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sait plus qui desirer, ni espérer. Si, parmi tout cela, nous avons un pape tel que le vrai spirituel et le vrai temporel le demandent dans les conjonctures présentes de l'un et de l'autre, il ne faudra plus douter que le Saint-Esprit ne daigne au moins quelquefois faire lui-même l'élection, et que Dieu n'ait permis tous ces scandales pour en tirer sa gloire. Vous n'attendez pas des nouvelles de cette solitude; les vôtres en sont et plus gratuites et plus agréables, et ma reconnoissance d'autant plus empressée, Monsieur, à vous témoigner mon attachement.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. L'ABBÉ GUALTERIO.

La Ferté, 13 juillet 1730.

Toujours mille remerciements très humbles de vos nouvelles, qui sont curieuses, et le seront d'ici à du temps, et me font grand plaisir à recevoir. Il faut avouer en même temps qu'elles ne sont pas édifiantes, et que les suites en peuvent être des plus funestes. De cette solitude, je ne pourrois vous mander que le temps plus qu'horrible et persévérant qu'il y fait ; j'aime donc mieux finir tout court en vous suppliant, Monsieur, d'être bien persuadé de tout le sincère attachement avec lequel je vous honore.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. L'ABBÉ GUALTERIO.

La Ferté, 29 juillet 1730.

Voici enfin, Monsieur, et contre toute attente, un grand

pape, et dont la pleine et sainte réputation promet tout. Je désire passionnément qu'il ait été des amis particuliers de feu M. le Cardinal votre oncle, et qu'il vous le marque en prenant soin de votre fortune. C'est maintenant, qu'il va y avoir un vrai et sage gouvernement, qu'il faut commencer à la faire. Personne, Monsieur, ne vous en souhaite une plus entière que je fais et ne vous honore davantage.

Le duc DE SAINT-SIMON.

Vous me permettez de joindre ici ce mot pour M. d'Eleuthero polis.

A M. L'ABBÉ Gualterio.

La Ferté, 9 septembre 1730.

Je ne fais presque, Monsieur, qu'arriver avec MTM de Saint-Simon d'un voyage de quinze jours, que l'inquiétude de sa santé m'a fait faire, et qui est, Dieu merci, bien rétablie. Cela m'a fait trouver bien des lettres ici, ce qui me prive du plaisir de m'étendre avec vous et me restreint au remerciement très humble de vos bontés et de vos nouvelles, qui me font toujours un grand plaisir. J'en aurai un très véritable quand je vous verrai en quelque bon chemin, et que je pourrai vous témoigner Monsieur, combien parfaitement je vous honore.

Le duc DE SAINT-SIMON.

J'use, Monsieur, de la liberté que vous me donnez d'envoyer la lettre ci-jointe sous votre enveloppe.

A M. L'ABBÉ GUALTERIO.

Paris, 5 octobre 1730.

Je reçois toujours de vos nouvelles, Monsieur, avec bien du plaisir et de la reconnoissance, et je vois avec plaisir un beau commencement de pontificat. S'il est assez instruit de votre intérieur pour s'y bien conduire, il marquera bientôt le cas qu'il fait de la paix et son mépris pour les boute-feu et les brouillons qui, sous de beaux propos, ne songent qu'à leur fortune et à être chefs d'un parti dominant qui ne peut subsister que par la continuation du trouble et de la persécution; et ce sentiment doit être ajouté à celui de la juste dérision avec laquelle cette question dont vous me parlez a été reçue. Pour le roi de Sardaigne, je trouve la nature humaine confondue en sa personne, et je ne connois point d'exemple d'un si éclatant et si surprenant renversement d'un esprit qui a toujours fait, avec raison, l'attention de toute l'Europe. Ce sera une grande gloire au Pape s'il peut pacifier l'Europe au point où elle en est sur l'Italie, et une grande source de bénédictions. J'aurois un vrai regret à M. Aldobrandin, que j'ai fort connu en Espagne, et qui y est fort honoré. Je veux espérer que ces mouvements de promotions différents vous ouvriront enfin une route, que je vous souhaite prompte et glorieuse, Monsieur, par le dévouement avec lequel je vous honore parfaitement.

