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neur parcourant la contrée au printemps, à l'époque de la floraison, est agréablement surpris en découvrant cachés, derrière un rideau de fleurs de teintes diverses, nos petits villages hesbignons. Depuis une vingtaine d'années, les transformations de terres arables en vergers ont été fréquentes. La culture des céréales n'étant pas rémunératrice, c'est à l'élevage que le cultivateur a donné toute sa sollicitude, et, d'autre part, la perspective d'un supplément de rendement, après quelques années, n'a pas peu contribué à l'engager dans cette voie. Malgré cela, le nombre de pâtures est encore insuffisant, et plus d'un fermier est obligé de placer son jeune bétail, pour la saison d'été, chez un propriétaire dont le domaine comprend de nombreuses prairies.

Le rendement des arbres fruitiers est très variable. Tel hectare de verger en plein rapport, qui, certaine année, donne pour 1,000 francs de fruits, n'en produira pas pour 100 l'année suivante.

L'étendue des vergers de la commune est d'environ 50 hectares. Les plantations sont à peu près toutes en pommiers. On rencontre bien par-ci par-là, surtout dans les jardins, quelques poiriers ou cerisiers, mais, en général, ils ne sont point de belle venue. La cerise est donc très peu vendue. Le domaine de Termotten en cède cependant annuellement au commerce pour une valeur de 400 francs environ.

La variété de pommier la plus plantée est celle du commerce par excellence dite « gueule de mouton », en flamand « keule man ». Il est regrettable que, dans les vergers actuellement en plein rapport, trop de sujets soient simplement des sauvageons.

Peu de propriétaires de vergers font eux-mêmes la cueillette du fruit; ils préfèrent souvent traiter à forfait avec un marchand qui leur achète toute la récolte. Le prix qui sert de base aux évaluations varie de 8 à 12 francs pour les pommes et de 5 à 8 francs pour les poires. Parfois aussi l'on vend au poids la cueillette restant à la charge de l'acheteur.

Il est très rare que le propriétaire de vergers donne en location le fruit en même temps que l'herbe.

Le fruit est surtout exporté à l'étranger, principalement en Allemagne; l'exportation en Angleterre ne se pratique plus guère actuellement.

A l'inverse de ce qui se pratique dans une région proche, aucune tentative n'a été faite pour organiser la vente directe par les producteurs dans les pays consommateurs.

La commune ne compte parmi ses habitants qu'un seul marchand de fruits, de façon que presque tous les travaux de cueillette sont exécutés par des étrangers venant des communes voisines ou de Saint-Trond et qui, la récolte terminée, trouvent moyen de s'occuper dans les sucreries.

Nous devons signaler l'inconvénient, au point de vue de la stabilité du revenu de l'ouvrier, de ces industries et de ces métiers très saisonniers, qui sont ou non rémunérateurs selon l'abondance de la récolte.

Jusqu'en ces dernières années, les locataires et même parfois les propriétaires accordaient peu de soins aux arbres et à la pâture des vergers. Les arbres étaient plantés dans de mauvaises conditions et à peine soustraits aux atteintes du bétail; la création de nouvelles påtures s'effectuait sans que les terrains fussent en état de propreté et de fumure, la sélection des graines n'était pas pratiquée et les jeunes prairies comme les vieilles étaient trop souvent abandonnées à elles-mêmes. On accorde heureusement plus de soin aujourd'hui à cette branche de la culture. On plante de meilleurs sujets, les fosses sont plus larges, on utilise plus d'engrais et la taille est mieux pratiquée. Le cultivateur a aussi plus de souci du gazon, il pratique plus de hersages, veille mieux à l'enlèvement des mauvaises herbes et utilise les engrais chimiques. L'influence de ces derniers sur la composition même de la flore est aujour-, d'hui reconnue.

Il nous faut encore signaler l'extension des plantations, dans les prés, du peuplier du Canada, inconnu dans nos contrées il y a quelque cent ans. Le peuplier est d'une croissance rapide et il est susceptible d'être vendu, vers les trente ans, de 80 à 100 francs. Son bois fait l'objet d'un commerce très actif dans la région.

Cultures dérobées. Les cultures dérobées sont presque complètement abandonnées dans la commune; jadis presque tous les fermiers avaient une culture de navets après seigle ou de carottes sur chaume; il n'en est plus ainsi actuellement, les cultures dérobées sont trouvées trop appauvrissantes du sol qui a besoin de toutes ses réserves pour la production de la betterave. D'ailleurs, cette dernière donne pour l'alimentation du bétail tous les avantages que procureraient les cultures dérobées.

Animaux.

Les animaux qui composent d'ordinaire le mobilier de la ferme sont les chevaux, le bétail, les porcs et quelques poules, poulets et canards.

