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sa gloire, elle s'est immortalisée des talens qui ne faisaient que relever l'éclat de ses vertus. La moderne Corine mourut dans le château de Lamasquere près de Toulouse, en 1745, âgée de quatre-vingt-quatre ans, après avoir conservé jusqu'à cet âge toute la vivacité et les charmes de son esprit.

III. CATELLAN (JEAN DE), de la même famille que les précédens, fut évêque de Valence en Dauphiné, et mourut en 1725, après vingt ans d'épiscopat. On a de lui des Instructions pastorales adressées aux nouveaux convertis de son diocèse, dans lesquelles il leur parle comme un père à ses enfans, et montre le plus grand zèle pour la foi et le maintien de ses fidèles; aussi fut-on sensible à sa perte. Il a encore donné les Antiquités de l'Eglise de Valence, 1724, in-4, ouvrage rempli de recherches curieuses et intéressantes; le troisième livre sur-tout offre une excellente discussion sur le troisième concile de Valence.

IV. CATELLAN (FRANÇOISAMABLE DE), né à Toulouse au mois d'Août 1698, d'une famille ancienne et féconde en hommes de mérite, quitta ses études à l'âge de douze ans, pour entrer au service; mais bientôt renonçant à l'état militaire, pour embrasser celui d'ecclésiastique, il reprit ses études, fut pourvu d'un canonicat, et alla cultiver les sciences et acquérir les vertus ecclésiastiques au séminaire de Saint-Magloire à

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Paris; il en revint à l'âge de vingttrois ans, pour se mettre en possession de la grande chantrerie de la cathédrale qu'un de ses grands oncles lui avait résignée. Cette dignité, qui lui donnait la police d'un chœur fort nombreux, mit souvent aux prises avec ses confrères qu'il aimait, et dont il était aimé; mais dépositaire des droits de sa place, il se croyait obligé de les conserver. Bientôt après, le chapitre, qui avait appris à ses dépens combien il connaissait les lois, et combien il était propre aux affaires, le chargea de la défense de ses prétentions, et il eut un entier succès. On découvrit en lui des qualités, des connaissances qu'il avait cachées avec soin, une vaste érudition, du talent et du goût, et sur-tout une passion pour l'étude de la nature: la société des sciences le rechercha, et se l'attacha en qualité de botaniste. Le jardin des plantes lui fut confié, et les avan tages que le public en retira, tour nèrent ses regards vers la société naissante, qui le nomma son tréSorier. Il mourut le 9 Octobre 1776; il légua à l'académie une petite collection de curiosités naturelles. Ayant augmenté son patrimoine par son esprit d'ordre et d'économie, il donnait aux pauvres ses revenus ecclésiastiques. Plus de vingt ans avant sa mort, s'étant dépouillé d'un prieuré considérable, il disait qu'on l'avait soulagé d'un grand fardeau.

I. CAULET (FRANÇOISETIENNE DE), né à Toulouse,

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19 Mai 1610, d'une famille distinguée dans la robe et au parlement, dont le père était président, après avoir fait ses études à Toulouse, vint à Paris terminer sa théologie en Sorbonne. Doué d'un caractère aimable et enjoué, l'abbé de Foix (c'est le nom qu'il portait alors) entra dans le monde, et s'y fit accueillir honorablement. Le Père Condren, général de l'Oratoire, s'apercevant qu'il n'aimait pas assez sa vocation, chercha à le rappeler à l'esprit de son état, dont il ne s'écarta jamais. A l'âge de dix-sept ans, il fut élu abbé de Saint-Volusien de Foix, et par ses soins et ses libéralités, il établit les chanoines réguliers de Sainte-Geneviève. Les habitudes qu'il avait eu avec Ollier, curé de Saint-Sulpice à Paris, et Vincent de Paul, général des missions, lui inspirèrent des préventions contre l'abbé de SaintCyran; mais depuis il changea de sentiment, comme on peut le voir par un acte du 20 Octobre 1671, imprimé, en 1679, à la tête des OEuvres spirituelles et chrétiennes de l'abbé de SaintCyran. Il remit son abbaye entre les mains du roi quelque temps avant sa nomination à l'évêché de Pamiers, qui arriva le 14 Juin 1644 il succéda à Sponde. Il reçut ses bulles de la cour de Rome le 16 Janvier de l'année suivante, et fut sacré évêque dans l'église paroissiale de SaintSulpice, le 5 Mars; le 12, il prêta serment de fidélité, et se

