vilèges que les ouvrans; lequel mot de bande doibt estre entendu qu'en une mine y a plusieurs fosses ou puys, et en chascune fosse ou puys y aura une compagnie d'environ vingt hommes pour travailler à profit commun; laquelle compagnie est appellée bande, surnommée du nom du plus apparent, et celuy qui les fournit est appellé maistre de bande, lequel se rembourse sur leur part et portion du revenu desdites mines. Et en faveur de l'ouvrage et donner plus grande occasion de continuer, les Roys de France ont affranchy de toutes choses quelconques les ouvrans actuellement, jusques au nombre de vingt personnes en chascune mine, auquel nombre sont compris le maistre de la bande, fournisseurs et associez, ainsi qu'il est plus à plain contenu ès lettres de ce expédiées par commandement des Roys Charles huictiesme, dactées du mois de febvrier mil quatre cens quatre-vingt et trois, confirmées par Loys douziesme au moys de juing mil quatre cens quatre vingt-dix-huit, François premier, le dix-septiesme octobre mil cinq cens vingt, et Henry deuxiesme, du mois de septembre mil cinq cens quarante-huit, et vingtiesme mars mil cinq cens cinquantequatre. Le semblable est faict ès mines d'Allemagne, comme on peut juger par la signification du nom des villes de Fribourg, qui signifie francbour, lesquelles ont esté basties et augmentées par le moyen de l'ouvrage desdites mines. Sigismond, duc d'Austriche, fut le premier qui donna les privilèges aux ouvriers des mines de Schwaths du comte de Tyrol. Au surplus, la police y est comme en une république; car pour la sureté des ouvriers et des matières, il intervient la sauvegarde du prince. Il y a un maistre général, qui a égard sur l'ouvrage de toutes les mines et puissance de faire fouiller toutes autres qui seront trouvées, en quelque lieu du pays qu'elles soient situées et assises, hormis soubz villes, églises, chasteaux et autres gros édifices (en dédommageant le propriétaire de la terre, au cas qu'il n'y veult faire travailler. Il y a aussi un controlleur général pour faire la description des matières et de ce qu'elles rendent; plus, il y a en chascune mine un juge royal, un procureur du Roy, un greffier et un sergent, pour administrer la justice, et vuider les différends qui interviennent entre les ouvriers pour raison desdites mines. Duquel juge les appellations ressortissent sans moyen en la cour des monnoyes, à laquelle la superintendance desdictes mines est attribuée. Davantage en chascune desdites mines y a une garde pour assister aux affinaisons et pesées desdictes matières, et tenir fidèle registre pour la conservation des droicts d'un chascun, et se donner garde que les matières propres à fabriquer monnoyes ne soyent transportées hors le païs, mais employées en monnoye aux coings et armes du prince. Les mines d'argent de France ne sont aucunement dangereuses, hors l'eau qui y sourd quelquefois, qu'il fault soigneusement vuider, et esboulement de terre quand elles sont mal estampées. Il n'y a aucunes mauvaises vapeurs ne bestes dangereuses, qui fait que les habitants des lieux entreprennent volontairement l'ouvrage. La manière de tirer la mine est semblable à celle de tirer le moillon ou marne. On faict premièrement un puyts profond à l'endroict du fillon, lequel puyts est estayé de pièces de bois. Les ouvriers descendent par des eschelles, ou bien le long d'un chable qui est attaché à une roue mise sur le puyts pour vuider et tirer avec des seaux la terre au mine. Les ouvriers estans sur le fillon le despècent, et suyvent tousjours en fouillant soubs la terre, qu'ils estayent soigneusement craignans qu'elle ne fonde. Et sid'a venture le fillon traverse quelque roche, sielle est petite, ils minent à costière pour reprendre le fillon par derrière; mais si elle est si grosse qu'elle ne se puisse tournoyer sans grandz fraiz, peine et danger, lors on la brusle à force de bois et charbon; puis estant recuitte et bruslée, est facilement rompue et brisée avec martaulx de