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donné à cette sainte cause, ce grand Pape, la lumière et la force de l'Eglise, qui tient le gouvernail d'une main si sage et si ferme en des temps si mouvementés et si troublés, Léon XIII a daigné accorder la reconnaissance et la consécration, par son autorité infaillible, à un culte déjà ancien et bien cher.

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« Permettez à Longpont de vous en exprimer toute sa reconnaissance par la bouche et par le cœur de son pasteur de quarante-trois ans, en vous saluant d'un double titre par lequel l'Eglise glorifie un de ses saints évêques: Pauperum patrem, et gloriæ sanctorum zelatorem eximium suscitasti.

« Votre pèlerinage aux saintes reliques de Longpont, le 20 septembre 1878, venant clore le Congrès provincial des œuvres catholiques tenu à Soissons; ces pèlerinages nationaux d'ouvriers conduits à Rome et présentés au Saint Père sont là pour vous proclamer avec justice le grand organisateur de ces œuvres catholiques éminemment moralisatrices, le vrai père des ouvriers, le vrai père des pauvres Pauperum patrem. Les reconnaissances de culte que vous avez préparées et obtenues du Saint Père parlent assez haut aussi pour vous proclamer avec vérité l'ardent et le zélé propagateur de la gloire des saints dans l'Eglise: Gloria sanctorum zelatorem eximium. Saint Urbain. saint Guerric et saint Jean de Montmirail, à qui vous avez obtenu les honneurs et les éloges de la sainte liturgie, sont trois puissants protecteurs auprès de Dieu, et trois beaux fleurons de votre couronne si brillante de mérites... <«<Longpont est riche en souvenirs. J'en recueille un. Il y a bientôt sept cents ans, saint Louis, avec sa cour, assistait à la consécration de cette magnifique basilique faite par le même évêque de Soissons qui, sede vacante, venait de le sacrer à Reims, en présence d'un archevêque, ancien abbé d'lgny, et de trois autres évêques. Les offices sacrés, nous dit un historien, produisaient toujours une grande impression sur Louis IX; ce jour-là, ils firent sur sa jeune âme un effet indicible. Au sortir de la cérémonie, se penchant vers sa mère, il lui demanda de faire aux moines quelques dons; ce que Blanche accorda volontiers.

« Eminence, Messeigneurs, puisse votre bénédiction, que nous sollicitons comme dernière faveur donnée en ces mêmes lieux foulés par les pas de saint Louis, produire en nous comme en lui des impressions salutaires. »

Son Eminence clôtura ces belles fêles par une charmante réponse à l'heureux curé de Longpont et d'excellents conseils à la nombreuse assistance.

(Bulletin du diocèse de Reims, 13 août 1892.)

LES SATYRES DE LA GALERIE DE HENRI II, AU PALAIS DE FONTAINEBLEAU. Les deux statues de satyres, coulées en bronze, qui

jadis accostaient la cheminée monumentale de la splendide galerie de Henri II, au palais de Fontainebleau, disparurent, comme on sait, l'an Ier de la République française, il y a un siècle déjà. Le célèbre chimiste Charles-Louis Berthollet, animé d'un zèle plus révolutionnaire qu'artistique, fit enlever les deux faunes, dont le poids fut indiqué comme étant de 1,200 livres, dans un procès-verbal du 5 octobre de l'an Ier. Berthollet était assisté de deux membres de l'administration du département de Seine-etMarne, de deux membres du district de Melun et d'un officier municipal de Fontainebleau. Ces œuvres d'art, les sphynx de la cour des Fontaines, la statue du Tibre, les cloches, furent transportés à Paris et fondus en monnaie de billon.

