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"doit avoir un grand mérite à ses yeux; que dans

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ma position femelle je suis dans la misère avec "les bienfaits du feu roi, qui suffiraient pour un capitaine de dragons, mais qui sont insuffisans pour l'état qu'on m'a forcé de prendre. Il doit "surtout comprendre que le plus sot des rôles à દ jouer est celui de pucelle à la cour, tandis que

je puis jouer encore celui de lion à l'armée. Je "suis revenue en France sous vos auspices, Mon"seigneur, ainsi je recommande avec confiance 66 mon sort présent et avenir à votre généreuse "protection, et je serai toute ma vie avec la plus scrupuleuse reconnaissance, Monseigneur,

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6.6 votre, etc.

Signé la chevalière d'Eon,”

Lettre d'envoi de la chevalière d'Eon à plusieurs grandes dames de la cour.

"Madame la duchesse,

"Je vous supplie instamment de protéger auprès des ministres du roi le succès de mes de"mandes énoncées dans la copie de la lettre ci"jointe à M. le comte de Maurepas, pour aller "servir comme volontaire sur la flotte de M. le

comte d'Orvilliers, prévoyant qu'il y aura encore "moins de guerre sur terre cette année que la der"nière. Vous portez, Madame, un nom familia"risé avec la gloire militaire; comme femme, vous "aimez celle de notre sexe. J'ai tâché de la sou

"tenir pendant la dernière guerre en Allemagne, "et en négociations dans les différentes cours de l'Europe pendant vingt-cinq ans. Il ne me reste

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plus qu'à combattre sur mer avec la flotte royale.

J'espère m'en acquitter d'une façon que vous "n'aurez nul regret de protéger la bonne volonté "de celle qui a l'honneur d'être, avec un profond 66 respect, etc.

"Signé la chevalière d'Eon."

Mademoiselle d'Eon ayant donné à ces deux lettres une publicité fort indiscrète, et ayant fait paraître en même temps une généalogie de sa maison où elle n'a pas craint de compromettre plusieurs familles illustres qui sont peu curieuses de son alliance, a été exilée dans son château près de Ton

nerre.

La pièce de vers suivante, dont il court des copies manuscrites, est certainement d'un auteur exercé; mais elle excite la curiosité autant par la licence des idées que par le talent qui s'y fait remarquer.

Les Paradis.

L'autre monde, Zelmis, est un monde inconnu

Où s'égare notre pensée.

D'y voyager sans fruit la mienne s'est lassée ;

Pour toujours j'en suis revenu.
J'ai vu dans ce pays des fables

Les divers Paradis qu'imagina l'erreur:
Il en est bien peu d'agréables;

Aucun n'a satisfait mon esprit et mon cœur.

Vous mourez, nous dit Pythagore;

Mais sous un autre nom vous renaissez encore,
Et ce globe à jamais est par vous habité.
Crois-tu nous consoler par ce triste mensonge,
Philosophe imprudent et jadis trop vanté?
Dans un nouvel ennui ta fable nous replonge.
Mens à notre avantage, ou dis la vérité.

Celui-là meutit avec grâce

Qui créa l'Elysée et les eaux du Léthé.
Mais dans cet asile enchanté

Pourquoi l'amour heureux n'a-t-il pas une place?
Aux douces voluptés pourquoi l'a-t-on fermé ?
Du calme et du repos quelquefois on se lasse;
On ne se lasse point d'aimer et d'être aimé.
Le Dieu de la Scandinavie,

Odin, pour plaire à ses guerriers,

Leur promettait dans l'autre vie

Des armes, des combats et de nouveaux lauriers.
Attaché dès l'enfance aux drapeaux de Bellone,
J'honore la valeur, à d'Estaing j'applaudis ;
Mais je pense qu'en Paradis

On ne doit plus tuer personne.

Un autre espoir séduit le nègre infortuné
Qu'un marchand arracha des déserts de l'Afrique.
Courbé sous un joug despotique,

Dans un long esclavage il languit enchaîné.
Mais quand la mort propice a fini ses misères,

Il revole joyeux au pays de ses pères,

Et cet heureux retour est suivi d'un repas.

Pour moi, vivant ou mort, je reste sur vos pas.
Non, Zelmis, après mon trépas,

Je ne chercherai point les bords qui m'ont vu naitre : Mon Paradis ne saurait être

Aux lieux où vous ne serez pas.

Jadis au milieu des nuages

L'habitant de l'Ecosse avait placé le sien.
Il donnait à son gré le calme ou les orages;
Des mortels vertueux il cherchait l'entretien.

Entouré de vapeurs brillantes,

Couvert d'une robe d'azur,

Il aimait à glisser sous le ciel le plus pur,
Et se montrait souvent sous des formes riantes.
Ce passe-temps est assez doux ;

Mais de ces sylphes, entre nous,

Je ne veux point grossir le nombre.

J'ai quelque répugnance à n'être plus qu'une ombre;
Une ombre est peu de chose, et les corps valent mieux;
Gardons-les. Mahomet eut grand soin de nous dire
Que dans son Paradis on entrait avec eux.

Des houris c'est l'heureux empire;
Là, les attraits sont immortels;

Hébé n'y vieillit point; la belle Cythérée,
D'un hommage plus doux constamment honorée,
Y prodigue aux élus des plaisirs éternels.
Mais je voudrais y voir un maître que j'adore,
L'Amour qui donne seul un charme à nos désirs,
L'Amour, qui donne seul de la grâce aux plaisirs.
Pour le rendre parfait, j'y conduirais encore

La tranquille et pure Amitié,

Et d'un cœur trop sensible elle aurait la moitié.
Asile d'une paix profonde,

Ce lieu serait alors le plus beau des séjours;

Et ce Paradis des amours,

Si vous vouliez, Zelmis, on l'aurait en ce monde.

CHANSON sur le Printemps, par M. de Cérutti.

Le printemps, ma Glycère,
Vient ranimer ces lieux pour nous

Profitons, ma bergère,

D'un moment si doux.

A sa première aurore

Le ciel semble être encore;
Sur le monde enchanté

Descend la beauté

Et la volupté.

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