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l'évêque Geilon, en 886, est fidèlement rapportée, vers l'an 620, par Warnahaire, prêtre langrois, d'après les actes primitifs de ces saints martyrs. L'évêque Geilon dut mourir sur la fin de l'année 888 et fut inhumé dans l'abbaye de Bèze, au milieu de la désolation causée dans tout le diocèse et principalement en cette abbaye par l'invasion des terribles Normands.

70 THIBAULD I ET ARGRIN.

Thibauld II, 40° évêque de Langres, élu en 888, ne fut sacré à Rome qu'en 891 par le Pape lui-même, sur le refus réitéré de l'archevêque de Lyon, et mourut vers 898, après avoir eu les yeux crevés par ses ennemis vers 895. Argrin, son compétiteur, 41o évêque, sacré pareillement en 891, malgré la défense du Pape, par Aurélien, archevêque de Lyon, d'abord intrus à Langres en 891, fut ensuite nommé archevêque de Lyon, après la mort d'Aurélien ; mais ayant peu après perdu cette dignité, pour avoir eu la témérité de sacrer Walon, évêque d'Autun, avant d'avoir pris possession du siège archiepiscopal, il fut replacé sur le siège de Langres par l'autorité du souverain pontife, en 899. A partir de cette époque, il gouverna sagement le diocèse jusqu'en 909, puis s'étant retiré en l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, il y finit saintement ses jours dans les pratiques de la pénitence et des austérités religieuses, en l'année 911.

Ainsi, par une singularité remarquable, nous voyons ici par deux fois le diacre ou plutôt l'archidiacre Thibauld, présenté pour l'épiscopat par le clergé et le peuple langrois, d'abord en 880, après la mort d'Isaac, puis en 888, après la mort de Geilon, et par deux fois nous voyons Aurélien, archevêque de Lyon, refuser de le sacrer, pour mettre en sa place d'abord Geilon, d'après les recommandations de l'empereur Charles le Gros, puis Argrin, d'après les instances de Richard, duc de Bourgogne, et du comte Manassès de Vergy, et malgré la défense du Pape. On ne peut guère excuser cette conduite de l'archevêque, à moins qu'on ne suppose qu'il a été contraint de céder aux puissances du siècle ou qu'il n'ait cru en conscience que Thibauld était peu digne de l'épiscopat.

Quoi qu'il en soit, l'attentat sacrilège par lequel les ennemis de Thibauld II lui firent crever les yeux, crime pour lequel ils furent excommuniés par le Saint-Siège, ne doit en aucune façon être imputé à son compétiteur Argrin qui, devenu évêque légitime de Langres, remplit avec régularité tous les devoirs d'un bon pasteur. Nous ajouterons ici que, selon Flodoard, l'évêque Thibauld II qui appartenait au clergé de Langres, était d'une famille très illustre, étant parent de Foulques, archevêque de Reims, issu de la famille royale de France et ami particulier du roi Charles-le-Simple, ce qui lui donnait un certain droit d'être choisi pour évêque de Langres, de préférence à Argrin, prêtre étranger et inconnu des Langrois.

Voici un fait peu connu de ce dernier évêque et dont il existe

une charte aux Archives de Chaumont (Haute-Marne). En 902, ce prélat donna à l'archidiacre Isaac, probablement neveu de l'évêque de ce nom, la chapelle de Vaupelleigne, en reconnaissance des sacrifices qu'il s'était imposés pour sa construction; puis, en 903, le 30 du mois de mai, cette chapelle qui devait être une chapelle curiale, fut solennellement bénite et consacrée, en l'honneur de Notre-Dame, de saint Didier et de ses compagnons, martyrs, par Alwala, archevêque de Lyon, en présence de Walon, évêque d'Autun, Ardrad, ou Urdric, évêque de Châlon-sur-Saône, Argrin ou Argrim, évêque de Langres, Giraud, évêque de Mâcon, Otbert, prévôt de l'Eglise de Langres, Gotzelin, archidiacre, Bernard, archiclave, Isaac, archidiacre.

