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grand reliquaire qu'il donna depuis au Mont-Dieu, et le reste du corps fut remis au monastère de Saint-Urbain.

Archembauld, 75 évesque de Chaalons, sous qui fut célébrée cete translation l'an 1379, ordouna, à l'instance de Jehan de Saulx, qu'on fist la feste de sainte Menehould par tout le diocèse avec octaves solennelles, et donna 40 jours d'indulgence à ceux qui visiteroient ses saintes reliques audit jour, ce qui fut confirmé par l'archevesque de Reims Richard, qui donna en outre 40 autres jours d'indulgence.

Il est fait honnorable mention du seigneur Jehan de Saulx és leçons qu'on lit aux matines de la feste de la sainte, en cas mols Huius sanctissimi corporis in S. Urbani monasterio quiescentis per venerabilem virum Joannem de Salicibus, dominum de Cernono militem, portio certa videlicet brachium el costa translata sunt et collala ecclesiæ villæ quæ huius virginis nomine nuncupatur, anno 1379, illustrissimo rege Francorum regnante Carolo et R. P. Archembuldo Catalauni præsidente.

Quant à sa piété envers Dieu, j'ay leu qu'il avoit grande dévotion de finir ses jours au Mont-Dieu en l'habit de religion, mais estant dans le mariage, la chose n'estoit pas autrement faisable. Il fut fort addonné à l'austérité de vie et recueillement intérieur, ayant pour cet effect un cabinet en son chasteau de Vendy, où il vaquoit sérieusement à Dieu et à soy.

Quant à son austérité, on en descouvrit une partie après sa mort. Il portoit sur sa chair nüe, au devant de l'estomach, une croix de fer où estoient trois clouds aigus qui luy tiroient le sang quand il frappoit sa poictrine, ce qui fut de couvert à sa mort quand on y apperçeut les playes et cicatrices.

Le P. Prieur du Mont-Dieu, dom Jehan de Reims, ne manqua pas de le visiter et assister au lict de la mort, et luy révéla aussy ce qui s'y passa; car, comme le sauveur du monde vouloit tesmoigner combien cete ame luy avoit esté agréable, il s'apparut à luy en forme de crucifié, et comme un séraphiu ardent qui espandoit alentour du malade beaucoup d'estincelles lumineuses, dont il recevoit une consolation merveilleuse, et Dieu luy donna alors quelque asseurance de son salut. Cete vision disparue, il en eut encore d'un autre vénérable vieillard qui avoit la chevelure blanche comme neige, et tout revestu d'habits blancs, laquelle vision luy facilita le pas de la mort, et avant que rendre l'esprit, il révéla que ce vieillard estoit saint Jehan l'évangéliste, son patron, qu'il avoit tant honnoré en

sa vie, et dont il avoit fait mettre l'image de pierre en sa chapelie du Mont-Dieu. Après cecy, il mourut plein de sens et de jugement, l'an 1395, le 4 mars, un jour de jeudy, et son corps fut apporté au Mont- Dieu, où il fut inhumé sous une tombe platte, en la chapelle de Nostre Dame. Sa femme luy survescut quelques années, et fut inhumée aussy auprès de luy, en la mesme chapelle, je ne sçay asseurément l'année de son trespas, mais ce fut le 27 mars.

Jehan, comte de Grandprez susdit, qui admortit les terres de Binerville que donna Jehan de Saulx au Mont-Dieu, estoit son parent, mais il ne luy ressembloit guères en piété, car il fut assez bon compagnon et homme de bonne chère, pourveu que ce fust aux despens d'autruy. Il alla une fois au monastère de Senue, lors que D. Justin le Gay, religieux de Saint-Remy, en estoit prieur et voulut s'y faire servir et traitter en seigneur; mais comme on luy faisoit peu d'accueil, il fut si hardy que de prendre le disner d'un des religieux du couvent; mais comme après avoir mangé, il n'avoit que boire, il envoya quérir de l'eaue au puits de Saint-Oricle; mais le puits tarit aussy tost miraculeusement, et on n'y trouva pas une seule goute d'eaue, à cause de luy, et l'eaue ne reviut point qu'il ne fust sorty dehors, comme on lit dans les miracles de saint Oricle.

(A suivre.)

P. LAURENT.

DE LA

PROCÈS-VERBAL

CÉLÉBRATION DE LA FÊTE

DE LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE

La célébration du Centenaire de Valmy donne une certaine actualité aux fêtes qui avaient lieu sous la première République et qui remplaçaient les cérémonies religieuses.

C'est à ce titre que nous croyons devoir mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue de Champagne et de Brie, le procès-verbal dressé par l'Agent municipal, de la fête de la Souveraineté du Peuple, célébrée dans la commune de Romaiu (Haute-Marne) le 30 ventôse an VI.

Ce procès-verbal a été retrouvé au milieu d'anciens papiers, et nous le reproduisons textuellement, en respectant même son orthographe. Victor FROUSSARD.

