Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Les capitouls, désormais rendus à leurs attributions naturelles, purent s'occuper des embellissemens d'une ville où l'on avait tout à faire pour enlever les tristes ruines qui attestaient les fureurs de ses habitans. Ils construisirent les trois grandes salles de l'hôtel de ville, ainsi que plusieurs fontaines; ils firent ouvrir des portes fermées depuis 1562; enfin ils s'appliquèrent à effacer tout ce qui eût pu rétracter le souvenir des guerres civiles. Tout à coup, et comme pour rappeler la mémoire des temps funestes qui venaient de finir, plusieurs fléaux frappèrent Toulouse. La Garonne, élancée de son lit, parut vouloir entraîner la cité à moitié inondée; un tremblement de terre qui eut lieu le 28 Novembre 1608, ajouta à l'effroi général; le 9 Décembre suivant, un incendie dont la cause demeura ignorée, consuma le comble de l'église de Saint-Etienne, et détruisit la plus grande partie des monumens dont cet édifice était décoré.

Ces calamités parurent être les présages de quelques grands malheurs: on ne se trompa point; un monstre en horreur à l'humanité, et l'objet particulier de l'exécration de la France, assassina le 14 Mai 1610, le plus grand, le meilleur de nos rois; Ravaillac nous priva de Henri IV. Les Toulousains, qui adorèrent ce prince dès qu'ils le connurent mieux, lui érigèrent en témoignage de leur amour et de leur douleur, cette statue de marbre noir qui orne en ce moment une des portes de la première cour de l'hôtel de ville *.

Louis XIII qui n'hérita que de la valeur de son père, et

* Ce fut le baron de Bellegarde, maire de Toulouse en 1808, qui releva cette statue renversée durant la tempête révolutionnaire. Ce digne magistrat ne craignit pas d'offrir aux regards de l'empereur Napoléon, l'image du premier et du plus grand des rois de la race Bourbonnienne; et le chef de l'empire apprécia cette restauration. On doit à M. de Bellegarde les embelissemens du Capitole, exécutés à la même époque: il se préparait à reconstruire la salle du grand consistoire sur un nouveau plan; mais ayant été nommé membre du corps législatif en 1811, il quitta la mairie. Réélu à cette première magistrature en 1817, il n'a pas cessé, par son zèle et sa fermeté, d'acquérir de justes titres à la reconnaissance de ses concitoyens; se montrant étranger à tous les partis, ne voulant être que l'organe des volontés du gouvernement, il trouve ce rôle plus beau que celui de marcher à la suite de quelques hommes, et de leurs petites passions. En 1821, il a obtenu le titre d'officier de la Légion d'honneur, et a été renommé maire pour cinq ans.

n'en posséda point le rare génie, vint plusieurs fois à Toulouse: il rendit cette ville le théâtre d'une sanglante exécution en 1632, lorsqu'il fit décapiter le célèbre maréchal de Montmorenci, dont les grandes qualités ne purent faire excuser la rebellion. Louis XIV honora également Toulouse de sa présence. A sa première entrée, il jura solennellement de conserver les priviléges de la cité, et ce fut ce prince qui les viola le plus ouvertement, soit en créant une charge de maire, qu'il ne supprima qu'après avoir reçu de la commune le prix qu'il mit à cette suppression, soit en détruisant les immunités, les franchises dont les Toulousains. jouissaient depuis tant de siècles.

Sous son règne on vit la construction du Canal de Languedoc dû au seul génie de Riquet, qui parvint à effectuer ce que l'on avait tenté sans succès à diverses reprises. Ce merveilleux ouvrage, commencé en 1667, fut terminé vingt ans après, et Toulouse en recueillit les plus précieux avantages on pourrait peut-être accuser d'ingratitude les pays qui doivent tant à Riquet; car ils ne lui ont pas encore érigé un monument au milieu des contrées dont il a quadruplé les richesses.

En 1694, Laloubère, gentilhomme toulousain, touché de l'avilissement dans lequel étaient tombés les Jeux Floraux, restaurés par Clémence Isaure, voulut, en les soustraisant à l'empire du corps de ville, leur rendre leur ancien éclat par leur nouvelle indépendance: il y parvint. Louis XIV érigea la même année cette société savante en académie, et le nom de Laloubère fut inscrit par la reconnaissance des mainteneurs, auprès de celui des sept poëtes de 1323, et de la fille célèbre qui les avait dotés à la fin du quinzième siècle.

Une réunion d'habiles citoyens connus sous le nom de Lanternistes, et qui se perpétua durant plus de soixante ans, amena en 1746 la fondation de l'académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres : elle fut due d'abord à la munificence de quelques particuliers qui fournirent à tous les premiers besoins. La ville et la province ne tardèrent pas à prendre ce noble établissement sous leur protection; et en 1751, on forma aussi une académie de Peinture, Sculpture et Architecture.

