Trois corps de logis distincts étaient réservés aux nourrices, aux jeunes garçons et aux jeunes filles. Les enfants déposés à l'hôpital étaient extrêmement nombreux : tandis que, dans les siècles précédents, ils allaient à peine à trois ou quatre cents, ils étaient montés, en 1648, à plus d'un millier. Il ne faudrait pas croire que tous ces enfants eussent été des fruits de la débauche: ces derniers étaient au contraire en nombre très restreint; la plupart étaient déposés par leurs parents, que la pauvreté, la maladie ou les revers de fortune obligeaient à les abandonner. On savait que les enfants élevés à Sainte-Marie avaient un avenir assuré; de plus, le droit public leur maintenait le titre et les effets de la légitimité. Il y avait, près de la porte d'entrée, une fenêtre armée de barreaux de fer, dont l'écartement était mesuré pour permettre le passage d'un enfant de trois mois environ; à l'intérieur était un tour, muni d'un petit matelas destiné à recevoir l'enfant. Au bruit fait par le tour, un serviteur accourait, s'enquérait, auprès du déposant, du nom de l'enfant, demandait s'il était baptisé, s'il avait des marques auxquelles on pût le reconnaître, etc. Le déposant était libre de répondre à ces questions; défense absolue était faite de le suivre et de s'enquérir de son identité: aussi la sécurité était-elle si grande, que les expositions se faisaient presque toutes en plein jour. L'enfant était porté par le gardien du tour à la directrice de la nourricerie, qui notait toutes les particularités relatives à l'exposition et le confiait à l'une des nourrices, en attendant qu'il fût emporté au dehors. Il y avait toujours à la maison, pour ces premiers soins, au moins vingt-quatre nourrices à demeure. Tous les quinze jours, les femmes de la ville et de la campagne qui désiraient des nourrissons s'assemblaient à l'hôpital; après examen et sur le certificat de leur curé, on leur confiait un enfant. Plus de quinze cents enfants étaient habituellement élevés à la campagne. Tous les trois mois, les nourrices recevaient, avec leur salaire, des langes ou des vêtements; mais à partir de huit mois. le salaire diminuait progressivement. Les enfants etaient rendus à l'hôpital à l'âge de sept ans, à moins qu'ils ne restassent dans la famille, à titre d'enfants adoptifs, ce qui arrivait souvent. Rentrés à Sainte-Marie, les jeunes garçons étaient confés à la garde de quatre sœurs âgées, e occupés soit à de petits ouvrages dans la maison, soit à apprendre à lire et à écrire sous la direction d'un prétre; plus tard, les mieux doués poursuivaient leurs études et les autres étaient placés en apprentissage. L'education des jeunes £lles réclamait des soins plus assidus es plus délicats: elle était confiée aux religieuses. Delles-ci a la différence des hopitaux ultramontains, ne serTaiem pas les malades, mais vivaient depuis longtemps entierement séparées dans une maison distincte, qui compre nan un cloirre, une chapelle, des dortoirs, et formait. er un Lastere complet. C'est la qu'étaient reques les jenes filles. lorsque a lage de sept ans, elles rentraient 2 Sainte-Marie. Leur nombre depassait cing cents FI Tene, car or les exposait plus volontiers que les garcons, elles etaient partagées et trois sections suivant jerrige les plus grandes prenant son de leurs compagues nom igees Les sœurs les exerçuent aux travaux du Themagt i Couture-elles blanchissaient le linge reconTom les retements des serveur et des pauvres, et **** des orderen SECTAL Je te et in plan pieuses étaient actes & fare profession dans leur maison adoptive les autres celent Tir grand nombre esant tarines aver roe dot de nem livres coming even employen a leur trousstel. ngoureuse dans lequele ele excient élevées aurait opposé un obstacle absolu à leur établissement, on y pourvut au moyen d'une institution fort curieuse. Trois fois par an, le second dimanche après l'Epiphanie, le jour de S. Marc et le mardi de la Pentecôte, les enfants et tout le personnel de l'hôpital se rendaient en procession solennelle à la basilique de Saint-Pierre, où ils étaient admis à vénérer les reliques de la Passion. Les jeunes filles destinées à un établissement étaient parées avec plus de soin, pour les désigner aux regards des prétendants, toujours fort nombreux. Ceux-ci, pour manifester leur choix d'une des jeunes filles, n'avaient qu'à lui offrir un anneau en guise de fiançailles. Toutefois