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sur-le-champ, et de vous supplier d'être persuadé, Monsieur, que je suis parfaitement votre três humble et très obéissant serviteur.

M. le P. de Monaco.

Le duc DE SAINT-SIMON.

XII

SAINT-SIMON AU CARDINAL DE FLEURY 1.

Paris, 18 février 1740.

Je rends mes très humbles grâces à V. É. de ce qu'elle a bien voulu faire à M. d'Angervilliers, et d'avoir bien voulu me le mander; je la supplie d'être persuadée de ma très sensible reconnoissance.

V. É., qui a fait le plus, achèvera sans doute le moins. Je n'ai qu'elle auprès du Roi. Je me flatte avec confiance que mon fils ni moi n'avons pas mérité sa disgrâce, ni démérité en rien de V. É. Il seroit bien malheureux pour lui et bien affligeant pour moi que la corde cassât sur lui, quand M. de la Feuillade, en disgrâce profonde et personnelle, dont il ne s'est jamais relevé du vivant du feu Roi, eut un logement au château lors et presque au moment de l'éloignement de M. Chamillart. Je conjure donc V. É. de faire que le Roi veuille bien ne pas nous traiter plus mal que n'a fait le feu roi vers ceux qui se sont trouvés en pareils cas, et d'être bien persuadée de tout mon attachement et de ma reconnoissance.

Le duc DE SAINT-SIMON.

A Son Ém. le cardinal Fleury.

1. Lettre publiée par M. le baron Kervyn de Lettenhove dans les Co.lections d'autographes de M. de Stassart.

XIII

SAINT-SIMON A l'évêque de METZ 1.

Paris, 17 juin 1743.

Vos reproches sont bien aimables, mon cher prélat, et j'en sens toute l'amitié, et la consolation que j'aurois d'être entre vous et M. et Mme de Laval. Mais tout quatrième me seroit difficile à porter, et le voyage peu décent cette cruelle année, outre que je ne vous crois point délivré du bruit des armes et de tout ce qui le suit dans le pays et le lieu où vous êtes. Je n'ai pu me résoudre à aller à Orly, même en n'y trouvant personne, quelques instance (sic) qu'ils m'en aient faites, ni même à Angervilliers, dont j'ai été infiniment pressé. Je vois approcher de bien près les horribles moments de revoir ce lieu si funeste. Je les diffère comme un enfant, et toutefois je comprends que le séjour m'en sera salutaire, et qu'une fois précipité dans cet abîme, ma douleur y trouvera mieux son compte qu'ici.

On y est dans l'étonnement du prompt passage du Mein, qui me persuade de la paix de l'Empereur abandonné et sans ressource. Il se dit ici que M. de Broglio, en se retirant, lui manda qu'il étoit dans un camp inattaquable, où il se maintiendroit; que, quelques heures après, il en partit avec précipitation; que l'Empereur, sur la confiance de ce mouvement, en avoit fait un où il avoit pensé être fait prisonnier par l'absence de M. de Broglio; qu'il s'en

1. Original autographe dans la collection Baylé, vendue le 23 juin 1884. C'est la lettre dont une analyse et cinq lignes ont été données ci-dessus, n° XLIII, p. 262, d'après le catalogue Trémont.

est plaint par un courrier très fortement, et a envoyé l'original de la lettre. Ce qui est certain, c'est que, le jour de la Fête-Dieu, M. de Grimbergue reçut un courrier de l'Empereur, qui le fit aller sur-le-champ à Versailles, et que, depuis ce moment, il paroît une grande consternation chez lui. Il se dit aussi que l'arrière-garde de Broglio a été mal menée. On ne dit pas un mot des courriers, et on n'apprend rien que par les lettres de l'armée, tard et par lambeaux. Si l'affaire d'Allemagne finit, vous jugez bien que la nôtre va bien commencer en deçà du Rhin et en Flandres, où il n'y [a] presque aucunes troupes et personne qui commande.

Le maréchal de Belle-Isle a été tâté à Bizy, pour succéder au maréchal de Broglio. Il est venu à Versailles s'excuser. Ce voyage, qui a été de quatre ou cinq jours, a été fort froid. Il y en a cinq ou six qu'il s'en est retourné. Il va enfin à Plombières dans un mois; mais je ne crois pas qu'il approche Metz de plus près. M. d'Egmont est mort. C'est une belle délivrance pour sa femme. Mme de Chevreuse, qui s'est blessée à Dampierre, où elle est encore, en est fort affligée.