Cette chapelle curiale est celle de Vaupelteigne, paroisse qui a été dénommée depuis lors et probablement à cette occasion la chapelle Vaupelteigne, nom qu'elle porte encore de nos jours. La Chapelle-Vaupelteigne, Capella Vallis Pelletana, autrefois du diocèse de Langres, appartient présentement à celui de Sens, dans le département de l'Yonne, au canton de Ligny-le-Châtel. Le Père Vignier commet donc une erreur, quand il suppose dans sa Pécade historique, t. I, p. 521 de l'édition Rallet-Bideaud, qu'il s'agit ici de la consécration de l'église de Polisot ou de Polisy, paroisses de l'ancien diocèse de Langres, qui relèvent maintenant de celui de Troyes. Voyez pour plus amples renseignements Le Diocèse de Langres, t. III, p. 272, dans l'article La Chapelle-Vaupelleigne.

(A suivre.)

L'abbé ROUSSEL, curé de Vauxbons.

Récemment la Revue

THESE DE MÉDECINE DÉDIÉE A BOSSUET. de Champagne a fait connaître les relations de Bossuet avec les moines de Rebais. Voici une autre circonstance de la vie de ce grand prélat, peut-être inconnue de ses biographes. En 1703, une thèse soutenue à la Faculté de médecine de Paris lui fut dédiée par un Danois, Jacques-Bénigne Winslow, né à Odensée. le 2 avril 1669, mort à Paris le 3 avril 1760, en possession d'une grande célébrité médicale dans toute l'Europe, auteur d'ouvrages très estimés. Lors de sa conversion du luthéranisme au catholicisme, Bossuet fut son parrain et lui donna ses noms de JacquesBénigne. Il exista sans doute de hautes relations sur les plus graves problèmes entre ces deux hommes illustres. Bornons-nous à signaler la gratitude du médecin.

La thèse de Winslow, dédiée à Bossuet, se trouve à la bibliothèque de Reims, imprimés, R. 1273, no 41. On voit fort bien dessiné au sommet un cartouche portant les armes de l'immortel orateur, et on lit la dédicace au-dessous :

Illustrissimo Ecclesiæ Principi, Jacobo-Benigno Bossuet, episcopo Medensi, etc., Patrono suo colendissimo. Quæstio medica

cardinaliliis disputationibus mane discutienda in Scholis Medicorum, die jovis decima-quintá Martii, 1703. M. Petro Perreau, Doctore Medico, Præside: An Cerealia et Olera agri Parisiensis salubria? (Suit la thèse en latin, sur 4 pages in-4°). Proponebat Parisiis Jacobus Benignus Winslow, Danus Othiniensis, Baccalaureus Medicus. A. R. S. H. 1703. Apud Viduam Francisci Muguet. Typogr.

La Bibliothèque de Reims possède aussi une thèse soutenue devant la Faculté de médecine de Paris, le 20 avril 1752:

Præside M. Jacobo-Benigno Winslow, Doctore Medico, Regiæ Scientiarum Academiæ Regiæque Societatis Berolinensis Socio, Regio Linguarum Teutonicarum Interprete, Anatomes et Chirurgiæ in Scholis Medicorum Parisiensium atque in Horto Regio Professore Antiquo. 4 pp. Typis Quillau, 1752.

J'ai trouvé ces deux curieux documents en dépouillant les vingt volumes ou recueils de thèses médicales imprimées que possède la Bibliothèque de Reims. On y retrouve les noms de plusieurs champenois devenus illustres dans la médecine, et tous ceux qui appartiennent au pays rémois vont figurer dans le tome second du Catalogue du Cabinet de Reims en cours de publication.

H. J.

INTÉRESSANTE DÉCOUVERTE.

Le Musée archéologique de M. Morel, receveur des finances à Vitry-le-François, vient de s'enrichir d'une pièce intéressante au point de vue de l'étude de notre histoire nationale.

