Remonstré que le Roy et la Royne ont dit qu'ils le savoyent auparavant le jour de l'alarme à Sainct-Germain, a dit que non; et que Thoré et Turaine luy vouloyent mal, et le vouloyent tuer, pour ce qu'il l'avoit dit à la Royne. Si à l'issue de Sainct-Germain il fut parlé de ceste dernière entreprise? a dit que le vicomte de Turaine tentoit Monsieur avec des apostats, et luy disoyent qu'on le vouloit faire mourir. Remonstré qu'à l'entreprise de Sainct-Germain l'on ne parloit de faire mourir M. le duc, néantmoins il s'en vouloit aller, a dit avoir entendu de monsieur qu'il s'en vouloit aller. Outre ce que dessus luy a esté remonstré que l'on a estéadverty ce matin qu'il avoit quelques images de cire et un rondeau. Interrogué qu'il en vouloit faire et qu'elle est la maladie du Roy, dit n'en savoir rien, et ne sait autre chose que ce qu'il a dit. Quant au chiffre, a dit que le comte Charles le vint trouver, et depuis luy envoya par un homme jusques en sa maison. Remonstré qu'on a dit qu'il avoit des images de cire en sa maison qui avoyent deux trous en la teste, a dit que non. Admonnesté de dire vérité, et si ce que Monsieur a dit au Roy est véritable, respond qu'il avoue tout ce que Monsieur a dit au Roy. Interrogué quelle estoit leur délibération, et que c'est de l'image de cire qu'on dit avoir esté trouvée en sa maison, a dit : « Ah Dieu! si j'ay fait image de cire pour le Roy, je veux mourir. Qui sont ceux de ceste ville de Paris qui savent l'entreprise? dit qu'il n'en sait aucuns, et qu'il pense à Dieu. Que veut dire ce chiffre? respond que le comte Charles TOME VIII 14 le vint trouver en sa maison, disant qu'il estoit mal content du Roy, et qu'il alloit en Alemagne, mais que si M. le duc avoit à faire quelque chose de secret, qu'il l'escrivit en lettre de chiffre. Et luy parla ledit comte Charles du mariage de Monsieur avec la fille du duc de Saxe. S'il avoit quelqu'un avec luy qui sceust ledit chiffre et a qui il en a parlé? dit n'en avoir parlé à personne; et quant au mariage il n'en a tenu propos audit comte. Remonstré qu'outre ce chiffre à luy baillé par le comte Charles, l'on en a trouvé un en ses coffres, dit qu'il ne sait. Interrogué que c'est des figures d'or qui sont en son chappeau, dit qu'il n'en sait rien. A esté derechef attaché aux boucles et anneaux, et, admonnesté de dire vérité, respond qu'il ne sait que ce qu'il a dit. le A esté remis le petit tréteau, et luy, admonnesté de dire vérité, a dit: «Messieurs, je ne say autre chose sur la damnation de mon ame; je ne say autre chose par Dieu vivant et sur ma damnation. Vray Dieu éternel, mon Dieu ! je ne say autre chose ; je ne say si l'image de cire a esté faite pour le Roy et la Royne.»> Interrogué où est ladite image de cire et si Cosme la luy a apportée, a dit que ladite image de cire est pour aimer sa maistresse qu'il vouloit espouser, qui est de son pays; qu'on voye ceste image et l'on trouvera que c'est la figure d'une femme; que Cosme a ceste image, laquelle a deux coups dans le cœur, et telle la baillera. Interrogué que c'estoit de la maladie du Roy: «Faitesmoy mourir, dit-il, si le pauvre de la Mole y a jamais pensé, et supplie qu'on face venir Cosme, lequel dira que ce n'est autre chose que cela. »>! Où est ceste image? dit que Cosme l'a, et est faite pour une femme, et n'a donné charge audit Cosme de faire autre chose; que Cosme luy a baillé ce coup au cœur. Pourquoy il luy bailla ce coup? dit qu'il ne sait. A dit de luy-mesme qu'il communiquoit à M. de Sauve de ce qu'il avoit à faire. Qui sont les autres ausquels il en communiquoit? dit qu'il n'en sait autres. 