des commandataires; en sorte qu'on n'a peu me donner aucun. enseignement de la fondation, sinon que les seigneurs du pays et quelques comtes de Rethelois semblent en estre les fondateurs, qui leur ont donné la place du monastère et les belles censes qu'ils ont aux environs. Mais il y a de quoy louer Dieu de ce que nous avons veu en nos jours reluire l'observance régulière en ladite abbaye par la réforme qui y a esté introduite, et où on tient présentement l'eschole de théologie.

L'abbaye de Sept Fontaines

L'abbaye de Sept Fontaines, non loing de Mézières et au mesme diocèse de Reims, milite sous le mesme ordre de Prémonstré; mais sa fondation m'est incogneue et ses bastimens qui vont en ruine tesmoignent que le lieu est bien négligé et auroit bon besoin d'embrasser la réforme des autres pour se ressusciter.

Il faut distinguer cete abbaye de celle qui est au pays et diocèse de Langres, qui est une fille de Belleval.

Pour la taxe de Rome, je trouve Chauvemont taxé à 70 florins; Belleval, à 350; Val Dieu, à 66; Sept Fontaines, à 300; d'où il appert que toutes ces abbayes ont esté tousjours pauvres et que celles qui sont maintenant en bonne couche n'y ont esté tousjours.

J'ay esté contraint de ramasser toutes ces abbayes de SaintBernard et de Saint-Nortbert ensemblement, pour ne sçavoir précisément leur fondation.

Comment le Mont-Dieu commença d'estre habité
L'AN 1136

Le nouveau monastère de Mont Bason ne fut rendu habitable que quatre ans après sa fondation première, pour les raisons que nous avons déduites par cy-devant; et encore quand les Chartreux y arrivèrent pour en prendre possession, la maison n'estoit entièrement parfaite en tous ses membres.

Le B. Odon envoya donc à la Grande Chartreuse Hugues soupprieur de Saint-Remy accompagné d'un autre religieux, avec les lettres de Regnaud archevesque de Reims afin d'avoir le nombre des religieux que le B. Guigo, prieur, lui avoit promis.

Arrivans à Chartreuse, ils trouvèrent le B. Guigo allicté et malade à la mort, à qui Dieu, ce semble, prolongeoit la vie jusques à ce qu'il eust envoyé gens pour l'habitation du MontDieu, ainsy qu'il l'avoit prolongée à saint Hugues, évesque, jusques à ce qu'il eust consenty à sa fondation.

Iceluy ayant leu et dévoré du cœur et des yeux les lettres de l'archevesque, il choisit aussytost ung nombre des plus parfaits religieux de son couvent et leur ayant recommandé l'observance, et donné le livre des statutz ou constitutions de l'ordre, qui se garde encore au Mont-Dieu, après les avoir embrassez les uns après les autres, comme gens qu'il ne devoit jamais reveoir (car il mourut incontinent après), il les congédia leur donnant ces lettres pour response à celles que luy avoit escript Regnaud, archevesque de Reims :

Sanctæ Remensis ecclesiæ matris suæ Rainaldo Dei gratia Remensi archiepiscopo paupercula filia cartusiensis ecclesia perpetuam salutem et pacem a Domino. Lætificavit nos præsentia vestræ charitatis primum persona, deinde litteris, lætificet eam Deus verbis et virtutibus suis, dicens: Euge, serve bone et fidelis, quia super pauca fuisti fidelis, supra multa te constituam, intra in gandium Domini tui. Nos itaque, bonis respondentes initiis, sanctam matrem nostram in sanctis desideriis suis adjuvamur, mittimusque dignationi vestræ, qui quod desideratis de nostris exequantur instruantque consuetudinibus: precamurque quatenus eos benignè suscipiatis, benignius frucatis, et in nostro proposito ædificando ac conservando pro possibilitate juvetis. Longas litteras nec nostris infirmitatibus nec sacris vestris occupationibus utiles esse credimus. Valete et orate pro nobis.

Le vénérable Hugues estant de retour à Reims avec les douze religieux qui luy avoient esté octroyez, le B. Odon les ayant présentez à l'archevesque les mena aussy lost à la nouvelle chartreuse de Mont-Bason, qu'ils commençèrent d'habiter l'an 1136 de l'incarnation de Notre-Seigneur, la surveille de Saint Jehan-Baptiste, c'est-à-dire le 22° jour de juin, jour dédié à la mémoire du grand Saint-Paulin, évesque de Nole. L'année de cete fondation est comprise en cet ancien distique numéral :

Montis prima Dei CL a M fundamenta revelat

Bis septem denas si lamen inde prius, etc.

