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dans cette recherche ?). MM. Boyer, de Chaban, Le Héricher et Joret prennent successivement la parole.

M. BOYER, président de la Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher, veut appeler l'attention sur les noms hybrides ou tautologiques, c'est-à-dire composés de plusieurs éléments empruntés d'ordinaire à des idiomes différents et se traduisant les uns les autres.

M. DE CHABAN, membre de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, établit que les noms propres sont presque toujours des sobriquets, et qu'il faut chercher l'origine des noms de lieu dans le langage populaire; ils ont un parrain mystérieux qui s'appelle tout le monde.

M. LE HÉRICHER, président de la Société d'archéologie, littérature, sciences et arts d'Avranches et de Mortain, fait l'éloge des savants qu'a produits la Normandie, et indique quelle est, à son avis, la méthode à suivre; il faut, dit-il, vérifier la nature du sol (montagnes, vallées, rivières, etc.); il faut ensuite tenir compte des événements historiques et de l'occupation du pays par les Gaulois, par les Romains, par les peuples d'origine germanique ou scandinave. M. Le Héricher proteste contre les mutilations dont les noms anciens ont été l'objet, même sur les documents officiels; c'est ainsi, dit-il, que la paroisse de Mil-Suiates est devenue la commune de Mille-Savates, etc.

M. JORET, professeur de littérature étrangère à la Faculté des lettres d'Aix, parle des noms de lieu d'origine germanique du nord de la France. Il prouve que dans l'Artois, en Normandie, en Lorraine, beaucoup de localités ont des noms empruntés au scandinave, langue des Normands; au bas-allemand, langue des Francs Saliens; au haut-allemand, dont se rapprochait l'idiome parlé par les Francs Ripuaires. M. Joret cite à l'appui de sa thèse un grand nombre d'exemples concluants.

M. FORESTIE, Secrétaire de la Société archéologique de Tarn-etGaronne, a envoyé un mémoire dans lequel il recommande l'étude attentive des listes cadastrales. Le président rend compte de cette communication dont il fait l'éloge.

La 2o et la 3o question du programme ne donnent pas lieu à des communications verbales. M. GuYOT, membre de la Société d'archéologie lorraine et de l'Académie Stanislas à Nancy, a envoyé un mémoire sur les villes neuves en Lorraine.

Sur la 4 question (Pèlerinages. Quelles routes suivaient ordinairement les pèlerins français qui se rendaient en Italie ou en TerreSainte?), il est donné lecture d'une communication de M. FORESTIÉ, relative à un livre des comptes du XIVe siècle, trouvé aux archives du département de Tarn-et-Garonne, et déjà signalé par M. Forestié aux congrès de 1881 et de 1882. Pour aller de Montauban à Rome, le pèlerin passait par Albi, Montpellier, Nîmes, Avignon, Carpentras, Embrun, Briançon, Suze, les Alpes, la haute Italie; il faisait environ 10 lieues par jour, en deux étapes de 20 à 25 kilomètres; il faisait la route à cheval en vingt-trois jours, depuis Avignon.

La séance est levée à 4 heures et demie et renvoyée au lendemain mercredi, à 9 heures, pour les communications en dehors du programme, à 2 heures pour les autres.

Le Secrétaire de la Section d'histoire et de philologie,

A. GAZIER,

Membre du Comité.

SÉANCE DU MERCREDI 28 MARS 1883.

MATIN.

PRÉSIDENCE DE M. LÉOPOLD DELISLE.

La séance est ouverte à 9 heures.

M. DURIEUX, membre de la Société d'émulation de Cambrai, analyse un document relatif aux corps de métiers avant le xvr® siècle, qu'il a trouvé aux archives de Cambrai. Les huit premiers feuillets d'un registre malheureusement incomplet contiennent un règlement concernant les déchargeurs de vin en l'année 1239. Ils étaient nommés par les magistrats, assermentés, payés à raison de 10 à 4 deniers par jour; ils pouvaient négocier leurs charges; ils venaient au secours les uns des autres en cas de maladie.

Un manuscrit du xve siècle, également trouvé aux archives de Cambrai, fail connaître les règlements de police appliqués depuis l'année 1406 aux gens de métier, marchands, etc. Tout est réglé avec la dernière précision; la bonne foi, la sécurité des gens, sont assurées dans la mesure du possible; les magistrats ont réglementé la durée du travail, les rapports des maîtres avec les apprentis, etc.