Il résulte des recherches persévérantes de M. Ernest Bourges, et du voyage qu'il a fait à Rome en 1891, que les faunes de la galerie de Henri II étaient les copies des deux satyres placés au Musée du Capitole à Rome, aux deux côtés de la fontaine. C'est une constatation faite depuis le voyage de M. Bourges, par le prince Massimo, qui, comme preuve à l'appui, a bien voulu envoyer à notre excellent confrère de l'Abeille, les deux photographies des satyres conservées à Rome; il y a identité entre les satyres de la galerie de Henri II et ceux conservés à Rome; ce qui permettrait, suivant le désir de M. Bourges et de tous ceux qui s'intéressent à la conservation du palais de Fontainebleau, de couler à nouveau en bronze les faunes qui sont aujourd'hui au Musée du Capitole, et de les replacer plus tard des deux côtés de la cheminée de la galerie de Henri II. L'excellente et substantielle notice de M. Bourges, insérée dans le Bulletin de la Société historique du Gátinais, est en vente à Paris, 39, quai des Grands-Augustins, à la librairie historique des provinces, chez Emile Lechevalier. Elle contient la reproduction très soignée de : 1° deux photographies des faunes du Musée du Capitole; 2° du dessin de Philippe Delorme; 3° des deux faunes d'après le graveur Perrier. Ces dessins accompagnent l'habile dissertation de M. Bourges; elles en forment le plus explicatif et le plus complet commentaire.

(Réveil de Coulommiers, du 10 septembre 1892.) Max. B.

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TROUVAILLES ARCHÉOLOGIQUES AU MONT-AIMÉ. Chacun sait que le Mont-Aimé, près Bergères-les-Vertus (Marne), intéressant à bien des titres, ne l'est pas moins au point de vue archéologique. Les nombreux objets et débris de toute espèce, tels que pointes de flèches, fers de lances, clefs, éperons, débris d'armures, etc., monnaies des rois Charles V, Charles VI, Charles VII, Jean-SansPeur, duc de Bourgogne, que l'on trouve communément à la surface du plateau, aux endroits où furent autrefois la ville de Mont-Wedmar et le château des comtes de Troyes et de Champagne, attestent que tous deux ont dû subir bien des vicissitudes :

assauts, pillages et incendies, sans cependant jeter le moindre jour sur l'obscurité et l'incertitude des faits avancés par les chroniqueurs sur l'histoire de ce mont si célèbre autrefois dans les fastes de la Champagne.

Il y a deux ans environ, une personne de Bergères trouvait à Mont-Aimé un sceau en bronze paraissant remonter au xive siècle. Ce cachet, très bien conservé, porte en exergue l'inscription suivante :

S. (sigillum), LIETMANN DE CACAULT, et au centre un écu de.... à 2 levriers de... affrontés, se donnant l'accolade, timbré d'un casque de chevalier.

Ajoutons que cet objet a déjà tenté bien des amateurs, mais, jusqu'alors, des sommes raisonnables... ou plutôt déraisonnables n'ont pu décider son possesseur à s'en dessaisir.

Tout récemment, un jeune homme de Renneville, M. Arthur Brunet, trouvait également au même endroit, un second cachet aussi en bronze et bien conservé, quoiqu'il lui manque la tige ou poignée.

Comme le précédent, il remonte au moyen-âge et porte en exergue l'inscription suivante en gothique romane:

CHAZIER THOUMAS, et au centre, sans écu, une sorte de palmette de cinq épis de blé... ?

Un enfant de Vouziers (Ardennes), le colonel Legrand, vient d'être nommé général de brigade.

Fils d'un gendarme, M. Legrand, né en 1835, entra à Saint-Cyr en 1852 avec le no 225.

Il compte six campagnes de guerre, dont celles de Crimée, d'Italic et de Metz. Il a été blessé deux fois, notamment le 16 août 1870 à Rezonville.

LA PETITE-FILLE DE DANTON.

La petite-fille de Danton, Mme Menuel-Danton, que des catastrophes de toute sorte ont réduite à un état voisin de la gêne, est confinée à Troyes, dans un appartement des plus humbles de la ville.