4 Qui sont ceux qui devoyent emmener M. le duc en ceste ville et qui savoyent l'entreprise, et qui avoit l'argent de M. le duc? dit que M. le duc n'avoit pas un sol. Qui sont ceux qui devoyent suyvre le Roy de Navarre? dit n'en avoir jamais communiqué au Roy de Navarre. Luy a esté baillé de l'eau, et, admonnesté de dire vérité, a prié qu'on l'oste de là et il la dira, et qu'il ne peut plus parler. A esté lasché et admonnesté de dire vérité; promet de la dire et supplie d'estre mené près du feu. A esté mené devant le feu, et admonnesté de dire vérité touchant ceste image de cire, a dit : « Je renie mon Dieu, et veux qu'il me damne éternellement, si c'est pour autre chose que ce que j'ay dit.» Admonnesté de dire vérité : «Messieurs, dit-il, que voulez-vous que je vous die?» Interrogué que vouloit faire Monsieur après qu'il se seroit retiré, dit ne savoir autre chose, et supplie que on ne le tourmente plus, et qu'il a dit la vérité en sa conscience, Et en pleurant s'est mis à genoux, disant, sur la damnation de son ame, qu'il n'en savoit autre chose, et que si le Roy luy vouloit sauver la vie, il feroit mourir ce mes chant Thoré, qui est cause de tout. Et a supplié qu'on demande au Roy grace pour luy. Admonnesté de dire vérité, dit qu'il n'en sait autre chose A tant a esté habillé, et en ce faisant a dit plusieurs oraisons. Interrogué qui sont ses compagnons qui ont fait ladite conspiration, a dit qu'il n'y en avoit point d'autres que ceux qu'il a nommez. Remonstré qu'il a mis son cœur au monde et aux service des grands seigneurs, et a oublié Dieu; puis admonesté de dire vérité et d'oublier le monde, à déclairé n'en savoir autre chose, et a dit quelques oraisons. Puis a esté prins par l'exécuteur, qui l'a lié et mené en la chambre de la Tournelle. Procès-verbal de la question et exécution du comte A esté fait venir en la chambre de la question Annibal de Coconnas, prisonnier, auquel a esté remonstré que la cour avoit veu le procès criminel fait pour raison de la conspiration faite contre l'Estat du Roy et son royaume, et sur iceluy donné arrest qui luy sera prononcé par le greffier. Admonnesté de nommer ceux qui en sont les auteurs, et quelle estoit l'entreprise, et où il vouloit aller, a dit: Messieurs, faites-moy ce bien de me mener au Roy ainsi lié que je suis. » Remonstré que cela ne se peut faire et admonnesté de dire vérité, a demandé si le Roy veut qu'il meure. Luy a esté remonstré que le Roy veut qu'on face justice. De rechef il a demandé si, pour récompense de ses services, le Roy veut qu'il meure, et n'a regardé au visage d'homme du monde en parlant, et a dit : « Faites-moy cest honneur que je parle au Roy pour quelque chose qui luy importe. » Admonnesté de dire comme les choses se sont passées, il a dit : «Sont-ce cy les promesses que le Roy m'a faites? Je suis gentilhomme estranger; qu'on me face coupper la gorge quelque part. Je suis de grand maison; me veuton faire servir de spectacle ?> Admonnesté de dire la vérité, respond qu'il a dit que monsieur le duc s'en vouloit aller. Comment la partie estoit faite? respond qu'il a dit au commencement que M. le duc s'en vouloit aller et ceux qui l'emmenoyent; que, s'il eust voulu s'en taire, on ne fust venu à bout de ceste matière; que les sieurs de Montmorency, Thoré et Turaine y alloyent aussi; et que Turaine dit à luy déposant, dans le jardin de céans, que M. de Montmorency luy avoit dit qu'il ne laisseroit point M. le duc, auquel il avoit baillé un signal; et que le jour de mardy il vid un qui estoit en leur compagnie, lequel il ne sauroit nommer, et disoit que monsieur de Montmorency iroit avec eux, et que le mareschal de Danville estoit de la partie, et qu'on avoit envoyé Luynes par devers luy; et que la Nocle, Montegu, et tous ceux qui y estoyent le jour du mardy, le disoyent ainsi; entre autres Turaine, ainsi que M. le duc estoit en sa maison, dit que tout seroit prest et qu'il ne s'en souciast. Dit luy respondant que Montegu, la Mole, la Nocle, le gentilhomme de M. de Bouillon et Grandchamp y estoyent présens. Remonstré que, lorsque Monsieur seroit enlevé, l'on devoit faire une charge au bois de Vincennes, a respondu que il est mort et s'asseure que le Roy le veut; mais il est content que Dieu refuse son ame et le damne éternellement s'il y avoit entreprise contre le Roy. M. le duc avoit esté effrayé d'un paquet qu'il a veu; et quand il luy demanda: «Qu'est-ce cy, monsieur?>> iceluy respondit que l'on avoit rapporté au Roy que l'on avoit conspiré contre |