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général du grand maître au delà des Monts ', n'eut pas de peine à démasquer l'imposteur par devant le parlement de Dole.

Comme le frère Pons continuait son négoce d'indulgences, le sénéchal de Moissac le décréta de prise de corps, en 1612, et le parlement de Toulouse fit exécuter le décret 1.

Cette fin peu enviable n'eut pas le don d'effrayer les prétendants, et un diacre, nommé Olivier de la Trau, sieur de La Terrade, se mit sur les rangs pour la commanderie générale de Montpellier. Plus adroit cependant que son prédécesseur, il commença par solliciter à Rome des bulles pour cette commanderie, qu'il reconnut étre de la dépendance du grand maitre de Sainte-Marie 1. Puis. non content d'avoir atteint ce premier résultat, il eut assez de crédit à la cour pour obtenir que l'ambassadeur de France à Rome appuyat ses prétentions au généralat. Louis XIII écrivit à cet effet deux Lillets à son ambassadeur. Dans T'un d'eux, apres lui avoir dit qu'il tenait les réclamations de La Terrace pour valables et la juridiction du grand maître romain pour usurpée, le roi continuait ainsi : ...... « Je veux croire que le Pape en aura le même sentiment: néanmoins s'il arrivait que Sa Sainteté. pour ne vouloir pas être bien informée, en congût aucune opinion, et qu'elle vollt refuser les Bulles audit Sieur de La Terrade en qualite de genéral dudit Ordre en-depå les Monts....... je desire que vous fassiez tous vos offices en mon nom. et declariez qu'une telle resolution ne pourrait être prise sano que j'en demeuracse ofencé. Je vous ay bien voula faire cette lettre, pour vous dire que vous ayez Tall cuvert et teniez la main que le commandeur de Rome..... ait dorénavant son pouvoir restraint & Italie. Sicile. Hongrie.

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et Angleterre, sans l'étendre ny venir sur les terres de mon obéissance, et celles deçà les Monts, nonobstant que des Papes de leur propre mouvement ayent décidé le contraire, ce que je veux ignorer...... et ledit Sieur de La Terrade se passera de bulles, si elles ne sont telles que je vous dis, et en jouira sans icelles...... >>

Ainsi mis en demeure, avec une arrogance qui sentait peu son roi Très-Chrétien, Urbain VIII céda et accorda à La Terrade le titre de général de l'Ordre en deçà les Monts, avec une indépendance complète du général de Rome'.

On aurait grand tort de croire que le nouveau général se fût donné tant de mouvement, dans le but de restaurer l'hospitalité dans les maisons de France. En vérité il cherchait tout autre chose, car il ne rêvait à rien moins qu'à faire de l'ordre du Saint-Esprit un ordre militaire 1 à l'usage de la noblesse, même mariée. Avec une audace incroyable, il s'était gratifié, dans ses requêtes, du titre de

'Bulles des 26 mars et 9 mai 1625, Diplom., I, pp. 150-151.

* Disons, pour être complet, que le P. Hélyot (t. II, p. 206) croit voir une preuve de l'existence de chevaliers du Saint-Esprit au XVe siècle, dans une bulle de Pie II, de l'an 1459, conservée par Leibnitz. Selon cette bulle, Pie II aurait supprimé, pour doter de leurs biens le nouvel ordre de Notre-Dame de Bethleem, plusieurs ordres militaires ou hospitaliers, entre autres celui du Saint-Esprit in Saxia: alias Religiones sive Militias ac Hospitalia infra scripta, videlicet S. Lazari, ubilibet consistentia, S. M. de Castello Britonum de Bologna, ac S. Sepulchri, nec non Sancti Spiritus in Saxia de Urbe, et omnia ab eo dependentia aut illius habitum seu crucem duplicem deferentia, et B. M. Cruciferorum... Nous avons de fortes raisons de suspecter l'authenticité de ce document. D'abord les ordres religieux cités ont survécu à ce décret de suppression. Et puis, en ce qui concerne l'ordre du Saint-Esprit : ou bien la bulle avait en vue, selon l'opinion du P. Hélyot, une milice de chevalerie adjointe aux hospitaliers de Sainte-Marie, mais ni l'histoire de l'Ordre, ni les archives romaines n'en ont conservé la moindre trace; ou bien il s'agit de l'ordre hospitalier lui-même, et ici la suppression devient absolument invraisemblable, de la part d'un pontife qui a donné à cet Ordre de nombreuses marques de bienveillance. Comment aurait-il eu la pensée de détruire une fondation des pontifes romains, objet de la sollicitude spéciale de tous les papes ?

