Philippe II avait nommé Gouverneur des Pays-Bas l'Archiduc Albert, fils de l'Empereur Maximilien II. Ce prince avait été élevé à la cour de Madrid, et les services rendus au Roi l'autorisèrent à mettre en lui toute sa confiance, jusqu'à lui accorder la main de sa fille Isabelle-Claire-Eugénie. Albert partit pour prendre possession de sa nouvelle administration, en 1596; il aboutit à conclure la paix avec la France, par le traité de Vervins (1598), qui causa une grande joie tant en France qu'aux Pays-Bas.

ALBERT et ISABELLE obtinrent du Roi l'acte de cession des Pays-Bas, le 6 Mai 1598, et, de ce chef, ils devinrent Comte et Comtesse de Flandre. Ce document stipulait que les Archiducs et leurs enfants posséderaient les Pays-Bas, par droit de primogéniture, mais que, s'ils venaient à mourir sans postérité, leurs possessions retourneraient à l'Espagne.

Les Archiducs, peints par Van Moerkercke, portent le costume espagnol, relevé par une large fraise blanche autour du col et des manchettes en dentelles. Albert a le pourpoint brodé, avec manteau rouge à collet et bordures d'hermines ; ses bottes à l'écuyère sont de cuir jaune avec éperons dorés. Son épée est dans le style de celle du Roi Philippe ; il tient de la droite un bâton de maréchal. L'infante porte un diadème à pierres précieuses et un collier de perles, terminé par une croix; sa robe étroite est recouverte d'un manteau de soie, doublé d'hermines. Ce tableau et les trois qui suivent sont des peintures à l'huile du XVIIe siècle.

D'après l'acte de cession de Philippe II, les Pays-Bas revenaient de droit à Philippe IV, attendu qu'Albert était décédé en même temps que Philippe III, en 1621, sans enfants. L'Infante Isabelle fut continuée dans la gouvernance générale du pays, avec toutes les prérogatives dont elle avait joui comme souveraine. Elle était la mère de ses peuples, qui la respectaient et la chérissaient au point qu'aujourd'hui son nom est encore en vénération. Elle succomba aux suites d'une maladie de poitrine, en 1653.

PHILIPPE IV rentra dans ses droits sur notre pays, et nomma Gouverneur-Général son frère Ferdinand, Cardinal et Archevêque de Tolède, qui mourut en 1641. La Belgique subit dès cette époque le sort d'un pays conquis; administrée par des gouverneurs, qui se succédèrent trop rapidement, sa nationalité se perdait par les guerres entre l'Espagne, la France et les Provinces-Unies. Le Roi Philippe mourut en 1665, après avoir régné sur la Flandre l'espace de 32 ans ; il laissa ses états à son fils Charles II, à peine âgé de quatre ans.

Philippe IV porte une armure d'acier avec bordures et clous dorés, des bottes jaunes à l'écuyère et le manteau royal bordé d'hermines, avec la Toison d'or au col; une écharpe rouge lui passe en sautoir sur l'épaule.

CHARLES II est représenté dans sa niche portant une armure complète d'acier, avec bottes de cuir jaune ; ses cheveux sont bouclés; il tient son baton de commandement de la main droite, et porte la Toison d'or.

Il règna sur notre province l'espace de 55 ans, et mourut le 1er Novembre 1700. Dernier descendant de CharlesQuint, par son testament, il nomma héritier de toute la monarchie espagnole Philippe, Duc d'Anjou, second fils du Dauphin de France. Le Roi de France avait intrigué politiquement, afin de faire obtenir cet héritage à son petit-fils :

PHILIPPE V, qui fut reconnu comme Roi d'Epagne par l'Angleterre et la Hollande; l'Autriche au contraire s'y opposa. La guerre éclata contre Louis XIV, qui avait accepté le testament de Charles II, en faveur de son petitfils; il surgit à ce sujet d'immenses difficultés pour les terminer, le Roi fit la paix par les traités d'Utrecht et de la Barrière, dont les clauses firent passer les PaysBas à la Maison d'Autriche.

Philippe V est vêtu d'une armure d'acier poli, recouverte d'un grand manteau rouge; il est chaussé de bottes

à l'écuyère, a la tête chargée d'une large perruque à la mode du temps, et porte au col les insignes de la Toison d'or; de la droite il tient le bâton de comman dement.

CHARLES VI, Empereur d'Autriche, fut inauguré à Gand, comme Comte de Flandre, le 17 Octobre 1717.

