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demain. Si donc vous vouliez bien faire avertir le sieur de Praly de se trouver chez vous, à quelqu'heure que ce soit de ce peu de temps que je serai à Paris, tout me sera bon, pourvu que vous ayez agréable de me le mander, et nous expédierions cette petite, mais très commode affaire.

Personne au monde ne vous honore, Monsieur, et ne vous est plus assurément dévoué que

Le duc DE SAINT-SIMON.

IV

SAINT-SIMON A M. DE BAUTOT 1.

De Dampierre, ce 12 juillet 1707.

En passant hier par Versailles pour venir passer cette semaine en ce lieu, je crus, Monsieur, qu'il étoit à propos de parler à M. le Chancelier de ce que vous desirez, et il me promit d'en parler ce matin au Roi. Dans ce moment, M. le Chancelier me mande que S. M. accorde à Monsieur votre fils l'agrément de la charge de président à mortier, et j'en ai une joie d'autant plus sensible que, n'ayant que vingt-cinq ans d'âge et trois de service, et peu de présidents âgés dans le Parlement, cette affaire avoit quelque difficulté.

Vous me faites justice, Monsieur, de compter sur moi comme sur un homme très desireux de vous être bon à quelque chose, qui vous honore infiniment, et Madame la Procureuse générale, et qui ne perd point le souvenir de tout ce qu'il vous doit à l'un et à l'autre. Je vous en rends donc mil grâces, et je vous supplie tous les deux d'être bien persuadés, Monsieur, que je vous suis parfaitement dévoué.

Le duc DE SAINT-SIMON.

1. Archives du château de Quevillon. Publiée dans le livre de M. le comte Éd. de Barthélemy: la Marquise d'Huxelles.

Mme de Saint-Simon, qui est bien, me charge de vous témoigner sa joie et de vous faire à tous deux, et à Madame votre belle-fille, mil très humbles compliments; j'y joins les miens à cette nouvelle présidente.

V

LE CHANCELIER DE PONTCHARTRAIN A SAINT-SIMON 1.

Versailles, mardi [1711].

J'aurois bien voulu pouvoir vous entretenir, Monsieur, un moment, ce matin; mais ni le temps ni le lieu ne le permettoient pas. Je vous aurois dit fort au long que M. de la Roche-Guyon m'est venu trouver ce matin chez mon fils; qu'il m'a expliqué amplement ses griefs contre l'édit, au nom de M. de la Rochefoucauld, avec son chancelier Prévost, et, me consultant sur ce qu'il avoit à faire, résolu cependant d'en porter ses plaintes au Roi et de lui en demander justice, je lui ai dit tout ce que j'ai cru lui pouvoir dire pour l'apaiser et pour lui faire connoître la justice de la décision du Roi, affirmant cependant que j'ignorois le procès prétendu pendant, mais avouant que je savois la question en général; et je lui ai même cité ce qui s'est passé par le Roi même, sur M. de Bouillon et sur M. de la Meilleraye, pour lui faire voir que c'est le Roi qui a voulu juger la question cette fois-ci définitivement. Il a pris le tout ad referendum à M. de la Rochefoucauld, dont j'attends aujourd'hui une rude visite avec de grands mémoires. M. de la Roche-Guyon, pressé ou par mes honnêtetés ou par la force des raisons, m'a rejeté sur une question subordonnée, différenciant, sur mes principes, le duché d'avec la pairie, à l'exemple de M. de la Trémoïlle et de M. d'Uzès. Je ne me suis point ouvert, et je l'ai remis à une autre fois, comme je vous y remets aussi, car en voilà assez dit pour vous occuper. Brûlez cette lettre, avec ce qui peut vous rester des autres; mais n'oubliez jamais tout ce que je vous suis, Monsieur.

PONTCHARTRAIN.

1. Autographe vendu par M. Eugène Charavay, le 24 février 1883.

VI

MÉMOIRE POUR LE DUC DE SAINT-SIMON 1.

[Février 1712.]

