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ble monnoie que celle en laquelle on prent et rechoit son winaige.» Voilà le numéraire de Fumay, de minime valeur, qu'on verra reparaître dans des comptes de 1404 et qu'on ne peut supposer sorti d'une fabrique de Fumay, puisque, comme on le verra, l'établissement premier d'un atelier date certainement de 1376. Le comte décide donc qu'à l'avenir le gros d'argent comptera pour dix-sept deniers (parisis) blancs. C'est par des relevés de comptes postérieurs à 1400 que nous connaissons les divers signes d'échange qui circulaient dans le pays, ainsi que les rapports de leurs valeurs. On y apprend que « 40 sous monnoie de la ville de Fumain représentent un franc. Le franc, « dou Roy» ou franc « franchois », ainsi que le florin, est estimé 16 sols parisis ou 27 sols tournois. On fait usage de la couronne de France ou couronne du Roy, comptée pour 18 sous parisis ou 31 s. 6 d. tournois. Le grand écu couronné de Hollande, évalué 32 s. 6. d. tournois, n'est peut être que l'équivalent de la couronne, et ne figure nulle part ailleurs qu'en tête du compte. Le gros d'argent vieux, qualifié dans le langage du pays, vie gros, est le douzième du franc et se compte dans le détail pour 2 s. 2 d. tournois. De tous ces rapports il résulte que la conversion de la monnaie parisis en monnaie tournois ne se fait pas exactement partout sur le même pied, mais que le taux de la conversion est d'environ quatre septièmes; ce qui fait que parfois on a arrondi en donnant deux tournois pour un parisis. Du reste on trouve le vie parisis ou parisis vieil coté juste deux deniers tournois, dans ces comptes mêmes. On remarquera encore que la maille de Hollande équivaut à la livre tournois et entre pour 20 sols tournois; que la vieze maille d'or dou Rin est estimée 11 vies gros ou 23 sous 6 deniers tournois; qu'enfin le double blanc est la moitié d'un vie gros ou 13 deniers tournois c'est la valeur approximative donnée dans l'entête du compte.

Dans les comptes postérieurs, de 1407 à 1453, on voit la maille de Hollande cotée 12 sols parisis; 40 sous de Revin valent 16 sous parisis; le sou blanc ou gros blanc équivaut à 17 deniers parisis et demi. L'obole du Rhin est évaluée à 13 s. 10 d. parisis. La couronne d'or est comptée 17 gros et demi, ce qui met le gros à deux sous tournois; le gros de France est par contre donné pour 3 sous tournois au même compte. Un clinquart vaut 27 sous tournois, comme le florin ou le franc; enfin le florin du Rhin est estimé 38 sous tournois.

Si les deniers de Fumay ne sont pas une monnaie frappée à Fumay même, nous trouvons néanmoins aux mêmes comp

tes, la preuve qu'il a existé une monnaierie dans la place. Des travaux de maçonnerie, charpente et autres ont en effet été exécutés en 1405 en « la fortereche et castiel de Fumaing ». C'est, en particulier, la construction « daleis le monnoyerie, de deux rans pour nourrir auwes ». Puis le « revestement d'aisselin joins à le happe de l'alée deseure le monnoyerie ». Il est à peu près certain pourtant qu'à cette époque, l'atelier ne fonctionne plus. Cela doit résulter de l'engagement pris par le seigneur de Fumay de ne pas continuer une entreprise faite par lui contre le droit de son suzerain hennuyer. Les deux pièces qui nous restent à citer et qui sont précisément les instruments de la promesse dudit seigneur, sont en même temps les témoins destinés à établir de façon irrécusable que l'atelier que nous signalons a parfaitement été édifié et qu'il a fonctionné dans le château de Fumay en l'année 1376.

Voici d'abord l'exploit d'un agent du comte de Hainaut il nous fait connaître le nom du « maître de la monnaie » de Fumay Jehans Moutons, et celui du châtelain Hustin de Dour.

Nous Gilles dis Louppart de Watignies, Escuyer, et Jehans de Berry, homme de fief, a très-haut et très poissant Prince no trés chier et redoubté Signeur le Conte de Haynnau et de Hollaude; faisons sçavoir a tous que le viente septime jour dou mois d'Octembre l'an mil trois cent sissante seze, Jehan dis Sausses de Maureges, adonc Prevost de Maubuege, nous mena à Flimaing de la en droit pardevant le castiel de li ville, appella Hustin de Dour, qui castellains en estoit, et li dist en le présence et ou tiesmoing de nous, comme homme a notre dit chier seigneur le Conte, qu'il li ouvrit le porte doudit chastiel, et que en icelluy volloit faire esploit ou nom et de par no dit tres redouble signeur le Conte a leditte fortreche, et as tous les cuins et oustils servans a le monnoie que on y avoit faite; et ossi fist li dis Prevost commandement audit castellain sur quangues il pooit fourfaire que se Jehans Moutons Maistres de le monnoye que faite on y avoit, si que dist est, et ossi desdits cuins et oustils a chou servans il avoit mist ou dist Castiel, il n'en fesist nulle delivrance sans le gret et accort de no tres redouble signeur Monsieur le Duc Aubiers. Et chou fait tantost presentement, li dis Prevost nous en mena en le halle de le ditte ville de Flimaing, et la en droit, present nous a chou par especial appielles si que dit est dessus, mist le main a le ditte ville de Flimaing sanlaulement en le manière que fait avoir audit castiel. Et ossi requist ledit Prevost tout premierement au Mayeur de le ditte ville quil allast avecq lui, et menast des bonnes gens de le dessus ditte ville, affin qu'ils veissent lesploit que faire volloit, a li quels Maires y obey, et ainsy que par le manière que