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rendit immédiatement dans son diocèse: il fit son entrée à Pamiers le dimanche des Rameaux. Les guerres civiles avaient entièrement désolé ce diocèse; le clergé se trouvait dans un déréglement absolu, la piété régnait peu parmi le peuple. Douze (1) chanoines réguliers ne voulaient point se soumettre à son autorité ; il vint à bout de remédier à tout cela, et d'arrêter de si grands désordres. Le revenu de son évêché était de 24,000 livres de rente par an : les canons lui assignaient le tiers pour son entretien, il se contenta du quart; tout le reste fut destiné à soulager les pauvres, à doter son séminaire, et à réparer les lieux consacrés au service divin. Il obtint des bulles du pape Alexandre VII, et des lettres patentes du roi, pour réformer son chapitre, et créer de nouveaux chanoines à mesure que les anciens mouraient. Il établit trois séminaires; dans les deux premiers, on élevait des enfans dès leur tendre jeunesse, et le troisième était destiné à former des régentes pour instruire les filles de tous les lieux de son diocèse; il établit aussi un asile pour les jeunes gens qui se destinaient à prendre les ordres sacrés, et un autre pour les pauvres prêtres infirmes. Il faisait de fréquentes visites dans son diocèse; il allait jusque dans les moindres villages, et prêchait par-tout, dans le

(1) Son prédécesseur Sponde les appelait les douze léopards.

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ce qu'il avait fait. Sa maison était le rendez-vous de tous les pauvres, et lui-même allait porter des secours à ceux que la honte empêchait de se présenter à lui. C'est daus ses propres épargnes qu'il trouva le moyen de satisfaire à d'immenses charités. Son savoir éminent le faisait consulter par tous les ecclésiastiques de son diocèse. L'abbé de Rancé, célèbre par ses talens, fut un de ceux qui suivirent ses conseils; il se démit de ses bénéfices, et ne conserva seulement que l'abbaye de la Trappe. Caulet devait jouir en paix des bienfaits qu'il répandait tous les jours sur les malheu reux; mais les affaires du jansé nisme et de la régale vinrent affliger son cœur, et porter le trouble dans son diocèse. Il avait toujours marqué de l'aversion, dans ses jeunes années, pour la maison de Port-Royal; ses liaisons avec l'évêque d'Aleth son ⚫ voisin, le réconcilièrent avec cette société, et lui firent épouser sa cause dans la fameuse distinction du fait et du droit sur la signa

ture du formulaire d'Alexandre VII, distinction qui, après avoir excité un schisme affligeant, avait amené enfin la paix de Clément IX. Le roi fit une déclaration le 10 Février 1673, par laquelle il déclara que le droit de régale lui appartenait universellement sur tous les archevêchés de son royaume; et en conséquence il enjoignit à tous archevêques et évêques qui lui avaient auparavant prêté serment de fidélité, d'obtenir des lettres de main levée, et de les faire enregistrer dans deux mois à la chambre des comptes, et que faute d'y satisfaire dans ledit temps, la régale serait déclarée ouverte dans leur diocèse. Quelques évêques des provinces qui ne se croyaient pas en droit d'obéir, firent difficulté d'exécuter cette déclaration du roi; mais il n'y eut que les évêques de Pamiers et d'Aleth qui s'y opposèrent formellement. Le premier publia une ordonnance le 27 Avril 1677, par laquelle il déclara que, conformément au concile de Lyon, il ne pouvait consentir à l'extension de la régale qui n'avait jamais eu lieu dans son diocèse, et que son église étant régulière et réformée, c'était encore une nouvelle raison qui l'empêchait de reconnaître ce droit. Cette ordonnance fut cassée par l'archevêque de Toulouse sur ces entrefaites, l'évêque d'Aleth mourut; rien ne put détourner Caulet des démarches qu'il avait entrepris; il répondit au jugement qu'on avait obtenu

contre lui, par un acte daté du 18 Octobre 1667, et le 26 du même mois, il fit signifier un appel de son jugement au SaintSiége. Cette démarche irrita la cour contre lui; ses revenus furent saisis. Innocent XI prit son parti, et cela fut cause d'une division entre la cour de Rome et celle de France, qui dura jusqu'à la mort de ce pape: mais Caulet n'eut pas la satisfaction de voir terminer cette lutte, étant mort le 7 Août 1680, âgé de soixantedix ans et trois mois. Louis XIV avait voulu faire venir à Paris les deux prélats opposans. «Gar» dez-vous en bien, sire, lui dit » Bossuet; les peuples, qui les >> regardent comme deux saints >> persécutés, accourraient sur leur » passage pour les honorer com» me des martyrs, et leur deman» der leurs bénédictions. » Le Pelletier Destouches, retiré à l'abbaye de Saint-Cyran, apprenant la triste situation où se trou. vait l'évêque de Pamiers, lui fit passer une somme de deux mille écus; cela étant parvenu à la cour, on proposa en plein conseil de faire enfermer le Pelletier Destouches, comme soutenant un rebelle. «<Lorsque j'ai fait >> saisir le temporel de M. de Pa» miers, répondit le monarque, >> je n'ai pas prétendu qu'il mou» rût de faim, ni empêcher qu'on >> l'assistât; il ne sera pas dit que » sous mon règne on aura puni » quelqu'un pour avoir fait un >> acte de charité. » On a de cet évêque, I. Relation de ce qui

