Imágenes de páginas
PDF
EPUB

PREMIÈRE PARTIE

NAISSANCE DE L'ORDRE

SON ORGANISATION ET SA RÈGLE

CHAPITRE I

GUI DE MONTPELLIER. FONDATION DE L'ORDRE

1. NAISSANCE ET FAMILLE DE GUI

L n'est pas rare de voir le nom même des plus insignes bienfaiteurs de l'humanité tomber, par la suite des temps, dans le plus injuste oubli. On jouit de leurs bienfaits, sans même se demander à qui on en est redevable. Le grand prédécesseur de saint Vincent de Paul, Gui de Montpellier, n'a pas échappé à cette ingratitude des âges qui l'ont suivi. Il ne faut donc pas s'étonner si tout ce qui concerne sa personne et sa vie demeure encore obscur et trop incertain. Mgr Paulinier à réuni avec un soin pieux tout ce qu'il a pu recueillir sur son illustre compatriote1; nous ne saurions choisir, pour ce premier chapitre, un guide plus autorisé; c'est à son remarquable travail que nous emprunterons une grande partie des renseignements qui vont suivre.

Tous les historiens qui ont parlé de Gui désignent la ville de Montpellier comme son lieu d'origine; la tradition étant unanime sur ce point, on doit la tenir pour incontestable. Mais il est impossible de déterminer la date exacte de sa naissance; toutefois, en la plaçant au commencement de la

1

Gui, de Montpellier, fondateur de l'Ordre du Saint-Esprit. Etude historique, par l'abbé Paulinier, curé de Saint-Roch. Montpellier, 1870. (Extrait des Mémoires de l'Académie). - Mgr. Paulinier est mort archevêque de Besançon.

seconde moitié du XIIe siècle, c'est-à-dire vers l'année 1160, nous ne risquons pas de nous égarer beaucoup: on en verra bientôt la raison.

Gui est-il issu de la puissante famille des Guillems, qui depuis deux siècles possédait Montpellier? « L'absence regrettable de documents ne nous permet pas, dit Mgr Paulinier, d'assigner à notre héros, comme un fait à l'abri de toute contestation, une filiation si glorieuse; mais le sentiment généralement adopté par les historiens, qui le font naître de Guillem VII et de Mathilde de Bourgogne, nous paraît le plus probable'. » Le lecteur pensera comme nous que cette probabilité touche de bien près à la certitude, quand nous aurons exposé les raisons qui militent en faveur de ce sentiment.

Guillem VII fit son testament en 1171 et mourut peu après, laissant quatre fils et cinq filles. L'aîné des fils, sous le nom de Guillem VIII, succéda à son père dans la seigneurie de Montpellier; le second, Guillem Burgognon, mourut en 1182 et laissa à son frère aîné la succession de ses biens. Raymond, le troisième, embrassa la vie monastique et devint évêque d'Agde. « Le quatrième enfin est désigné, comme tous les plus jeunes fils de la famille des Guillems, sous le simple nom de Gui. Son père lui légue mille sols melgoriens: il veut qu'il soit élevé, six ans, dans la maison de la milice du Temple, qui existait déjà à Montpellier. Son éducation terminée, il s'enrôlera dans ladite milice et sera privé de sa substitution, si ses frères vivent. Mais si l'un d'eux vient à mourir dans ces six ans, celui qui sera seigneur de Montpellier retirera son frère de la maison des Templiers et l'entretiendra chez lui avec une pension de 20 marcs d'argent'. »

[ocr errors][merged small]

Op. cit., p. 4.

Mgr Paulinier, op. cit., p. 5; D'Aigrefeuille, Hist. de la ville de Montpellier, t. I, liv. 2.

« AnteriorContinuar »