avoir affaire qu'à vous, et je le desire autant qu'eux, pour qu'ils soient payés exactement, et n'avoir plus cette vraie désolation. Je vous prie donc d'en vouloir bien désormais prendre la peine en retenant par an, sur mon fait, le montant du total de ces gages, et ce sera autant de débarrassé pour celui qui étoit chargé de ce soin. Je vous en serai véritablement obligé, Monsieur, et d'être bien persuadé que je sens très parfaitement tout ce que vous voulez bien faire pour nos affaires.

Le duc DE SAINT-SIMON.

XLVI

SAINT-SIMON AU PROCUREUR GÉNÉRAL JOLY DE FLEURY1.

La Ferté, 24 octobre 1747.

Mme Briçonnet, qui a passé quelques jours ici en famille, s'en allant demain à Paris, je l'ai priée, Monsieur, de vouloir vous remettre ce paquet en main propre, sans qu'elle sache ce qu'il contient. Cette commodité sûre nous fera plaisir à tous trois à elle, parce que je sais, il y a longtemps, qu'elle meurt d'envie de vous voir entre deux yeux; à vous, parce que vous recevrez les prémices de ce que je vous ai promis, qui est ce qu'on a pu copier

:

1. Bibliothèque nationale. De l'envoi annoncé, qui devait être composé de mémoires sur la guerre d'Espagne et sur la Constitution, il ne reste que le titre, inscrit sur un feuillet de garde.

jusqu'à cette heure, et j'aurai soin de vous faire tenir le reste peu à peu, par les occasions que je pourrai trouver; à moi, par le plaisir que j'ai de vous donner chose qui vous sera agréable, et de payer ainsi quelque peu les vacations que vous voulez bien accorder pour cette fondation dont vous trouvez bon qu'on vous rende compte. Ces filles n'ont point de lettres patentes; c'est ce qui fait beaucoup d'embarras. Notre enfant d'évêque a la petite vérole et s'en secoue comme un enfant qu'il est. Pour parler plus sérieusement, je suis touché au dernier point du temps et de la conduite que vous voulez bien donner à cette affaire, et parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le duc DE SAINT-SIMON.

M. le Procureur général pèrc.

XLVII

SAINT-SIMON A UN INCONNU 1.

[17477]

J'ai demandé à M. de Torcy l'éclaircissement de ce qu'il dit en parlant du maréchal d'Huxelles, qui, tout détrompé qu'il devoit être que les Hollandois pussent vouloir la paix après ce qu'il avoit essuyé d'eux si continuellement à Gertruydenberg, vouloit qu'on revînt à eux en laissant

1. Bibliothèque nationale. En tête est écrit : « Copié sur l'original de la main de M. le duc de Saint-Simon au pied de toute cette relation qu'il m'a confiée, et qui étoit toute écrite de sa main; mais ma copie de la relation l'a été sur un original que M. le marquis de Torcy m'avoit confié. »

l'Angleterre, et auroit fait revenir son sentiment là-dessus au Roi. M. de Torcy, toujours mesuré, m'a dit simplement les faits. Le maréchal écrivit à Desmaretz, son ami, lors revenu sur l'eau, contrôleur général des finances et ministre d'État, et lui étala toutes ses raisons sur cette préférence. Desmaretz et Torcy étoient enfants du frère et de la sœur, et avoient toujours été fort liés durant la disgrâce de Desmaretz et depuis son retour. Il envoya à Torcy la lettre du maréchal d'Huxelles, de laquelle il ne fut point touché. Torcy, qui alloit au bien, fit au maréchal d'Huxelles une ample dépêche pour lui bien expliquer les raisons de la conduite qu'on avoit prise, l'opposition décidée contre toute paix de ceux qui gouvernoient la république de Hollande, et l'impossibilité de parvenir à la conclure sans détacher l'Angleterre des alliés. Le maréchal ne se tint point battu. Il écrivit au maréchal de Villeroy toutes ses raisons, en style de zélé pour le service du Roi et pour la paix, et ajouta, dans cette lettre, qui étoit ostensible au Roi, que la conduite qu'on avoit prise ne venoit que de la précipitation personnelle de Torcy, mal content du voyage qu'il avoit fait en Hollande, où il n'avoit pu réussir à la paix. Villeroy, ami d'Huxelles et bien aise d'une occasion de parler au Roi de l'affaire, lui lut la lettre qu'il avoit reçue du maréchal d'Huxelles. Le Roi en parla à Torcy, sans être affecté des raisons du maréchal, et dit franchement à Torcy que le maréchal d'Huxelles attribuoit sa négociation avec l'Angleterre pour la paix à la précipitation avec laquelle il étoit revenu de Hollande. Torcy, sans s'émouvoir, répondit au Roi que, pour ce qui le regardoit, lui personnellement, il n'avoit eu sujet que de se louer de toutes les honnêtetés et marques de considération qu'il avoit reçues du Pensionnaire et de tous ceux avec qui il avoit conféré à la Haye; mais qu'à l'égard de Sa Majesté, il étoit vrai qu'il avoit été sensiblement piqué, et qu'il l'étoit encore, de leurs desseins et de leur conduite. Le Roi sourit, et ne fut pas le moins du