s'est passé sur le différent entré M. l'évéque de Pamiers et les Jésuites du collège, avec une lettre circulaire à tous les évéques de France, 1668, in-4.°; ÍI. Inventaire des pièces concernant la Régale du diocèse de Pamiers, 1681, in-4.° et in-12; III. Mémoire des ruses et des artifices dont se sont servis les Chanoines de Pamiers, pour éloigner la vie régulière: il est resté manuscrit. On publia, en 1734, des mémoires sur la vie de M. de Caulet. Sa vie fait partie de celle des quatre évêques engagés dans la cause de PortRoyal, Cologne 1756, in-12.

II. CAULET (FRANÇOISETIENNE DE), né à Toulouse d'un président au parlement, le 6 Avril 1693, et mort le 27 Septembre 1771, était petit neveu du précédent. En 1726, il fut nommé à l'évêché de Grenoble, et l'année suivante on l'envoya au concile d'Embrun pour être un des juges de Soanen, qui y fut déposé de l'évêché de Senez. Caulet était un homme laborieux et bienfaisant; il connaissait parfaitement les lois, et venait quelquefois prendre place au parlement à côté du président sa qualité de prince de Grenoble lui donnait séance. Jamais il ne faisait réponse aux lettres qu'on lui envoyait; mais s'il s'agissait de quelque affaire impor tante, il se rendait sur le champ, en personne, à l'endroit du différent. On l'a vu souvent aimer mieux faire trente ou quarante

lieues, que d'écrire une lettre. On vénère encore sa mémoire dans son diocèse; l'opération de la pierre, qu'il fut obligé de soutenir sur la fin de ses jours, accé lera sa mort. Nous avons de ce prélat respectable quelques ouvrages, qui sont aujourd'hui plutôt consultés que lus, à cause du grand nombre de citations dont ils sont chargés, ce qui en rend la lecture pénible. I. Instruction pastorale sur le Sacrement de Pénitence et sur la Communion, Grenoble 1749, in-4.; quoiqu'elle soit dirigée contre le livre du Père Pichon, ni ce père, ni son livre ne se trouvent nommés une seule fois, tant il craignait de se compromettre avec les frères de l'auteur. II. Trois lettres en réponse aux lettres ne repugnata. III. Discours sur l'attentat commis par Damien, contre la personne de Louis XV, Grenoble et Paris 1757, in-4. On donna des éloges à l'auteur d'avoir défendu, avec tant de zèle, les principes de la souveraineté. IV. Dissertation sur les actes de l'Assemblée du Clergé de 1765, en trois parties, Grenoble 1767 et 68, ouvrage volumineux qui n'eut pas de succès, et qui valut cependant à l'auteur un bref de Clé

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ment XIII. La ville de Grenoble possède aujourd'hui sa bibliothèque, composée de plus de vingt mille volumes; elle l'a rendue publique, et l'a enrichie de nouvelles acquisitions. CAUMELS RAYMOND DE),

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naquit à Toulouse, le 25 Octobre 1687, d'une ancienne famille établie dans cette ville depuis plus de trois siècles. Doué de tous les agrémens de l'esprit et du corps, aimable, vif et enjoué, en un mot, fait pour la société il préféra l'étude aux plaisirs. Ayant embrassé la partie de la magistrature, il pouvait aspirer à des places distinguées; mais il préféra, au contraire, suivre la profession d'avocat, uniquement pour se vouer à la défense de ces plaideurs que leur indigence force d'abandonner leurs droits à leurs oppresseurs. Il ne voulut jamais avoir d'autres cliens, et il en eut beaucoup. Un de ses ancêtres, Pierre Caumels, avait été avocat général sous Henri IV, et s'était fait remarquer par sa charité, en sacrifiant son bien à une infinité de malheureux. Lorsque la société des sciences se forma, Raymond Caumels obtint une pl. ce d'associé libre: il n'y lut point d'ouvrages; les recherches lui auraient ravi un temps consacré à l'étude pour la défense de ses cliens'; mais, avec cela, il n'en fut pas moins utile à la société naissante. Le travail forcé auquel il se livra lorsqu'il fut nommé l'un des directeurs de l'hôpital général, épuisa ses forces. Il mourut le 3 Octobre 1746; l'abbé de Sapte, secrétaire perpétuel de l'académie, prononça son éloge le 25 Août 1747.

CAYROL (N. DE), capitaine au corps royal d'artillerie, et ingénieur militaire, servit avec

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