Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

cesse à se réfugier dans l'église de la Daurade, asile alors sacré et involable, et d'où Didier n'osa pas l'arracher par violence; mais violence; mais on la décida à en sortir, et elle fut envoyée en exil. Didier signala sa trahison par ses excès envers Magnulfe, évêque de Toulouse, qui refusa de reconnaître Gondebaud pour son souverain, après que le prince, aidé de Didier, se fut emparé de cette ville. Mais l'inconstance de Didier ne lui per mit pas de conserver long-temps les mêmes sentimens. En 585, il abandonna tout à coup la cause de Gondebaud, lorsque les rois Gontran et Childebert que l'usurpateur menaçait également, se furent réunis. Didier se retira dans quelques châteaux fortifiés de l'Albigeois, où il attendit les événemens. Gondebaud, trahi à son tour, périt assassiné sous les murs de la ville de Comminges. Didier alors employant avec succès la médiation du saint abbé Yrier, non seulement obtint le pardon de Gontran, mais encore il reçut de ce prince le gouvernement du duché de Toulouse, qui appartenait alors à Gontran. Ainsi, grâces à ses ruses, le duc, ambitieux, fut le seul qui se retira sans dommage d'une entreprise qui eût dû le conduire à l'échafaud; mais alors, comme aujourd'hui, les coupables puissans ont su toujours éviter les justes châtimens mérités par leur perfidie. En 587, Gontran rendit à Childebert l'Albigeois. Cette restitution inquiéta d'autant plus

Didier, qu'outre qu'il perdait par là une partie de son gouvernenent, il craignait qu'en conti nuant son séjour daus l'Albigeois, où il se plaisait beaucoup, et où il avait son patrimoine, Childebert ne le punît pour s'être emparé autrefois de la ville d'Albi sur le roi Sigebert son père. Dans cette crainte, le duc prit le parti d'abandonner au plutôt ce pays, et d'aller avec sa femme Tétradie, ses enfans et les biens qu'il put emporter, fixer sa demeure dans le Toulousain, qui demeura toujours sous la domination de Gontran. Les Visigots possédaient une partie de la Septimanie; le peuple de ce pays se révolta contre le roi Reccarède, en haine de ce qu'il avait abjuré les erreurs de l'arianisme, pour rentrer dans le sein de l'église catholique. Les rebelles appellèrent Didier, se flattant de lui faciliter la conquête des possessions de Reccarède en deçà des Pyrénées; le duc s'empressa de les écouter; il marcha contre Carcassonne qu'il investit, mais qu'il ne put surprendre ainsi qu'il l'avait espéré. Les généraux du monarque visigot ayant défait les rebelles, vinrent au devant de Didier en 587; après l'avoir attaqué, ils feignirent de prendre la fuite. Didier vola à leur poursuite; mais n'ayant pu les atteindre, il revint vers Carcassonne suivi de peu de monde, ses troupes fatiguées étant demeurées en arrière. Les assiégés s'en aperçurent; sur le champ ils firent une sortie avec tant de succès, que

les Aquitains vaincus abandonnèrent le champ de bataille, où Didier trouva la mort malgré sa longue résistance. Austrovalde fut son successeur au duché de Toulouse. (Voyez AUSTROVALDE au supplément.) Didier avait enlevé son épouse Tétradie à un premier mari qui vivait encore lors de la mort de Didier. Cet époux, nommé Eulalius, et qui était un puissant seigneur de l'Auvergne, réclama sa femme, après le trépas du duc de Toulouse, devant un concile qui s'était assemblé à peu près dans le lieu où est Marvejols. Les Pères du concile ayant entendu les parties, obligèrent Tétradie à revenir avec Eulalius, et déclarèrent illégitimes les enfans que cette dame avait eu de Didier. Cette décision eut lieu en 589.

[ocr errors]

D'OLIVE. Voyez OLIVE. DONAT (ARTUS), licencié ès lois, remporta le prix de la Violette aux Jeux Floraux ; mais on ignore l'année où il fut couronné. Son ouvrage, encore manuscrit, est sans date. En voici le titre : Vers per loqual mossen Artus Donat, licenciat en leys, gasanhet la Violetta. Ce poëme est consacré à exprimer des sentimens dévots; il n'est digne d'être conservé que parce qu'il fait connattre l'idiome du commencement du XV. siècle, et l'état de la littérature à la même époque. Voici l'une des strophes de ce chant pieux :

Le premier homs et payres de Caym
Nos layssec fort herltatge trop vils,
Mas empero Jhesu-Christz fort humils
Volt far empeut divinal ins el sim;

Adone prent Dieus humanitat carnal Sercam sa mort per nos gitar del sapble On erem nos en turmen perdurable, Etz oms moric per la votz divinal. *

DORTET (BERNARD-MARIE), conseiller au parlement de Toulouse, condamné à mort, le 14 Juin 1794, par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme membre du parlement.

