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temps. Voici celui où j'espère que [vous] voudrez bien m'envoyer l'almanach de Rome, et de vous renouveler tous mes desirs pour ce renouvellement d'année. Elle vous seroit fort heureuse, Monsieur, s'ils étoient satisfaits, et à moi beaucoup aussi, si j'y pouvois trouver lieu de vous témoigner tout le dévouement avec lequel je vous honore.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. LE DUC DE CUMIA.

Paris, 26 décembre 1729.

Je rends à Votre Excellence de très humbles grâces de l'honneur de son souvenir et de ses bontés à l'occasion de ce renouvellement d'année. Je la supplie d'être bien persuadée que mes desirs seront toujours très ardents pour tout ce qui lui pourra être utile et agréable, et qu'on ne peut être avec plus de passion que je suis, Monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. LE DUC GUALTERIO.

Monsieur,

Paris, 5 janvier 1730.

Je reçois avec beaucoup de reconnoissance les marques de vos bontés en ce renouvellement d'année. Je supplie Votre Excellence d'être persuadée que mes vœux pour

elle sont et seront toujours très ardents, et que je m'estimerois heureux de trouver des occasions effectives de pouvoir lui témoigner combien véritablement je suis, Monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.

Le duc DE SAINT-SIMON.

& M. L'ABBÉ GUALTERIO.

Paris, 20 février 1730.

Je ne pouvois, Monsieur, recevoir de vous une plus agréable nouvelle que la part que vous me voulez bien donner des grâces que vous venez de recevoir; je vous en remercie et je m'en conjouis avec vous de tout mon cœur. Le Pape enfin reconnoît votre mérite, et commence à vous mettre en chemin. Je souhaite qu'il soit court jusqu'aux grands emplois, et que vous continuiez en vous ceux de M. le Cardinal votre oncle, avec la même réputation, et encore plus de fortune. Le Pape peut encore vivre assez pour vous laisser en meilleur train. Ce sera à son successeur à faire pour vous les grandes choses.

On seroit bien dupe en Italie, où on n'est pas sujet à l'être, si on y prenoit pour des semblants les préparatifs de l'Empereur et le change du dedans de l'Empire à l'Italie. Il est maître dans l'un et veut l'être de plus en plus dans l'autre. Quelque parti que prenne le grand-duc, je le trouve bien à plaindre, et son pauvre État, et nous aussi, si nous entrons en guerre pour des garnisons, ou suisses ou espagnoles, sans avoir rien du tout à défendre ni à prétendre pour nous. Il se répand fort qu'on veut fortement en Espagne un chapeau pour M. Patiño, c'est-àdire qu'on en veut faire un premier ministre, et que M. le cardinal Alberoni, ni M. le duc de Ripperda ne les en ont

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pas corrigés. Mais il y a bien peu de chapeaux vacants, bien des nonces très pressés à faire, et l'Empereur peu d'humeur de donner les mains à une promotion de cette sorte. Il a tant de cardinaux à lui, que je ne crois pas qu'un de plus à lui faire le tentât de consentir à cette fortune pour M. Patiño. Mais l'Espagne tire sur le temps de la partialité que le Pape témoigne pour l'Empereur en lui accordant cinq ans de prolongation des décimes ecclésiastiques d'Allemagne, qui est tout ce qu'il pourroit faire sur une grande irruption de Turcs.

Je vous rends mille grâces très humbles du petit almanach de Rome, qui me fait un extrême plaisir, et vous supplie, Monsieur, de vouloir être bien parfaitement persuadé qu'il ne se peut rien ajouter au dévouement avec lequel je vous honore.

Le duc DE SAINT-SIMON.

Mille grâces aussi du petit gazettin, qui fait toujours plaisir.

A M. L'ABBÉ Gualterio.

Paris, 10 mars 1730.