fer, qui est le moyen duquel usa Hannibal pour rompre les rochers en traversant les Alpes; il est vray qu'il y adjousta du vinaigre. Quand la mine est si profonde et advant souls terre que l'air défault aux ouvriers, on a de coustume user de soufflets dans la mine pour donner quelque vent, ou mettre sur la gueulle du puyts des moulins eslez en forme de moulins à vent, qui chassent et poussent l'air dans la mine. La mine est tirée de terre dans des seaux, par des moullinets mis sur la gueulle du puyts; estant tirée, elle est rompue et brisée le plus menu qu'on peult, puis es brouée en lavoyrs accoustrez de planches, seichée, et, pour évaporer tout ce qu'elle contient de mauvais, et infect (comme arcenic, soulfre et antimoine), on la brusle sur un bucher dressé en forme de charbonnier, et le tout recueilli est criblé. Et celle qui ne peult passer par le crible est réduicte en poudre entre les meules ou dans le mortier, et encore lavée au plat, seichée, recuite, et enfin rejetée en la fournaise et réduicte en fonte, laquelle est affinée selon la qualité de la matière. Si c'est argent, la fonte venant de la fournaise est dicte plomb pelu, lequel est affiné à la cendre, sur laquelle l'argent affiné se prend, et la cendrée reçoit le plomb; laquelle cendrée battue devient litarge; et enfin jettée en la fournaise est réduicte en plomb; vray est qu'elle diminue d'une quatriesme partie. Et quand c'est or, la fonte tient d'or et d'argent, ou d'or et de cuivre, et quelques fois de tous les trois ensemble, lesquelz il convient mettre au départ. Aucuns usent d'antimoine pour l'affiner, mais toujours fault passer par le départ ce qui est demeuré en la loupe qui provient de l'antimoine. Et après que lesdictes matières sont réduictes en leur perfection, on se doit donner garde qu'elles ne soient pillées, y estans subjectes de tout temps, comme nous lisons de l'or des mines de Colchos; lequel, ores qu'il fut soi· gneusement gardé et reserré dans sacs faictz de peaulx de mouton, ne délaissa d'estre pillé par Jason, lequel vol les poëtes ont couvert de la conqueste d'une toison d'or ce qui eut esté imputté à larecin à un petit compaignon ; *pour à quoy évitter, le garde de la mine doibt mettre lesdictes matières en lieu seur, et le plustost qu'il est possible le départir selon les droictz d'un chascun, suivant les ordonnances. Qui est la fin de l'ouvrage desdictes mines, lequel ouvrage j'ay trouvé nécessaire faire entendre à un chascun, pour autant que plusieurs mines ont esté trouvées en ce royaume, lesquelles ont esté délaissées et estimées de nulle valeur pour ne sçavoir le moyen de les affiner, ainsi que aucuns qui en ont faict l'essay m'ont certifié; où, quand ilz sçauront le moyen d'en tirer le fin desdictes matières, ilz apporteront prouffit et commodité à la chose publicque. FIN DU HUITIÈME VOLUME. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES EN CE VOLUME. Lettre du seigneur de La Vieuville au Roy. .. Arrest mémorable de la cour du parlement de Dôle contre Gilles Gar- Discours de la famine de Sancerre, par Jean de Lery. Le Tumulte de Bassigni, par Lebon, médecin du cardinal de Guyse. Pages 1 7 13 19 85 95 Epistre narrative de la procession générale faicte à Paris le 7 juin 1573. La prinse du comte de Montgommery dedans le chasteau de Donfron, Discours de la mort et exécution de Gabriel, comte de Montgommery. 239 ce nom.. 1 255 Histoire contenant un abrégé de la vie, mœurs et vertus du Roy très chrestien Charles IX, par Sorbin, dit de Saincte-Foy, son prédica- Dépenses faites à l'entrée de la Royne à Paris, en 1571 Extraits du Trésor des chartes. - Lettres de grâce. Lettre de légitimation. Statuts de la communauté des maîtres paticiers, oublayers. Bataille simulée. Ordonnances de M. de Chastillon sur la discipline militaire. 360 371 375 377 387 595 403 Choses notables et qui semblent dignes de l'histoire, omises aux dis- Des mines d'argent trouvées en France, ouvrage et police d'icelle, 421 FIN DE LA TABLE, |