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ter à la liste des potiers qui ont produit les intéressants pavages champenois. Quelques vestiges d'un art, jadis si florissant, aujourd'hui si oublié, ont survécu à l'action destructive du temps et des hommes. Après avoir été foulés aux pieds pendant des siècles, ces curieux monuments fixent l'attention des archéologues; leur étude se rattache à l'histoire de l'industrie et parfois même à la littérature du moyen-âge.

Baron J. DE BAYE.

DOCUMENTS

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE PINEY - LUXEMBOURG 1

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Extraits

Autres

Inscriptions de l'ancienne église de Piney. d'un Etat des fondations, antérieur à 1789. extraits des Actes de baptêmes, mariages et sépultures de la même paroisse.

AVANT-PROPOS

L'étude des inscriptions a pris de nos jours, non sans raison, une grande importance et nous avons constaté avec plaisir les efforts qui ont été faits, ici même, dans cette Revue, par quelques laborieux écrivains, pour sauver de l'oubli et porter à la connaissance des travailleurs les inscriptions qu'ils rencontraient dans notre région. Un d'eux, entre autres, M. Alphonse Roserot, en a publié un nombre assez considérable; les circonstances, malheureusement, ne lui ont pas permis de terminer son entreprise, ce qui est fort regrettable.

Nous n'avons pas besoin de rappeler que parmi les inscriptions il s'en trouve (je veux parler des épitaphes, inscriptions ou éloges funèbres) qui sont très précieuses pour les historiens, les généalogistes et les archéologues. Une date leur faitelle défaut; ont-ils besoin de connaître les qualités d'un personnage, ses titres, sa famille, ses alliances, ses armoiries ? tous ces renseignements se rencontrent généralement dans les épitaphes et ce serait parfois en vain qu'on les chercherait ailleurs.

D'autre part, les épitaphes ayant été dès l'antiquité la récompense du courage et de la vertu, il est à désirer que les nobles exemples qu'elles proposent et que les leçons de morale

1. En 1576, François de Luxembourg possédait la terre et seigneurie de Piney, avec ses dépendances (ancienne baronnie démembrée du comté de Brienne), qui fut alors érigée en duché, en sa faveur, sous le nom de Piney-Luxembourg.

qu'elles renferment, soient religieusement conservés pour servir d'émulation aux générations à venir. C'est en rendant un juste hommage à la vertu, en mettant en relief les actes de dévouement et de patriotisme, et en exaltant les grandes qualités de l'homme, que l'on fait les bons citoyens et les peuples forts. Puisse notre époque s'en souvenir.

Un moraliste du siècle dernier, Marmontel, n'a-t-il pas écrit quelque part : « L'épitaphe à la gloire d'un mort est de toutes les louanges la plus noble et la plus pure, surtout lorsqu'elle n'est que l'expression naïve du caractère et des actions d'un homme de bien. Les vertus privées ont droit à cet hommage • comme les vertus publiques, et les titres de bon parent, de « bon ami, de bon citoyen méritent d'être gravés sur le marbre. »

C'est d'après ces considérations que nous croyons devoir publier quelques inscriptions qui se trouvaient jadis dans l'église de Piney, et qu'un curé bien avisé a eu, il y a environ 150 ans, l'heureuse idée de relever par écrit. Ayant trouvé sa copie aux Archives départementales de l'Aube, sous la cote AI, 93, au milieu de papiers provenant de la fabrique de l'église de Piney, nous avons éprouvé le désir de vérifier la lecture de ces inscriptions et nous nous sommes transporté sur place.

Là une grande déception nous attendait; l'église, menaçant ruine, venait d'être démolie en partie, et sur l'emplacement qu'occupaient primitivement le sanctuaire et le transept s'élevaient de nouvelles constructions ne renfermant aucun vestige de tombes ou d'inscriptions.

Dans la partie de l'ancienne nef, qui est encore debout au moment où nous écrivons, on trouve seulement un fragment de dalle tumulaire en forme de gaine, c'est-à-dire plus étroite aux pieds qu'à la tète, et remontant à la fin du XIII° siècle. Elle couvrait les restes d'un curé de Piney et portait une inscription en caractères gothiques, dont il ne reste que ces

mots :

....CVREZ DE PIGNI: QVI: TRESPASSA AN: LAN DE GRACE : M: II. LXXVIII: LA VOIL....

Qu'étaient devenues les inscriptions et les épitaphes copiées par l'ancien curé ?

On nous a renvoyé, pour être renseigné sur leur sort, de M. le Curé au Conseil de fabrique, du Conseil de fabrique à

M. le Maire. Ce dernier nous a prié de nous adresser à l'architecte qui, de son côté, nous a renvoyé à M. le Curé.

Enfin, il nous a été dit que les ouvriers, faute d'instructions spéciales, avaient brisé tombes et plaques de marbre, et que le tout se trouvait enfoui dans les fondations de la nouvelle construction'.