[ocr errors]

DOUJAT ( JEAN), l'un des plus savans hommes de son siècle, mort doyen de l'académie et de la Faculté de Droit de Toulouse, était né en cette ville en 1606. Il descendait d'une famille illustre. Louis Doujat, un de ses ancêtres, le premier avocat général que le grand conseil ait eu vers l'an 1515, se fit, par son érudition et son éloquence, un grand nom dans le barreau. Jean Doujat s'y distingua encore davantage. Un esprit vaste et pénétrant, une imagination vive et féconde, une mémoire prodigieuse, le firent exceller dans toutes les sciences auxquelles il s'appliqua. Après avoir fait avec succès ses humanités et son cours de philosophie, il s'attacha à l'étude du droit, où il fit encore de grands progrès. En 1637, il se fit recevoir avocat au parlement de Toulouse, et en 1639, étant venu à Paris, ily brigua et obtint la même qualité. Chapelain dit dans une de ses lettres à Balzac : « Il n'est pas » possible de rien apprendre au » savant Doujat dans les langues >> grecque et latine, italienne et >> espagnole ; il a de même une >> grande connaissance de l'escla

[ocr errors]

vonne, de l'allemande et de l'hébraïque. » La réputation de son savoir croissant de jour en jour, il fut élu à l'académie française pour remplir la place vacante par la mort de Balthazar Baro, et reçu le 20 Août de l'année 1650. Pelisson prétend que les registres de cette académie ne contiennent rien touchant la réception de Malleville, de Mezerai, de Montreuil, de Tristan, de Scudery et de Doujat; il ajoute que les omissions provenaient des indispositions fréquentes du secrétaire de l'académie. L'année suivante il alla à Bourges disputer une chaire de droit. (Voyez le Menagiana, t. 4, p. 127.) On ne sait s'il l'obtint. Cette démarche d'ailleurs devenait inutile, puis que la même année on lui donna une chaire de professeur en droit canonique à Toulouse, fondée dans le Collége-Royal. Quatre ans après, il fut pourvu d'une autre chaire de docteur régent dans la Faculté de Droit, et il s'acquitta de ces deux emplois avec autant de soin et de succès que s'il n'en avait eu qu'un seul. De Marca, archevêque de Toulouse, qui l'estimait, voulut le faire nommer auditeur de Rote à Rome pour la France. Sa nomination n'eut pas lieu. Quelqu'un qui ne le méritait peut-être pas, obtint sa place. Perigny, alors président, avait choisi Richelet pour donner des leçons au Dauphin ; mais à la sollicitation de Nicolaï, il se désista du premier choix qu'il avait fait, et nomma Doujat. Celui-ci instruisit

le jeune prince des premières leçons et connaissances de l'Histoire et de la Fable. Il fut nommé ensuite historiographe de France. Il publia sa traduction de Velleius paterculus. Dans la préface qu'il mit en tête de cet auteur il nous apprend lui-même qu'il avait été chargé par ordre supérieur de faire un abrégé de l'Histoire universelle pour l'usage du Dauphin; on sait depuis que ce travail fut confié au célèbre Bossuet. A tant de talens qui ne se rencontrent pas aisément dans la même personne, Doujat joignait à une modestie rare, une exacte probité et un parfait désintéressement. Ses ouvrages lui obtinrent de la cour et du clergé des pensions considérables, et tous les savans s'empressèrent de se lier à lui. Jouissant d'un trèsgrand revenu, il ne songea jamais à faire des acquisitions ni à amasser des richesses; content d'en retirer une honnête existence, il employa tout le superflu au soulagement des pauvres. Doujat mourut à Toulouse le 27 Octobre 1688, âgé de soixante-dixneuf ans. Il laissa un grand nombre d'ouvrages qui ont été presque tous imprimés. Nous allons en donner une liste exacte. 1. Dictionnaire de la Langue toulousaine, Toulouse 1638, in-8.o, édition du même poëte, 1645, in-4., à la suite des OEuvres de Godoulin ( Pierre), écrites en cette langue. Pelisson nous apprend dans l'Histoire de l'académie française, que l'on

devait cet ouvrage à Doujat. II. Grammaire espagnole abrégée, Paris 1644, in-12, ouvrage pa reillement anonyme. III. Moyen aisé d'apprendre les Langues qui, par leur origine, ont de la conformité avec celles que nous savons, mis en pratique sur la Langue espagnole, Paris 1646, in-12. IV. Joanni Dartis opera canonica, edente Joanne Doujat, Parisiis 1656, in-folio. V. De pace à Ludovico XIV constituta, Parisiis 1660, in-12. VI. His torica juris pontificis synopsis, à la tête des Institutiones juris canonici Joanni Pauli Lancelotti, Paris 1670, in-12. VII. Synopsis Conciliorum, et Chronologia patrum, pontificum, imperatorum, etc. Paris 1671, in-12. VIII. Traduction latine du Panégyrique du Roi, de Pelisson, Paris 1671, in-4. IX. La Clef du grand pouillé de France, Paris 1671, in-12, 2 vol. X. Specimus juris canonici apud Gallos usu recepti complectens Pragma tis-Sanctiones concordata, etc. Paris 1672, 2 vol. in-12, 2. édit., 1674, 1678, 1684. Lenglet prétend que toutes ces éditions ne sont que la même. Le second volume contient le tableau des évêchés, abbayes et maisons religieuses des différens ordres et congrégations. XI. Abrégé de l'Histoire romaine et grecque, en partie traduite de Velleius Paterculus, et en partie tirée des meilleurs auteurs de l'anti