Vous avez déjà vu M. le chevalier de Saint-Simon à Rome, et j'ai, Monsieur, bien des remerciements à vous faire de tout ce qu'il y a trouvé auprès de vous. M. l'abbé de Saint-Simon a eu l'honneur de vous voir ici. Tous deux vont à Rome et ne doivent pas se présenter à vous les mains vides, et sans quelque chose de plus de moi que des compliments. Je me flatte qu'ils vous sont tout recommandés, et je le compte avec confiance et beaucoup de reconnoissance.

Quel regret toujours, mais surtout dans les conjonctures

importantes, qu'un homme tel qu'étoit M. le cardinal Gualterio! Mais les regrets ne rendent personne, quelque justes qu'ils soient, et ce conclave le fera bien sentir. Il faut espérer du moins que, fatigués des derniers papes, ils en prendront un qui ait quelque bon sens et qui, dans la conjoncture présente, sente quelle est la puissance de l'Empereur, de manière à ne la pas augmenter. C'est ce qui est possible si l'élection se brusque, et ce qui le deviendra beaucoup moins si on tarde et si on laisse grossir les impériaux présents à Rome de ceux qui y vont arriver, et si on donne le temps aux instructions de Vienne. Ce qui n'est que trop vrai, c'est que jamais le spirituel ni le temporel n'ont guère eu plus de besoin qu'à présent d'un pape dont la sainteté et la capacité ne s'altèrent pas l'une l'autre et concourent également au double et vrai bien de l'Église. S'il est tel, des particuliers comme vous y trouveront aussi leur compte et leur fortune particulière, que vous ne ferez jamais si prompte et si grande que je ne vous la souhaite, Monsieur, par tous les sentiments avec lesquels je vous honore parfaitement.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. L'ABBÉ Gualterio.

Paris, 20 mars 1730.

Je vous rends, Monsieur, mille et mille grâces de l'honneur de votre lettre du 2, et des nouvelles qui l'accompagnent. Elles sont toutes si curieuses, et le temps est si intéressant, que, si je ne craignois d'être importun, je vous supplierois de ne m'en pas laisser manquer pendant le conclave et les premiers temps de l'exaltation, et avec étendue, car tous les détails apprennent plus que souvent ils ne semblent valoir. Tout cela annonce un

long conclave; et, dans la vérité, le pillage a été tellement poussé, et avec tant d'impudence et de hauteur, que je suis surpris encore que les choses n'aient pas été portées plus loin.

Nous ne savons encore ici si nous aurons la guerre ou la paix. L'Espagne veut fort la première et s'y prépare en toutes façons. Nous desirons fort l'autre, et les Anglois, bien à leur aise en l'un ou l'autre cas, font leur cour à nos dépens à l'Espagne. L'Empereur, assurément, ne sera pas pris au dépourvu, et, si l'évènement de Moscou et les affaires de Perse ne changent rien aux secours qu'il en attend par les traités, ce sera pour lui un bonheur dont j'aurai peine à me consoler. Nous sommes dans une saison qui forcera bientôt les secrets des cabinets à paroître en évidence, puisqu'il n'y a guère plus de temps jusqu'à celui d'entrer en Italie, et ce sera l'époque qui commencera à les développer. La mort de votre second pape, je veux dire le général des jésuites, donneroit bien du spectacle à Rome, et même à l'Europe, dans tout autre temps que celui d'un conclave, mais qui ne laisse pas de conserver sa même curiosité.

Nous venons de changer de contrôleur général. Personne ne connoît le nouveau. Il n'a guère que quarante aus et a fait deux petites intendances; il est fils du fameux Orry, si connu en Espagne du temps de Me des Ursins. Le contrôleur général qui quitte emporte une grande réputation de probité et de droiture, et succombe au malheur d'avoir une femme et un beau-frère qui n'a pas la même réputation, et qu'il a eu la foiblesse de laisser faire. Il en porte toute la peine, et ce beau-frère aucune. Ainsi va le monde.

Conservez bien votre santé, Monsieur, parmi toutes ces maladies de Rome et les choses qui agitent ce grand théâtre, et soyez bien persuadé que personne n'y prend plus de part que moi et ne vous honore davantage.

Le duc DE SAINT-SIMON.

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