luy, et que Monsieur pleuroit, comme luy déposant l'a dit au Roy. Remonstré qu'il a dit par le procès qu'il ne se faisoit rien en secret qu'ils n'en eussent les copies, confesse avoir dit au Roy qu'il se gardast des clercs et commis des secrétaires, et que pour un escu l'on avoit d'eux ce qu'on vouloit. Interrogué que c'est de l'image de cire, dit n'en savoir rien; mais que Cosme et la Mole s'entretiennent comme les doigts de la main. S'il sait que l'on ait fait quelques peintures et caractères contre le Roy? a respondu que non, et dit qu'il parloit tantost embas à un capitaine de ceste ville, qui luy a dit qu'on avoit rompu toutes les bagues de la Mole, et avoit demandé à ce capitaine s'ils avoyent rompu une bague grosse comme le doigt, d'autant que, s'il y avoit quelque chose, on la trouveroit dans ceste bague. Quand ce fut premièrement que la Mole lui en parla? dit que ce fut au retour de Sainct-Germain, et que M. le duc menoit l'avant-garde. Et pour ce qu'il dit à la Mole qu'il n'y vouloit aller en qualité de soldat, ains aimoit mieux se retirer, la Mole luy demanda ce qu'il prétendoit faire et s'il vouloit laisser un royaume où il estoit conu. Remonstré qu'il fut au conseil le mardy chez la Nocle, le confesse, mais dit qu'il n'y fut jamais qu'une fois, et que la Nocle et Montegu luy en parlèrent les premiers, mais auparavant les voyoit aller et venir; que si l'on tenoit Poltrain, secrétaire, il diroit tout. De sa part, il est à l'article de la mort, et fait une escorne en sa maison qui n'y fut jamais, et qu'on ne sauroit dire qu'il ait porté autre titre que d'homme de bien; qu'il voyoit ordinairement la Nocle et Luynes parler ensemble, et que Poltrain dit : «Non, non; Turaine qu'on a envoyé ne le fera pas. >> Remonstré qu'il a dit avoir esté le mardy à la conclusion, et qu'on ne luy eust appellé sans estre asseuré de sa fidélité, confesse que M. le duc a esté deux fois en la maison de la Mole, d'où il envoya quérir luy respondant, afin d'y aller parler à luy. Estant arrivé, on le fit mettre dedans le cabinet, et M. le duc, la Nocle et Grandchamp entrèrent dans ladite maison. Puis après on l'appella, et M. le duc l'appella et luy dit : «Comte, n'es-tu pas de nos amis?-Ouy (dit-il), monsieur, je vous suis serviteur. » Il y vid aussi l'homme de M. de Bouillon, que leur volonté estoit de retenir luy respondant près de M. le duc. Et quand le gentilhomme de M. de Bouillon fut sorty, luy respondant demanda à la Nocle qui estoit cestuy-là: «Vous le saurez bien tost,» dit la Nocle. Et sur ces propos la Nocle et ce gentilhomme de M. de Bouillon disoyent que le comte Ludovic ne faudroit point, et qu'il avoit promis à Blamond de venir en Flandres. Admonnesté de ne charger personne à tort, a dit qu'il ne charge personne à tort, et que la Mole ne lui a tenu aucuns propos de ce fait. Quant à attenter à la personne du Roy, il n'en ouyt jamais parler. S'il en savoit d'autres qui fussent de l'entreprise? dit que la Vergne y estoit. Qui estoit le thrésorier qui avoit les deniers? dit qu'il n'a ouy parler d'argent; a bien ouy dire qu'un nommé du Vau (qui se tient en Auvergne, ainsi qu'il l'a dit à la Royne mère) estoit en Alemaigne, où il faisoit toutes les afaires de France. A veu aussi un petit homme, portant barbe noire, parler souvent à Montegu. S'il ne sait aucune chose de la figure de cire? dit que non, et que, s'il y a homme qui en sache quelque chose, c'est Cosme. Admonnesté de dire la vérité, dit l'avoir déclairée et n'en sait autre chose; qu'on fait perdre aujourd'huy un `bon serviteur du Roy. A supplié qu'on luy fist ce bien de croire qu'il n'en sait autre chose, et que, s'il en savoit quelque chose davantage, il le diroit librement. A esté prins par les questionneurs qui l'ont fait despouiller, et, en le despouillant, a esté trouvé qu'il estoit grevé, au moyen de quoy luy ont esté baillées les manottes; et, admonnesté de dire s'il sait aucune entreprise contre le Roy, a dit ne savoir autre machination contre le service du Roy, suppliant le Roy d'avoir pitié de luy, et demandant s'il est possible qu'aujourd'huy le Roy voulust perdre un si bon serviteur. Luy ont esté ostées lesdites manottes. Lors il a supplié qu'on lui face ce bien de le