Plusieurs autheurs, mais estrangers, assignent autre année de ladite fondation, comme l'an 1135, 1139, 1140; mais je prie de croire pour asseuré que c'est l'an 1136.

Le Mont-Dieu fut donc incorporé à l'ordre des Chartreux par le B. Guigo, lequel ordonna aussy que le nom du MontDieu luy seroit donné, au lieu de celuy de Mont-Bason qu'il avoit auparavant, afin d'exterminer la mémoire du faux dieu Basan, qui avoit donné telle dénomination à ce lieu de MontBason.

Le fondateur n'a pas oublié cecy dans les lettres de la fondation, quand il dit :

Cœnobium, etc., construximus Cartusiensium in loco qui nunc Mons Dei dicitur, nam antiquitus vocabatur Mons Basonis, etc. Hoc autem totum factum est assensu R. Guigonis Cartusiensium pauperum prioris, qui et primos sacræ hujus institutionis magistros ad nos misit, et ut locus ille Mons Dei vocaretur præcepit et statuit.

L'ancien chronique de Chartreuse, fait par le B. Boson, parlant de Guigo asseure que le Mont-Dieu fut basty l'an dernier de sa vie, car voicy comme il le dit :

Sub eo siquidem Guigone domus Portarum, Excubiarum, Urbonis, Sylvæ, Majorevi, Arveriæ exordium acceperunt et incrementum non modicum tam in personis quam in ædificiis Deo miserante consequutæ sunt. Eremus quoque Montis Dei, anno vitæ ejus ultimo, ipsius ordinatione et consilio per manum viri valde venerabilis Odonis, sancti Remigii abbatis, in archiepiscopatu Remensi, cœpit habitari.

Et par ainsy, comme avant Guigo, il n'y avoit point d'autres maisons en l'ordre que les susdites, avec la Grande Chartreuse et la Chartreuse de Saint-Estienne du Boys en Calabre, la maison du Mont-Dieu est censée la huitiesme de l'ordre, et la première du royaume de France, comme il se comportoit alors quand le Dauphiné et la Bresse n'estoient encore annexez à la couronne. Quant à la chartreuse d'Arvières, le Mont-Dieu luy dispute la primauté de sa fondation; mais je ne l'ose pas asseurer de son incorporation.

Les fondateurs qui coopérèrent au B. abbé Odon en sa fondation, furent premièrement l'archevesque Regnaud; mais on ne sçait pas précisément ce qu'il contribua, sinon que le B. Odon le qualifie coopérateur. Secondement, Richard, abbé de Mousom, qui douna un beau champ appellé champ Baudouin; Ursion, abbé de Saint-Denys de Reims, qui donna les terres qui font de présent la cense dite de Nociève, fut le troisiesme qui ayda au B. Odon; Guy d'Aultrey, Nicolas du Bourg et Guillaume de Setonia, seigneurs du pays, y contribuèrent aussy de leurs moyeus; et Guitier, comte de Rethelois, consentit à l'érection du Mont-Dieu, et admortit en tant que comte de Rethelois, toutes les donations susdites.

Bulle du pape Innocent pour la fondation
du Mont-Dieu

Innocentius episcopus, servus servorum Dei, dilectis fratribus in

monasterio Sanctæ Mariæ Montis Dei divino famulatui mancipatis, tam præsentibus quam futuris imperpetuum. Ad hoc universalis ecclesiæ cura a provisore omnium bonorum Deo commissa est ut religiosas diligamus personas et beneplacentem Deo religionem studeamus modis omnibus propagare. Nec enim gratus aliquando Deo famulatus impenditur nisi ex charitatis radice procedens a puritate religiosis fuerit conservatus. Ideo dilecti in Deo filii vestris desideriis justis clementer annuimus et B. Dei Genitricis monasterium in quo divino vacatis servitio, apostolicæ sedis privilegio communimus. Inprimis siquidem statuentes ut ordo monasticus qui secundum normam et institutiones fratrum Cartusiensium in eodem loco noscitur institutus, perpetuis futuris temporibus ibidem irrefragabiliter observetur. Sanximus etiam ut nulli omnino liceat ordinem Cartusiæ in eodem monasterio stabilitum infringere, imminuere vel mutare, et libertatem quam Cartusia (principale scilicet caput hujus ordinis) habet, vestrum nihilominus cœnobium obtineat, nec alicui eam liceat ullatenus violare. Ut autem mente et corpore omnipotenti Deo servire liberius valeatis, simili modo vos decerninus ab omni inquietudine cuiuslibet rei vel placiti quietos ac liberos remanere, nec de his quæ in terris, sylvis, pascuis aut agricultura vobis collata sunt, nullam vos iniuriam vel molestiam sustinere.