monde ébranlé de la lettre du maréchal d'Huxelles, ni de ce que lui avoit dit le maréchal de Villeroy. J'ajoute de moi, par la connoissance que j'ai eu occasion d'avoir du maréchal d'Huxelles, surtout pendant la Régence, que je ne doute pas que la jalousie le fit agir en cette occasion. La négociation d'Angleterre ne se faisoit et ne se savoit qu'en gros à Utrecht, où il étoit oisif et entièrement dans l'ignorance de ce qui se traitoit. Si elle avoit passé aux Hollandois, elle ne pouvoit être qu'entre ses mains. C'est, à ce que je pense, la source unique d'un sentiment aussi contredit par toute raison, et moins excusable dans le maréchal d'Huxelles qu'en personne, après ce qu'il en avoit éprouvé à Gertruydenberg.

J'ai demandé aussi à M. de Torcy la raison de la protection si ardente de la reine Anne en faveur de Monsieur de Savoie; il m'a dit qu'il n'avoit pu la découvrir; qu'il est vrai que le vicomte de Bolingbroke avoit été soupçonné d'en avoir eu de l'argent, mais sans me témoigner de le croire.

XLVII

LE COMTE DE MAUREPAS A SAINT-SIMON 1.

23 janvier 1747.

Lorsque j'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, la place de commissaire des classes à Blaye, vacante par la mort du sieur le Roy, étoit déjà remplie. D'ailleurs, le sieur du Dezert n'étant plus dans la marine, il m'eût été difficile, sans porter atteinte à la règle constamment observée, de lui procurer une place où l'on ne parvient qu'en passant successivement par les grades infé

1. Papiers Maurepas.

rieurs. Vous connoissez trop bien le desir que j'ai de faire réussir tout ce qui me paroît vous intéresser, pour ne pas compter sur mon empressement, lorsque le succès peut dépendre de moi.

Il est vrai qu'il faut nécessairement attendre à se voir pour raisonner un peu sur les nouveautés; mais votre goût constant pour la campagne ne me met pas souvent à portée du plaisir que j'y trouverois. Soyez toujours persuadé, je vous supplie, de l'attachement inviolable avec lequel j'ai l'honneur d'être, etc.

XLIX

LE COMTE DE MAUREPAS A SAINT-SIMON 1.

A Versailles, le 8 mars 1747.

J'ai, Monsieur, reçu la requête que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser à l'effet d'obtenir un renouvellement de surséance. J'en ferai le rapport au premier conseil. Je vous supplie cependant d'être persuadé de l'attachement très parfait avec lequel, etc.

L

LE COMTE DE MAUREPAS A SAINT-SIMON.

19 mai 1747.

J'ai l'honneur de vous faire réponse, Monsieur, en sortant de mon travail avec le Roi, à qui je viens de rendre compte des raisons qui vous empêchent de vous trouver à la cérémonie de la Pentecôte, que

1. Archives nationales. 2. Papiers Maurepas.

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