I figure dans sa niche costumé d'un habit court avec gilet, tous deux brodés d'or et de couleur jaune, de même que ses culottes et ses bas. Il porte sur le tout un manteau bleu, doublé d'hermines, et la tête est ornée d'une grande perruque blanche largement bouclée.

MARIE-THÉRÈSE. Dès avant la naissance de cette Princesse, l'Empereur avait publié la Pragmatique Sanction, dont la clause principale portait que, à défaut de lignée mâle, ses filles lui succèderaient. A la mort de son père, Charles VI. ces dispositions testamentaires furent attaquées (). Toutefois, la jeune Impératrice ne se laissa pas intimider; elle triompha de ses concurrents et prit successivement possession de ses états. Ayant perdu son mari, François I, elle fut inconsolable et ne quitta plus le deuil durant le reste de sa vie.

L'illustre princesse mourut le 29 Octobre 1780. Sa mémoire est restée en bénédiction chez les Flamands, dont les aïeux lui avaient légué leur affection et leur amour.

Ce portrait est la copie d'un tableau donné au Duc de Beauffort, par Marie-Thérèse, à une époque où elle était encore bien jeune. Sa robe est de soie bleue, et le manteau, de brocard de Venise à fond bleu avec ornements d'or. De la main droite elle tient la couronne impériale. Dans le fond du tableau se trouve le portrait du mari de l'Impératrice.

(1) Mémoires de Nény, tome I, chap. I, art 24.

JOSEPH II succèda à sa mère. Son costume est l'habit bourgeois du temps; il est composé d'un habit blanc, gilet et culottes rouges et bas blancs avec souliers à boucles ornés de diamants; il porte les cheveux à une boucle, avec la queue sur le dos; la garde de son épée est ornée de diamants.

L'Empereur Joseph II eut un court règne il mourut en 1790, après que les États du Brabant, insurgés contre lui, avaient décrété sa déchéance.

LEOPOLD II se trouva, en prenant les rènes de l'empire, en face d'un peuple exaspéré et révolté; il fit des démarches pour calmer les esprits, et promit aux États de Brabant de remettre tous les privilèges et les anciennes institutions civiles et religieuses sur le pied où ils se trouvaient à la mort de Marie-Thérèse. Léopold fut inauguré dans toutes les provinces, et mourut en 1792, laissant les Pays-Bas à François II.

Le costume porté par ce souverain se composait d'un habit bleu à boutons dorés, culotte jaune, bottes noires à l'écuyère, jabot à dentelles. Il est decoré des insignes de quatre différents ordres.

FRANÇOIS II commença son règne par la guerre. Les Français, sous les ordres de Dumouriez, envahirent la Belgique, qui fut déclarée réunie à la République française; mais la bataille de Neerwinde, gagnée par les Autrichiens sur les Républicains, fit renter ceux-ci dans leur pays. Une nouvelle armée, commandée par Pichegru, ne tarda pas longtemps à ramener les Français dans nos provinces. Les bases de leur annexion à la France furent stipulées dans les préliminaires de Léoben, et bientôt confirmées par le traité de Campo-Formio (1797).

François II, dans son portrait, porte l'habit blanc à parements rouges, culottes rouges, bas blancs, souliers à boucles ornées de diamants. Il a les cheveux à simples boucles avec queue.

En lui finit l'ancien comté de Flandre, dont l'histoire est pleine de grands souvenirs.

La galerie à portraits de nos Comtes, grâce aux études et au talent artistique de M. Jean Van der Plaetsen, est un musée historique, qui perpétuera la mémoire de nos souverains d'autrefois; il transmettra à la postérité le souvenir des anciennes institutions politiques qu'ils octroyèrent à la patrie, et celui de l'industrie et du commerce, dont la Flandre se glorifia durant plus de six siècles.

S VIII.

LE JUGEMENT DERNIER PAR M. JEAN
VAN DER PLAETSEN.

Les différentes époques ont eu leur manière propre de représenter le Jugement dernier. Au plein moyen-âge le Christ était représenté assis sur l'arc-en-ciel, tenant. sa Croix; aux côtés de la tête un glaive et une branche d'olivier; à sa droite la sainte Vierge Marie, dans l'attitude de la prière, les Apôtres et saint Jean-Baptiste; à sa gauche les réprouvés avec des démons; plus bas des anges sonnant de la trompette; en bas, des hommes sortant de leurs tombeaux.

Une œuvre de ce genre, dûe au pinceau d'Orcagna, est représentée dans le cloître du Campo-Santo, à Pise: elle date du XIVe siècle, c'est-à-dire du temps où la première peinture du Jugement fut exécutée dans la Cha