Terminos autem loci vestri propriis terminis duximus exprimendos. Ab eodem scilicet Monte Dei usque ad montem qui est iuxta Setonam versus orientalem plagam, sicut dederunt ipsam terram Nicolaus de Burgo et Willelmus; versus occidentem usque ad aquam Bairone; a meridie usque ad antiquum aggerem qui vadit de Ponte Bairone usque ad Mosomense castrum; a septentrione usque ad fagos in fundo vallis sylvæ quæ est comitis Registetensis, cuius voluntate et concessione hoc donum factum et firmatum est; adjicientes etiam quod nulla femina fines vestra introeat, nisi forte id fiat propter transitum qui per loca vestras debet esse communis viatoribus. Decernimus ergo, etc. Amen, Amen, Amen.

Datum Pisis, per manum Aymerii sanctæ Romanæ ecclesiæ diaconi cardinalis et cancellarii, nono calendas decembris, indictione 14, incarnationis dominicæ anno millesimo centesimo trigesimo sexto, pontificatus vero domini Innocentii papæ secundi anno septimo.

Ego Innocentius catholicæ ecclesiæ episcopus.

Ego Guillelmus Prenestinus episcopus.

Ego Thodewinus Rufinensis episcopus.

Ego Gregorius diaconus cardinalis SS. Sergii et Bacchi.
Ego Guido diaconus cardinalis sancti Adriani.

Ego Chrysogonus diaconus cardinalis S. Mariæ in Porticu.
Ego Lucas presbyter cardinalis tituli SS. Joannis et Pauli,

Patentes du B. Odon pour la fondation du Mont-Dieu Universorum Domino qui est summa sanctitas famulantibus et in sacro religionis proposito perseverantibus, maxime iis qui abjectis sæcularium negotiorum sarcinis iam prægustant in tranquillitate vitæ quam suavis est Dominus, nos benignos esse convenit, et non solum eorum necessitatibus aliquod levamen impendere, verum etiam si quid eis devotio fidelium contulit, ut illæsum ad eorum usus permaneat, sollicite curare. Idcirco memoriæ cunctorum tam præsentium quam futurorum fixum esse volumus quod ego Odo humilis minister ecclesiæ B. Remigii totumque capitulum ejusdem monasterii communicato mecum labore, prompta voluntate et pia devotione benignum præbentes assensum, cænobium in quo usus et sacras consuetudines Cartusiensium honesti moribus fratres teneant et custodiant, in fundo ecclesiæ nostræ videlicet in loco qui nunc Mons Dei nuncupatur (nam antiquitùs vocabatur Mons Basonis) in honore B. Mariæ virginis et S. Joannis Baptistæ construximus.

Hoc autem totum factum est consilio domini Hugonis, fœlicis memoriæ Gratianopolitani episcopi, nec non et assensu reverendi Guigonis Cartusiensium pauperum prioris qui et primos sacræ huius institutionis magistros ad nos misit, et ut locus ille Mons Dei vocaretur præcepit et statuit. Venerabilis etiam Rainaldus secundus Remorum archiepiscopus in hoc opere strenuus cooperator extitit et eius voluntate et consilio coocatio Cartusiensium fratrum facta est et constitutio loci. In hoc siquidem Monte fratribus ibidem sub ordine Cartusiensi Deo militantibus et secundum sacras ipsius ordinis institutiones a sanctis eorum prædecessoribus datas degentibus, prædictum cœnobium et quicquid ecclesia nostra in procinctu eiusdem cœnobii infra subscriptos terminos possidebat, communi totius capituli nostri assensu gratanter et ab omni censu et exactione liberum dedimus.

Concessimus etiam ut terras quas rustici infra eosdem terminos possidebant, si dono vel pretio prædicti fratres acquirere potuerint, liberè et absque ullo censu imperpetuum habeant. Similiter de his omnibus quæ ibi Richardus, Mosomensis abbas, cum suis fratribus, et domnus Ursio Sancti Dionysii abbas et eius congregatio habebant, liberam donationem et ab omni querela absolutam prompta devotione obtulerunt et dederunt. Willelmus etiam de Setonia et Nicolaus de Burgo et Guido de Altreyo quicquid ibi tenebant, et quod usibus pauperum Christi utile ac necessarium visum est, pro remedio animarum suarum iam dictis fratribus simili modo pari libertate dederunt.

Hi sunt termini quibus prædicta loca limitantur: ab orientali plaga versus meridiem, ab Asia usque ad rivulum qui defluit in Amosias; ab Amosiis usque ad viam regiam sicut tendit in Forest; de Forest per verticem montis Rouel sicut vergit in Chermel; de Chermel usque Bonten rivulum; a Bonten sicut defluit in Barrum