L'an six de la République Française, le trente ventòse, en exécution de la loy du 13 pluviôse précédent, qui ordonne la célébration de la fête de la Souveraineté du Peuple, et de l'arrêté du Directoire exécutif du 28 du même mois, aux mêmes fins, et de l'arrêté de l'administration municipale des 13 et 26 ventose présent mois, concernant le même objet, tous les citoyens de la commune de Romain-sur-Meuse, préalablement avertis au son de caisse, et par la lecture solemnellement faite par l'Agent municipal, des loy et arrêtés cy dessus, s'abstenant de leurs travaux ordinaires, se sont rendus à neuf heures du matin, au son de la cloche, tant dans la maison commune dudit Romain que dans la place voisine, d'où le cortège s'est rendu à la grande place de la Belle herbe, lieu désigné pour la célébration de la dite fête, dans l'ordre qui suit :

Un détachement de jeunes citoyens à cheval a précédé le cortège ce détachement était suivi d'une compagnie de fusillers de la garde nationale ayant à sa tête le tambour qui n'a cessé, pendant toute la marche, de faire retentir l'air de sons guerriers et analogues aux hymnes patriotiques qui s'exécutaient en même temps; le Drapeau était placé au milieu des fusillers.

Venaient ensuite les vingt vieillards désignés dans l'arrêté du 26 ventôse cy dessus, portant en main chacun une baguette

blanche, et précédés de quatre jeunes gens, choisis par les vieillards eux-mêmes, au désir de l'article 5 de l'arrêté du Directoire, parmi ceux qui fréquentent avec plus d'assiduité l'École primaire. Ces jeunes gens portaient quatre bannières bien artistement composées, et sur lesquelles on lisait des deux côtés, écrits en gros caractères, les articles 2 et 376 de l'acte constitutionnel.

Après les vieillards, marchait un groupe de jeunes filles chantant agréablement et avec sentiment l'hymne patriotique commençant par ces mots :

Le siècle d'or va reparaître,

Les droits de l'homme sont connus.

.....

De sorte qu'arrivées au pied de l'arbre de la Liberté, elles lui ont adressé ce couplet :

Beau chêne, un jour sous ton feuillage

Les enfants de la liberté

Racontant l'antique esclavage

Béniront ceux qui t'ont planté.

Les fonctionnaires publics, agent, adjoints municipaux, assesseurs du juge de paix, et le greffier de la dite justice de paix, domicilié dans la commune, marchaient à la suite.

Immédiatement après les fonctionnaires publics venaient les jeunes garçons de l'école primaire suivis de l'instituteur, et ensuite les jeunes filles suivies aussi des deux institutrices.

Plusieurs compagnies de la garde nationale suivaient les jeunes élèves, enfin tout le reste des citoyens de la commune, hommes et femmes, auxquels l'ordre de la cérémonie n'avait pas assigné une place, terminait cette marche qui représentait le spectacle de l'union, de la joie, et qui semblait présager le triomphe de la liberté et de la raison sur le despotisme et les préjugés.

Le cortège arrivé sur la grande place de la Belle herbe, à l'autel de la patrie, dressé le matin du même jour, élevé sur trois gradins, couvert de linge blanc, et orné par les jeunes filles de rubans et de verdure, laquelle les jeunes élèves de l'école primaire avaient cueillie la veille dans les bois, chacun s'est rangé et a pris place dans l'ordre tracé par l'arrêté du Directoire, savoir:

La compagnie de fusillers disposée en haie en dehors de l'enceinte, le porte-drapeau s'est avancé jusque derrière l'autel, les porte-bannières à chaque coté dudit autel, où lui et les autres ont placé aux endroits, pour ce préparés, le Drapeau et les Bannières qui, surmontant et environnant l'autel de la Patrie, ajoutaient à sa décoration, et offraient à la multitude un coup d'œil imposant et majestueux.

Les vieillards, parvenus dans la même enceinte, se sont rangés en demi cercle devant l'autel; l'agent municipal, entré aussi dans l'enceinte, avec les autres fonctionnaires publics, les instituteurs et leurs élèves, est allé déposer avec respect, sur l'autel, le livre de la Constitution, et s'est retiré ensuite en dehors du demi cercle formé par les vieillards, et s'est réuni aux fonctionnaires publics.

Pendant ce temps, la garde nationale avait filé sur les cotés extérieurs de l'enceinte; le peuple avait pris place derrière, et enfin le chœur des jeunes filles est allé au pied de l'arbre de la Liberté, et lui a adressé le couplet dont il est parlé plus haut, après lequel, il a exécuté l'hymne à la Souveraineté du Peuple qui suit :

1.

Accours à cette fête auguste,

Peuple grand, Peuple souverain,
Toi qui, d'une fureur si juste
Sçus briser les sceptres d'airain.
C'est par ta volo: té suprême

Que la loy commande aux mortels.
Et la Liberté n'a d'autels

Que ceux que tu dresses toi-même.

2.

Sur l'orgueil, ta victoire est sûre;
Tout doit s'abaisser devant toi;
L'Égalité de la nature
Établit celle de la Loy.

A tes magistrats légitimes,
Ta force donne le pouvoir;

Te servir est un saint devoir,

Te trahir le plus grand des crimes.

ཉ•

Sur une sage indépendance

Ta main fonde la liberté ;

Les seuls Dieux que ton cœur ensence

Sont la justice et la bonté,

Des méchans crains la perfidie.

Voici le moment de tes choix :

Voudrais-tu confier les loix

Aux ennemis de la Patrie.

4.

Deffends à l'hideux anarchisme
De se mêler dans tes conseils ;
Ah! loin de toi le royalisme,
Les émigrés et leurs pareils.
Que l'intrigant et sa tactique
Par ta raison soient confondus.
Cherche les talents, les vertus
Dans l'homme de la République.

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