Imágenes de páginas
PDF
EPUB

RAPPORT

SUR LE

PRIX MIS AU CONCOURS

PAR LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

DANS LA SECTION DES SCIENCES

PAR

M. L'ABBÉ D'ANTESSANTY

MEMBRE RÉSIDANT

La Société Académique a mis au concours, en 1871, une Géographie du département de l'Aube à l'usage des écoles primaires. Pénétrée de l'utilité qu'il y a, pour tout citoyen, à bien connaître le pays où il est né et dans lequel ont vécu ses pères, elle a voulu attirer sur ce point le zèle et les recherches des écrivains amis du sol natal. Un manuscrit, portant pour épigraphe : Mon pays, c'est le plus beau, a été présenté pour ce concours, et examiné attentivement par M. Socard et plusieurs membres de la section des Sciences; le résultat de cet examen a été complètement favorable. Ce travail est fait avec beaucoup de soin; on y reconnaît la main d'un homme laborieux, patient et habitué aux consciencieuses investigations. Le département de l'Aube y est étudié sous tous ses points de vue; ses divisions politiques,

administratives, religieuses y sont exactement indiquées, ainsi que ses rivières, ses cours d'eau, ses collines, son commerce et son industrie. Le style en est simple et correct, comme il convient à ces sortes de travaux destinés à l'enfance; par sa précision méthodique et sa parfaite clarté, il est à la portée des jeunes intelligences et peut faire un bon ouvrage classique.

Il répond donc complètement au but que la Société Académique s'est proposé dans son concours. En conséquence, elle adresse ses félicitations à M. l'abbé Defer, curé de SaintGermain, auteur de cet excellent travail, et lui décerne une médaille d'or.

Troyes, le 19 mai 1875.

RAPPORT

SUR LE

PRIX MIS AU CONCOURS

PAR LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE

DANS LA SECTION DES ARTS

PAR

M. ALFRED NANCEY

MEMBRE RÉSIDANT

MESSIEURS,

La Société Académique de l'Aube a mis au concours un prix à décerner à l'auteur de la meilleure notice sur Philippe Thomassin, graveur troyen.

Nous n'avons reçu, traitant ce sujet, qu'un seul manuscrit, il est vrai; mais il est douteux que, si d'autres écrivains fussent entrés en lice, ils eussent pu soutenir la comparaison. En effet, l'ouvrage déposé entre nos mains se recommande à plus d'un titre à notre scrupuleuse attention. Et d'abord, il dévoile une page un peu effacée de notre histoire artistique; il remet en lumière un nom célèbre, autour duquel le temps, qui ne respecte rien, accumulait des ombres chaque jour plus épaisses et dont Grosley lui-même, dans ses Ephémérides, ne parlait que d'une manière incomplète. Puis, grâce à un labeur considérable, à des fouilles

longues et intelligentes dans les archives communales ou religieuses, dans les bibliothèques, dans les cabinets d'estampes publics ou d'amateurs de la France et de l'étranger, il arrive à marquer sûrement chaque étape de la vie de notre illustre concitoyen et à nous reconstituer la nomenclature presque intacte de ses travaux. Ajoutons enfin que le style de l'auteur ne manque ni d'élégance, ni de charme, et que si le trait même y fait souvent son apparition, la critique y est toujours guidée par un jugement sain et l'éloge toujours à sa place.

La première partie du manuscrit est consacrée à des détails biographiques. Permettez-moi de vous en faire une rapide analyse. Personne n'a jamais nié l'origine troyenne de Philippe Thomassin. Lui-même s'en faisait gloire, car maintes fois il ajoute à son nom l'épithète de Trecensis. Mais quelle date assigner à sa naissance? Là se présentait tout d'abord une difficulté. Pour la vaincre, l'auteur a recours à un procédé ingénieux. Les premières gravures, signées de Thomassin, sont de 1585, et pour être capable de manier le burin, l'âge de vingt ans au moins est nécessaire. Si de 1585, nous retranchons 20, nous obtenons 1565. Les dernières gravures de Thomassin sont de 1620. A cette époque, il devait avoir au plus 70 ans, car plus tard, la vue et la sùreté de main lui eussent fait défaut. 1620 moins 70; reste 1550. C'était donc entre 1550, minimum, et 1565, maximum, qu'il fallait diriger les recherches. Or, les paroisses étaient chargées, par l'ordonnance de François Ier d'août 1569, de tenir les actes religieux, et la tradition voulait que, comme son parent Simon, Philippe descendit notoirement d'une famille d'orfèvres. D'autre part, la rue habitée de préférence à Troyes par les orfèvres était la rue bordant l'église de Saint-Jean. Il fallait, par conséquent, consulter le registre des enfants baptisés en l'église de M Sainct Jehan au Marché, entre 1550 et 1565. C'est ainsi, de déductions en déductions, que notre chercheur

est parvenu à découvrir sur le registre de Saint-Jean de l'année 1562, le 28 janvier, la mention du baptême de Philippe, fils de Jehan Thomassin et de Nicole Aubry, sa femme. Dix aînés le précédaient, peut-être même davantage, car il existe une lacune regrettable dans le registre ; une sœur et deux frères le suivaient. Ce point capital fixé, la lecture de notre ouvrage nous fait suivre pas à pas l'existence de Philippe Thomassin. Ses premières années s'écoulent au milieu des massacres dont Troyes eut aussi sa part sanglante après la Saint-Barthélemy, en 1572. Son éducation fut peu soignée, si l'on s'en rapporte à la rédaction des inscriptions placées au bas de ses estampes. Le latin, le grec, la mythologie et l'histoire lui étaient peu familiers, et on lui a reproché, en éditant l'Ecole d'Athênes de Raphaël, d'avoir pris pour des saints Aristote et Platon, et d'avoir décoré leurs fronts d'une auréole.

Après sa première communion, sa famille songe à lui faire embrasser une carrière. Mais son père, Jehan, était ceinturier, il était naturel que Philippe devînt aussi ceinturier. La ceinturerie était alors un art véritable; la boucle surtout était l'objet d'un travail minutieux. On devait y représenter, à la mode du jour, des chiffres, des écussons, des fleurs, et même y ajouter des nielles, c'est-à-dire creuser un dessin sur la plaque, et après avoir coulé dans les entailles un métal différent, en limer les bavures et les polir. Philippe, après quatre ans d'apprentissage, à 18 ans est ouvrier de son père et le seconde. Deux ans plus tard, son père et sa mère sont morts, en 1583, peut-être de la peste qui fit de terribles ravages dans la ville à ce moment. Aussitôt, se trouvant à 20 ans orphelin et libre de ses actions, il met à exécution un projet qu'il avait longtemps caressé, et abandonnant sa ville natale et ses frères et sœurs, part pour l'Italie.

En 1584, à 22 ans, nous le retrouvons à Rome, faisant d'abord des boucles pour vivre; puis bientôt il aborde l'art qui doit illustrer sa mémoire. Sa première œuvre connue,

T. XXXIX.

28

« AnteriorContinuar »