Le duc DE SAINT-SIMON.

[A M. L'ABBÉ GUALTERIO1.]

Paris, 20 mai 1731.

Je vous rends mille grâces, Monsieur, de l'honneur de votre souvenir, et je m'en serois acquitté plus tôt, si j'avois reçu la lettre dont vous me parlez, qui, apparemment, aura été perdue. Vous voilà donc en pleine fonction, et pour quelque temps encore sans chef, car il y a bien loin de Séville à Ferrare, en mettant entre deux le petit séjour à Rome que M. le cardinal Aldobrandin ne pourra éviter. Je vous trouve heureux d'être avec lui, au moins s'il est tel que je l'ai vu en Espagne de la douceur, de la politesse, de la gaieté, et bien de l'esprit. J'étois ravi de le voir souvent, et, quand vous l'aurez à Ferrare, je vous prierai de le faire souvenir de moi.

Le traité de Vienne est fort bon pour l'Empereur, pour les Anglois, et en particulier pour le roi George; mais il ne paroît bon que pour eux. Il y a là des conditions bien dures, et même bien incertaines, pour l'Espagne. Si la duchesse de Parme accouche d'un fils, l'Espagne donneroit gros, réel et présent, pour un futur éloigné et bien contingent. Cependant le desir de la Reine est si marqué, que je ne m'étonne pas que l'on en abuse, et son crédit tel, jusqu'à présent, qu'il n'est rien d'extrême qu'on ne hasarde dessus. Quelquefois pourtant il arrive qu'on se repent d'avoir tenu la bride trop haute, et qu'on se lasse aussi d'être mené trop loin. Parmi tout cela, il paroît que les Turcs se lassent de la guerre de Perse et de ne la point faire aux chrétiens, et qu'ils pourront à la fin s'en faire croire. Le remède seroit fâcheux; mais il en pourroit devenir un.

Rien n'est plus vrai qu'on ne pend que les petits voleurs, et que les grands ne sont jamais punis. C'est ce

1. Cette lettre ne porte pas de nom de destinataire.

que l'exemple des cardinaux Coscia et Fini va authentiquement confirmer, car je vois que le sacré collège veut respecter leur pourpre, et que l'Empereur, pour montrer son influence et son pouvoir, les protégera. Comme les gens et les délits sont loin d'ici, il faut en regarder paisiblement les suites; il est pourtant bien vrai que l'impunité sera d'un grand scandale et d'un pernicieux exemple. Mais, à ce propos, ai-je rêvé, ou est-il vrai que le cardinal Ruffo soit mort? et comment est-il arrivé que le cardinal Imperiali soit demeuré chef d'ordre des prêtres et ait laissé passer dans l'ordre des évêques le cardinal Pico, qui est après lui?

Conservez-vous bien cet été, Monsieur, dans ce mauvais air de Ferrare, et soyez bien persuadé, s'il vous plaît, que personne ne le desire plus que moi, et ne vous honore davantage.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A M. LE DUC DE CUMIA.

Paris; 7 janvier 1732.

Monsieur,

Je reçois avec beaucoup de reconnoissance le renouvellement des bontés de Votre Excellence avec ce renouvellement d'année. Elles me sont précieuses par tant de raisons, que je la supplie d'être persuadée que j'y suis infiniment sensible, et que je forme des vœux également ardents et sincères pour tout ce qui peut être de l'avantage et de la satisfaction de Votre Excellence et de toute sa maison. Je m'estimerois très heureux si je pouvois avoir occasion de lui rendre mes très humbles services et de témoigner à Votre Excellence combien je l'honore

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