Chevaux. Comme nous l'avons déjà dit, l'usage du cheval est presque général dans la culture; les transports pondéreux, les accidents du terrain et aussi, disons-le, une vanité mal placée, détournent de l'emploi des hœufs; il est cependant quelques petits cultivateurs qui se servent de leurs vaches comme bêtes de trait. Le nombre de chevaux utilisés dans les exploitations est, en général, supérieur au nombre normal par hectare. Les longues distances, nous l'avons dit, ensuite les inconvénients qui résultent du nombre impair pour la division des attelages et aussi la nécessité dans laquelle le fermier se trouve de cultiver pour des personnes ne disposant pas de force animale en échange d'autres prestations, exigent très souvent l'emploi d'un cheval de plus. Ajoutons encore que l'élevage auquel le fermier se livre l'oblige à conserver une cavalerie plus nombreuse. Les juments doivent être à certains moments ménagées.

Il se fait malheureusement que l'on ne trouve pas moyen d'occuper, toute l'année durant, le cheval supplémentaire que l'on conserve pour ces raisons. Aussi le cultivateur qui se trouve dans ces conditions ne néglige rien pour augmenter l'importance de son exploitation et obtenir, au moyen de la même force animale, un effet utile supérieur. C'est, certes, une

des raisons de la chasse aux terres à laquelle nous assistons en ce moment. L'élevage du cheval est pratiqué par tous les cultivateurs qui utilisent cet animal comme force de traction. C'est là une des raisons pour lesquelles la traction chevaline n'est point remplacée par la traction bovine dans certaines petites exploitations.

Les produits sont écoulés très tôt, on ne conserve au delà de l'année de la naissance que ceux qui sont nécessaires à l'exploitation. D'après le recensement de 1906, seize poulains de moins d'un an existaient dans la localité. Le nombre de naissances pendant l'année 1905 ayant été de trente-quatre et le nombre de pertes de six, quatorze poulains de moins de 1 an auraient été vendus dans le courant de 1905.

Grâce à d'intelligents croisements avec les meilleurs sujets brabançons, la race locale s'est énormément améliorée. Un syndicat d'élevage, dont font partie plusieurs cultivateurs de la commune, y a placé en station un étalon renommé « Cob d'Elbecq ».

Bétail. Le bétail appartient à la race dite indigène sans caractères bien tracés à cause de croisements fréquents opérés jadis avec les races Durham et hollandaise. La fondation des laiteries, des assurances mutuelles et aussi la cherté du bétail ont donné une vive impulsion à son élevage par le cultivateur. Presque tout le produit du part est conservé à la ferme ; ainsi sur 153 naissances pendant l'année 1905, il existe encore au 31 décembre dans la commune 133 bêtes de moins de 1 an. On vend donc très peu de veaux; on se débarrasse de ceux dont on espère peu au point de vue de la reproduction et de la race. Ils sont presque tous achetés pour la boucherie par des marchands de la région avoisinant Liége ou par des bouchers de Saint-Trond et des villages environnants. Les conférences des agronomes de l'Etat et celles des propagandistes des associations agricoles libres ainsi que la création des laiteries ont fait comprendre l'utilité, au point de vue du bénéfice à retirer, de la sélection dans la production du bétail. Il est

regrettable que jusqu'ici aucun syndicat d'élevage pratiquant cette sélection d'une façon scientifique, ne se soit fondé dans la localité. Les conférences agricoles ont aussi puissamment contribué à engager le cultivateur dans la voie de l'alimentation rationnelle de ses animaux de ferme; il reste certainement à faire beaucoup sous ce rapport, mais l'emploi de matières riches en substance nutritive a considérablement augmenté. Depuis la création des laiteries coopératives, le fermier s'efforce de plus en plus d'augmenter son bétail laitier. Pour augmenter son rendement en lait, il a presque supprimé complètement l'engraissement des veaux et il tend pour l'élevage à remplacer, au moins partiellement, le lait par d'autres matières nutritives. La manipulation du lait à la ferme est complètement abandonnée. Tous les cultivateurs, à de rares exceptions près, sont membres de la laiterie centrale à vapeur installée, à Saint-Trond (1), sous les auspices de la fédération cantonale des Boerengilden. Comme dans d'autres laiteries coopératives du pays, tout le lait fourni est pesé et soumis à l'analyse, et son rendement en beurre payé au fournisseur au prix du jour. Le petit lait est rendu pour partie au fournisseur et conservé pour partie à l'usine, où il est utilisé à l'engraissement des porcs. Les bénéfices sur ces sous-produits (2), défalcation faite des sommes destinées aux amortissements, est distribuée aux cultivateurs en fin d'année en proportion du nombre de litres de lait fournis.

La laiterie prélève pour frais de fabrication 1 centime par litre de lait fourni, mais comme elle intervient depuis quelques années pour 50 centimes par 100 litres dans les frais de camionnage et ristourne d'ordinaire, sous forme de bénéfice distribué à ses membres, une somme équivalente à 50 cen

(1) Cette usine, fondée en 1898, travaille le lait de 2,200 vaches appartenant à plus de 800 coopérateurs.

(2) Comme sous-produit, il faut encore citer la vente en ville de la glace artificielle.

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