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façon à entourer la cour; les bâtiments du petit cultivateur se trouvent sur une ligne.

Un grand cultivateur exploite de 80 à 100 hectares, un moyen de 18 à 30, un petit environ 4 hectares.

65. Les chambres à coucher laissent souvent à désirer au point de vue de l'hygiène; elles sont petites et peu aérées. Le paysan craint l'air, surtout la nuit. Sa maison est relativement propre.

Le mobilier se compose d'un coffre, d'un poële, de deux armoires, d'une pendule, de quelques chaises, d'ustensiles de ménage et des lits avec paillasses ou matelats.

Les enfants dorment souvent dans le même lit; dans les familles nombreuses, on en met jusque quatre, en plaçant le quatrième en travers, au pied du lit. Quelques paysans dorment encore dans leur foin, mais le fait est bien rare.

Il n'y a pas d'animaux dans les habitations, hormis les poulets d'hiver.

66. A l'Écluse, chaque famille a sa maison.

67. Le propriétaire fait généralement le moins de frais possible pour son locataire.

68. Le cultivateur est beaucoup mieux logé qu'il y a cinquante ans. Alors il y avait des maisons en lattes enduites d'argile, avec un toit de chaume. Les nouvelles constructions sont très convenables sous le rapport de l'hygiène et de l'esthétique, l'ameublement est suffisant. Malheureusement, le prix de revient est plus élevé. Il serait désirable que la Société des maisons ouvrières intervienne à l'Ecluse.

69. Le premier déjeuner, celui de 9 heures, et le goûter de 4 heures se composent de café au lait, tartines au saindoux de pain bis. En temps de moisson on y ajoute des œufs.

A midi soupe au lait ou autre, pommes de terre en abondance, légumes, lard ou viande de porc, rarement on mange de la viande de boucherie, sauf à la kermesse et dans les grandes circonstances. Le goûter, qui n'est pas un repas fixe, se prend indifféremment entre 4 et 8 heures.

70. Les cultivateurs sont suffisamment nourris (voir la réponse no 96).

71. Chacun a son assiette, mais ordinairement on boit au même verre.

72. Le cultivateur est beaucoup mieux nourri qu'il y a cinquante ans. Il n'y avait pas alors de petits cultivateurs indépendants; tous étaient sous la dépendance absolue de fermiers. Leur repas ordinaire, toujours maigre, se composait de pommes de terre accommodées à l'huile de colza. On n'avait pas de lait et le pain n'était fait que tous les quinze jours pour économiser les deux fagots nécessaires au chauffement du four à pain. Malgré la fraîcheur relative de ce pain, il arrivait encore souvent qu'on dût le manger sec.

A midi le lard ne faisait que par intervalles son apparition sur la table.

73. Les cultivateurs s'habillent à peu de frais; il n'en est pas de même de leurs filles les chapeaux à plumes, les bottines, les fourrures en vrai lapin, les ombrelles et les gants ont fait invasion dans toutes les maisons. Ce luxe est cependant très superficiel et limité au décors extérieur, car le linge est fort négligé et fait parfois totalement défaut.

74. Le grand cultivateur surveille et ne travaille pas. Le moyen cultivateur travaille avec ses ouvriers ou enfants toute la journée.

Le petit cultivateur travaille aussi fort, mais il ne le fait pas toujours pour son propre compte.

La femme du cultivateur soigne les vaches, les porcs, la bassecour, fait le beurre et le ménage. A la moisson elle lie les gerbes de ceréales, décolle les betteraves, sarcle, fane le foin, s'occupe de tous les petits ouvrages généralement quelconques. La besogne est trop complexe et souvent au-dessus de ses forces.

Les enfants, avant la première communion, ne font guère que mener paître les porcs et vaches le long des grands chemins. Après cet âge ils sont sérieusement occupés au labour et à tous les travaux des champs même les plus pénibles; les filles n'en sont mêmes pas toujours exemptes on en voit de 15 à 16 ans occupées au labour: on les emploie plus souvent au hersage.

75. Les moyens et petits cultivateurs s'assistent beaucoup

entre eux.

C'est même actuellement grâce à cette assistance que ces cultivateurs parviennent à achever leur besogne souvent trop lourde. Cette assistance se traduit ordinairement par des prêts de matériel et chevaux du grand au petit. Ce dernier se libère en fournissant un nombre déterminé de journées. Les grands fermiers sont plus orgueilleux et manquent souvent de cette complaisance. Il en résulte que leur besogne s'achève difficilement et parfois ne se fait même pas du tout. En cas de maladie ou de parturition du bétail, l'assistance est spontanée. et toujours gratuite.

76. Le paysan est d'un naturel jaloux. Il s'ensuit souvent des explications et des pugilats qui ne dégénèrent cependant pas souvent en rixes sérieuses. Ces sentiments belliqueux se manifestent plus spécialement à la kermesse. La procédure est évitée le plus souvent, on préfère vider le différend entre soi. Quant aux vieilles disputes de famille, on peut dire qu'elles n'existent pour ainsi dire pas.

