Imágenes de páginas
PDF
EPUB

séparés par un mur et défendant de laisser écouler du purin dans les égouts à ciel ouvert, porterait remède à bien des inconvénients.

Au point de vue intellectuel, l'intelligence du cultivateur n'est pas très développée son savoir se réduit à peu de chose; dans son jeune âge il ne fréquente pas assez longtemps ni assez régulièrement l'école, les parents l'employant au travail une bonne partie de l'été. Les petits cultivateurs sont trop absorbés par les choses matérielles et ne trouvent pas le temps pour la culture de leur intelligence. A mesure que leur condition matérielle s'améliore, leur instruction s'en ressentira. Il faudrait, à l'école et dans les cours d'adultes, s'attacher surtout à inculquer aux élèves de larges idées générales et ne spécifier que les branches dont ils auront le plus besoin.

Quant au point de vue moral, la conclusion ressort de tout ce qui précède: il faudrait faciliter les mariages en donnant le moyen d'acquérir une maison ou au moins un emplacement de maison. L'augmentation des salaires ou bénéfices en nature. faciliterait naturellement aussi l'établissement des jeunes ménages.

L'ouvrier et le domestique agricole.

88. Les domestiques logés et nourris à la ferme gagnent de 35 à 40 francs par mois. Ils sont très rares. Ordinairement les fermiers ont un domestique qui loge simplement et dont le gage ne diffère pas des autres ouvriers agricoles. Les servantes logent et sont nourries; elles gagnent de 20 à 25 francs.

En outre, les domestiques ont comme pourboire 5 francs par cheval et 2 francs par bœuf vendus; les servantes ont 1 franc par veau et fr. 0.20 par cochon vendus.

Il y a cinquante ans, les domestiques n'avaient qu'une moyenne de fr. 0.65 par jour.

Les domestiques ordinairement sont mariés et prennent leurs repas chez eux; les servantes ne sont pas mariées. Les

domestiques s'engagent à tout âge, surtout quelques années après le mariage; les servantes, dès l'âge de 16 à 18 ans.

89. Les domestiques logent dans une petite chambre aménagée à l'intérieur de l'écurie; il s'y trouve un simple lit et à peine y a-t-on de la place pour s'y retourner. Les servantes sont assez convenablement logées dans le corps de logis.

90. Les servantes sont bien nourries et mangent souvent à la même table que les maîtresses.

91. Les rapports entre fermiers et domestiques sont les mêmes que les rapports qu'a le fermier avec les autres ouvriers. Les domestiques restent ordinairement très longtemps. Les servantes ne sont guère en rapport qu'avec la fermière; elles quittent très souvent.

92. A toute époque et pour un temps indéterminé.

93. Oui.

94. Les ouvriers agricoles gagnent fr. 1.50 par jour de la Toussaint à Pâques et 2 francs de Pâques à la Toussaint. Ceux qui n'ont pas 20 ans n'ont respectivement que fr. 1.25 à 1.75. Les ouvrières ont 1 franc et fr. 1.25.

En outre, les ouvriers, ouvrières et domestiques ont environ une verge de terrain labouré pour y planter des pommes de terre; cette verge de terre est donnée et préparée par le cultivateur, mais c'est aux ouvriers à y mettre le fumier.

Le sarclage des betteraves est fait par entreprise, à raison de 45 francs l'hectare; il se fait par les femmes et les enfants des ouvriers agricoles. Chaque famille ne peut guère sarcler plus d'un hectare. Le reste est entrepris par des ouvriers et ouvrières des communes voisines.

L'arrachage des betteraves se fait par des ouvriers étrangers, du moins en grande partie, à raison de 45 francs l'hectolitre. On en réserve souvent quelques hectares aux femmes des ouvriers agricoles qui n'ont de ce chef que la moitié des feuilles.

Ces étrangers viennent du pays flamand, des environs d'Hougaerde et Tirlemont. Ils logent dans des maisons inhabitées ou dans des étables inoccupées.

95. Ils ne sont pas nourris à la ferme; ils retournent chez eux en été, à midi, et au soir, en hiver, pour chaque repas.

96. Le matin, et aussi vers 8 1/2 heures, il prend du café avec une tartine, souvent du pain sec; à midi, des légumes et pommes de terre, rarement un morceau de viande de cochon salée; à 4 heures comme le matin, le soir comme à midi. Bien des ouvriers doivent se contenter de peu de chose et ne satisfont pas leur appétit, mais ils mangent mieux que les ouvriers agricoles d'il y a cinquante ans.

Les gages étaient plus petits qu'actuellement; ils n'avaient pas toujours du pain pour calmer leur faim. Aussi il n'est pas étonnant que la fièvre typhoïde trouvait facilement des victimes dans cette catégorie d'ouvriers. On rencontre encore de grands enfants avec de larges taches dégarnies de cheveux sur la tête par suite de faiblesse et de manque de nourriture. La femme sait faire la cuisine, mais elle ne s'en occupe guère, surtout à certaines époques de l'année, parce qu'elle va travailler à la campagne; tantôt elle va sarcler les betteraves qu'elle a entreprises, tantôt c'est son occupation la majeure partie de l'été jusqu'à la Toussaint et plus tard — elle va glaner et ramasser des pommes de terre et déchets de betteraves délaissés.

