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COMMUNE DE BONEFFE (canton d'Éghezée).

RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE.

Propriété foncière.

1. Parmi les terres de la commune de Boneffe, 400 hectares environ appartiennent à M. le comte de M..., résidant à Boneffe, ou plutôt à sa mère, Mme D..., résidant à Namur; environ 150 hectares à Mme Ve S..., anciennement fermière-propriétaire à Boneffe, actuellement résidant à Saint-Gérard; environ 100 hectares aux MM. B..., H... et É... frères, résidant à Boneffe. Les quelques hectares qui restent appartiennent pour la majeure partie aux habitants de la localité, à la commune, au Bureau de bienfaisance et à la fabrique d'église de Boneffe. Les trois grands propriétaires, on ne peut le nier, ont une certaine influence dans la commune, en ce sens que personne ne voudrait les contrarier et leur résister en quoi que ce soit: tout ou presque tout ce qu'il y a de travailleur dans la localité est ouvrier agricole, à la solde de ces propriétaires ou de leurs fermiers.

2. Jusqu'en ces derniers mois, les frères B..., seuls, exploitaient eux-mêmes toutes leurs terres, sans compter la ferme S..., qu'ils prenaient en location. Actuellement, ces deux fermes sont reprises par leur neveu P. B..., qui les loue respectivement aux B... frères et à Mme S...

Les terres de Mme D... sont occupées par trois autres fermiers; quelques hectares seulement, environ 35, sont remis en détail aux petits cultivateurs du village depuis le mois de septembre 1906.

3. Sur environ vingt-cinq cultivateurs que compte actuellement le village, aucun n'est propriétaire de toutes les terres qu'il cultive. Cinq cultivateurs sont propriétaires de la plus grande partie des terres qu'ils exploitent; l'étendue de cette propriété varie entre 2 et 4 hectares. Quant aux autres, la plus grande partie de leurs terres exploitées sont des terres louées. Comme propriété, ils ont seulement quelques verges. Environ dix des cultivateurs n'ont que leur maison avec jardin en propriété.

4. Parmi les ouvriers agricoles, la plupart sont proprié taires de leur maison avec un jardin dont l'étendue varie entre 2 et 6 verges. (C'est la grande ronde verge de 4 ares 73.) Une bonne douzaine, surtout les jeunes ménages, n'ont aucune propriété. Deux ou trois ouvriers ont 4 à 5 verges de

terre.

5. Depuis un grand nombre d'années, lorsque la maison d'un ouvrier agricole ou d'un petit cultivateur est à vendre, elle est rachetée ordinairement par un autre ouvrier ou petit cultivateur qui n'en a pas encore, quelquefois par un grand propriétaire qui, lui, ne vend jamais. D'autre part, il n'y a presque pas, on pourrait même dire qu'il n'y a pas du tout de nouvelle båtisse, si ce n'est sur l'emplacement de vieilles masures tombées en ruine ou incendiées. Il n'y a donc aucun accroissement de propriétaires de maisons, plutôt une légère diminution.

Pour les terres qui sont mises en vente, elles sont infailliblement rachetées par les grands propriétaires, quelquefois à des prix assez bas, parce que personne n'oserait lutter avec eux dans une vente publique. De ce côté donc plutôt diminution notable de propriétaires.

6. Une bonne moitié des maisons des ouvriers agricoles et même les maisons de quelques petits cultivateurs sont

hypothéquées lors de leur acquisition; les acquéreurs ne pouvant les payer de leurs économies. Il en a toujours été ainsi; leur nombre cependant tend à diminuer et diminuera certainement à partir de ce moment, car plusieurs de ces ouvriers vont pouvoir cultiver pour leur propre compte. On emprunte ordinairement chez les notaires à un intérêt de 4 à 5%. Un seul doit sa maison à la société d'habitations ouvrières.

Ordinairement ces dettes hypothécaires sont remboursées, quoiqu'il y en ait plusieurs qui ne le sont jamais; mais il n'y a jamais de biens hypothéqués vendus sur expropriation.

Comme il est dit à la réponse n° 3, les grands propriétaires seuls achètent les terres mises en vente parce que personne n'oserait les leur disputer. Les ouvriers agricoles deviennent rares et il se dit assez couramment dans la commune que les grands propriétaires, pour parer à cette diminution de maind'œuvre, reprennent toutes les terres pour forcer ainsi indirec

tement l'ouvrier à entrer dans la ferme.