77. On tâche naturellement d'obtenir le plus haut prix et on sait en général faire mousser la marchandise.

78. Le cultivateur tâche d'obtenir de son ouvrier la plus forte somme de travail possible; quant au reste, les rapports sont bons.

79. Un usage très ancien et qui prouve pour la dévotion des Eclusois veut qu'à chaque veau on offre le premier beurre à la sainte Vierge; chaque fois qu'on tue un porc on donne la moitié de sa tête à saint Roch. On dépose ces dons sur les autels de la sainte Vierge et de saint Roch et on les vend publiquement à la sortie des grand'messes le dimanche. Le produit de ces ventes est consacré à faire dire des messes pour obtenir la santé du bétail. A la saison les autels sont souvent encombrés de ces offrandes.

Les cultivateurs sont religieux. Ils ne manquent pas à la célébration de la messe le dimanche. C'est une marque de mépris de dire d'un homme qu'il ne va pas à la messe le

dimanche. Quant aux vêpres, il n'y a guère que les femmes et quelques hommes qui y assistent. Les jeunes gens qui vont travailler en ville sont ordinairement les moins dévôts. La sorcellerie trouve encore des gens crédules et partout des dupes.

La mâle-main est généralement redoutée; les vieilles femmes sont accusées de maint méfait; elles font crever le bétail, jettent des sorts aux gens, des « mannes » sur les terres. On consulte les batteuses de cartes. On attribue à des objets matériels des propriétés qu'ils n'ont pas. Ainsi pour se débarrasser d'une rage de dents il suffit de toucher la partie malade avec une épingle que l'on enfonce ensuite dans un arbre, bien en évidence. On espère ainsi charitablement passer son mal au premier passant ayant la fantaisie de retirer l'épingle. Comme un objet aussi brillant mis en évidence échappe difficilement à la perspicacité des gamins et que tout mal a des accalmies, il arrive souvent que le patient croit de bonne foi son remède efficace. A l'Ecluse et dans les environs il est d'usage de pendre dans les arbres les «< placentas » des juments.

On ne peut expliquer cette pratique qui remonte très loin. On est persuadé qu'il y va directement de la santé du poulain.

80. Les gens professent pour le culte des morts un grand respect mélangé de craintes souvent superstitieuses.

81. La moralité est bonne dans la classe laborieuse qui reste au village; celle qui émigre en ville vaut beaucoup moins, mais c'est la plus minime partie.

Les naissances hors mariage ne sont pas nombreuses et finissent ordinairement par se légitimer. Il y a cependant de nombreux mariages forcés par suite d'obligations contractées envers le sexe faible. La plupart du temps cependant ces réparations sont faites avant que l'enfant soit né.

La moyenne des familles est de quatre enfants, les nombreuses en ont huit à dix.

82. Tir à l'arc au berceau, à la perche et au berceau, les

quilles, les combats de coqs, les cartes. Tous les jeux sont intéressés, les pères de famille donnent environ 2 francs à leurs fils pour s'amuser le dimanche.

Les kermesses sont très fréquentées et leur durée de trois jours occasionne 25 francs de frais à un jeune homme. La danse n'est tolérée que ces jours-là, et ce n'est pas encore sans abus la plupart des naissances hors mariage y trouvent leur origine.

Le braconnage est inconnu, le paysan est trop laborieux pour faire attention à un produit aussi aléatoire. De loin en loin on signale une bande de traîneurs de filets, opérant sur les perdreaux avant l'ouverture de la chasse.

Les cultivateurs s'adonnent à la lecture plus qu'avant. On a à la commune dix-sept abonnés à de grands journaux paraissant à Bruxelles. Il y a quelques abonnements à des publications agricoles et deux aux Annales parlementaires. Les vachères qui, autrefois, gardaient leurs troupeaux en tricotant et en chantant des cantiques, se plongent actuellement dans la lecture de romans.

83. Il n'y a à l'Ecluse que quatre ivrognes « patentés ». La population est de 500 habitants. Généralement les petits cultivateurs n'ont pas de bière chez eux, ils prennent leur << pinte» le dimanche à l'estaminet.

On boit surtout la bière blanche d'Hougaerde. La petite goutte a aussi de nombreux partisans. On boit plus qu'il y a cinquante ans et cela parce qu'on a plus d'argent. La femme du cultivateur ne prend guère que du café, mais en quantité.

84. L'esprit d'épargne est très répandu. On fait une pelote pour acheter des terres. On met son argent à la Caisse générale d'épargne et de retraite. On le place également chez le notaire. Certains paysans méfiants enfouissent leur magot dans un pot sous terre. Avare, on l'est assez.

En général on appelle vite le médecin.

85. Le cultivateur s'assure contre l'incendie; il s'assure contre

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