les demandes n'étaient accueillies qu'après une enquête sérieuse et discrète. Tel était, au XVIIe siècle, cet admirable établissement de Sainte-Marie, œuvre de prédilection des papes, dont ils avaient fait << un chef-d'œuvre d'administration délicate et prévoyante1». On ne saurait trop admirer l'organisation intérieure de cet hôpital romain, type et modèle de tous ceux que l'ordre du Saint-Esprit avait répandus dans tout le monde chrétien. On y retrouve en effet, avec un confortable matériel que notre civilisation contemporaine n'a guère dépassé, ces précautions, ces attentions délicates de la charité chrétienne, qui sont si douces au cœur du malade ou de l'indigent. Ce serait peu en effet, de donner au corps les soins qu'il réclame, si l'on ne rendait en même temps moins lourde, pour l'âme la tristesse et quelquefois la honte de l'infortune. Or ce but que peut difficilement atteindre un dévouement purement mercenaire, était obtenu pleinement dans ces maisons où l'amour du prochain n'était qu'une extension de l'amour de Jésus-Christ; où le pauvre se sentait enveloppé, pour ainsi dire d'une atmosphère de sympathie créée par le sentiment de la fraternité chrétienne. 'L. Gautier, Histoire de la charité, p. 59. CHAPITRE IX LES PSEUDO-CHEVALIERS ET L'ORDRE EN FRANCE AU XVIIC SIÈCLE E n'est pas un petit travail que de débrouiller l'histoire de notre ordre, au milieu des confusions de toutes sortes dans lesquelles il fut jeté au XVII® siècle. Des aventuriers, qui lui étaient étrangers pour la plupart, cherchèrent à s'assurer la possession de ses biens. Ils s'adressèrent dans ce but aux rois de France, sous prétexte de restaurer les maisons ruinées, et ils en obtinrent en effet des édits très favorables. Mais l'intervention royale, au lieu des bons effets qu'elle n'eût pas manqué d'obtenir, si elle eût agi de concert avec le grand maître romain, ne réussit au contraire qu'à augmenter le chaos; c'est la juste remarque d'un judicieux auteur: « Ce fut donc, dit-il, au commencement du dix-septième siècle que l'on commença à songer au rétablissement de cet ordre en France, qui y était presque anéanti; mais au lieu de le remettre dans son ancien lustre et dans sa splendeur, ce ne fut au contraire qu'une confusion et qu'un chaos depuis l'an 1602, jusqu'en 1700, que le Roi développa ce chaos en déclarant cet ordre purement régulier et nullement militaire », 'P. Hélyot, Histoire des ordres monastiques....., t. II, p. 207. Après les désastres des guerres de religion, les hôpitaux qui en avaient été victimes ne se relevèrent point, pour le plus grand nombre, surtout dans le midi de la France. S'ils eurent des titulaires, ceux-ci ne résidaient point et n'exerçaient plus l'hospitalité. C'est ainsi que Montpellier continua à posséder des recteurs, pourvus par des bulles, jusqu'à la fin du XVI° siècle. Etaient-ils religieux du Saint-Esprit, nous en doutons fort'. Le premier qui entreprit de faire revivre le généralat de Montpellier fut un certain Antoine Pons, qui prenait en 1602 la qualité de commandeur de l'hôpital de Saint-Girons et de procureur général de l'Ordre. Pour opérer sa prétendue restauration, il ne trouva d'abord pas de meilleur moyen que de falsifier des bulles et des lettres d'indulgences, afin d'attirer des aumônes. Condamné pour ce fait, par arrêt du parlement de Toulouse, le 21 janvier 1603, et banni à perpétuité du royaume, il réussit pourtant, quelques années plus tard, à surprendre des lettres patentes d'Henri IV et de Louis XIII, qui lui donnaient pleins pouvoirs pour le rétablissement de l'Ordre dans le royaume et la restitution de tous les hôpitaux. L'audace d'Antoine Pons ne s'arrêta pas en si beau chemin; il savait que les maisons de FrancheComté n'avaient pas été atteintes par les hérétiques. Comptant s'en emparer facilement, il s'adressa aux souverains de cette province, les archiducs d'Autriche Albert et Isabelle, et réussit à en obtenir des lettres patentes ' analogues à celles d'Henri IV, qui lui soumettaient les hôpitaux de leurs états. Heureusement, cette concession n'eut pas de suites. Le recteur de Besançon, frère Henri Treffard, qui était lui-même le seul et véritable vicaire 'C'est aussi le sentiment de D. Calmelet. Lettres patentes d'Henri IV, 21 mars 1608; Arrêt du parlement de Provence, 27 novembre 1608; lettres patentes de Louis XIII, 19 juillet 1610, Diplomata, II, p. 29 et sv. 3 * Diplomata, II, p. 35. |