e

quité, avec une chronologie, par Doujat, Paris 1671, in-12,

Cette traduction est faible, et a vieilli; elle a été depuis effacée par celle de l'abbé Paul (1), quia publié la sienne à París en 1770, in-12; mais la chronologie qui l'accompagne la fait encore rechercher. XII. Histoire du Droit canonique, avec l'explication des lieux, etc. A la suite de cette histoire, on trouve deux ouvrages importans: 1. l'Explication des lieux des Conciles; 2. une Chronologie des Papes, des Conciles, des Hérésies, des Pères et autres Auteurs ecclésiastiques. XIII. Historia juris civiles Romanorum, qua ejus origo et progressus, etc. 1678, in-12. On joint à cet ouvrage Throphile antecessoris institutionum libri quatuor, etc. Paris 1681, 2 vol. in-12. Il revit et corrigea la version de Curtius, et y joignit des notes tirées pour la plupart de Cujas et de Fabrot. Cet ouvrage estimé a été fort utile à Terrasson pour son Histoire de la Jurisprudence romaine. Il donna en outre une édition des OEuvres de Florent François, jurisconsulte, avec des notes, Paris 1679, in-4.o, réimprimée à Nuremberg 1756, 2 vol. in-4.o, et à Venise 1763, in-folio. Cet ouvrage est estimé. XIV. Titus Livius, cum supplementis Joannis Freinshemii, ad usum Delphini, Paris 1679, cinq tomes en six volumes in-4.° Les amateurs recherchent cette édi

(1) Ce respectable savant a fini ses jours à Lyon le 29 Octobre 1809, à l'âge de soixante-neuf ans, dans un état voisin de l'indigence.

[ocr errors]

ris, Voellis et Justelli, Paris 1661, in-fol., 2 vol. XX. L'Epitaphe de M. de Thou, décapité en 1642, qui commence par ces mots : Lege viator et luge. XXI. Mémoires de l'état ancien et moderne de la Lorraine, tirés de la Géographie historique et politique de J. D. (Jean Doujat. ) Doujat expose les droits de la couronne de France sur la Lorraine, et les fortes raisons qui ont obligé Louis XIII et Louis XIV de s'assurer des états du duc de Chartres. Fontenelle et Langlet Dufresnoi citent cet ouvrage ; Pelisson et le Père Niceron l'ont omis. XXII. De Nelaristia 1680. XXIII. De Petri de Marca moribus et rebus gestis, Paris 1664, in-4.° XXIV. Harangues et Discours dans le Re

[ocr errors]

tion pour les notes; elle est rare. On la réimprimée, en 1714, à Venise, 6 vol. in-4. XV. Institutiones juris canonici A. S. P. Lancelotto, 1670 et 1685, Paris, 2 vol. in-12. Cette histoire renferme un abrégé du Droit canon, le titre des Décrétales, l'explication de la manière dont on cite les textes des droits canoniques, le texte des règles de chancellerie. L'édit du roi de 1679, pour le rétablissement du droit canonique et civil dans l'université de Paris, ayant donné une nouvelle forme de discipline dans toutes les facultés du royaume où cette science est enseignée, il fut fait un règlement, et Doujat prit la partie du droit canonique. XVI. Prænotionum canonicarum, libri 5, Paris 1687, in-4.° XVII. Eloges des Personnes il-cueil de Vanmorinière, p. 223, lustres de l'ancien Testament, pour donner quelque teinture de l'Histoire sacrée, à l'usage de monseigneur le duc de Bourgogne, Paris, 1688, in-8. Cet ouvrage est en vers; l'auteur n'avait pas assez de talent pour écrire dans ce genre-là. XVIII. Réponse à M. Furetière, Lahaye 1688, in-8.o XIX. Martini Bracarensis episcopi collectio canonum orientalium. Doujat a eu soin de conférer cette collection avec les manuscrits et les autres éditions, et a marqué à la marge les différéntes leçons, et les conciles où sont tirés les canons; et c'est dans cet état de perfection qu'il lui a donné, qu'elle se trouve dans la Bibliotheca juris canonici vete

[ocr errors]

édit. de 1688, in-4.° XXV. Poésies latines ei françaises, publiées sur des feuilles volantes. Doujat avait commencé de faire imprimer l'Histoire de la régence de la reine-mère Anne d'Autriche, qu'il avait composée avec beaucoup de soin, pour remerciec le roi de lui avoir donné le titre d'historiographe de France; mais à peine eut-il fait imprimer les premières feuilles, qu'il jugea à propos de la supprimer. Nous ignorons le motif qui lui fit renoncer à son projet. On trouve son éloge dans le Journal des Savans, du 21 Février 1689, et dans l'Histoire de l'académie francaise, par M. Pelisson.

DOUZIECH ( JEAN), né à

« AnteriorContinuar »