de monsieur le duc, et s'il sait l'entreprise, dit qu'il le conoit et ne sait rien de l'entreprise, mais que monsieur le duc avoit délibéré le mener avec luy; ne sait si le sieur de Mande l'a sceu.

Le comte de Coconnas a demandé à la Mole qui est un secrétaire nommé Poltrain; La Mole a respondu qu'iceluy a esté à monsieur et à madame de Montmorency, qui l'ont donné à monsieur le duc, auquel il portoit nouvelles de la part dudit sieur de Montmorency.

Coconnas a dit que cela est véritable, et que c'estoit ledit Poltrain qui venoit ordinairement botté et espéronné, et apportoit nouvelles à M. le duc de la part dudit sieur de Montmorency.

En la place de Grève, après le cry fait, la Mole, admonnesté de dire vérité, a respondu ne savoir autre chose qué ce qu'il a dit, qui est véritable; et supplie que ses debtes et serviteurs soyent payez,

Sur l'eschafaut, admonnesté de dire vérité et descharger sa conscience, a déclaré ce qu'il a dit estre véritable et ne charge personne à tort; que Grandry, Grandchamp et la Nocle savoyent la conspiration, et que Cosme n'en savoit rien; mais que Grandry le savoit, ce qu'il a répété par deux fois.

Luy a esté dit qu'il se mist à genoux, et, admonnesté de rechef de descharger sa conscience et dire vérité, a respondu ne savoir autre chose que ce qu'il a dit.

A esté bandé, tenant la croix à la manière acoustumée, et ainsi que le peuple chantoit Salve Regina, et en disant par ledit la Mole quelques oraisons, a esté décapité d'un seul coup.

Le comte de Coconnas sur ce interrogué a dit qu'il persiste en sa déposition, et supplie qu'on advertisse le Roy qu'il y a plusieurs grandes entreprises contre luy qu'il

ne sauroit spécifier, et combien que le Roy ait opinion qu'il fust meschant, néantmoins il auroit volonté de luy faire service, comme il a fait, et n'a rien dit par le procès qui ne soit véritable. Requiert qu'on vende ses biens pour payer ses debtes et acquiter ses serviteurs.

Estant sur l'eschafaut, il a dit encor qu'il persiste en sa déposition et ne sait autre chose; croid que les grands seigneurs savent l'entreprise, et ne sait si Grandry estoit de la conspiration; supplie le peuple de prier Dieu pour luy.

A esté mis à genoux, et après a supplié d'estre desbandé, ce qui a esté fait; a prié Messieurs que ses pauvres serviteurs fassent payez.

Pour la dernière fois admonnesté de dire vérité, et ayant respondu ne savoir autre chose que ce qu'il a dit, a esté incontinent décapité.

Copie de l'arrest de la cour de parlement.

Veu par la cour, les grand chambre et tournelle assemblées, le procès criminel et extraordinaire fait pour raison de la conspiration et conjuration faite contre l'Estat du Roy et son royaume, à la requeste du procureur-général du Roy, à l'encontre de Joseph Boniface, sieur de la Mole, prisonnier ès prisons de la Conciergerio du palais à Paris; conclusions dudit procureur-général; où et interrogué par ladite cour plusieurs fois iceluy de la Mole, sur les cas, crimes ou délits à luy imposez, et tout considéré, il sera dit que la cour a déclairé et déclaire ledit Boniface attaint et convaincu du crime de lèze majesté, et pour la réparation d'icelle l'a condamné à estre décapité sur un eschafaut qui sera dressé en la place de Grève, son corps mis en quatre quartiers qui seront

attachez à quatre potences qui seront mises hors les quatre principales portes de ceste ville, et sa teste mise sur un poteau qui sera planté en ladite place de Grève; a déclairé tous et chascuns les biens dudit la Mole acquis et confisquez au Roy. Et néantmoins, auparavant ladite exécution, la cour ordonne que ledit Boniface sera mis en torture et question, pour savoir par sa bouche ceux qui sont participans de ladite conspiration et conjuration.

Mesme arrest a esté donné contre Annibal de Coconnas. Iceux arrests ont estés prononcez et exécutez le 30 d'avril 1574.

FIN.

:

LA PRINSE

Laliet de Longe

DV COMTE DE MONTGOMMERY,

DEDANS LE CHASTEAV

de Donfron, par Monsieur de Matignon, Lieutenant en la basse Normandie, en l'absence du Duc de Bouillon.

Le leudy XXVII. de May, mil cinq cens soixante et quatorze.

Pour Nicolas du Mont demeurant

aupres le College de Reims.

1574.

AVEC PERMISSION.