bleue, avec camail à boutons et retroussis bleus. En été, la cape était remplacée par une aumusse en drap noir, doublée de bleu céleste et bordée de fourrure noire, qui se portait sur le bras 1. Les religieuses prirent aussi la couleur noire pour la robe et le manteau; elles portaient un grand voile noir à l'église et au dehors; à l'intérieur de la maison elles prenaient un voile blanc '. Les ordres hospitaliers et militaires avaient tous pris comme signe distinctif, à l'exemple des Croisés, une croix de forme et de couleur variée, cousue sur les habits. Gui adopta pour son ordre une croix de toile blanche, à double croisillon, dont les extrémités étaient élargies en forme de croix pattée. Tous ses disciples portaient la croix double, cousue au côté gauche de leur robe et de leur manteau '. Au moment où il prononçait ses vœux, le nouveau profès recevait le manteau noir des mains du recteur, qui lui disait, en lui montrant la croix : « Que par ce signe s'éloigne de vous tout mal, et que le Christ vous conduise au royaume éternel ‘. » La signification et le symbolisme de la croix du Saint-Esprit sont expliqués d'une manière analogue dans cet autre passage de la règle : « Que les frères portent le signe de la croix sur leurs capes et leurs manteaux, afin que par ce signe Dieu nous garde dans nos actions, nous maintienne dans l'obéissance et défende nos âmes et nos corps contre la puissance du démon, dans cette vie et dans l'autre '. On ne voit pas que le fondateur ait attaché une signification spéciale à la forme particulière de la croix de l'Ordre. P. Hélyot, Histoire des ordres monastiques. 11, p. 216-217- A. Castan, Notice. Te partie, page 100. * Ibid. — Voir les pl. V-VI. Regula, c. LVIL • Ind., c. lil * It id, c. LVIL Mais plus tard, lorsqu'on en vint à pratiquer une échancrure aux extrémités des croisillons, la croix forma douze branches, auxquelles fut attribué un sens propre. Melchior de la Vallée, dans le cours de sa visite de l'hôpital de Dijon, en 1596, l'expliquait ainsi aux frères : « La croix double signifie le mystère de la Très-Sainte Trinité, parce que ses trois traverses ne forment qu'une croix unique. Les douze pointes nous représentent les douze apôtres, qui ont prêché la croix par toute la terre. Certains tiennent que la croix figurée par la première branche est celle même du Sauveur, tandis que la seconde est celle que tout chrétien doit porter, en souffrant avec patience les misères de ce monde..... Cette croix est double aussi, parce que les membres de notre ordre s'imposent un double fardeau, qui est de travailler à leur propre salut, et de s'employer au soulagement de leurs semblables'. >> La croix à double croisillon formait la pièce essentielle des armoiries de l'Ordre, et figurait à ce titre sur le sceau de ses maisons et de leurs officiers. Nous avons recueilli, dans les archives des hôpitaux de Rome, Besançon et Dijon, un bon nombre de ces sceaux, dont nous avons réuni les types principaux dans les planches VII et VIII. Le grand et le petit sceau de la maison-mère de Sainte-Marie in Saxia présentent la croix double, surmontée d'un Saint-Esprit, en forme de colombe. Dans celui du chapitre général, on voyait, outre la croix et la colombe, l'effigie des douze apôtres. On a un exemple de la présence de la colombe sur le sceau de Rome dès l'année 1290. Ce 'Ms. de la Visite, fo 115 vo, Arch. de Besançon, ch. II, no 1, boîte 14. Les prétendus chevaliers de l'Ordre furent les auteurs, au XVIIe siècle, d'une nouvelle interprétation; pour eux, qui prétendaient remonter à S. Lazare et à sainte Marthe, la branche principale de la croix figurait Jésus-Christ ou Lazare, et les traverses, Marthe et Marie, les hôtesses de Jésus-Christ. >> Voir Hélyot, II, p. 198. Mgr Barbier de Montault, La croix à double