Imágenes de páginas
PDF
EPUB

serviteur, Dieu ne permit pas que la corruption eût prise sur son corps. On le voyait, absolument intact, reposant dans une châsse magnifique, donnée par le prieur Melchior de la Vallée, en 1608, et placée sur l'autel majeur de l'église de l'hôpital, à Foligno'.

On le voit par ces exemples, la sainteté n'était pas rare dans l'Ordre; témoin encore la vénérable Sœur Angèle Romaine, célèbre entre toutes les autres religieuses moniales du Saint-Esprit et dont le commandeur de Dijon, frère Guillaume Sacquenier, étant à Rome, avait envoyé un portrait à ses religieuses, afin de les encourager, par ses exemples, à se sanctifier dans les exercices de leur vocation. Accepter une vocation si humble, si pénible, si opposée aux goûts de la nature; la suivre pendant toute sa vie avec zèle et piété : n'est-ce point là déjà, dans les frères et les sœurs du Saint-Esprit, le signe d'une éminente vertu? L'histoire nous autorise à étendre à l'ordre entier cet éloge que M. Castan adresse aux recteurs de Besançon: «< En général, ces recteurs furent d'une piété sincère et profondément dévoués à leur mission charitable '. » Piété et dévouement sans bornes, c'est là le plus bel éloge que l'on puisse faire de notre institut.

Aussi voyons-nous partout les populations répondre par leur reconnaissance et leur confiance aux bienfaits de l'ordre du Saint-Esprit.

La maison conventuelle de Besançon, à cette époque comme au XIIIe siècle, brille entre toutes par sa longue fécondité. Les nombreux novices ou frères oblats qu'elle

• Le B. Antoine le Hongrois est honoré spécialement dans l'ordre Franciscain. (Voy. Acta SS. Bolland. (1680), maii III, p. 251; ed. 3a, p. 250-251; — [Prileszki], Acta SS. Ungar. (1743), t. I, p. 284-285.; Wading, Annal. Fratr. Minor., t. IV, p. 251;- P. Saulnier, p. 69; Ms de la Visite générale de Melchior de la Vallée, Arch. hôp. de Besançon, B. 14, chap. II, no 1).

* D. Calmelet, Histoire ms, chap. IV.

[ocr errors][merged small]

forma à la vie religieuse et hospitalière, lui permirent de satisfaire à toutes les fondations que les seigneurs de Franche-Comté semaient à profusion dans cette province. Les princes de la Maison de Châlon se faisaient remarquer dans ce temps par l'affection sincère qu'ils portaient à leurs sujets. Non contents de leur octroyer des chartes de franchises très libérales, ils prenaient à cœur de venir en aide aux pauvres, en dotant les maladreries et hôpitaux déjà existants, et en élevant de nouvelles maisons charitables dans tous leurs domaines. Jean de Châlon-Auxerre avait fait bâtir, en quelques années, cinq hôpitaux dans ses bourgs de Rochefort, Monnet, Orgelet, Saint-Julien et Arinthod. Une pareille générosité mérite bien que nous nous y arrêtions un instant, en rapportant les termes de l'acte de fondation:

<< Nous, Jean de Châlon, comte d'Auxerre et seigneur de Rochefort, faisons savoir à tous présents et futurs, que nous avons fait édifier et construire, en nos villes de Rochefort, Monnet, Orgelet, Saint-Julien et Arinthod un hôpital avec un autel en l'honneur de la glorieuse Vierge Marie, à nos propres frais et dépens, afin que les pauvres, les infirmes et les malheureux qui sont dans le besoin y soient admis et hébergés ; qu'ils y trouvent, pour le remède de notre âme, de celle de nos parents, ancêtres et successeurs, le nécessaire selon les exigences de leurs besoins et les ressources de ces maisons, et que les divins offices y soient célébrés par leurs maîtres ou recteurs. Nous voulons et ordonnons que ces cinq hôpitaux soient soumis, pour le spirituel comme pour le temporel, au recteur et gouverneur de l'hôpital de Besançon. Voulons aussi que ledit recteur institue et place, en chacune des maisons susdites, pour les gouverner, des maîtres ou recteurs dignes et fidèles, élevés au sacerdoce, et qui portent l'habit de l'Ordre. Ils célébreront les saints offices auxdits autels pour notre âme, comme il est ordonné ci-dessus, et rece

vront miséricordieusement les pauvres. Nous retenons lesdits cinq hôpitaux sous notre garde et celle de nos successeurs, de même que la justice temporelle a perpétuité. En témoignage de quoi nous avons fait apposer à ces présentes notre sceau. Donné en l'an du Seigneur 1301, au mois d'août1».

De ces cinq hôpitaux, deux, ceux de Monnet et de Rochefort, furent ruinés par Louis XI en 1479 et ne purent se relever leurs biens furent réunis à la maison-mère de Besançon. Les trois autres rendirent aux populations de plus longs services; il fallut tous les désordres occasionnés par l'ordre de Saint-Lazare, au XVIIe siècle, pour consommer leur ruine.

Dans le même temps, le comte de Montbéliard, Renaud de Bourgogne, laissait, par un codicille daté de 1314, à son hôpital du Saint-Esprit de Sellières, une somme de cent vingt livres pour en acquérir des rentes et nourrir les pauvres. Il lui donnait de plus ses robes, son lit, ses draps oulinceuils et le pourtour de son lit. Son chapelain, Messire Jean de Sirod, était chargé de l'exécution de ses volontés1.

