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et théâtrales de tout genre, dout M. Bourges, dans son intéressante notice, vient de nous donner la liste aussi complète que possible. Grâce aux recherches multipliées auxquelles s'est livré notre confrère, au soin méthodique et typographique qu'il a déployé dans son travail terminé par deux tables de matières et de noms cités, nous avons la chronologie à peu près exacte (1747-1787) des représentations données par les artistes de la Comédie Française et de l'Opéra sur le théâtre construit sous Louis XV à Fontainebleau, dans la cour de la Fontaine, et incendié depuis, au commencement du deuxième Empire. C'est à Fontainebleau, au XVIe siècle, pendant les brillants voyages d'automne, que se décidait le succès ou la chute des ouvrages représentés sur le théâtre de la Cour des Fontaines. Il suffit de lire la correspondance de Voltaire pour comprendre l'importance que ce grand écrivain, malgré la royauté littéraire qu'il exerçait, attachait aux arrêts irrévocables rendus par l'aréopage de la Cour de Fontainebleau en matière théâtrale.

A Ferney, des Délices, éloigné de Paris, Voltaire avait toujours l'oreille tendue vers Fontainebleau. Il s'adressait aux puissants ministres du jour, Choiseul-Stainville, Choiseul-Praslin, au maréchal duc de Richelieu, surintendant-général des théâtres, à son ami et confident intime, le comte d'Argental. Il mettait toutes les influences en jeu pour faire interpréter ses œuvres sur le théâtre de la Cour. Etre représenté à Fontainebleau, c'était pour lui la sanction nécessaire de tout succès véritable. Il prisait les applaudissements de la Cour bien au-dessus de ceux de la ville. « Si vous trouvez, disait-il, ma pièce passable, pourrait-on la faire jouer à Fontainebleau ? Ce serait peut-être un bon expédient de la faire présenter à M. le maréchal de Richelieu par quelqu'un que Lekain détacherait, ou par quelque actrice que Lekain mettrait dans la confidence... 10 juillet 1765, à d'Argental. » -

Il s'agissait évidemment d'Adélaïde Duguesclin qui, après avoir obtenu à la Comédie Française un succès médiocre, devait, ainsi que l'a fort à propos constaté M. Bourges, enlever plus tard tous les suffrages sur le théâtre de Fontainebleau. « Je m'imagine, ajoutait plus tard Voltaire (17 août), que la chaleur de la représentation sauverait mes fautes, et que si la pièce était bien jouée à Fontainebleau, elle pourrait reprendre faveur. Je vous envoie mon drame suffisamment corrigé. Je le mets sous l'enveloppe de M. le duc de Choiseul-Praslin, à qui je le recommande. »

Voltaire ne craint pas de demander conseil à ses correspondants, il implore leurs avis, et, chemin faisant, il entremêle sa lettre étincelante de malice et de clarté, de ces vers charmants qui naissent sous sa plume, et terminent un petit billet adressé à d'Argental le 7 septembre suivant :

Faites choix d'un ami dont la raison vous guide,
Et dont le crayon sûr d'abord aille chercher
L'endroit que l'on sent faible et qu'on veut se cacher.

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Lorsque la Cour de Fontainebleau vint casser l'arrêt de la ville, Voltaire alors à Genève, écrivait le 16 septembre 1765, en ces termes, au maréchal duc de Richelieu : « Vous vous êtes mis, Monseigneur, à ressusciter les morts vous avez déterré je ne sais quelle Adélaïde morte en sa naissance. Depuis, vous lui avez donné la plus belle vie du monde. Tronchin n'approche pas de vous. Vous allez vous occuper de plaisirs à Fontainebleau; ces plaisirs sont de ma compétence, mais il ne m'appartient pas de les goûter en ce moment à votre Cour. J'ai environ deux douzaines d'enfants (pièces de théâtre) qui se produisent quelquefois sous votre protection. >>

Nous ne voulons pas multiplier ces citations qui nous ont procuré cette triple satisfaction de savourer de nouveau la prose incomparable et si limpide de Voltaire, de constater l'importance historique et littéraire du théâtre de Fontainebleau, enfin de rendre justice aux persévérantes et ingénieuses recherches d'un sympathique confrère. MAX. B.

(Abeille de Fontainebleau.)

Sommaires de la Revue historique :

Tome XLVII. C. JULLIAN. Ausone et son temps, ir partie la vie d'un Gallo-Romain à la fin du ive siècle, p. 241. (Etude très intéressante, très érudite et d'une lecture attachante). J. TESSIER. La chronique d'Ekkehard, p. 267. A. XENOPOL. L'empire Valacho-Bulgare, p. 277. A. CARTEILLIERI. La naissance de Philippe Auguste, p. 309 P. VAUCHELET. Le général Gobert, p. 310. Tome XLVIII. C. JULLIAN. Ausone et son temps, 2o partie, p. 1. L. H. PEL'SSIER. Les amies de Ludovic-Sforza et leur rôle en 1498-1499, p. 39. P. VAUCHELET. Le général Gobert, 2o partie, p. 61. JULES FLAMMERMONT. Le manuscrit des mémoires de Talleyrand, P. 72.

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NOTICE SUR LE DOMAINE DE GONCOURT OU S'EST PASSÉE LA GRANDE REVUE DU 17 SEPTEMBRE 1891. La Champagne a altiré tous les regards par la fameuse Revue du 17 septembre 1891 qui a été le plus grand rassemblement de troupes qui se soit jamais vu en temps de paix.

Le lieu était bien choisi les immenses plaines de Goncourt parsemées de bouquets de sapin, s'étendent sur un parcours de plus de 6 kilomètres entre Malignicourt et Luxémont. C'est là que 120,000 hommes ont défilé, après s'être massés contre le village de Matignicourt pour être passés en revue par les généraux Saussier et de Miribel.

Cette revue a été inexactement appelée par les journaux « Revue de Vitry-le-François », puisqu'elle a eu lieu à 15 kilomètres de Vitry sur la commune de Matignicourt-Goncourt.

Le domaine de Goncourt, qui appartient depuis des siècles à la famille de ce nom, comprend seulement un château et ses dépendances. Il a pourtant constitué, avant 1830, une commune distincte dont le propriétaire du château était maire, tout en administrant à son gré son propre domaine. Sous Louis-Philippe, Goncourt a été réuni à Malignicourt pour former la commune de Matignicourt-Goncourt. C. de P.

L'Echo de Paris a donné sur l'emplacement de la revue les détails suivants :

a

En quittant Vitry par la porte du faubourg de Saint-Dizier, on «suit la route de Saint-Dizier jusqu'au petit village de Marolles; « bientôt on tourne à droite et on arrive à Luxémont, on traverse <«<le canal de la Haute-Marne et on s'engage dans la grande avenue <«< de sapins qui est à l'entrée du domaine de Goncourt dont on << aperçoit bientôt le château, très coquet avec ses briquettes « rouges et ses tourelles pittoresquement découpées.

Les tribunes de la Revue sont à 2 kilomètres du château, <«< adossées à un bois de sapin: La tribune Présidentielle est au <«< milieu, tendue de reps rouge relevé d'or, et de chaque côté les « tribunes de l'Est, de l'Ouest et du département de la Marne. «La vue du haut des tribunes n'est limitée que par la Marne que «<l'on a devant soi avec les villages de Cloyes, Moncetz, Norrois

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à gauche, Matignicourt, et à droite, le château de Goncourt. » Voici maintenant en quels termes le Gaulois du 18 septembre a rendu compte de la grande revue de la veille qui a été pour notre province un événement mémorable :

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