croisillon, dans le Bulletin de la Soc. Archéol. de Tarn-et-Garonne, 1882, p. 143. Peignot, Histoire de la fondation, p. 76. symbole ne se trouve pas toujours sur ceux des autres maisons. Le sceau de Besançon porte la croix sans autre emblème; mais son sceau des indulgences possède la colombe. De même pour Dijon, qui offre en outre les têtes de S. Pierre et de S. Paul au pied de la croix. Certaines maisons ajoutaient aux insignes de l'Ordre les armes de leur fondateur, comme Fouvent, ou d'autres ornements, comme Toul et Tonnerre '. Il était d'usage, dans les ordres religieux, que leurs membres unissent à leurs armes propres celles de leur ordre. Les recteurs et autres dignitaires de l'ordre du Saint-Esprit suivirent cet exemple, en ajoutant à leur blason la double croix, ainsi que nous l'ont montré de nombreux sceaux. Les armes de l'Ordre étaient: d'azur à une croix d'argent à douze pointes. D'après M. Castan, le champ d'azur aurait fait place, au XVe siècle, à un champ de sable et c'est aussi dans le même temps que la croix aurait été surmontée d'un Saint-Esprit d'argent en champ d'or sur une nuée d'azur. Cette double assertion nous paraît trop absolue, car d'une part l'hôpital romain plaçait la colombe sur son sceau dès l'année 1290, ainsi que nous venons de le dire, et ce symbole manquait sur ceux de plusieurs autres maisons, dans les XVI et XVIIe siècles; d'autre part, les maisons de Franche-Comté, mentionnées dans 'Ajoutons que certaines maisons ont uni quelquefois à leurs propres armoiries celles de l'Eglise romaine; c'était apparemment pour indiquer leur dépendance immédiate du maître romain, à l'exclusion de celui de Montpellier. L'écu peint en tête du ms. des miniatures de Dijon porte parti au premier de gueules à deux clefs d'argent en sautoir, qui est du pape, et au second, d'azur à la croix d'argent qui est de l'Ordre (Peignot, p. 18). Le même écu se voit encore sur un chapiteau du réfectoire de l'hôpital de Besançon (Guénard, Besançon, p. 123). * Notice sur l'hôpital de Besançon, I, p. 160. L'honorable érudit cite à ce propos le P. Hélyot; mais cet écrivain donne au blason de l'Ordre un champ de sable, sans paraître soupçonner qu'il en ait jamais été autrement (V. t. II, p. 218). 885117 l'Armorial de d'Hozier, avaient conservé la croix d'argent sur champ d'azur '. II. OCCUPATIONS ET EMPLOIS Nous venons de faire connaissance avec le personnel de l'Ordre; tous ses membres, depuis le grand maître jusqu'au plus humble des serviteurs, ont passé devant nos yeux. Nous allons maintenant voir à l'œuvre cette grande 'C'est ici le lieu de donner, comme appendice au présent article, la description succincte des sceaux figurés dans les planches VII et VIII. 1. II. III. IV. V. VI. I. PLANCHE VII Hôpital Sainte-Marie in Saxia. Grand sceau: SANCTI SPVS · DE. SAXIA IN R. Croix double à branches non pattées, surmontée d'un Saint-Esprit en forme de colombe.-- XVIe siècle. Archives de l'hôp. de Besançon, casier C, boîte I, chap. 8. Chapitre de l'hôpital Sainte-Marie in Saxia: S CAPITVLI HOSPITALIS SANCTI SPVS IN SAXIA DE VRBE. Croix double à branches presque droites, au pied fiché, surmontée d'un Saint-Esprit et entourée des effigies des douze apôtres. - XVIe siècle. Ibid. cas. C. Boîte I, chap. 8. Besançon. Sceau des indulgences: SINDVLGENCIARVM SANCTI Hôpital Sainte-Marie in Saxia. Petit sceau: S SPIRITVS IN. Sceau de frère Michel de Cesis, visiteur général (1346) : [† S· F]RA · MICHLP SCI SP CS D.... PREGNA....? Vierge-mère, accompagnée de la croix du Saint-Esprit surmontée de deux étoiles en pal, et d'une tige d'arbrisseau; en pointe, frère Michel à genoux. · XIVe siècle. Arch. de Besançon, cas. C. Boîte I, chap. I. PLANCHE VIII XVe ou XVIe siècle. Besançon. Légende illisible sur l'empreinte en papier. Ange tenant |