Voici un fait qui nous a été rapporté comme authentique Une maison était en vente; il y avait acquéreur à 1,300 francs. Un grand propriétaire va trouver le notaire et achète la maison pour 1,100 francs à l'insu du naïf vendeur.

8. Ce qui précède répond à la question loin de se morceler, la propriété se concentre.

L'une terre adjacente à une grande propriété ou renfermée dans celle-ci est mise en vente, on sait d'avance qui en sera l'acquéreur à quelque prix que ce soit.

Il y a une vingtaine d'années, il y eut échange entre quelques verges de la fabrique d'église et la propriété S..., pour la commodité des deux parties.

9. Le prix de la terre varie actuellement suivant la qualité et la situation entre 4,500 et 5,500 francs l'hectare. A la Révolution française, la très grande partie des terres a été acquise ainsi pour rien; le prix n'a fait qu'augmenter depuis,

en raison de la rareté, en raison aussi des nombreux ouvriers agricoles ou petits cultivateurs qui, voulant s'affranchir du joug de la ferme et exploiter pour eux-mêmes, cherchent à se rendre acquéreurs. Ils n'y réussissent pas souvent.

10. A la mort d'un petit cultivateur, propriétaire de quelques verges, les terres sont partagées ou achetées de la main à la main par un des enfants.

11. Il y a dans la commune trois familles où frères et sœurs célibataires habitent ensemble et exploitent ensemble leurs terres.

12. La difficulté de trouver une maison, même à louer, est la cause d'un grand nombre d'inconvénients, sinon d'abus. On se contente facilement d'un logement malsain, insuffisant, en mauvais état et, quelquefois, immoral.

Ces logements sont malsains, cela résultera des réponses aux questions 65 et 97.

Ils sont insuffisants et même immoraux. En effet, la première préoccupation d'un jeune homme qui veut se marier est de trouver un logement. Ordinairement les premières années de son mariage il reste chez ses parents ou beauxparents avec sa femme. Les chambres de ces maisons sont petites, étroites, basses; elles sont peu nombreuses, puisque il n'y a pas d'étage. S'il y a un certain nombre d'enfants, il faut nécessairement coucher à plusieurs dans la même chambre.

Il n'est pas rare de trouver des maisons où de grands enfants, déjà des jeunes gens, couchent dans la même chambre que leurs parents et que leurs sœurs.

Le jeune homme désirant se marier et ne trouvant pas de logement, ne se marie que fort tard, ou bien il va chercher une femme dans une autre commune où les beaux-parents consentiront à le loger. Beaucoup de jeunes filles s'en vont en service en ville, en reviennent souvent au bout de quelques années ou même de quelques mois déshonorées, et ainsi elles ajoutent encore à l'insuffisance de leurs parents, jusqu'à ce qu'elles trouvent à se marier avec des étrangers; puis, elles quittent le village.

Cet exode de jeunes gens et de jeunes filles ne fait que s'accentuer depuis le dernier recensement officiel en 1900, le nombre d'habitants a diminué de presque 50 sur un total recensé de 450.

Le remède à cette situation serait de bâtir de nouvelles maisons au lieu que les propriétaires rachètent les vieilles, qui restent toujours, quoi qu'on fasse, dans un état lamentable. Les maisons nouvellement bâties seraient louées à un prix modéré avec faculté et facilité pour le locataire d'acquérir par paiements successifs (amortissements), comme on le fait dans les sociétés d'habitations ouvrières.

Les petits cultivateurs, les ouvriers agricoles seraient très heureux de pouvoir se procurer un emplacement pour bâtir eux-mêmes. Ils feraient leurs briques eux-mêmes et bâtiraient à très peu de frais.

Quant à la propriété de terres, l'idéal serait que chaque ménage puisse posséder quelques verges de terre pour parer à l'insuffisance du salaire (voir réponse à la question 94).

Fermage.

13. Tous les fermiers ont des contrats écrits, notariés la plupart du temps. Ces contrats, ordinairement, ont une durée de neuf ans.

Pour ce qui concerne les gros fermiers, ces contrats ne renferment comme clause à relever que le droit pour le propriétaire de chasser et de planter des arbres. Le fermier peut vendre de la paille, mais il le fait rarement.

14. On rencontre rarement un petit cultivateur qui n'a pas de bail écrit pour l'un ou l'autre morceau de terre qu'il exploite.

15. Dans ce cas, la location est de trois ans.

16. Le bail se fait ordinairement vers le mois de mai, mais le fermier n'entre en jouissance qu'au mois de septembre. 17. Le propriétaire ne résilie jamais le bail contracté; le

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