Nous trouvons une autre mention de chevaliers dans un hôpital du SaintEsprit ; c'est dans la concession, faite par le duc Jean V de Bretagne, d'une foire annuelle en faveur d'Auray (30 décembre 1434, Diplom., II, p. 4). On voit par cet acte que l'hôpital était alors aux mains de « Messire Juon Duval, chevalier» et d'un collège de chapelains. Rien n'indique que ce Chevalier prétendît appartenir àune milice du Saint-Esprit.

chevalier de l'ordre du Saint-Esprit. Les lettres patentes de 1618, qu'il obtint de Louis XIII, ayant reproduit ce titre, « il se crut assez autorisé pour établir une chevalerie en cet ordre. Il en donna en conséquence la croix et l'épée à nombre de séculiers 1. » Afin de donner du relief à sa création, il emprunta aux anciennes religions militaires toute une nomenclature de chevaliers ecclésiastiques et laïques, frères servants d'armes et d'épée, économes, agents, trésoriers, etc., et mit cette organisation au compte d'une prétendue restauration de l'ordre hospitalier, qu'aurait opérée Henri III, le jour même où il institua l'ordre honorifique du Saint-Esprit. Et comme il fallait à tout prix assurer à cette chevalerie une antiquité respectable, il composa un ouvrage, dont nous avons déjà parlé, dans lequel il attribuait la fondation de l'ordre du Saint-Esprit à sainte Marthe, et donnait gravement la liste de tous les grands maîtres sans oublier les chapitres généraux, depuis saint Lazare, premier général......

Des lettres patentes de 1618,1619, 1626 et plusieurs arrêts du Grand Conseil, donnèrent à l'envi au sieur de La Terrade les plus amples facilités pour le rétablissement des hôpitaux ruinés. Mais son ambition n'allait pas jusque là: il se contentait d'en revendiquer les biens, qu'il attribuait à ses chevaliers, moyennant redevance. Le dernier

'D. Calmelet, loc. cit.

Cette pièce, visiblement calquée sur les statuts de l'ordre du Saint-Esprit d'Henri III, se trouve aux Arch. nat., M. 43; elle commence ainsi : Le serment et vœu du très chrétien roy de France et de Pologne Henry III de ce nom et aucuns statuts qu'il a faits pour l'ordre et chevalerie des archihospitaliers du Saint-Esprit..... Nous Henry, par la grâce de Dieu roy de France et de Pologne.., jurons..... de vivre et de mourir en la foy catholique..... protestant de maintenir en la faveur de nos armes et force de nostre puissance royale à jamais l'Ordre sacré de l'Archihospitalité du Saint-Esprit, tout ainsi que le grand Ordre de notre nouvelle institution, en union d'iceluy et sans jamais le laisser déchoir, maintenant que nous sommes éclairez de la vérité de son érection, et fondation être faite par la bien aymée hotesse de J. C... » On sent ici la collaboration du fécond La Terrade.