Une bulle de Boniface VIII, obtenue en 1301 par Hugues de Châlon, dit le Sourd, évêque de Liège, puis archevêque de Besançon, confirma la fondation de l'hôpital d'Arlay', due à Ponce II d'Arlay, chevalier. Ses fils Pierre et Renaud complétèrent son œuvre, que la mort l'avait empêché d'achever; ils installèrent l'hôpital dans leur propre maison, qui était entourée d'un vaste enclos. Par un acte daté de 1327, ils voulurent que cet hôpital appartint à l'ordre du Saint-Esprit établi à Rome — de societate Spiritus Sancti Rome - et chargèrent le frère Nicolas, qui en était recteur, et ses successeurs, de payer

* Anh, để thịt da Baser, cas. C, chap. I, no II,

* Arch, municipales de Seliïères, l. 18, n° 209-305.

* Rousset, Dict. hist...... des communes du Jura, t. 1, p. 88.

dix sols de cens au maître recteur de Besançon, auquel ils soumettaient leur fondation'. Une élégante chapelle, qui subsiste encore en partie, fut élevée à la fin du même siècle. Les libéralités de la famille d'Arlay et des habitants accrurent les biens de la nouvelle maison au point qu'à la fin du XVe siècle elle était l'une des plus riches de la province.

L'hôpital du Saint-Esprit de Lons-le-Saunier existait déjà au commencement du XIV siècle; il occupait un vaste emplacement entre la ville et le faubourg Saint-Désiré '. Mais il rompit de très bonne heure les liens qui le rattachaient à l'Ordre, par l'usurpation des échevins de la ville. Il faut en dire autant de ceux de Montfleur et de Montmorots. Toutefois la confrérie du Saint-Esprit s'y maintint toujours florissante, comme pour attester leur origine.

Toutes les maisons que nous venons de citer appartiennent à la Franche-Comté; mais les commandeurs de Besançon envoyèrent plus loin des colonies. En 1312, Renaud, dit Sauvet, chanoine de Neufchâtel en Suisse, remettait entre les mains du délégué du recteur Bisontin l'hôpital de cette ville, dont il avait eu la garde jusqu'alors '. — Frère Jean Voley, de Choye, quitta la maison-mère, pour aller diriger l'hôpital de Metz (vers 1390); il s'obligeait, lui et ses successeurs, pour marque de sa filiation, à venir chaque année au chapitre provincial et à payer un tribut de trois florins. Ruiné à plusieurs reprises par les guerres, notamment par le siège de 1552, cet hôpital, assez considérable, fut abandonné et les bâtiments loués à l'administration de l'artillerie française, par le recteur de Besançon '. - Un

[blocks in formation]

• Ibid., p. 379.

Rousset, Dict. hist...... des communes du Jura, t. III, p. 623.

• Fondé vers 1360 (Ibid., t. IV, p. 294).

3

Ibid., t. IV, p. 359.

* Arch. de thộp. de Besançon, cas. C, chap. I, n° 12.

Ibid., chap. I, no7.

autre religieux, Vaultrin Bertrand d'Arrancy, avait réédifié à nouveau, en 1413, l'hôpital de Marville, dans l'évêché de Trèves. Il le rendit à la maison de Toul (1419), dont il dépendait depuis sa fondation'.

Les autres provinces de France participaient aussi au mouvement des fondations. A la fin du XIIIe siècle et au commencement du XIV, se place l'établissement des maisons de Carcassonne, de Toulon, de Béziers, de Lodève, de Toulouse, d'Orthez, de Nérac, de Libourne, d'Angoulème, d'Angers, de Confolens, et bien d'autres dont la date est incertaine.

Dans les autres pays d'Europe, l'Ordre jouit d'une extension continue jusqu'à la fin du XV° siècle. Citons, au nombre des nouvelles fondations, les maisons de SaintHippolyte, près de Vienne, de Aarhus (1388), Nakskow, Flensburg (1325), Aalborg, Randers (1434), Landskrona (1440), dans les pays scandinaves; Alost (1474) en Belgique ; Sandeck en Pologne'.

Nous n'avons pas encore parlé de l'hôpital du Saint-Esprit de Paris; nous devons cependant à cet établissement plus qu'une simple mention. Les historiens de Paris' rapportent que les bourgeois de la ville fondèrent, en 1362, sous l'invocation du Saint-Esprit, une confrérie et un hospice pour les orphelins nés de légitime mariage, et qu'ils en firent une création purement municipale, sans aucun rapport avec l'ordre du Saint-Esprit. Cependant l'abbé Lebeuf, constatant, par le Pouillé de l'Ordre, que celui-ci possédait dès le XIII° siècle une maison à Paris, inclinait à croire qu'il y aurait eu dans la capitale deux hôpitaux de ce nom.

Arch Nat., S. 4907; Abbé Clouet, Histoire de Verdun, t. III, p. 021.

* Arch. de l'hôp. du S.-E. in Saxia, Lib. I, fo 29.

' Daugaard, Des couvents Danois au moyen-âge, pp. 142, 389, 445.

'L'abbé Renard, Hist. ms de l'hôpital de Neufchâteau.

Du Breul, Théâtre des antiquités de Paris (1639), p. 740; - Abbé Le Beuf, Hist. du diocèse de Paris (éd. Cocheris), t. I, p. 334.

« AnteriorContinuar »