L'ancienne église de Piney possédait aussi de précieux vitraux avec armoiries et inscriptions; quelques-uns d'entre eux ont été remis en place dans un pittoresque désordre, le surplus a passé..... qui sait où ?

Ne serait-il pas à désirer que l'Etat se décidât enfin à faire dresser un strict inventaire des objets d'art et des documents historiques qui se trouvent encore dans nos églises et dans nos monuments publics?

Il est grand temps de se hâter, car chaque jour en voit disparaître quelqu'un, soit qu'il passe dans les mains des brocanteurs, soit qu'il se trouve anéanti à la suite de la prétendue restauration de l'église à laquelle il appartenait.

Désireux de compléter les renseignements que les inscriptions de Piney nous fournissent sur quelques anciennes familles, nous avons feuilleté un Etat des fondations pieuses antérieures à 1789, ainsi que les actes de baptêmes, mariages et décès provenant de cette paroisse 2, et nous en avons extrait pour le donner ici, tout ce qui nous a paru offrir quelqu'inlérêt.

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Damoiselle Nicole Belin, veuve de feu François de Vienne, écuyer, seigneur des Petits Usages de Piney, comme une chaste et fidèle tourterelle, ne pouvant survivre à sa chère partie, décéda six mois et demi après lui, le 21me jour de mars 1615. Priez Dieu pour les trespassés.

1. M. Charles Fichot, dans le tome II de sa Statistique monumentale de l'Aube, a reproduit quelques-unes des inscriptions de Piney, qu'il avait copiées vingt ans environ avant la destruction de l'ancienne église, alors qu'il recueillait les premiers éléments de sa remarquable et précieuse publication. Nous donnons ci-après la lecture de M. Fichot, en même temps que celle de l'ancien curé de Piney, pour qu'il soit possible de les comparer l'une à l'autre.

2. L'Etat des fondations de la paroisse de Piney se trouve aux Archives de l'Aube, et les registres de catholicité aux Archives de la commune.

No 2.

François de Vienne, écuyer, seigneur des Petits Usages, après avoir rendu preuve de sa piété envers Dieu, de sa charité envers les pauvres et de sa bonté, sagesse et justice, en accordant les différents du peuple et pacifiant les querelles des nobles, et de son courage et amour envers sa patrie, en la réduction de la ville de Troyes en l'obéissance du Roi que ses frères ses nepveux et lui entreprirent courageusement, par la force des armes, le 17 septembre 1590, et qu'ils exécutèrent heureusement, par les voyes de l'adresse et de la douceur, le 5 avril 1594, décéda en sa maison seigneuriale de la Thuillerie, âgé de 67 ans, le 5 septembre 1614. La Renommée, trompette de ses belles actions, donnant tout ensemble à la postérité le désir de le congnoitre et du regret de ne l'avoir congnu, publira, partout à jamais avec vérité, qu'il a été l'amour des nobles, la vénération du peuple et le père des pauvres.

Priez Dieu pour lui.

No 3.

Ci-gist Antoine de Vienne, écuyer, s' de Croquant, lequel dès sa première jeunesse, par les enseignements de ses pères, a suivi les armes de ses Rois pendant les guerres civiles et étrangères. Il s'est trouvé en plusieurs sièges, rencontres et batailles, avec beaucoup de péril et plus encore de courage. En l'an 19 de son aage, étant enseigne d'une compagnie de gens de pied, il fut trouvé entre les morts où il avait demeuré trois jours couvert d'autant de blessures qu'il avait d'années. Enfin, la paix ayant été rendue à la France, il s'est lui-mesme donné la paix et le repos par la tranquillité d'esprit, et pendant le reste du cours de sa vie éloignée d'ambition et de toute vaine espérance se contentant dedans d'honorables marques de sa vertu, il n'a eu aucun désir que pour le ciel où il a plu à Dieu de l'appeler, le 7 mai 1634, âgé de 70 ans.

Priez pour lui.

D. O. M.

Arrête toi passant sur ce tombeau de deffunt Etienne de Vienne, écuyer, seigneur de Breviande et, si tu le veu, considère qu'il t'apprendra à bien vivre et à bien mourir. Il est né lors de la naissance des guerres civiles pendant lesquelles quoique la ligue très puissante en son pays eût armé sous prétexte de piété toute la France contre la France même, il n'y a point eu de puissance qui l'ait pu détacher d'avec ses Rois qu'il a servi, par l'exemple de ses pères, de ses armes, de ses biens et de son sang jusqu'à la paix donnée à la France par les victoires de Henry-le-Grand de heureuse mémoire, et depuis, con

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