La pauvre femme vit dans une maison silencieuse et déserte, n'ayant auprès d'elle qu'une parente encore plus âgée et plus pauvre qu'elle, et une vieille servante dont le dévouement a résisté à toutes les infortunes.

La petite-fille de Danton a célébré dans la plus stricte intimité, loin du bruit, loin des fêtes officielles, des cortèges et des discours, le centenaire de la Révolution.

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INAUGURATION DE LA STATUE DE MÉHUL A GIVET (ARDENNES). La statue récemment érigée à Méhul par ses concitoyens, a été inaugurée à Givet, le 2 octobre 1892. Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de reproduire ici les discours officiels prononcés dans cette solennité par le ministre des Beaux-Arts et par les deux éminents maîtres placés à la tête de notre Ecole de musique française contemporaine. Il était impossible de célébrer en meilleurs termes la mémoire de l'immortel auteur de Joseph :

Discours de . Léon Bourgeois, ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts.

Messieurs,

En rendant un hommage exceptionnel à la mémoire de Méhul, vous obéissez à une des traditions les plus chères de la ville de Givet. Votre cité n'a jamais cessé de s'enorgueillir de son glorieux enfant, En 1841, le Conseil municipal donnait, par un vote unanime, à l'une de vos rues, le nom de votre illustre compatriote. Un an plus tard, une cérémonie semblable à celle-ci réunissait l'élite des admirateurs de Méhul autour de l'huble monument que la piété de vos pères lui consacrait. En 1863, le centenaire du maître était célébré ici avec éclat. Mais si fréquents qu'aient été à Givet les témoignages de la reconnaissance publique, vous avez eu la volonté de faire mieux encore.

Grâce aux efforts de la municipalité et du Comité, grâce au talent tant de fois éprouvé d'un éminent sculpteur ardennais, M. Croisy, l'image de Méhul se dresse enfin sur cette place pour attester une fois de plus la fidélité de notre démocratie française au culte du beau. Messieurs, vous avez compris qu'il convenait de rendre à l'auteur de Joseph et du Chant du Départ les honneurs de l'immortalité. Le pays entier vous en sera reconnaissant.

Combien vous avez raison de revendiquer jalousement le grand compositeur et de rat'acher étroitement sa gloire à l'histoire de votre contrée! Givet fut pour Méhul une patrie bienveillante. Le fils du modeste aubergisto de la rue des Religieuses a grandi ici paisiblement sans déboires et sans amertumes. Rien n'entrava sa vocation.

Dès l'âge de dix ans il tenait l'orgue des Récollets. Admis bientôt après à la maîtrise que le musicien Guillaume Hauser venait de fonder à l'abbaye de La Val-Dieu, près de Monthermé, ce fut là, dans une paix profonde, en face d'un site délicieux, sous la doubie influence de la solitude et de la nature, que Méhul prit conscience de lui-même. Une tradition fort accréditée veut que l'intervention d'un officier de la garnison de Charlemont ait empêché Méhul de demeurer toujours à La Val-Dieu et d'y achever entre les murs de l'abbaye une obscure existence. J'ai peine à croire qu'un pur hasard ait décidé ainsi d'une destinée si haute. Paris, où se font les renommées, Paris, la ville de l'Opéra, le rendez-vous des musiciens et des poètes, dut apparaître de bonne heure au jeune homme comme la seconde patric inévitable, Avec la belle témérité de la jeunesse, il y arriva, en 1779, ne possédant rien, comme il l'a écrit quelque part, « que ses seize ans, sa vielle et l'espé

rance ».

Une lettre de recommandation pour le grand Gluck constituait le plus clair de sa fortune. « Voir Gluck, l'entendre, lui parler, tel était mon unique désir en entrant dans la capitale, et cette idée me faisait tressaillir de joie, Gluck l'accueillit avec bonté; il le confia aux soins d'Edelmann,

remarquable claveciniste et professeur accompli. Méhul dut beaucoup à, excellent maître. Mais son temps d'écolier ailait finir.