M. le duc de Saint-Simon ayant représenté à M. Desmaretz que toutes les paroisses de sa terre de la Ferté ont, de tout temps, été comprises sous le ressort de la subdélégation de Senonches, sans qu'aucunes aient été de celle de Verneuil, quoique voisines de cette ville, il a bien voulu que les choses demeurassent en cet état, et, nonobstant les deux surprises des deux frères Bretignières, subdélégués de Verneuil l'un après l'autre, et qui tous deux ont successivement fait comprendre plusieurs desdites paroisses en leurs provisions de subdélégués, lesdits Bretignières ont été obligés de rapporter leursdites provisions par l'autorité de M. le Chancelier et de M. Desmaretz, et d'en prendre de nouvelles, dans lesquelles lesdites paroisses ont été omises. Depuis, le sieur Bretignières, aujourd'hui subdélégué, n'ayant pas laissé de vexer lesdites paroisses par toutes sortes d'entreprises, M. Desmaretz, à qui M. le duc de Saint-Simon a eu recours contre une persécution si déclarée et si opiniâtre, lui a accordé un arrêt qui fait défense audit Bretignières de s'ingérer en quoi que ce puisse être desdites paroisses, etc. Cet arrêt a été envoyé à M. l'intendant d'Alençon et a tenu quelque temps ledit Bretignières en bride; mais, présentement, il recommence à faire pis que jamais, et, M. le duc de SaintSimon ayant demandé cet arrêt au sieur Boileau, subdélégué de Senonches, qui l'a entre les mains, ledit sieur Boileau a répondu qu'il ne le pouvoit faire sans un ordre de M. Desmaretz. M. le duc de Saint-Simon supplie donc très instamment M. Desmaretz d'ordonner au sieur Boileau de remettre ledit arrêt à M. le duc de Saint-Simon, auquel

1. Archives nationales.

il seroit très inutile et comme non existant, s'il ne l'avoit pour s'en servir à se garantir des persécutions infatigables d'un fripon que rien n'est capable d'arrêter et contre lequel M. le duc de Saint-Simon ne peut s'empêcher de demander très instamment justice à M. Desmaretz, puisque ni le droit de la chose, ni la possession continuelle, ni l'autorité du Contrôleur général, ni quoi que ce puisse être enfin n'est jusqu'à cette heure capable d'arrêter les injustices, les violences, les persécutions et les friponneries dudit Bretignières, qui s'est rendu si maître et si terrible, qu'il n'est personne dans le pays qui ose se défendre ni se plaindre, bien moins implorer le secours de la justice contre son oppression, dont on ne peut mieux juger que par ce qui en arrive à M. le duc de Saint-Simon et par ce que

dessus1.

VII

SAINT-SIMON A UN INCONNU 1.

Ce 11 novembre 1716.

J'ai lu, Monsieur, à S. A. R. la lettre que vous avez pris la peine de m'écrire, et j'ai va avec plaisir, en cette occasion après plusieurs autres, combien vous et votre besogne lui est agréable. Elle approuve votre proposition,

1. Au haut est écrit, de la main du Contrôleur général : « Écrire à M. Boileau de m'envoyer l'arrêt mentionné dans ce mémoire. » Et audessous : " Fait le 24 février 1712. » A cette pièce sont joints un projet d'arrêt du Conseil préparé conformément au mémoire de Saint-Simon et une copie de l'arrêt précédemment rendu le 11 février 1711; le tout réuni dans l'analyse du premier mémoire par lequel, l'année précédente, Saint-Simon avait demandé un arrêt contre le subdélégué. L'analyse porte en marge, de la main de M. Desmaretz: « Excepter toutes les paroisses dépendant du bailliage et baronnie de Châteauneuf, » et la date « 31 janvier 1711. »

2. Autographe vendu par M. Eugène Charavay, le 12 mai 1882.

et m'a chargé de vous mander de préparer une relation si convenable. Elle ne vous fera pas moins d'honneur qu'à lui, et me donnera une véritable satisfaction; mais je ne puis vous dissimuler la peine où je suis de voir signer un traité sans l'autre, et c'est cela que j'appelle tenter Dieu. Je raisonnerois une journée entière et ferois un volume aisément, plein de raisons qui me paroissent démonstratives pour mon sentiment. Pardonnez-moi cette franchise, et n'en soyez que plus persuadé, Monsieur, des sentiments sincères avec lesquels je vous aime et honore.

VIII

S. S.

SAINT-SIMON AU MARECHAL DUC DE BERWICK '.

Paris, 29 novembre 1720.

S. A. R., qui est bien convaincue de notre droit, Monsieur, et qui l'est de plus qu'il ne s'est agi que des lieutetenants généraux de la province, veut bien donner un arrêt. Je l'ai dit à M. de la Vrillière, en arrivant au Conseil, qui en prendra l'ordre de S. A. R., et, en sortant du Conseil, j'ai été chez M. le Chancelier, qui n'y trouve point de difficulté de manière que je crois cette belle affaire à peu près finie. Mais ayez agréable de tenir le cas entièrement secret, pour ce que je ne compte jamais sur rien que je ne le tienne, et qu'il seroit infiniment fâcheux qu'on le sût, si, par hasard, après, l'arrêt ne venoit point.

Je ne m'étonne pas que M. l'archevêque de Bordeaux ne soit pas pressé de décision. Il sait avant nous le fonds

1. Copie prise sur l'autographe par M. A.-W. Thibaudeau.

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