[ocr errors]

xxxvj PRÉCIS DE L'HISTOIRE DE TOULOUSE.

Depuis la mort de Henri IV, Toulouse, moins agitée, ne vit plus la guerre civile éclater dans son enceinte ; elle demeura fidèle à Louis XIII durant les révoltes des protestans, et des partisans du duc d'Orléans son frère : elle ne participa point aux troubles de la minorité de Louis XIV. Le cardinal de Mazarin put y être haï ou méprisé, mais du moins sa tête n'y fut pas mise à prix. Le reste de notre histoire jusqu'aux jours sanglans de 1790, offre peu d'intérêt; Toulouse passa plus de cent quatre-vingts ans dans le calme heureux qui annonce la prospérité d'un peuple. Les querelles du parlement avec la cour, la destruction de ce corps de magistrature en 1771 et 1788, ses rétablissemens, quelques émeutes causées par la cherté des grains, furent les seuls événemens qui agitèrent la ville.

Nous terminerons ici le tableau rapide que nous avons voulu tracer de nos annales. Les époques dernières ne pourraient être rappelées sans réveiller des passions à peine assoupies; gardons-nous de les agiter, et prenons pour exemple la prudence de Lafaille et de Raynal. Le temps n'est pas encore venu de tout dire; mais nous pouvons assurer que nous avons tout écrit, et qu'un jour on connaîtra

tout.

E. L. B. D. L. L.

TABLE CHRONOLOGIQUE

DES SOUVERAINS PARTICULIERS

QUI ONT RÉGNÉ SUR TOULOUSE,

Des Pape, Cardinaux, etc. qui en sont sortis, de ses Prélats et de
ses Magistrats, etc.

fondateur de Toulouse est tour à tour appelé par les premiers
historiens de cette ville, Lemosin, Polyphème, Anthomis, Tolossus,
Tolosan ou Tolus; on doit remarquer que ce dernier nom a été donné
le plus généralement au premier roi de Toulouse; nous nous y
arrêterons.

GOFFRARIUS, fondateur de la ville de Poitiers.

GALLATEUS, qui vivait du temps de Jules-César, l'an de Rome.
LEOCADIUS, mort sous le règne de l'empereur Claude, l'an de la

696

naissance de Jésus-Christ.

Le consul Domitius soumit le Languedoc, qui devint province romaine.

Toulouse et la province farent régies par des consuls, des proconsuls, et enfin par des gouverneurs particuliers, depuis cette époque jusqu'en l'an de Jésus-Christ 419, que le patrice Constance céda, au nom de l'empereur Honorius, Toulouse et son territoire au roi visigot Wallia, qui dès ce moment prit le nom de roi de Toulouse, et fit de cette ville la capitale de son royaume.

636

ROIS DE TOULOUSE, VISIGOTS où WEST-GOTS.

WALLIA est nommé roi, et meurt en.

THEODORIC I meurt en.

THORISMOND,
THEODORIC II.

EURIC.

[ocr errors]

ALARIC II, succéda à Euric son père; Clovis le Grand, roi des Francs, lui déclara la guerre, et l'ayant tué de sa main à la bataille de Vouillé, réunit la méme année le royaume de Toulouse à sa couronne.

DUCS DE TOULOUSE

419 de J. C.

450

453

466

480

[ocr errors]

506

NON HÉRÉDITAIRES SOUS LES MÉROVINGIENS. CLOVIS et ses successeurs donnèrent le gouvernement de Toulouse à des ducs particuliers soumis aux rois d'Austrasie; le premier de ces ducs qui soit connu avec certitude, est

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Ces deux derniers ducs furent nommés par le roi Dagobert, après qu'il se fut emparé du royaume de Toulouse sur les enfans puînés de son frère Charibert.

ROIS DE TOULOUSE

MÉROVINGIENS.

Après la mort de Clotaire II, roi de France, qui arriva en 628,
Dagobert son fils aîné refusa, contre la coutume des princes
Mérovingiens, de faire part à Charibert son frère de l'héri-
tage de leur père commun. Charibert ayant rassemblé des
troupes, et agité le royaume, s'empara du Toulousain en
Dagobert consentit enfin à lui laisser toute la partie de la
France, située entre la Loire, le Rhône, les Pyrénées et
l'Océan, avec le titre de royaume de Toulouse et d'Aqui-
taine en.
"

[ocr errors]

CHARIBERT OU ARIBERT, roi de Toulouse, meurt en.
ILPÉRIC OU CHILPERIC Son fils, meurt la même année.

629

630

63 I

631

« AnteriorContinuar »