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'Les Diplomata reproduisent treize lettres patentes, arrets de parlements et du Grand Conseil, en faveur de la Terrade, de 1618 à 1644, PP. 39-77.

acte que nous connaissions de lui est un brevet de commandeur de la maladrerie de Saint-Lazare-les-Chauny, du 18 février 1648, en faveur de Jacques du Passage, dont Nicolas François de Plaignevaulx, chevalier de l'Ordre, avait commission de recevoir la profession. «< Devant lui donc, au pied des saints autels, en présence des religieux et officiers de l'Ordre et des chevaliers assistants, ceux-ci, l'épée nue à la main, Jacques du Passage eut à prêter le serment exigé par les statuts; puis il reçut le collier de commandeur à la croix d'or double émaillée de blanc avec quatre fleurs de lys dans les angles, portant au milieu le Saint-Esprit d'un côté et l'Annonciation de l'autre '. » Il y avait loin, de ce cérémonial militaire, aux vœux de religion prononcés par nos hospitaliers le jour de leur profession!

La Terrade avait fait jeter dans les prisons de l'Officialité de Paris un nommé Nicolas Gaultier, qui prétendait lui aussi à la commanderie de Montpellier et se mêlait de créer des chevaliers. Il fut lui-même interné à celle de Fort-l'Evêque, par le prévôt de l'Ile de France', nous ne savons pour quels méfaits.

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Son vicaire généralissime, Jean Alexandre Désescures, chanoine comte de Lyon, était également détenu à Fortl'Evêque « c'était là sans doute le noviciat de ces sortes d'aventuriers, qui ne connaissaient l'Ordre que par la croix qu'ils déshonoraient ». Comme Désescures y avait remplacé La Terrade, il espéra après sa mort succéder à sa dignité de chef de la chevalerie du Saint-Esprit. Il ne se trompa point, car ayant recouvré sa liberté, il obtint de Louis XIV, par surprise, un brevet pour cette place, le

• Comte de Brandt de Galametz, Le chevalier de Sinceny et le commandeur de Chauny. Aperçu sur les ordres de Malte et du Saint-Esprit de Montpellier, in 4o, 1888, p. 37.

P. Hélyot, p. 208; D. Calmelet, chap. VI.

D. Calmelet, loc. cit.

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નીચ

1

4 janvier 1656'. Il eut tout le temps, pendant les onze années qu'il porta son titre, de créer, à la mode de son prédécesseur, une légion de chevaliers du Saint-Esprit. Mais les compétiteurs ne lui manquèrent pas; il y en eut jusqu'à cinq à la fois, et l'un d'eux, Nicolas Gaultier eut l'adresse de faire rendre en sa faveur une ordonnance royale.

Le roi, en effet, «< pour arrêter les manœuvres de tous ces intrus, dont la conduite faisait gémir les vrais membres de l'Ordre, » nomma, le 19 mai 1656, une commission composée d'évêques et de magistrats, à l'effet d'examiner les titres de ces prétendus généraux, officiers et commandeurs. Cette commission donna sa décision l'année suivante: il était de la piété du roi, disait-elle, de favoriser le rétablissement d'un ordre qui avait pris naissance en son royaume, d'où il s'était répandu dans tous les autres royaumes de la chrétienté, où il est encore florissant. Mais il était nécessaire de faire de très expresses défenses aux nommés Aubry, Lescoray. Leboeuf et Désescures, de prendre le titre de commandeurs généraux, comme ils prétendaient, et de porter à l'avenir l'habit et la croix de l'Ordre. En conséquence, un arrêt du conseil d'Etat, intervenu le 7 septembre 1657, maintint Nicolas Gaultier, si fort malmené autrefois par La Terrade, à la commanderie générale de Montpellier, comme étant le seul qui eût produit des titres valables de son état, et les autres prétendants furent menacés de peines exemplaires, s'ils le troublaient dans sa possession.

Désescures n'en fut pas intimidé: il se pourvut sans mot dire en cour de Rome et se fit mettre en possession par arrêt du Grand Conseil, en 1658. Mais l'officialité de Paris, qui lui avait interdit de se décorer de titres usurpés, le condamna à diverses peines infamantes, et enfin des sentences de bannissement furent décernées contre lui par le Châtelet et le parlement, le 29 mai 1668. La même année,

'Ibid.

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