Ordinairement l'ouvrier mange du pain cuit chez lui avec de la farine de froment qu'il achète. Quelquefois, c'est le boulanger qui lui livre le pain. Le pain que mange actuellement l'ouvrier est meilleur que celui d'autrefois; alors il se contentait de pain de seigle mélangé avec du froment.

97. La maison se compose d'une cuisine de 4 mètres environ de chaque côté. De la cuisine, deux portes donnent accès. sur deux chambres à coucher, petites, basses et souvent mal éclairées. Il n'y a pas d'étage; rarement il y a une mansarde au-dessus de la cuisine. A côté de la porte d'entrée se trouve l'entrée d'une petite étable, derrière laquelle il y a une grange d'égale grandeur; ces deux dernières places réunies prennent la largeur du bâtiment.

Ordinairement cette maison lui appartient, mais très sou

vent elle est hypothéquée; quelques ouvriers habitent une maison louée; le prix de location est de 80 à 100 francs par année.

A part le mobilier strictement nécessaire, de peu de valeur : une table, six chaises, un ou deux lits, il y a quelquefois une petite armoire renfermant la vaisselle.

Les chambres à coucher sont trop petites et mal aérées, surtout en hiver. Jamais des animaux n'y logent, si ce n'est un petit chien ou un chat.

98. Les familles sont ordinairement nombreuses cinq ou six enfants en moyenne, parfois sept, huit et même davantage.

99. Oui, pour la cause déjà indiquée manque d'habitations et d'emplacements pour en bâtir.

100. Indubitablement; il est mieux logé qu'autrefois; il n'existe plus dans la commune que deux ou trois maisons en lattes recouvertes de mortier ou de terre; toutes les vieilles maisons sont remplacées par des bâtiments en briques; le toit est toujours couvert de tuiles, tandis que les anciens toits étaient en chaume.

101. Ordinairement non. Cependant certains ouvriers louent quelques verges de terre qu'ils cultivent le dimanche au moyen des animaux de la ferme où ils travaillent; ce terrain est régulièrement planté de pommes de terre ou de betteraves à sucre.

Il est des jeunes femmes qui s'engagent à la ferme en été. Il est rare que l'ouvrier ait une vache, souvent il a un ou deux cochons, dont l'un est vendu; l'autre est tué pour le ménage. Pour les nourrir la femme va glaner tout l'été; s'il y a une vache, l'enfant va à la pâture le long des chemins et des fossés. S'il n'y a pas de quoi nourrir la vache pendant l'hiver, elle est vendue; c'est assez rare.

102. C'est la situation commune, mais tous les ouvriers ont un ou deux cochons.

103. Il n'y a pas de communaux.

104. Les ouvriers sont occupés tout l'hiver à la ferme; on

ne revoit que les jeunes filles qui vont en service en ville et les enfants de 13 à 15 ans qui restent chez eux.

105. L'hiver, l'ouvrier travaille aussi longtemps que le jour le permet, avec un repos d'une demi-heure à 8 1/2 heures et à 312 heures; de 11 à 1 heure il ne travaille pas.

En été, il a ces mêmes repos, mais il commence le travail à 5 heures et finit à 7 heures du soir.

106. Aussitôt qu'ils ont fait leur première communion, c'est-à-dire à 11 ou 12 ans, ils travaillent toute la journée, mais à des ouvrages faciles.

107. Battre à la machine, lier la moisson, nettoyer les betteraves, couper des feuilles et autres travaux semblables. Elles travaillent autant d'heures que les ouvriers.

108. Les rapports entre ouvriers et fermiers sont bons, sans être intimes ni familiers. D'ailleurs les ouvriers sont la majeure partie de la journée sous la surveillance d'un maître de culture.

Les ouvriers d'âge mûr restent assez longtemps à la même ferme; les jeunes ouvriers changent souvent.

109. La main-d'œuvre devient de plus en plus rare, à cause de l'exiguïté des salaires, à cause du manque d'habitations et de la facilité des communications.

110. Très peu d'ouvriers travaillent au dehors; il y en a quatre ou cinq qui vont au pays industriel de Charleroi et de la Basse-Sambre; ce sont ordinairement des jeunes gens non mariés; la plupart ne reviennent que le samedi et retournent le dimanche soir ou le lundi. L'influence en est nulle jusque maintenant.

111. Ces ouvriers ne vivent pas mieux; ils respectent encore les traditions de leur pays. Ils ne rapportent pas plus de salaire dans leurs foyers, mais dépensent le surplus en boissons et en amusements.

112. Très peu.

113. Ordinairement, il remet tout son salaire pour les besoins du ménage. Il est rare que la femme soit obligée

TOME V. LETTRES, ETC.

23

« AnteriorContinuar »