M. DELISLE, remerciant M. Durieux de cette communication, estime qu'il serait bon de publier ces documents d'une véritable importance, surtout le premier.

M. CASTONNET-DESFOSSES, membre de la Société académique indochinoise, fait connaître, d'après un certain nombre de documents inédits qu'il a trouvés soit aux archives du Ministère de la marine et aux Archives nationales, soit aux archives de India-House, à Londres, la très curieuse histoire de Pondichéry au xvII° siècle. Fondé en 1674 par un Parisien appelé François Martin, le beau village (car telle est la signification étymologique du nom de Pondichéry) devint en 1686 une petite ville composée de deux villes distinctes, la ville noire, habitée par les indigènes, la ville blanche, où 225 Français environ logeaient dans des maisons faites en co

quilles. Le commerce de cette ville consistait surtout en draps de Montpellier et en vins de Bordeaux. Assiégé avec 600 hommes par 10,000 Hollandais durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, Martin est pris, puis rendu à la liberté; il bàtit une citadelle et meurt en 1706. Ses Mémoires, ou plutôt son Journal, existent aux Archives; son oraison funèbre également.

M. Castonnet-Desfosses termine en donnant l'étymologie de Mahé (appelée Mayé bien avant l'arrivée de Mahé de la Bourdonnays) et celle de Chandernagor, la ville de la lune, ainsi appelée d'un nom sanscrit en raison de sa situation en demi-cercle.

M. DE L'ESTOURBILLON, membre de la Société des bibliophiles bretons, parle des frairies du Comté nantais, qu'il rattache aux anciens clans bretons dont l'organisation avait été heureusement modifiée au Ive siècle par le christianisme. M. de l'Estourbillon se propose d'établir que les frairies sont des divisions territoriales, des portions de paroisses, et qu'il ne faut pas les confondre avec les confréries et autres corporations religieuses; il montre que ces frairies, longtemps florissantes, ont laissé des traces profondes de leur ancienne organisation.

Gelle communication donne lieu à un échange d'observations entre MM. Delisle, Hardouin, Maggiolo et Castonnet-Desfosses, M. Delisle craint que le lien par lequel les frairies sont rattachées aux anciens clans ne soit pas assez solide; il voudrait que M. de l'Estourbillon pût donner en appendice les statuts de quelques-unes de ces frairies, pour bien montrer que les frairies sont vraiment distinctes des charités et autres confréries. M. Castonnet-Desfosses dit qu'à l'île Bourbon, vraie colonie bretonne, il y avait au xvi1° siècle des traces de ces frairies dont parle M. de l'Estourbillon, Le chef de la frairie, appelé homme de vertu, entendait en confession, en l'absence des prêtres, les confrères malades; il écrivait ces confessions, les transmettait ensuite, à l'occasion, au premier prêtre qu'il rencontrait, et le confrère mort recevait une absolution posthume. M. de l'Estourbillon a retrouvé dans le Comté nantais l'équivalent de ces hommes de vertu.

M. l'abbé RANCE, professeur de morale à la Faculté de théologie d'Aix, annonce qu'il a trouvé au château d'Anhalt, en Allemagne, vingt lettres inédites de Fénelon. Ces lettres sont adressées presque

toutes à une princesse de Salm, chanoinesse de Remiremont. De ces vingt lettres, dont quelques-unes sont autographes, les neuf ou dix premières sont relatives à un procès que la princesse MarieChristine de Salm soutenait à Paris, entre les années 1693 et 1695. Les autres, écrites de 1700 à 1710, sont des lettres de direction; une de ces dernières est relative à l'état de misère dans lequel se trouvait une princesse de Darmstadt. M. Boissier juge importantes les premières de ces lettres; il trouve qu'elles justifient le portrait que Saint-Simon a tracé de Fénelon. M. Delisle invite M. l'abbé Rance à publier in extenso ces lettres si curieuses.

M. CHÉNUAU, vice-président de la Société industrielle et agricole d'Angers et du département de Maine-et-Loire, donne lecture d'une description faite par lui, en 1882, des principaux monuments de Londres.

La séance est levée à 11 heures et demie.

Le Secrétaire de la Section d'histoire et de philologie,

A. GAZIER,

Membre du Comité.

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