Madame la Duchesse mourut enfin hier. Mme la princesse de Conti, qui lui a rendu des devoirs infinis, en est fort touchée, et personne autre que Lassay et quelques menus domestiques. On ne sait encore rien du testament. Elle communia à minuit, à la messe de sa chapelle, la nuit de la Pentecôte, et reçut le viatique en pompe, huit jours après, et parla aux assistants fort bien et courtement.

Le sorcier et les saucissons ne sont du tout point bien ensemble: c'est un fait certain, qui m'a fort surpris; mais l'extérieur est le même.

J'ai eu encore un accès de fièvre. Je fus copieusement purgé le lendemain, avec du sel. J'ai pris du quinquina, et je n'en ai pas ouï parler depuis. Le petit Rambures est mort à Rambures, où sa mère l'avoit mené. Mme de Fortenilles en est fort touchée; ils n'ont point d'autres garçons, et s'étoient fort attachés à celui-là, qui promettoit et avoit

six ans et demi. Je vous embrasse bien tendrement, mon cher prélat, et Mme de Laval. Milles choses à M. de Laval.

M. de Metz.

ne

S. S.

XIV

LE COMTE DE MAUREPAS A SAINT-SIMON 1.

1er juillet 1743.

Tout est fait, Monsieur, et, dès hier au soir, le Roi a donné la charge au fils de M. de Rochechouart. Je connois trop votre façon de penser pour ne pas être persuadé que vous approuverez une décision à laquelle vous avez vous-même donné lieu par vos procédés généreux. Vous connoissez trop mes sentiments pour douter que, dans d'autres circonstances, je n'eusse pas fait tout ce que je dois à l'attachement inviolable, etc.

XV

NOTE DE SAINT-SIMON 2.

[1747.]

M. de Torcy touche si légèrement, page 33, la contradiction intérieure de son voyage, qu'il n'est pas inutile d'ajouter ici ce qu'il m'en a dit. Il n'avoit jamais été le favori de Mme de Maintenon, parce qu'il avoit toujours évité d'en subir le dangereux joug en allant travailler chez elle. Il avoit accoutumé le Roi à porter tout ce qui le

1. Papiers Maurepas.

2. Fragment communiqué par M. Frédéric Masson, d'après l'autographe, à la Revue rétrospective de 1885, et faisant suite à notre numéro XLVII, ci-dessus, p. 265-267. Voyez l'Errata, p. 413.

regardoit au Conseil, comme avoient fait son père et son beau-père, et, s'il avoit quelque ordre à en prendre, ou quelque dépêche pressée à lui faire voir, à choisir par préférence les temps que S. M. étoit chez elle à ceux où elle se trouvoit chez Mme de Maintenon.

M. Chamillart étoit alors dans la plus grande intimité avec elle, et dans la plus grande faveur auprès du Roi. Successeur de MM. de Louvois et Barbezieux, il les vouloit imiter et croyoit de sa charge de se mêler de celles de ses confrères. Il avoit donc entretenu commerce dans les pays étrangers autant qu'il avoit pu, où on ne manque pas de gens obscurs avides d'entrer en affaires, quand on est ministre puissant et qu'on dispose des finances. Chamillart, peu versé dans les affaires, et beaucoup moins encore dans les étrangères, fut souvent amusé et trompé par ces donneurs de nouvelles et d'expériences, par les gens obscurs qui vouloient plaire et attraper quelque argent. I en envoya quelques-uns, aussi obscurs et aussi incapables, et ne se rebuta point sur les mécomptes qu'il y trouva, jusqu'à y envoyer deux fois Helvétius, médecin hollandois établi à Paris, à qui on doit le remède de l'hypécacuanha pour les dissenteries (sic), et dont le fils est devenu médecin de réputation et premier médecin de la Reine.

Helvétius, sous prétexte d'aller voir son père, fut envoyé, à deux différentes fois, en Hollande, où on se moqua de lui et de Chamillart. Torcy y avoit aussi ses émissaires, qui, mieux choisis et mieux instruits que ceux de Chamillart, y tenoient des langages tout différents. Cette diversité faisoit un fort mauvais effet. Ils embarrassoient le peu de ceux qui étoient bien intentionnés à qui ils s'adressoient, et donnoient lieu aux autres de se moquer et de demander si les ministres qui les faisoient agir servoient deux différents maîtres.

Le parti que Torcy proposa au Roi, par les motifs qu'il explique si bien page 29, quoique si mesurément, et que le Roi approuva, piqua Chamillart, et, plus que lui, Mme de Maintenon, qui jugèrent que Torcy verroit clair en

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