Son premier succès retentissant date de 1782, lors de l'exécution d'une ode sacrée de Jean-Baptiste Rousseau. Ce débutant, presque enfant encore, trahissait dès le début un sentiment de la musique aussi réfléchi que profond, le goût de l'expression pathétique, le don de sentir grandement; déjà l'élève faisait place à l'artiste inspiré. Cette nature si heureuse et si riche, et aussi si merveilleusement équilibrée, semble s'être développée spontanément et comme sans efforts. Dès l'opéra d'Euphrosine représenté en 1790 et accepté aussitôt comme un chef-d'œuvre, le caractère du talent de Méhul apparut dans sa lumineuse sincérité. Elevé à la grande école de Gluck, Méhul, sans prétendre se poser en réformateur, apportait un idéal supérieur du drame musical, idéal défini quelques années auparavant par Beaumarchais dans cette prophétique préface de Tarare, où les musiciens d'aujourd'hui se plaisent encore à chercher des conseils. Il réalisait à son premier essai, dans les parties excellentes d'Euphrosine, cette union du chant et du drame, pressentie déjà par l'hilidor, par Monsigny et par Grétry, mais voulue consciemment par lui. C'en était fait des formes conventionnelles et suranrées imposées par l'esthétique mondaine ou l'engouement du style étranger. L'opéra français entrait avec Méhul dans la voie de la vérité.

Dès lors les œuvres et les succès se suivent sans relâche. C'est Cora; c'est surtout Stratonice, dont la fable pudique convenait si bien à l'inspiration attendrie du maître, à ses dons d'émotion discrète et profonde. « Que cette musique est délicieusement plaintive! » disait-on dans la langue du temps. Et M. A. Pougin, dans le beau livre qu'il a consacré à la gloire de Méhul. ajoute ce jugement: « La partition de Stratonice a la sérénité dans la beauté;..... elle était faite pour plaire aussi bien aux délicats, aux raffinés qu'à ceux qui ne se piquent pas de connaissances artistiques et qui cherchent avant tout à être émus et charmés. » C'est bien là, messieurs, la marque du génie. Les œuvres impérissables sont celles où la science égale l'inspiration et qui peuvent en même temps retenir l'admiration réfléchie de l'élite et ravir l'âme naïve de la foule.

Ces dons qui ont fait de Méhul un des créateurs du véritable drame lyrique allaient ouvrir à son génie un autre horizon. Stratonice avait paru l'heure même où naissait la République; au milieu des orages une patrie nouvelle grandissait, glorieuse et terrible, résolue à la liberté et à la victoire ; le bruit des armes était partout, à Paris comme aux frontières; la France était une tribune et un camp; conventionnels et soldats prenaient une grandeur surhumaine; l'histoire était une épopée.

Méhul, à sa trentième année, dans la pleine maturité de son mâle génie, sentit monter en lui de superbes inspirations: son style large et simple, la hauteur, et comme on l'a dit justement, la majesté de sa pensée étaient à la mesure de ces grands événements. Dans des hymnes admirables, il se fit le chantre des fêtes de la nation; c'est d'alors que datent son Chant de Victoire, son Chant du Retour et cette œuvre sublime qui suffirait à elle seule, comme la Marseillaise pour Rouget de l'Isle, à donner à son nom l'immortalité Le Chant du Départ.

Il n'abandonnait pas cependant le théâtre. Jouissant dans l'école française d'une autorité sans rivale, ambitieux et vaillant, chacun de ses succès n'était pour lui que l'occasion d'un effort nouveau. « J'aime la gloire avec fureur », disait il. Ce fut pour lui la période d'incessants labeurs, d'infatigable production; il écrivit Timoléon, Adrien, le Jeune Henri, dont l'ouverture, bril

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