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guedoc. Nul prêtre romain, écrivait l'un des chefs de l'insurrection, n'oserait se montrer en Gascogne, en Provence, dans le Bas-Languedoc et jusqu'aux Pyrénées; partout les idoles sont abattues'. En 1562, ils mirent le siège devant Montpellier et s'en emparèrent. L'hôpital, situé en dehors des murs, fut leur première victime; ses richesses furent pillées, l'église renversée, les archives livrées aux flammes, la communauté chassée ou mise à mort, enfin les bâtiments ruinés de fond en comble. Partout, sous les pas des Huguenots, ces horreurs se renouvelaient; Lyon, Orléans, Blois, Poitiers, Troyes, Caen, Angers, Rouen, Le Mans, les trois quarts de la France, furent impunément mis à feu et à sang par de sauvages sectaires. Six ans plus tard, ce fut le tour de Montauban, de Castres, de Viviers, d'Uzès, de Pont-Saint-Esprit, de Bagnoles, etc. Partout où ils étaient les maîtres, les protestants chassaient les prêtres, supprimaient les communautés religieuses et renversaient les sanctuaires. De leur propre aveu, les hérétiques mirent à mort, en France seulement, quatre mille religieux, déshonorèrent douze mille religieuses, dévastèrent deux mille églises, détruisirent deux mille couvents et quatrevingt-dix hôpitaux '. Ainsi périrent la plupart des maisons dépendantes de Montpellier, enveloppées, ainsi que leur antique berceau, dans la ruine commune. « Ce terrible, mais juste châtiment de Dieu, la maison de Montpellier se l'était peut-être attiré par les divisions qu'elle avait entretenues au sein d'une famille vouée à la charité 1. »

Seul au milieu de l'Europe, le royaume fortement chrétien

Lettres de Languet à l'électeur de Saxe. Halle, 1699.

Gallia Christ., t. VI, col. 809-810;

Germain, De la charité publique et hospitalière à Montpellier au moyen-âge, p. 25.

Voy. un article de M. de Gerlache, premier Président de la cour de cassation de Belgique, Univers du 15 décembre 1857.

Relation de la Visite de Melchior de la Vallée.

d'Espagne eut le bonheur de demeurer à l'abri du fléau. Aussi, pendant que notre ordre agonise en tant de lieux, peut-il montrer avec orgueil ses hôpitaux d'Espagne en plein fonctionnement. D'assez nombreuses maisons prirent même naissance à cette époque. Pendant les années 1498 et 1499, le grand maître délivra les autorisations nécessaires pour fonder des hôpitaux : à Pierre de Portulas, curé de Sainte-Marie de Aragosta, au diocèse de Lerida'; à frère Jean de Regio, qui voulait en doter son pays natal, Regio del Canino; dans le même temps, deux autres furent érigés à Calahorra' et à Burgos'; peu après, l'hôpital des Saints Quirice et Julien, puis celui de Canavezes en Portugal, étaient agrégés à l'Ordre. Enfin plusieurs monastères de religieuses du Saint-Esprit s'ouvraient à cette époque, parmi lesquels un à Séville et un autre en Castille, dans lequel la fondatrice, Marie de Anguillar, entra elle-même. Dans ces monastères, les religieuses étaient soumises à une règle sévère et observaient la clôture, comme leurs sœurs d'Italie.

N'oublions pas de rapporter un fait tout à l'honneur de notre ordre et de la catholique Espagne. Ce furent les frères du Saint-Esprit qui furent choisis pour apprendre au Nouveau Monde la charité et l'hospitalité chrétiennes. En 1560, le grand maître Bernardin Cyrilli érigeait un hôpital à Cuscoa, dans le Pérou, et un autre à Mexico'; deux ans après, les villes de San Thomé et de Goa recevaient le même bienfait'. Bientôt enfin Carthagène, Ciudad de los

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Arch. de Ste Marie in Saxia, lib. rub., fo 127 vo (3 mai 1498).

* Ibid., fo 168.

Ibid., lib. A, fo 22.

Ibid., lib. GG., fo 142.

Ibid., Pouillé du XVIe siècle.

• Ibid., lib. J, fo 158.

" Id., ibid.

Ibid., Pouillé du XVIe siècle, fo 75.

P. Saulnier, p. 10.

Reyes et Saint-Domingue possédaient des colonies d'hospitaliers. Ce furent les derniers rejetons de l'ordre du Saint-Esprit ; ils viennent du moins heureusement ajouter un rayon dans le ciel si sombre de son histoire au XVI siècle.

CHAPITRE VII

LA VISITE DE FRÈRE MELCHIOR

DE LA VALLÉE

E concile de Trente avait prescrit aux abbés et aux chefs d'ordres religieux exempts, de procéder à l'avenir très régulièrement à la visite canonique des maisons de leur dépendance, afin que l'état religieux pût recouvrer en peu d'années son ancienne beauté, par la suppression de tous les abus. Dès qu'il fut assis sur le trône pontifical, Clément XIII se mit lui-même à l'œuvre et, pendant quatre années, visita et réforma entièrement les monastères et les hôpitaux de la ville éternelle. Puis, voulant poursuivre l'œuvre de régénération jusqu'aux extrémités de l'Eglise, il enjoignit aux généraux d'ordres d'envoyer des religieux prudents et éclairés, avec les pouvoirs nécessaires pour visiter minutieusement et réformer chacune des maisons de leurs instituts.

Le grand maître du Saint-Esprit se hâta d'obéir aux prescriptions pontificales. Mais comme une telle entreprise eût dépassé les forces d'un seul homme, il répartit la charge entre plusieurs. Nous ne connaissons point le visiteur chargé de l'Italie et sa mission n'a pas laissé de traces. Celui d'Espagne et de Portugal se nommait Dom

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