dessus est dist, fist li dis Prevost sen dessus dis esploit: par le tesmoing de ces lettres sayellées de nos sayauls. Ce fut fait es lius lan et jour dessus e cript.

La seconde pièce est la reconnaissance, par le sire de Beaumont, qu'il a fait monnoyer en son château de Fumay, et que son ouvrage a déplu au gouverneur de Hainaut, Albert de Bavière, exerçant la souveraineté pendant la démence de Guillaume III, son frère.

Jou Guys de Blois, sires de Biaumont et de Chimay, chevaliers; faisons savoir a tous présens et advenir que comme je evisse puis peu de temps fait faire monnoie en ma fortereche de Flimaing, lequelle je tiens en foy et en hommage de notre trés chier signeur le Conte de Haynnau; lequel ouvraige de monnoie a estet desagréable a mon tres chier signeur M. le Duck Aubert de Bavière, Bail et Gouverneur ad présent des Contés de Haynuau, Hollande, Zéelande et de la signeurie de Frise, pour cou est-il que je promech en bonne foy, que jamais point n'en differay, s'il ne soit par le licensee, boin grée et plaisir de mon dit chier Signeur le Duck, ou de ses hoirs et successeurs Contes de Haynnau par le tesmoing de ces Lettres scellées de son scel, données au Quesnoy le vingt-quatrième jour dou moi d'Oclembre, lan de notre Seigneur mil trois cent soixante et seize.

Il est hors de doute qu'après cet engagement pris, l'officine de Fumay n'a plus fonctionné. L'atelier, en tant que bâtiment a subsisté comme on l'a vu par la dénomination qui figure encore 60 ans après dans nos comptes; mais il servait probablement à un usage tout autre que la frappe du numéraire. Du moins ne rencontre-t-on plus rien dans la suite qui autorise à penser le contraire. S'il a pu être question plus tard des << terres souveraines de Fumay », il n'a dû jamais être question du droit régalien de battre monuaie, mais seulement des droits suprêmes de justice. Le « Château Regnault tout voisin, au contraire, a fourni une quantité considérable d'espèces aux xvie et XVIIe siècles.

N. GOFFART.

NÉCROLOGIE

M. LE BARON DE VENDEUVRE.

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- M. Gabriel-Gustave-Guillaume Pavée, baron de Vendeuvre, est décédé le samedi 11 juin 1892, en son château de Vendeuvre (arrondissement de Bar-sur-Aube), dans sa 81 année. Il était né à Meaux, le 14 septembre 1808.

Jusqu'à ses dernières années, M. de Vendeuvre se consacra tout entier à son pays avec une sollicitude et un dévouement qui ne se démentirent jamais Il fut pendant la plus grande partie de sa vie membre du Conseil municipal de sa commune. Lorsqu'en 1889 l'âge l'obligea à se retirer des affaires publiques, il y avait près de 50 ans qu'il représentait le canton de Vendeuvre au Conseil général de l'Aube. Il avait été aussi député de ce département de 1849 à 1852.

M. de Vendeuvre était par goût personnel et par tradition de famille un érudit et un lettré. Il n'a jamais marchandé son appui aux artistes régionaux, les encourageant toujours avec une bonne grâce qui doublait le prix du service rendu. Esprit supérieur, cœur simple el bienveillant, il était aimé de tous pour sa loyauté, sa douceur, et surtout sa grande charité. Les pauvres perdent en lui un véritable père.

M. le baron de Vendeuvre a réalisé, on peut le dire, le type de l'homme d'honneur. Sa mémoire restera en vénération dans un pays dont il a été le bienfaiteur et où il est mort en ferme chrétien, comme il avait vécu.

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Les idées polili

ques de Bossuet Bo suet historien Théologie et controverses religieuses Bossuet, évêque de Condom el de Meaux directeur de conscience

Bossuet, La Philosophie de Bossuet. Paris, Lecène, Oudin et Cie, 1891. In-18 jésus de 522 pages.

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Cet ouvrage a été apprécié et recommandé dans nos meilleures revues, il n'a pas encore été signalé aux lecteurs de la Revue de Champagne el de Brie. Après l'avoir lu et médité avec toute la satisfaction que procure un bon livre, nous n'hésitons pas à le présenter aux amis de la littérature et de l'histoire du xvIe siècle, comme l'un des plus vivants portraits de l'immortel écrivain et de l'incomparable orateur. Nous le présentons aussi à ceux qui aiment les traditions religieuses de la France, comme l'une des œuvres les mieux inspirées par la mémoire du grand évêque. H. J.

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