C'est un très beau poignard, en silex, trouvé par les frères Gillot, à la surface du sol, sur le territoire de la commune de Saint-Vrain. Cette arme curieuse, en silex du Danemark, est retaillée à petits coups, de façon à rendre ses deux tranchants, presqu'aussi affilés que certaines armes de bronze; elle mesure quinze centimètres de longueur, sur quatre à sa plus grande largeur.

Cette pièce parait un témoin irrécusable de la véracité, quelquefois contestée en ces derniers temps, d'un de nos plus anciens historiens qui avait affirmé, que certains pirates Normands étaient encore porteurs d'armes en silex, lorsqu'ils envahirent nos contrées, à plusieurs reprises, dans le cours des Ixe et xe siècles.

On nous écrit de Saint-Dizier :

« Un ouvrier occupé à la construction de la malterie a mis à découvert des pièces de monnaie de la fin du XIe siècle ou du commencement du xive. Elles étaient renfermées dans un peti pot en terre qu'un coup de pioche a fait voler en éclats.

La plupart d'entre elles ne sont pas très bien conservées; la trouvaille comprend cependant quelques gros tournois d'argent en bon état. Ces derniers portent, d'un côté, une croix entourée des mots Philippus rex, eux-mêmes entourés d'une autre inscription que certains caractères d'abréviation nous empêchent de reproduire par la typographie, mais qui se lit: sit nomen Domini Nostri Dei Jesu-Christi benedictum. Au revers on voit le châtel tournois, dans un cercle les mots Turonus civis et une bordure de fleurs de lis entourant le tout.

Ceux de nos lecteurs qu'intéresse la numismatique pourront voir chez M, Fageot, rue de l'Hôpital, ce qui lui reste de sa découverte. D

L'Imprimeur-Gérant,

LEON FREMONT,

SA VIE, SES OEUVRES

ET SA BIBLIOTHÈQUE

Les inventaires nobiliers sont partout appréciés au nombre des documents les plus intéressants pour l'étude des mœurs, du costume, des arts et de la décoration chez nos ancêtres. Leur valeur s'accroit encore beaucoup s'ils offrent, avec les meubles, un catalogue de livres, car ils prennent alors un caractère littéraire et bibliographique doublement précieux. A plus forte raison en sera-t-il ainsi, au cas où le possesseur du mobilier et des livres est lui-même un lettré, un auteur connu par ses publications. Pareille bonne fortune se rencontre en ce qui concerne Nicolas Colin, chanoine et trésorier de l'Eglise de Reims, secrétaire du cardinal Charles de Lorraine, et l'un des traducteurs les plus estimés au xvro siècle pour sa connaissance de la langue espagnole. L'Inventaire détaillé de son mobilier fut dressé en 1608, à la requête de ses héritiers et quelques jours après son décès, par deux de ses confrères, Thierry Thuret et Jacques Dorat, sénéchaux, agissant en cette qualité et par droit de juridiction capitulaire. Cette pièce se retrouve intacte et inédite dans les riches liasses de renseignements du Chapitre de Reims'.

Avant de donner le texte de ce document curieux et important, il ne sera pas inutile de résumer brièvement ce que l'on sait de la vie de Nicolas Colin, des fonctions qu'il remplit et des œuvres qu'il laissa. Précisément parce qu'il n'est cité dans aucune de nos biographies modernes, sa figure est de celles que l'on doit remettre en lumière, comme l'une des plus carac-. téristiques dans la société des érudits rémois de la seconde moitié du xvIe siècle.

ments.

1. Archives de Reims, fonds du Chapitre métropolitain, liasse 29, renseiLa découverte et la copie de ce précieux document sont dus à M. A. Duchénoy, employé à la Bibliothèque de Reims, très compétent inves tigateur de tous les dépôts rémois. Nous le remercions de nouveau ici de son inépuisable obligeance.

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