mener au Roy. Interrogué que c'est qu'il lui veut dire, dit qu'il luy vouloit remonstrer les services qu'il luy a faits. A. tant a esté lié et prins par l'exécuteur, qui l'a mené en la chappelle des prisonniers. A supplié qu'on le fist parler à messieurs pour leur dire quelque chose qui importe le service du Roy, et a dit à la Mole, que s'il savoit quelque chose de sa part, il eust à le dire afin de sauver leurs ames. Quant à luy il estoit résolu, combien qu'ils soyent condamnez injustement, mais qu'il ne faut rien emporter avec eux sans le révéler, s'ils savent quelque chose contre ceste partie. La Mole a dit que sa mort coustera la vie de beaucoup d'hommes; Coconnas l'a prié de regarder ensemble à faire quelque bon service au Roy, et a dit qu'ils se sont rouvez en plusieurs combats où ils ne sont morts, et maintenant faut qu'ils meurent devant le monde. Ils ont dit ensemble qu'ils ne regrettoyent point la mort, pourveu qu'elle fust honorable, et qu'on les devoit tuer ou faire mourir la nuict, parce qu'ils sont tous deux de grande maison. Le comte a prié messieurs que la Mole fust mené près de luy pour adviser ensemble à ce dont ils se pourroyent souvenir pour le service du Roy. Suyvant cela la Mole a esté mis près Coconnas; lors le comte a dit qu'il ne vouloit mourir si malheureusement que d'emporter avec luy ce qu'il sauroit pour le service du Roy sans le révéler, et a dit à la Mole qu'il se souvint qu'eux estans en sa maison, discourans des troubles qui sont en ce royaume, il entendit lors quelqu'un de ceux qui estoyent en ceste maison disant qu'il y avoit deux ans, à caresme prenant dernier, qu'on avoit fait entreprise contre le Roy lorsqu'il reviendroit de l'assemblée, et que la retraite de ceux qui machinoyent estoit à la Bas tille. Ne le sait autrement, mais dit que la Mole s'en pourroit souvenir. La Mole a dit avoir déclairé à monsieur de SaincteFoy (1) qu'en toute sa vie il a connu que monsieur de Montmorency n'estoit fidèle serviteur du Roy; et croid qu'aujourd'hui à grand peine le Roy s'accommodera-il du Languedoc ni de la Provence, tandis que le mareschal de Danville sera par de là; et a dit que M. de Montmorency l'a voulu oster de la bonne grace de monsieur le duc, auquel il a tousjours remis devant les yeux son devoir et déclairé qu'on le voulait faire perdre; que sans luy Monsieur s'en fust allé par plus de six fois, et que le vicomte de Turaine le soupçonnoit fort, et soufloit ordinairement aux oreilles de monsieur le duc, et (1) Sorbin de Saincte-Foy, aumonier et confesseur de Charles IX. luy disoit avec les autres qu'on vouloit faire son procès. A dit que monsieur de Bouillon a tousjours mandé à monsieur le duc, par Ferrailles, qu'il estoit prest de le recevoir; ne sait la particulière occasion, et qu'ils se desfioyent de luy, et que par la mort de luy et de Coconnas ils feroyent trouver leur cause bonne, et feroyent encores lever les armes. Quant au mareschal de Danville, dit qu'il tient le Languedoc tout perdu; et si luy respondant eut eu autre volonté que d'estre serviteur du Roy, il s'en fustallé, et a dit qu'il faudroit punir les grands. Le comte de Coconnas en frappant du pied dit : «Messieurs, vous voyez: les petits sont punis, et les grands qui ont fait la faute demeurent; il faudroit s'attaquer aux sieurs de Montmorency, Bouillon, Thoré et Turaine qui veulent troubler le royaume, comme on en void les effects.>>> La Mole, interrogué s'il sait quelque chose de l'entreprise faite contre le Roi à caresme prenant, et de la retraite qu'on devoit faire à la Bastille, dit qu'il en a ouy parler, mais ne le sait autrement. Le comte de Coconnas a dit au Roy qu'un jour que on faisoit des nopces en ceste ville, ceux de Montmorency devoyent faire quelque chose contre luy, puis faire leur retraitte dans la Bastille, et que la Nocle et Montegu en parloyent auprès du feu chez la Nocle, un jour de la semaine saincte. A esté remonstré ausdits prisonniers que le père de Tourtay avoit retenu une maison près Sainct-Antoine-desChamps, en laquelle il pouvoit recevoir gendarmerie de gens; et disoit ledit Tourtay que la Mole, Coconnas et plusieurs autres iroyent en ladite maison. Lesdits prisonniers ont dit qu'ils ne savent que c'est. 1 |